Nous venons réguliérement à Paris et nous avons pris la bonne habitude de visiter les quartiers de la capitale avec Philippe Brinas-Caudie. Nous avons rendez vous à 14h30 au métro Saint Paul. Facile à repérer notre guide, il nous accueille à la sortie du métro, une collection de tenue d'époque , redingote très second Empire,gilet, cravate et haut de forme, la tenue pour visiter le Marais aristocratique, ses hotels particuliers, ses jardins bien cachés et la place des Vosges. Nous commençons la balade par l’hôtel de Sully. Nous y sommes déjà venu en attendant l'heure du rendez-vous. Le temps est superbe et il y a foule pour manger son sandwich sur les pelouses ou sur les murets entre l’hôtel et l'Orangerie. Depuis la rue Saint Antoine, on franchit le porche pour accéder à la cour d'honneur entièrement pavée. Le porche est très classique et sobre. Il est
couvert d’une voute à caissons, son accès sur rue est formé par une
arcade encadrée de colonnes doriques engagées; sur cour les colonnes
sont nichées. Ce passage est surmonté d’une terrasse, ainsi l’espace
intérieur se devine depuis la rue. Nulle part ailleurs dans l’hôtel on
ne voit les ordres classiques : ni colonnes, ni pilastres.
Les arcades de l'aile droite abritaient les remises des carrosses et le rez de chaussée de l'aile gauche, les cuisines et les communs. Philippe nous raconte d'abord l'acquisition de l'hotel particulier par Sully, premier ministre d'Henri IV qui venait d'etre assassiné par Ravaillac. La construction de l’hôtel de Sully est entreprise par le financier Mesme Galet en 1624, sous la direction de l’architecte Jean Androuet du Cerceau ; elle est entièrement achevée par Roland de Neubourg, seigneur de Sarcelles, avant 1631. La maison se compose de trois corps de logis, simples en profondeur, disposés autour d’une cour rectangulaire, séparée de la rue par un corps bas reliant les deux pavillons des extrémités des ailes. Le corps de logis principal donne de l’autre côté sur une terrasse dominant le jardin qui aboutit à une orangerie et à l’angle sud-ouest de la place Royale. Un petit jardin était aménagé à l’ouest de la terrasse au droit d’une extension du logis principal. C’est cette demeure qu’acquiert en 1634 l’ancien ministre de Henri IV, Maximilien de Béthune, duc de Sully, qui y demeure partiellement jusqu’à sa
mort en 1641. Jean Androuet du Cerceau est ce brillant architecte qui a dessiné l'escalier en Fer à Cheval du chateau de Fontainebleau. (cf https://www.lemounard.com/2025/04/chateau-de-fontainebleau-lescalier-en.html). En 1627, les dépenses de Mexme Galet pour la construction de son hôtel
parisien, ajoutées à ses dettes de jeu, commencent à inquiéter ses
créanciers. Il doit vendre son hôtel parisien à Roland de Neufbourg et
François Poussart qui, de 1628 à 1630, en achèvent la construction en
lui donnant sa structure actuelle. Un devis de 1627 concernant Mexme Galet prouve irréfutablement que Jean Androuet du Cerceau est bien l’architecte de l’hôtel de Sully.


Sur la façade de l’hôtel particulier, les deux allégories sculptées représentent l’Automne, un homme portant des grappes de raisin, et l’Hiver sous les traits d’un vieillard appuyé sur une canne. Deux sphinges introduisent le visiteur vers le passage central, qui conduit au jardin et aux étages.
Nous passons par la bibliothèque, c'est un endroit fabuleux pour dégoter tous les livres les mieux documentés pour chaque coin du patrimoine français. C'est là, notamment que j'ai trouvé le guide des Jardins Remarquables en Île de France qui nous a permis d'organiser notre périple. Le bibliothécaire est un homme charmant , un puits d'érudition qui connaît tous les bouquins que diffuse la librairie et qui donne de judicieux conseils. Les intérieurs de l’hôtel ont conservé plusieurs pièces ornées de plafonds à poutres et solives peintes : au rez-de-chaussée, le cabinet de l’épouse de Sully et la grande salle, transformée en librairie en 1993, et, à l’étage, des petits cabinets.
On retrouve sur la façade, côté jardin, les deux autres saisons représentées par Flore et Cérès : Le Printemps et L’Été. Une terrasse, suivant la mode de l’époque, domine le jardin. Elle est bordée, à droite, par un décor à arcades feintes d’origine, et, à gauche, par l’aile construite en 1661, qui reprend harmonieusement la façade Louis XIII.Le jardin compte quatre parterres de pelouse.
Au fond, l’orangerie se compose d’un corps
central reposant sur cinq arcades, encadré de
deux pavillons aux toitures en pointe ornées
d’épis de faîtage en plomb.
On notera que les lucarnes de la partie
centrale coupent la corniche de manière
à animer les parties hautes.
L’arcade du centre est surmontée d’un
cadran solaire gravé dans la pierre.
La porte du pavillon de droite donne accès à la place des Vosges.
Nous traversons ce passage et nous arrivons au centre de la place et nous écoutons notre guide au piede de la statue de Louis XIII à cheval.
Baptisée place Royale jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, elle était initialement dédiée au roi Henri IV, puis à son fils, Louis XIII, après l’assassinat d’Henri IV. La statue a une histoire : au départ, Catherine de Médicis commande au fondeur italien Daniel Ricciarelli une statue équestre de son mari Henri II. Un brillant tournoi sous forme de joute à cheval doit avoir lieu ; la lice est préparée dans la rue Saint-Antoine, la rue la plus large de Paris à l’époque. Elle se trouve non loin du palais des Tournelles, la résidence d’Henri II et de son épouse Catherine de Médicis. Au milieu de cette fête, seule la reine est inquiète : la nuit précédant le tournoi, elle a rêvé que son époux était gravement blessé, la figure en sang. Elle a encore en mémoire ce que, sept ans auparavant, l’évêque et astrologue Luc Gauric lui a conseillé : que le roi évite tout combat singulier autour de la quarantaine car il serait alors menacé d’une blessure à la tête, entraînant la mort. Henri II a justement eu 40 ans en mars 1559. Après s’être mesuré au duc de Savoie puis au duc de Guise, le roi se confronte au jeune comte Gabriel de Montgomery, capitaine de ses gardes. Une première fois, les deux adversaires s’élancent, il y a un choc entre les deux hommes mais aucun n’est désarçonné. Henri II insiste alors pour rompre une deuxième lance. La reine le supplie d’arrêter, Montgomery affirme pourtant que la victoire est au roi mais le roi insiste et les juges du tournoi acceptent. Le maréchal de Vieilleville lui met son casque mais, dans la précipitation, oublie de mettre le crochet à la visière. Montgomery, quant à lui, oublie de changer de lance. Lorsque les deux cavaliers s’élancent, la lance de Montgomery se brise sur l’armure, glisse et pénètre à travers le casque du roi. On ne se rend pas compte de la gravité de la situation jusqu’à ce que le roi s’écroule au sol. Lorsqu’on lui enlève son casque, on peut voir que la lance cassée a transpercée en cinq endroits le visage d’Henri. Le roi est emmené au palais des Tournelles. Les médecins interviennent et 5 éclats sont retirés dont l’un, dans l’œil, fait près de dix centimètres. Le roi meurt après 10 jours d'agonie.

Ricciarelli décède subitement et seul le cheval est sculpté.La sculpture reste en Italie. Richelieu la récupère et souhaite poser sur le cheval le buste de Louis XIII. Cheval et cavalier ne sont pas trop assortis mais quand vient la révolution, la place Royale devient place des Vosges et la statue est fondue. La statue actuelle est un marbre réalisée en 1821 par Jean Pierre Cortot sur un modèle de Charles Dupaty.
La construction de la place est ordonnée sous le règne d Henri IV. Il choisit cet emplacement afin de remplacer l
hôtel des Tournelles, un chateau royal assez peu utilisé où sont morts Henri II et Louis XII .
La
construction débute en 1605 et dure sept ans pour s'achever en 1612
sous le règne de Louis XIII. La place est presque carrée (127 sur 140
mètres). Elle a été conçue selon les principes de l'urbanisme
Renaissance, avec 36 pavillons aux façades en briques rouges et aux toits d'ardoise bleue. Dans sa partie sud, du côté de la Seine et de la rue de Birague il y a
le pavillon du Roi et côté nord en prenant la direction de la place de
la République c’est le pavillon de la Reine. Philippe Brinas-Caudie fait une diversion pour parler de la sociologie de la place des Vosges. Les plus brillants specimens de la gauche caviar y ont élu domicile, Fabius, Lang et Strauss-Kahn, pour ce dernier, Anne Sinclair l'a viré mais ce conclave de hiérarque socialiste aimé l'entre-soi de la place. "la gauche caviar, marque déposée. Équitable, bio, citoyenne, sans
glyphosate, tant qu’on voudra, mais caviar à la louche et service en
argent. Elle a la Rolex de Jacques Séguéla, les chemises à prix d’or de
BHL, le duplex somptueux place des Vosges de Jack Lang, les costumes à
35 000 euros de Strauss-Kahn."
De là notre guide nous conduit dans la cour du musée Carnavale qui présente les collections historiques de la ville de Paris. Au 23 rue de Sévigné, l’hôtel des Ligneris (dit Carnavalet)
est, avec la cour carrée du Louvre, l’un des rares témoins de
l’architecture de l’époque Renaissance à Paris. Construit au milieu du
16e siècle (1548-1560) pour Jacques des Ligneris, président au parlement
de Paris, il s’agit de l’un des hôtels particuliers du Marais les plus
anciens de Paris.
L’hôtel est vendu en 1578 à Françoise de la Baume, épouse du chevalier Kernevenoy, surnommé « Monsieur de Carnavalet ». À partir de 1660, François Mansart surélève le
porche de l’hôtel sur l’actuelle rue de Sévigné et crée deux nouvelles
ailes. L’écrivaine Madame de Sévigné s’y installe en 1677 jusqu’en 1694.





La tourelle carrée en encorbellement de l’Hôtel d’Angoulême repose sur trois trompes coniques jumelées sur consoles. Surplombant le croisement des rues des Francs-Bourgeois et Pavée, elle porte l’inscription « S. C. », signifiant « Sainte Catherine », en allusion à l’ancien nom du quartier. À visée décorative, cette tourelle avait simplement pour but d’aider à identifier l’hôtel d'Angouleme Lamoignon, située à un carrefour.

Diane de France, fille légitimée du roi Henri II de France et de Filippa Duci, a acquis l'hôtel en 1584. Elle a habité dans cet édifice jusqu'à sa mort en 1619. Charles d'Angoulême, neveu d'Henri III, fils bâtard de Charles IX et de Marie Touchet, a hérité de l'hôtel en 1619 à la mort de la duchesse d'Angoulême, Diane de France. Il y a vécu jusqu'en 1650.


Nous remontons la rue des Francs-Bourgeois jusqu'à
L’hôtel de Sandreville : la façade sur rue refaite sous Louis XVI. En 1755, Louis-Charles Le Mairat, président à la Chambre des Comptes, hérite de l’hôtel. Il fait reconstruire la façade sur rue en 1767. De style Louis XVI, elle repose sur un soubassement important à bossages, délimité par une corniche. Au-dessus, des pilasses colossaux canelés embrassent les deux étages. Sous la corniche courre une frise de triglyphes et de métopes sculptées de linges en draperie. A l’intérieur, le superbe escalier d’honneur est conservé dans l’aile Ouest : sa rampe est faite d’entrelacs d’ovales et de rosaces.


En plein Marais, la Société des Cendres avait pour mission de traiter les poussières des joailliers et d’en fondre les métaux précieux.


Cette tour, dite tour de Pierre Alvart, fait partie de l’enceinte de Philippe-Auguste bâtie entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle. Elle est découverte en 1879, à l’occasion de travaux d’agrandissement du Crédit Municipal, qui occupe l’ancien Mont-de-Piété établi à Paris sous Louis XVI. En démolissant un ancien immeuble, une tour ronde de huit mètres est mise à jour. Surélevée au fil des siècles, seule sa partie basse date de l’origine de la construction. Comme la tour contrecarrait les plans de l’architecte en charge des travaux, M. Gallois, celui-ci décida de surélever la partie basse par une seconde tour en brique desservie par un escalier intérieur. En 1886, il ajouta l’immeuble en brique qui jouxte la tour.
Au 60 de la rue des Francs Bourgeois se trouve les Archives nationales. L’hôtel de Soubise, et le bâtiment voisin, l’hôtel de Rohan, sont parmi les plus beaux hôtels particuliers du Marais, avec des salons décorés par Germain Boffrand et des peintures de Boucher, Van Loo, ou encore Trémolières;


Le duc demande a faire fermer la rue qui passe devant le parvis de l’hôtel particulier mais la ville lui refuse. Madame est fort mécontente et le duc demande à l'architecte de construire ce magnifique péristyle qui permet à la duchesse de ne pas se frotter aux manants. La façade est ornée d'un avant-corps central à doubles colonnes superposées, comportant trois travées espacées de 3,50 m, sur deux niveaux surmontés d'un fronton triangulaire.
Le cartouche de ce fronton portait les armes des Rohan Soubise, ôtées à la Révolution. Ses rampants sont ornés de deux statues couchées, allégories de la Gloire et la Magnificence, et chacune de ses encoignures d'un groupe de génies. Ces sculptures sont l'œuvre de Robert le Lorain. Au rez-de-chaussée, les trois grandes portes cintrées, encadrées par des colonnes jummelées à chapiteaux composites, sont timbrées de mascarons. À l'étage, les fenêtres sont encadrées de colonnes à chapiteaux corinthiens.
Delamair, en privilégiant l'unité de la colonnade du péristyle, crée ainsi un petit scandale en inversant la hiérarchie canonique]. Delamair construit une cour d'honneur (longue de 62 mètres entre le porche et le perron) entourée d'un péristyle de 56 colonnes jumelées à chapiteaux composites, orné d'une balustrade à jour, ouvrant par une demi-lune sur l'actuelle rue des Francs-Bourgeois. Il se charge également de la campagne de décors sculptés qui ornent encore aujourd'hui la façade du palais, et demande à Le Lorain de réaliser les statues représentant les quatre saisons, au niveau du premier étage.

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