Nous arrivons maintenant au Grand Salon, c'est le centre architectural du chateau, un espace complexe,
novateur et inachevé, formant un pivot central duquel rayonne
l’ensemble du décor
du Château de Vaux-le-Vicomte. En 1660,
le peintre-décorateur Charles Le Brun avait préparé un programme
décoratif majestueux et ambitieux pour les 380m² de voûte du grand
salon. Le projet conjuguait avec harmonie et grandeur la somme des
connaissances en architecture, sculpture, peinture, mais aussi en
astronomie et en astrologie,en histoire et en géographie de son époque. Lorsque Louis XIV arrive à Vaux le 17 août 1661, il découvre le
Grand Salon comme vous le voyez aujourd’hui : L’architecture et la
sculpture sont achevés, entièrement blancs, mais le grand décor peint
que Le Brun a prévu sur les murs et sur la voûte n’a pas encore été
commencé. Seuls quelques tests de couleur apparaissent dans une travée.
L’arrestation de Fouquet empêche Le Brun de réaliser son projet. Mais
un dessin préparatoire et une estampe ont été conservés jusqu’à aujourd’hui. Cette peinture, qui aurait été la plus grande
jamais réalisée par Le Brun, fut nommée « Le Palais du Soleil » par
Mademoiselle de Scudéry dans son roman Clélie.Cette coupole n'a pas de chance, en 1847, Charles de Choiseul-Praslin, pair de France et conseiller de Louis- Philippe commande la peinture de la coupole. Le meurtre de sa femme et le suicide de Charles, présumé coupable, conduisent à l’arrêt des travaux.
Le Plan de Le Vau daté du mois d’août 1656, de forme ovale, est ponctué de seize piliers et de seize fenêtres dont sept donnent sur le jardin. L’architecte reprend ici une idée qu’il initia au château du Raincy (1640-1643). Les Statues sont des termes: Statue d'architecture composé d'un buste le plus souvent masculin dont le bas du corps se termine dans une gaine On doit son origine à la divinité romaine Terminus, gardien des bornes. Fils de Jupiter, il est parfois assimilé à son père sous le nom de Jupiter Terminus. Comme son nom l'indique, il matérialisait les limites de propriété sous la forme d'une grosse pierre quadrangulaire ou d'une souche. Il fut ensuite orné d'une tête humaine mais resta sans bras, ni pieds, de façon à marquer l'immobilité. Dans l'architecture néo-classique, le terme devient un ornement architectural.

Face aux fenêtres deux " Portières des Renommées " dessinées par Le Brun pour Nicolas Fouquet, rappellent que le Surintendant avait fondé à Maincy, commune du Château, un atelier de tapisseries. Après l'arrestation de Fouquet, les artisans de l'ateliers de Maincy furent transférés à Paris pour constituer la Manufacture des Gobelins.
Le ciel et son aigle central ont été réalisés par un peintre
d’origine allemande : Jean-Charles Duttenhofer. Celui-ci a copié un
plafond réalisé par un peintre français dans un château allemand : le
plafond du Salon de Marbre du Château de Ludwigsburg. L’architecture et
le décor sculpté de ce salon de marbre allemand sont inspirés de ceux du
grand salon de Vaux
en acajou et située dans l'aile Est, remplace l’ancienne antichambre du Roi. On y voit des peintures et bas-reliefs : une réalisation du XVIIIème siècle au centre de l’ovale du plafond ainsi que des représentations de Diane, de l’Amour, d’Achille et Vénus dans les voussures du plafond. Remarquable Bureau en ébène par André-Charles Boulle, femmes en bronze doré dans les angles.
La chambre du Roi
L’usage d’Ancien Régime voulait que la maison d’un grand seigneur
comporte une chambre à coucher d’apparat, prête à être offerte au roi au cas où il demanderait l’hospitalité pour la nuit. Aucun souverain ne coucha jamais à Vaux-le-Vicomte.
C'est le premier décor Louis XIV jamais réalisé : stucs, dorures, reliefs ornent le plafond décoré de peintures -par Le Brun; au centre, "Le Temps et la Vérité", et sur les côtés : Vertumne, Jupiter, Mercure et Mars symbolisent les vertus de Fouquet. Dans l'alcôve, lit Régence en tapisserie et deux commodes Boulle, identiques à celles du Palais de Versailles. Tapis de la Savonnerie provenant du Louvre. Face à la cheminée, une tapisserie des Gobelins faisant partie de la tenture des "Mois et des Maisons royales" représente Versailles, ainsi qu'un grand buste de Louis XIV en marbre blanc. Autre meuble remarquable, Cabinet en marqueterie d’étain et d’ivoire sur ébène. Cariatides symbolisant les 4 saisons.

La statue équestre de Louis XIV d'après Girardon, classée MH en 1944 a
été volée en 1998 au château de Vaux-le-Vicomte et retrouvée au début
février 2001. Une dizaine de cambrioleurs, entrés par
effraction dans le château de Vaux-le-Vicomte, repartaient les bras
chargés de la statue équestre de Louis XIV par Girardon et de deux
bronzes du XVIIe siècle d’après Jean de Bologne. Après trois ans
d’enquête, l’Office central de lutte contre le trafic des biens
culturels a retrouvé ces œuvres en Belgique.
Au plafond de la Chambre du Roi
se trouve une peinture de Charles Le Brun, « Le Triomphe de la Vérité
soutenue par le Temps ». Au-dessus des alcôves sont représentés des
dieux symbolisant le génie de Nicolas Fouquet : Vertumne pour
l’Abondance, Mars pour la Valeur, Mercure pour la Vigilance et Jupiter
pour la Puissance.
Dans la pièce attenante à la chambre royale, on est dans
l’ancien cabinet du roi. C’est une pièce inachevée et les stucs du
plafond devaient sans nul doute recevoir un décor peint par Le
Brun, dont l’exécution fut suspendue par la chute du surintendant. revenons au procés.
IL dure trois ans, est une véritable démonstration de la volonté royale de briser toute opposition. Les charges contre Fouquet sont nombreuses, mais ses défenseurs parviennent à les réfuter point par point, mettant en lumière les services rendus par Fouquet au royaume. Toutefois, la condamnation semble inévitable, tant Louis XIV veut faire de Fouquet un exemple pour tous ceux qui oseraient s'opposer à son autorité. Comme le souligne le cardinal de Retz, contemporain de Fouquet, « Le procès de Fouquet n’était pas celui d’un homme, mais celui d’une politique ».
Finalement, en décembre 1664, Fouquet est condamné au bannissement bien que le roi souhaite la peine de mort. Le verdict est prononcé à une courte majorité avec , en particulier, le vote d'un d'Ormesson qui sauve la tete de Fouquet. Cependant, sous l'influence du roi, la sentence est commuée en réclusion à perpétuité. Il est alors enfermé dans la forteresse de Pignerol, dans les Alpes, où il passera les 15 dernières années de sa vie. Cet emprisonnement, dans des conditions particulièrement sévères, rappelle la dureté de la justice royale et l'importance pour Louis XIV de maintenir son autorité intacte.
On remarque cette superbe coupole ornée d’adorables putti dans le Cabinet des Bains... ce plafond a été réalisé par Louis Visconti au XIXème siècle, dans le
style du Grand Siècle, en harmonie avec le reste du château.

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