jeudi 8 mai 2025

VAUX LE VICOMTE, SALLE À MANGER, LES CUISINES, UN REPAS DE GALA

 Désireux d’inaugurer son château et de se servir de ce chef d’œuvre architecturale pour flatter son ego, le surintendant invite des milliers de personnes à festoyer et découvrir l’œuvre des artistes en ce 17 août 1761. L’invité star de cette soirée n’est autre que le Roi Louis XIV, accompagné de sa cour. Ce qui devait être une soirée de gloire pour Fouquet, s’est finalement transformée en une expérience cauchemardesque ! Pour assurer le succès de l’inauguration, Fouquet ne lésine pas sur les moyens et fait appel aux plus grands artistes afin d’émerveiller ses invités. Le Roi et sa Cour ont ainsi eu droit à un feu d’artifice, multiples spectacles dans les jardins et le château, des plats confectionnés sous la direction du célèbre Vatel, une comédie-ballet des fameux Molière et Lully, gâteries et diamants servis aux dames, …

 Nous découvrons maintenant la Salle à Manger. 


Cette pièce agrémentée de son "buffet" (pièce voûtée où l'on disposait les plats avant de les servir) est probablement l'ancienne salle à manger de Fouquet. Au centre des neuf caissons du plafond "La Paix ramenant l'Abondance" encadré par les quatre éléments en camaïeu bleu & or et les quatre saisons en camaïeu gris : Apollon ou le Feu, Tritons et Naïades ou l'Eau, Flore ou la Terre, Diane ou l'Air.

Les boiseries présentent un décor d'arabesques, de rinceaux et de grotesques inspirés des loges de Raphaël au Vatican. Au-dessus de la glace, les attributs de la Guerre font face aux fleurs et aux fruits, symboles de Paix. Aux pieds des lambris, des jeux d'enfants. Cette décoration est la première réalisée à Vaux par Le Brun dont on voit le buste sur la cheminée. 
Jusqu’au XVIIème siècle, il n’y avait pas de pièce spécialement dévolue pour les repas. Dans ce domaine, comme dans bien d'autres, Fouquet a été un novateur.
À l’époque du Roi Soleil, le maître d’hôtel qui dirige les cuisines du château de Vaux-le-Vicomte n’est autre que François Vatel, tristement célèbre pour son suicide en cuisine. C’est aussi à lui que l’on doit nos interminables repas français. Avant que Vatel ne s’y attelle, les nobles ne prenaient pas le temps de déguster. « On avale, on ne goûte plus », constatait la baronne d’Oberkirch. Nous sommes ici dans le buffet de la Salle à Manger avec un plafond superbe.

Nous descendons aux cuisines mais la première pièce est la salle à manger ou une table est disposée : c'est l'ambigu.

                  "Le mot désigne un souper-collation où tous les mets chauds et froids, sucrés et salés sont présentés sur une vaste table, dans une harmonie parfaite bien faite pour surprendre l’invité, le séduire, lui donner envie face à tant de merveilles. S’y ajoute un jeu de lumière par les girandoles, les luminaires de bougies et autres bougeoirs, chandeliers et bras de lumière. Et la vaisselle précieuse, la verrerie en cristal, l’argenterie, les nappes… De quoi forcer l’admiration et impressionner les convives. C’est ce qui arriva aux 600 invités de la réception de Nicolas Fouquet le 17 aout 1661 qui se pressaient autour du roi et de la reine Anne d’Autriche. Au plaisir de l’œil et du palais, s’ajoutait celui émanant des 24 violons disposés alentours.

Par sa créativité, son sens de l’harmonie des mets et des saveurs, François Vatel contribua largement au cours du XVII e siècle, au développement de l’art culinaire et du service à la française. Il fut un maitre d’hôtel remarquable, créant des fêtes gastronomiques inégalées par le jeu des alliances, présentation et audace culinaires. Confident et homme de confiance de Nicolat Fouquet, il veillait aux achats, aux réserves alimentaires, organisant les déplacements et le déménagement des meubles, vaisselles, veillant à la conduite des travaux des diverses demeures de son maître à Saint Mandé ou à Vaux…"

Pour donner une idée des festins que l'on servait alors, sur le mur, le menu du diner de monsieur le Duc D'Orléans, le 26 mars 169O, jour de Pâques. Premier Service :  Les potages, on peut servir un Potage de Chapon, coulis de foies d'Agneau, un de têtes d'Agneau à la purée verte, garni des pieds d'Agneau, et une Poularde en bisque. Suivent les Grandes Entrées avec une grande pièce de bœuf, une poitrine de veau farci en ragout et une fricassée de Poulets garnie d'une marinade de Poulet. Viennent ensuite les Petites Entrées au nombre de deux, une de côtelettes de Mouton grillées sur le gril et l'autre de petits Bouillans fait de blanc de Chapon. On passe au Second Service, un brin plus généreux et commence par le Rot et là c'est du costaud : Un plat de Rot d'un Chapon pané garni de 3 pigeons et 3 poulets, un gigot de Mouton pané et garni de meme, Une longe de Veau garnie d'une marinade de veau autour, un plat de 2 Canards rôtis, une sauce dessus, un plat de 2 lapins et pour les petits plats, des Poulardes panées. Pour finir... l’Entremets sera un ragout d'artichauts, un plat de truffes et des foies gras en ragout, une tourte de crème et un blanc-manger, un plat de champignons panés mis dans le four; un plat d’œufs frais à la Huguenotte, un pain au jambon, des beignets de pomme et...2 assiettes de Salé. 
Il n'est pas fait mention de la boisson mais elle est indispensable pour faire passer un tel repas frugal.
Nous terminons la visite en sortant par la terrasse pour une dernière vision des jardins à la française. 

Façade Sud, sur l'avant-corps central, alliance des ordres dorique et ionique, les statues féminines (Clémence, Justice, Renommée…) côtoient des écureuils (« fouquet » en patois local).

La visite se termine. 
Revenons à Foucher, emprisonné à Pignerol en 1666. Six mois après l’arrivée de Fouquet le donjon explose, la poudrière frappée par la foudre. Cinquante morts. L’appartement de Fouquet n’a plus de plancher. On le retrouve miraculeusement indemne sur le rebord d’une fenêtre. Dans le courant d’août 1666, il réintègre le donjon restauré. En 1677, Mme Fouquet et son fils Gilles rendent visite à la favorite du roi, la Montespan, qui prend les eaux à Bourbon. Selon Madame de Sévigné qui assiste à la rencontre, il a été beaucoup question de Nicolas Fouquet.Peu après, la condition carcérale de Fouquet s’adoucit. Il peut prendre l’air dans un enclos du donjon, deux fois par semaine, en compagnie de Lauzun. Les deux hommes feignent sans doute une grande surprise ; Saint-Mars ignore tout de leurs rencontres nocturnes. Ce changement d’attitude du roi, jadis partisan de la mort de Fouquet, intrigue toujours les historiens. Certains pensent que la rencontre de la Montespan et des Fouquet y est pour quelque chose. La favorite aurait-elle, après ce conciliabule, transmis au roi une proposition de la famille du prisonnier de Pignerol et cette proposition aurait-elle débouché sur un pacte ? Simple hypothèse qui aurait le mérite d’expliquer la soudaine mansuétude royale. Les faveurs envers Fouquet s’amplifient d’année en année. En 1679, la famille du prisonnier est invitée à séjourner au donjon. Fouquet et Lauzun jouissent cette année-là d’un régime de semi-liberté et l’on peut voir l’ancien Surintendant parcourir les rues de la citadelle en compagnie de sa famille. Il n’avait pas vu les siens depuis quatorze ans ! À la cour, on parle d’une grâce et l’on guette son retour. En décembre Fouquet demande même l’autorisation de quitter Pignerol pour se rendre à Bourbon. Fouquet se fâche à mort avec Lauzun qui va faire des révélations à Louvois. Le 8 avril 1680, l’énigme du Masque de fer prend naissance avec l’étrange lettre que Louvois destine à Saint-Mars. Fouquet est donc lié à une grande énigme de l'histoire de France.Une des thèse qui existe serait que Fouquet soit le Masque de Fer. On aurait annoncé sa mort mais en fait il aurait été enfermé dans une oubliette à Pignerol avant d’être transféré avec son geôlier dans l’île de Ste Marguerite ???

 








 

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