lundi 26 mai 2025

PARIS, VISITE GUIDÈE DU MARAIS ARISTOCRATIQUE AVEC PHILIPPE BRINAS-CAUDIE


 

 






 Nous venons réguliérement à Paris et nous avons pris la bonne habitude de visiter les quartiers de la capitale avec Philippe Brinas-Caudie. Nous avons rendez vous à 14h30 au métro Saint Paul. Facile à repérer notre guide, il nous accueille à la sortie du métro, une collection de tenue d'époque , redingote très second Empire,gilet, cravate et haut de forme, la tenue pour visiter le Marais aristocratique, ses hotels particuliers, ses jardins bien cachés et la place des Vosges. Nous commençons la balade par l’hôtel de Sully. Nous y sommes déjà venu en attendant l'heure du rendez-vous. Le temps est superbe et il y a foule pour manger son sandwich  sur les pelouses ou sur les murets entre l’hôtel et l'Orangerie. Depuis la rue Saint Antoine, on franchit le porche pour accéder à la cour d'honneur entièrement pavée. Le porche est très classique et sobre. Il est couvert d’une voute à caissons, son accès sur rue est formé par une arcade encadrée de colonnes doriques engagées; sur cour les colonnes sont nichées. Ce passage est surmonté d’une terrasse, ainsi l’espace intérieur se devine depuis la rue. Nulle part ailleurs dans l’hôtel on ne voit les ordres classiques : ni colonnes, ni pilastres.

Les arcades de l'aile droite abritaient les remises des carrosses et le rez de chaussée de l'aile gauche, les cuisines et les communs. Philippe nous raconte d'abord l'acquisition de l'hotel particulier par Sully, premier ministre d'Henri IV qui venait d'etre assassiné par Ravaillac. La construction de l’hôtel de Sully est entreprise par le financier Mesme Galet en 1624,  sous la direction de l’architecte Jean Androuet du Cerceau ; elle est entièrement achevée par Roland de Neubourg, seigneur de Sarcelles, avant 1631. La maison se compose de trois corps de logis, simples en profondeur, disposés autour d’une cour rectangulaire, séparée de la rue par un corps bas reliant les deux pavillons des extrémités des ailes. Le corps de logis principal donne de l’autre côté sur une terrasse dominant le jardin qui aboutit à une orangerie et à l’angle sud-ouest de la place Royale. Un petit jardin était aménagé à l’ouest de la terrasse au droit d’une extension du logis principal. C’est cette demeure qu’acquiert en 1634 l’ancien ministre de Henri IV, Maximilien de Béthune, duc de Sully, qui y demeure partiellement jusqu’à sa
mort en 1641. Jean Androuet du Cerceau est ce brillant architecte qui a dessiné l'escalier en Fer à Cheval du chateau de Fontainebleau. (cf
https://www.lemounard.com/2025/04/chateau-de-fontainebleau-lescalier-en.html). En 1627, les dépenses de Mexme Galet pour la construction de son hôtel parisien, ajoutées à ses dettes de jeu, commencent à inquiéter ses créanciers. Il doit vendre son hôtel parisien à Roland de Neufbourg et François Poussart qui, de 1628 à 1630, en achèvent la construction en lui donnant sa structure actuelle. Un devis de 1627 concernant Mexme Galet prouve irréfutablement que Jean Androuet du Cerceau  est bien l’architecte de l’hôtel de Sully.

L’usage à profusion du décor sculpté sur les façades contraste avec la rigueur de la composition. Les motifs ornementaux sont représentatifs de la fin de la Renaissance : têtes de femmes, motifs végétaux, allégories. Sur les ailes latérales, des personnages sculptés symbolisent les éléments : à gauche l’Air est accompagné d’un caméléon et le Feu d’un dragon crachant des flammes ; à droite, un lion protège la Terre, et l’Eau tient un vase sur son épaule. Les baies du rez-de-chaussée et les lucarnes ont des frontons cintrés tandis que les baies du bel étage ont des frontons triangulaires. Cette alternance répétée sur toutes les façades marque l’harmonie de l’ensemble.

 

Sur la  façade de l’hôtel particulier, les deux allégories sculptées représentent l’Automne, un homme portant des grappes de raisin, et l’Hiver sous les traits d’un vieillard appuyé sur une canne. Deux sphinges introduisent le visiteur vers le passage central, qui conduit au jardin et aux étages. 

Nous passons par la bibliothèque, c'est un endroit fabuleux pour dégoter tous les livres les mieux documentés pour chaque coin du patrimoine français. C'est là, notamment que j'ai trouvé le guide des Jardins Remarquables en Île de France qui nous a permis d'organiser notre périple. Le bibliothécaire est un homme charmant , un puits d'érudition qui connaît tous les bouquins que diffuse la librairie et qui donne de judicieux conseils. Les intérieurs de l’hôtel ont conservé plusieurs pièces ornées de plafonds à poutres et solives peintes : au rez-de-chaussée, le cabinet de l’épouse de Sully et la grande salle, transformée en librairie en 1993, et, à l’étage, des petits cabinets.

On retrouve sur la façade, côté jardin, les deux autres saisons représentées par Flore et Cérès : Le Printemps et L’Été. Une terrasse, suivant la mode de l’époque, domine le jardin. Elle est bordée, à droite, par un décor à arcades feintes d’origine, et, à gauche, par l’aile construite en 1661, qui reprend harmonieusement la façade Louis XIII.
Le jardin compte quatre parterres de pelouse.

Au fond, l’orangerie se compose d’un corps
central reposant sur cinq arcades, encadré de
deux pavillons aux toitures en pointe ornées
d’épis de faîtage en plomb.



On notera que les lucarnes de la partie
centrale coupent la corniche de manière
à animer les parties hautes.
L’arcade du centre est surmontée d’un
cadran solaire gravé dans la pierre.
La porte du pavillon de droite donne accès à la place des Vosges.

Nous traversons ce passage et nous arrivons au centre de la place et nous écoutons notre guide au piede de la statue de Louis XIII à cheval.

Baptisée place Royale jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, elle était initialement dédiée au roi Henri IV, puis à son fils, Louis XIII, après l’assassinat d’Henri IV. La statue a une histoire : au départ, Catherine de Médicis commande au fondeur italien Daniel Ricciarelli une statue équestre de son mari Henri II. Un brillant tournoi sous forme de joute à cheval doit avoir lieu ; la lice est préparée dans la rue Saint-Antoine, la rue la plus large de Paris à l’époque. Elle se trouve non loin du palais des Tournelles, la résidence d’Henri II et de son épouse Catherine de Médicis. Au milieu de cette fête, seule la reine  est inquiète : la nuit précédant le tournoi, elle a rêvé que son époux était gravement blessé, la figure en sang. Elle a encore en mémoire ce que, sept ans auparavant, l’évêque et astrologue Luc Gauric lui a conseillé : que le roi évite tout combat singulier autour de la quarantaine car il serait alors menacé d’une blessure à la tête, entraînant la mort. Henri II a justement eu 40 ans en mars 1559. Après s’être mesuré au duc de Savoie puis au duc de Guise, le roi se confronte au jeune comte Gabriel de Montgomery, capitaine de ses gardes. Une première fois, les deux adversaires s’élancent, il y a un choc entre les deux hommes mais aucun n’est désarçonné. Henri II insiste alors pour rompre une deuxième lance. La reine le supplie d’arrêter, Montgomery affirme pourtant que la victoire est au roi mais le roi insiste et les juges du tournoi acceptent. Le maréchal de Vieilleville lui met son casque mais, dans la précipitation, oublie de mettre le crochet à la visière. Montgomery, quant à lui, oublie de changer de lance. Lorsque les deux cavaliers s’élancent, la lance de Montgomery se brise sur l’armure, glisse et pénètre à travers le casque du roi. On ne se rend pas compte de la gravité de la situation jusqu’à ce que le roi s’écroule au sol. Lorsqu’on lui enlève son casque, on peut voir que la lance cassée a transpercée en cinq endroits le visage d’Henri. Le roi est emmené au palais des Tournelles. Les médecins interviennent et 5 éclats sont retirés dont l’un, dans l’œil, fait près de dix centimètres.  Le roi meurt après 10 jours d'agonie.

 

Ricciarelli décède subitement et seul le cheval est sculpté.La sculpture reste en Italie. Richelieu la récupère et souhaite poser sur le cheval le buste de Louis XIII. Cheval et cavalier ne sont pas trop assortis mais quand vient la révolution, la place Royale devient place des Vosges et la statue est fondue. La statue actuelle est un marbre réalisée en 1821 par Jean Pierre Cortot sur un modèle de Charles Dupaty.

La construction de la place est ordonnée sous le règne d Henri IV.  Il choisit cet emplacement afin de remplacer l hôtel des Tournelles, un chateau royal assez peu utilisé où sont morts Henri II et Louis XII .
La construction débute en 1605 et dure sept ans pour s'achever en 1612 sous le règne de Louis XIII. La place est presque carrée (127 sur 140 mètres). Elle a été conçue selon les principes de l'urbanisme Renaissance, avec 
36 pavillons aux façades en briques rouges et aux toits d'ardoise bleue. Dans sa partie sud, du côté de la Seine et de la rue de Birague il y a le pavillon du Roi et côté nord en prenant la direction de la place de la République c’est le pavillon de la Reine. Philippe Brinas-Caudie fait une diversion pour parler de la sociologie de la place des Vosges. Les plus brillants specimens de la gauche caviar y ont élu domicile, Fabius, Lang et Strauss-Kahn, pour ce dernier, Anne Sinclair l'a viré mais ce conclave de hiérarque socialiste aimé l'entre-soi de la place. "la gauche caviar, marque déposée. Équitable, bio, citoyenne, sans glyphosate, tant qu’on voudra, mais caviar à la louche et service en argent. Elle a la Rolex de Jacques Séguéla, les chemises à prix d’or de BHL, le duplex somptueux place des Vosges de Jack Lang, les costumes à 35 000 euros de Strauss-Kahn." 

De là notre guide nous conduit dans la cour du musée Carnavale qui présente les collections historiques de la ville de Paris. Au 23 rue de Sévigné, l’hôtel des Ligneris (dit Carnavalet) est, avec la cour carrée du Louvre, l’un des rares témoins de l’architecture de l’époque Renaissance à Paris. Construit au milieu du 16e siècle (1548-1560) pour Jacques des Ligneris, président au parlement de Paris, il s’agit de l’un des hôtels particuliers du Marais les plus anciens de Paris. 
L’hôtel est vendu en 1578 à Françoise de la Baume, épouse du chevalier Kernevenoy, surnommé « Monsieur de Carnavalet ».
À partir de 1660,  François Mansart surélève le porche de l’hôtel sur l’actuelle rue de Sévigné et crée deux nouvelles ailes. L’écrivaine Madame de Sévigné s’y installe en 1677 jusqu’en 1694.

Les statues qui ornent la cour sont des chefs-d'œuvre dus à Jean Goujon et à son atelier. Sa façade principale est décorée de bas-reliefs représentant des allégories des Saisons  sous les traits de Flore, Cérès et Bacchus et d’un vieillard emmitouflé, allégorie de l’hiver ; tandis que l’arc du portail sur cour présente un décor allégorique : l’Autorité à la clef, deux Renommées aux écoinçons.. Au centre de la cour a été placée une exceptionnelle statue en bronze de Louis XIV, œuvre du sculpteur Antoine Coysevox. Cette statue en pied est l’une des rares effigies monumentales du Roi-Soleil qui aient échappé aux destructions révolutionnaires. Elle provient de l’Hôtel de Ville de Paris, où elle ornait, entourée d’une riche décoration, l’arcade du fond de la cour.


Entre 1655 et 1661, l’architecte François Mansart effectue plusieurs travaux d’agrandissement. Il surélève le portail d’entrée et crée les deux ailes latérales. Côté gauche, il conserve la loggia déjà existante à l’origine mais la surélève. Il remplace le mur situé à droite par une aile symétrique à celle de gauche. c'est là que la marquise tient  salon et  reçoit les beaux esprits du Marais. La demeure est suffisamment grande pour y héberger son oncle, l’abbé de Coulanges, son fils Charles, ainsi que sa fille, la comtesse de Grignan, son mari et leurs enfants. Aux reliefs des Saisons du corps de logis, répondirent huit nouveaux reliefs réalisés par Gérard Van Obstal, représentant des allégories des quatre éléments au premier étage de l’aile gauche, et les quatre déesses Junon, Hébé, Diane et Flore surmontées des symboles des quatre vents, au premier étage de l’aile droite.

Nous suivons la rue des Francs-Bourgeois pour apercevoir la deuxième entrée du musée, la superbe grille et le jardin qui est malheureusement caché par les palissades des travaux.  
L’échauguette de l’Hôtel d’Angoulême-Lamoignon (vers 1625)
La tourelle carrée en encorbellement de l’Hôtel d’Angoulême repose sur trois trompes coniques jumelées sur consoles. Surplombant le croisement des rues des Francs-Bourgeois et Pavée, elle porte l’inscription « S. C. », signifiant « Sainte Catherine », en allusion à l’ancien nom du quartier. 
À visée décorative, cette tourelle avait simplement pour but d’aider à identifier l’hôtel d'Angouleme Lamoignon, située à un carrefour. 

Facade SDC.jpgL'Hôtel d'Angoulême Lamoignon a une histoire riche, et plusieurs personnalités importantes de l'histoire de France ont été associées à cet édifice au fil des siècles. Voici quelques-unes de ces personnalités :

Diane de France, fille légitimée du roi Henri II de France et de Filippa Duci, a acquis l'hôtel en 1584. Elle a habité dans cet édifice jusqu'à sa mort en 1619.  Charles d'Angoulême, neveu d'Henri III, fils bâtard de Charles IX et de Marie Touchet, a hérité de l'hôtel en 1619 à la mort de la duchesse d'Angoulême, Diane de France. Il y a vécu jusqu'en 1650.
 Guillaume Ier de Lamoignon, premier président du Parlement de Paris, a loué une partie de l'hôtel et l'a aménagé. L'hôtel est devenu un lieu de rencontre pour des personnalités littéraires et intellectuelles de l'époque, dont Madame de Sévigné, Boileau, Jean Racine, Bourdaloue, Regnard, Guy Patin. L'Hôtel de Lamoignon est un exemple remarquable de l'architecture de la Renaissance française. Il présente des éléments architecturaux tels que des frontons, des pilastres, et des fenêtres à meneaux typiques de cette époque.

Nous remontons la rue des Francs-Bourgeois jusqu'à

L’hôtel de Sandreville : la façade sur rue refaite sous Louis XVI. En 1755, Louis-Charles Le Mairat, président à la Chambre des Comptes, hérite de l’hôtel. Il fait reconstruire la façade sur rue en 1767. De style Louis XVI, elle repose sur un soubassement important à bossages, délimité par une corniche. Au-dessus, des pilasses colossaux canelés embrassent les deux étages. Sous la corniche courre une frise de triglyphes et de métopes  sculptées de linges en draperie. A l’intérieur, le superbe escalier d’honneur est conservé dans l’aile Ouest : sa rampe est faite d’entrelacs d’ovales et de rosaces.



                                                 
                                                                                                               En plein Marais, la Société des Cendres avait pour mission de traiter les poussières des joailliers et d’en fondre les métaux précieux. La SDC tient à restaurer et reconvertir son patrimoine malgré le « Plan de sauvegarde du Marais » qui vise à détruire les ouvrages postérieurs au XVIIIe siècle situés dans les cœurs d’îlots du Marais. Les premiers locaux de la SDC restent donc l’un des derniers témoins du patrimoine industriel parisien. Avec sa façade classique d’immeuble du XIXe siècle et sa cheminée de 30 mètres de haut, le bâtiment est aujourd’hui classé. L'immeuble est occupé par un magasin Uniclo.
Nous entrons dans la cour du Crédit Municipal que nous avions visité avec Lora Romano. cf https://www.lemounard.com/2025/02/paris-visite-du-credit-municipal-avec.html

Cette tour, dite tour de Pierre Alvart, fait partie de l’enceinte de Philippe-Auguste bâtie entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle. Elle est découverte en 1879, à l’occasion de travaux d’agrandissement du Crédit Municipal, qui occupe l’ancien Mont-de-Piété établi à Paris sous Louis XVI. En démolissant un ancien immeuble, une tour ronde de huit mètres est mise à jour. Surélevée au fil des siècles, seule sa partie basse date de l’origine de la construction. Comme la tour contrecarrait les plans de l’architecte en charge des travaux, M. Gallois, celui-ci décida de surélever la partie basse par une seconde tour en brique desservie par un escalier intérieur. En 1886, il ajouta l’immeuble en brique qui jouxte la tour.

Au 60 de la rue des Francs Bourgeois se trouve les Archives nationales. L’hôtel de Soubise, et le bâtiment voisin, l’hôtel de Rohan, sont parmi les plus beaux hôtels particuliers du Marais, avec des salons décorés par Germain Boffrand et des peintures de Boucher, Van Loo, ou encore Trémolières;

C'est à partir de 1371 qu'Olivier de Clisson, successeur du connétable de France Bertrand du Guesclin, fait construire un hôtel particulier au cœur du chantier du Temple, aujourd'hui le Marais. On ne conserve de ce premier habitat que la porte d'entrée fortifiée cantonnée de deux échauguettes sur l'actuelle rue des Archives. En 1553, François de Lorraine, duc de Guise, et sa femme, Anne d'Este, acquièrent l'hôtel particulier. Très délabré, le bâtiment exige d'importants travaux de reconstruction que la puissante famille des Guise confie au célèbre artiste italien, chef de file de la première école de Fontainebleau, Francesco Primaticcio, dit Le Primatice. Rien n'a malheureusement été conservé des célèbres peintures de la chapelle réalisées d'après ses dessins par Niccolo dell'Abbate. Sous l'influence du duc de Guise, l'hôtel devient le siège de la Ligue catholique pendant les guerres de religion. En mars 1700, François de Rohan-Soubise et sa  jeune épouse, Anne de Rohan-Chabot, achètent l'hôtel et confient à leur architecte, le jeune Pierre-Alexis Delamair, le soin de le remettre au goût du jour. Ce dernier décide de changer l'orientation de l'édifice en plaquant une nouvelle façade de style classique contre l'ancienne aile sud et construit, à l'emplacement de l'ancien manège des Guise, une majestueuse cour d'honneur à portique arrondi ouvrant par une demi-lune sur la rue des Francs-Bourgeois.

Le duc demande a faire fermer la rue qui passe devant le parvis de l’hôtel particulier mais la ville lui refuse. Madame est fort mécontente et le duc demande à l'architecte de construire ce magnifique péristyle qui permet à la duchesse de ne pas se frotter aux manants. La façade est ornée d'un avant-corps central à doubles colonnes superposées, comportant trois travées espacées de 3,50 m, sur deux niveaux surmontés d'un fronton triangulaire.

Le cartouche de ce fronton portait les armes des Rohan Soubise, ôtées à la Révolution. Ses rampants sont ornés de deux statues couchées, allégories de la Gloire et la Magnificence, et chacune de ses encoignures d'un groupe de génies. Ces sculptures sont l'œuvre de Robert le Lorain. Au rez-de-chaussée, les trois grandes portes cintrées, encadrées par des  colonnes jummelées à chapiteaux composites, sont timbrées de mascarons. À l'étage, les fenêtres sont encadrées de colonnes à chapiteaux corinthiens.

Delamair, en privilégiant l'unité de la colonnade du péristyle, crée ainsi un petit scandale en inversant la hiérarchie canonique]. Delamair construit une cour d'honneur (longue de 62 mètres entre le porche et le perron) entourée d'un péristyle de 56 colonnes jumelées à chapiteaux composites, orné d'une balustrade à jour, ouvrant par une demi-lune sur l'actuelle rue des Francs-Bourgeois. Il se charge également de la campagne de décors sculptés qui ornent encore aujourd'hui la façade du palais, et demande à Le Lorain  de réaliser les statues représentant les quatre saisons, au niveau du premier étage. 

L'hotel de Rohan Chabot est contigu et fait aussi partie des Archives. Armand-Gaston-Maximilien est le fils de François de Rohan (1630-1712), prince de Soubise, comte de Rochefort, lieutenant-général des armées royales, et d'Anne de Rohan-Chabot (1648-1709), dame de Soubise. C'est le futur cardinal de Rohan et ,on le dit, enfant illégitime de Louis XIV pour qui Anne aurait eu des faiblesses. Notre visite se termine dans le  jardin de Rohan . Il est l’un des jardins des Archives Nationales. On y accède par l’impressionnante cour de l’hôtel de Soubise et après avoir traversé l’une des plus anciennes allées de la capitale. Du jardin, on admire la façade de l’hôtel de Rohan (XVIIe siècle). Un lieu de balade romantique, bien caché et intime.  Ce cardinal de Rohan n'est pas celui du "collier de la Reine". La famille de Rohan tient pendant 88 ans le siège épiscopal de Stasbourg. Cette famille est une des plus puissantes du duché de Bretagne depuis le Moyen-Age. Les fils aînés héritent du duché, tandis que les autres choisissent une carrière militaire ou ecclésiastique.
Superbe visite avec Philippe Brinas-Caudie d'un quartier qu'on commence à bien connaître.
 
Autres visites avec Philippe Brinas-Caudie : Le Temple, les templiers, les rois maudits. 
https://www.lemounard.com/2025/03/paris-les-templiers-et-les-rois-maudits.html
La Plaine Monceau, les cocottes : 
 https://www.lemounard.com/2022/11/la-plaine-montceau-et-les-fastes-du.html
L'hotel Particulier de la Paiva :  
https://www.lemounard.com/2022/11/paris-visite-de-lhotel-particulier-de.html
L'abbaye du Val de Grace.
https://www.lemounard.com/2025/03/paris-l-abbaye-du-val-de-grace-anne-d.html

Article précédent Versailles, la galerie des Glaces, les appartements de la Reine, David
https://www.lemounard.com/2025/05/chateau-de-versailles-la-galerie-des.html
 





 





 








 








 


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