lundi 5 mai 2025

VAUX LE VICOMTE, L' ÈTAGE NOBLE, LES SALONS, LES MUSES, HERCULE

 En redescendant du Dome,  nous revenons au rez de chaussée.

 

La   Grande Chambre Carrée est couverte de tapisseries contant l'histoire de Diane. On remarque aussi un buste de Louis XIV par le Bernin, Fouquet n'est pas rancunier. En 1665, Gian Lorenzo Bernini (1598 - 1680), plus connu en France sous le nom du Bernin, est au faîte de sa carrière. Il est le sculpteur et même l’artiste le plus célèbre d’Europe. 
Louis XIV l’invite alors à Paris, à l’initiative de Colbert, surintendant des Bâtiments du Roi. Le pape Alexandre VII donne son autorisation à ce voyage et lui confère ainsi un caractère quasi-diplomatique. C’est un événement qui suscite un véritable engouement dans toute l’Europe, d’autant que c’est l’unique voyage jamais effectué par l’artiste en dehors d’Italie.
Dès le 20 juin, le Roi formule en personne à l’artiste la commande de son « portrait en marbre ».  Dès le lendemain le sculpteur se met au travail, acceptant alors de prolonger son séjour en France pour réaliser ce buste, qui est présenté à Louis XIV le 5 octobre 1665.

Le Salon des Muses. 

 "ce décor très raffiné allie symboliquement les sciences et les arts. On se trouve ici à l'aube du premier style Versailles, inspiré du maniérisme italien". Cette pièce doit son nom aux neuf muses qui animent le plafond imaginé par Charles Le Brun dont l’œuvre centrale est une huile sur toile octogonale de 4 x 4 m, Le Triomphe de La Fidélité, en écho à la fidélité de Nicolas Fouquet à Louis XIV durant la Fronde. Depuis une ancienne transposition de la toile d’origine, ce grand tableau nécessite une intervention urgente. Il sera déposé, descendu et restaurée in situ. Le salon des Muses dispose d’une alcôve avec une estrade surélevée comme un théâtre, qui servit de scène le 12 juillet 1661 pour la représentation de L’École des maris de Molière, devant les royaux invités de Fouquet. Au plafond de cette alcôve se trouve la deuxième huile sur toile ovale de Le Brun : La Nuit, où la divinité Diane déploie avec grâce ses voiles bleutés.

Le salon des Muses fut ensuite le Salon de compagnie du Maréchal et de la Duchesse de Villars Louis XV, la Reine Marie Leczinska, y furent accueillis.
Rappelant les tentures qui ont ornées cette pièce avant la Révolution, deux tapisseries des Gobelins décorent maintenant le Salon des Muses. Au fond de l'alcôve, "Le Siège de Douai" qui se détache sur les murs tendus de damas de soie rassemblé par endroits à l'imitation de noeuds et de quenouilles, selon un document de l'époque.
En face de la cheminée, une "Chancellerie" aux armes de France et de Navarre, qui fut offerte en 1720 par Louis XV au Marquis d'Argenson, Grand Chancelier, dont les armes figurent aux quatre coins de la tapisserie. De part et d'autre de cette "Chancellerie", les bustes en marbre blanc d'André Le Nôtre (côté alcôve) et de Charles Le Brun (côté fenêtres).

La Salle des Buffets du château de Vaux-le-Vicomte. Jusqu’au XVIIème siècle, il n’y avait pas de pièce spécialement dévolue pour les repas. Celle-ci est l’une des premières.
C’est dans la Salle des Buffets
que le 7 novembre 1659, la France et l’Espagne signèrent la paix à l’issue de la guerre franco-espagnole qui avait commencé en 1635. On peut distinguer au-dessus des deux arches, les décors qui symbolisent ce moment avec d’un côté la Paix (corne d’abondance de fruits et de fleurs) et de l’autre côté la guerre (casques et armes).

 

Je reviens sur mes pas dans le Salon des muses et
je remarque ce somptueux cabinet du XVIIème siècle en ronce de noyer.

Nous entrons dans le Salon d'Hercule avec au plafond, Hercule accueilli par l'Olympe vers 1659 par Charles le Brun. Hercule, appuyé sur sa massue est assis sur un char conduit par la Raison ; il est couronné par la Gloire tandis que la Renommée publie ses hauts faits. '(...) le Peintre a représenté le Vice sous la forme d'un Serpent, écrasé par les roues de ce char où est écrit QUO NON ASCENDET ? Comme l'a souligné Félibien, dans sa longue lettre descriptive consacrée à ce salon, chaque figure, chaque détail de cette composition emblématique est une allusion aux vertus et à la gloire du maître des lieux.
De style italianisant, ce salon est consacré à Hercule, symbole de la puissance et de la réussite du Surintendant.  On retrouve la massue d'Hercule peinte sur les boiseries de part et d'autre des portes.
Les autres portraits sont autour du portrait de Louis XV (par Van Loo), le Maréchal de Villeroy (par Rigaud), le Duc d'Orléans (petit-fils du Régent et grand-père du Roi Louis Philippe) et son épouse, la Duchesse Auguste-Marie de Bade (par Belle).
Face aux fenêtres portrait (par Rigaud) de la Princesse Palatine, deuxième épouse de Monsieur, frère de Louis XIV et portrait équestre du Maréchal de Luxembourg surnommé " le tapissier de Notre-Daine" tant il avait conquis de drapeaux sur l'ennemi exposés traditionnellement dans la nef de la cathédrale (par Martin des Batailles). Face à la cheminée, le siège de Fribourg-en-Brisgau, tableau exécuté par Martin des Batailles pour le Maréchal de Villars qui commandait en chef les troupes assiégeantes. De chaque côté, bustes en bronze du Maréchal de Villars, et côté fenêtres, du Grand Condé. La statue équestre en bronze de Louis XIV est la maquette par Girardon de la statue qui a occupé, jusqu'à la Révolution, le centre de la place Vendôme à Paris. Les deux tables ovales en marbre rouge et noir sont les deux seuls meubles de Fouquet qui n'ont jamais quitté Vaux-le-Vicomte. J'aime beaucoup le bronze de Barye représentant Hercule capturant le taureau furieux de Crète.
L'audio-guide nous fait le récit du procés. Elle semble un peu partiale mais difficile de ce faire une juste idée de la culpabilité de Fouquet.
 "L'imagerie populaire rend la dernière fête du 17 août 1661, la plus impressionnante donnée à Vaux-le-Vicomte et où le roi fut convié, responsable de la disgrâce de Fouquet. En réalité, le tout jeune monarque, souhaitant asseoir politiquement son trône, avait déjà à l'esprit de se débarrasser de son surintendant des finances, résurgence de la politique du cardinal de Mazarin et surtout beaucoup trop riche et influent aux yeux du roi Soleil. Les commissaires débutèrent bien évidemment leurs investigations dans "l'antre" du surintendant, symbole de sa gloire et de sa puissance, le château de Vaux-le-Vicomte. Puis ceux-ci se tournèrent vers les anciennes demeures de Fouquet et c'est dans sa propriété de Saint-Mandé qu'ils firent leur plus troublante découverte : une cassette renfermant toute la correspondance du surintendant et qui portait aux nues ses collusions multiples avec une bonne partie de la Cour jusque dans l'entourage proche du roi.Les interrogatoires débutèrent au début de l'année 1662 et oublièrent curieusement sa famille, exilée pour l'occasion, et toutes personnes pouvant abonder dans son sens.

À ce stade, on peut noter que si les malversations (ou tout du moins les largesses) que s'étaient octroyées Nicolas Fouquet ne peuvent objectivement pas être niées, il est aussi généralement admis que les enquêteurs, recevant leurs ordres de Colbert en personne, truquèrent purement et simplement les procès-verbaux en les agrémentant de témoignages imaginaires et autres inventaires extrapolés. Pis, on refusa au principal intéressé la possibilité d'être jugé devant le Parlement de Paris (comme tel était pourtant son droit) pour le renvoyer devant une chambre de justice exceptionnelle constituée spécialement à son attention ; inutile de mentionner que le président, le procureur général, les conseillers et les greffiers nommés pour composer cette cour extraordinaire étaient plus ou moins des intimes de ceux qui souhaitaient corps et âme la perte du surintendant déchu (et d'ailleurs récusés par Fouquet). Pour parachever cette entreprise de démolition personnelle, il fut signifié à l'accusé que son procès se déroulerait uniquement par écrit, "comme à un muet" suivant l'expression consacrée."

L'article suivant décrira le Grand Salon.







 


 




 

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