Construit en 1610, le Château est encore la demeure des Marquis de Breteuil. Ils ont servi
Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Leur blason, l'épervier d'or sur fond d'azur flotte sur le toit. Le château de Breteuil comporte une cour carrée, entièrement enserrée de murs ou de
constructions et bordée de fossés. Sur l'avant, deux pavillons d'angle
et un corps de passage central ; en fond de cour, sur toute la largeur,
un grand bâtiment dont le corps central a été conservé. Les bâtiments
sont à structure en brique et remplissage sous enduit.
Sur la façade, un cadran solaire très légèrement déclinant du matin, gravé, peint sur enduit
style fléché issu d'un soleil rayonnant
Devise : "Nec spe nec metu"
"Ni espoir, ni crainte"
C'est la devise de la famille de Breteuil. Cette devise interroge : exprime t-elle l’athéisme ou d’indépendance personnelle ? C'était aussi la devise d'Isabella d'Este, marquise de Mantoue et figure très importante de la Renaissance.
L’actuel propriétaire du château est Henri-François de Breteuil. Depuis 1967, il a entrepris sans relâche la restauration du château qui aujourd’hui a retrouvé tout son éclat.
Propriété de la famille de Breteuil depuis 1712 la visite du château promet d’être un voyage envoûtant à travers l'Histoire.
La pièce où nous entrons est très vaste et présente une sorte de galerie de portraits des importants personnages qui ont jalonné l'histoire de cette famille intimement liée à l'Histoire de France et de la Royauté.

Le baron de Breteuil revient en France en 1783 et est nommé ministre
de la Maison du roi. Chargé en 1784, avec le contrôleur général des
finances Calonne, de négocier avec le duc d'Orléans le rachat par Louis
XVI du domaine de Saint-Cloud, il reçoit en récompense, le pavillon du
Mail, qu'on appelle désormais le pavillon de Breteuil. C'est lui qui, le
15 août 1785, fait arrêter son ennemi le cardinal de Rohan, impliqué
dans l'affaire du collier de la reine, ce qui lui vaut la reconnaissance
de Louis XVI. A Paris, il fait démolir les dernières maisons
construites sur les ponts et s'intéresse à l'amélioration des conditions
d'hospitalisation dans les hôpitaux. Membre de l'Académie des sciences
depuis le 11 décembre 1785, il s'intéresse aux travaux de Montgolfier et
du physicien Charles, soutient les expériences des vols de ballons
habités et crée dans l’armée le corps des aérostiers..
Il s'oppose à la convocation des états généraux et conseille à Louis
XVI une série de mesures répressives énergiques pour venir à bout de
l'agitation de juin et juillet 1789.
Il est célèbre aussi pour avoir été le plus bref 1er ministre de la France. Lors du renvoi de Necker et des ministres libéraux le , Louis XVI nomme le baron de Breteuil pour lui succéder comme principal ministre, cent heures à peine avant la prise de la Bastille. Dès le , Louis XVI doit toutefois rappeler Necker et Breteuil émigre le 17 ou pour échapper à la mort en Allemagne puis à Solothurn en Suisse. Après l'échec de la fuite de la famille royale, qu'il a contribué à
préparer avec le comte de Fersen (juin 1791), Breteuil reçoit de Louis
XVI la mission d'être son intermédiaire avec ses frères, les Princes, et
de traiter secrètement avec les cours étrangères. Ruiné par la Révolution qui a saisi tous ses biens en tant qu'émigré, il vit dans un grand dénuement. Cette vie a été toute entière consacrée au service du roi LouisXVI, une fidélité sans faille recompensée par ce tableau offert par le roi à Louis Auguste. Le cadre porte la mention "donné par le roy à M. le Baron de Breteuil". Sur une des poutres du blafond, on remarque le Blason de Charles-Achille de Breteuil (1640-1708).
Ce jeune garçon au nez à la retrousse, sur la cheminée du Salon des Quatre Saisons, est le roi Louis XV, "Le Bien Aimé". François Victor de Breteuil est ministre de la guerre de Louis XV de 1723 à 1726. Il est rappelé à ce poste en 1738 à la demande de l’armée. Il est l’instigateur d’une importante réforme visant à démocratiser l’accès au grade d’officier. Il fait partie du Conseil du Roi où il occupe la place vis-à-vis du souverain. Chef de famille car descendant du fils ainé de Louis, le ministre de Louis XIV, il porte le titre de Marquis de Fontenay Trésigny et de Breteuil. Son souvenir est évoqué dans ce " salon des quatre saisons" au début de la visite à la suite de la galerie.
"Ici, on se laisse transporter dans un autre temps ! L’architecture du 17e
siècle, les tableaux royaux, le mobilier du 18e siècle et
l’impressionnante collection de portraits de famille sont un décor
prestigieux. Celui d’un lieu captivant, atypique et rendu ludique par la
présence d’une cinquantaine de personnages de cire réalisés par le
savoir-faire Grévin. Ici, on croise Louis XVI, la reine Marie-Antoinette, Gambetta, Marcel Proust, ou encore le roi d’Angleterre Édouard VII.
Le parcours propose une immersion dans leurs nouvelles lumières, ainsi
que dans les dépendances et espaces de vie d’autrefois. Ici, huit scènes
célèbrent les contes de Perrault parmi lesquels « La Belle au Bois Dormant« , « Cendrillon« , « Le Chat Botté« …
Des œuvres destinées à l’origine, aux adultes. Les évocations que l’on y
découvre au cours permettent d’imaginer ce qu’était la vie de château à
l’époque."
Voilà maintenant Charles de Breteuil. La Révolution décime une
partie des siens, sa mère se fait emprisonner, lui-même est forcé
d’assister à l’exécution de Louis XVI (il a 11 ans).Il est l’un des premiers diplômés de la jeune Ecole
Polytechnique (1801). Il s’attache déjà à redonner vie à son château
pratiquement inhabité depuis 18 ans. Charles s’illustre ensuite à
la bataille de Wagram (1809) où il fait soigner les blessés des deux
camps. Intendant de la Styrie et de la Corinthie. Puis le voilà
en 1813 : il se fait nommer préfet de l’improbable département français
des Bouches de l’Elbe (capitale, Hambourg), puis Napoléon Ier le nomme
préfet de la Nièvre pendant les Cent Jours.
Il refuse car il a promis à sa future belle-mère de ne pas quitter d’une semelle sa fiancée. Ce qui fait que lorsque Louis XVIII arrive au pouvoir, il peut continuer sa carrière de préfet dans la Nièvre, l’Eure et Loir, la
Sarthe et la Gironde.
Charles de Breteuil est représenté dans la
bibliothèque en présence du Duc Decazes alors premier Ministre (1820) et
du Roi Louis XVIII, frère de Louis XVI, assis dans son fauteuil
roulant. Œuvre de Jacob avec un mécanisme de Callas, ce siège est une
pièce maitresse du mobilier du château. Charles accède à la Pairie en 1823. Comme tous les Pairs de France, il
reçoit comme cadeau du jour de l’An 1830 de la part du Roi Charles X
(frère de Louis XVI et Louis XVIII) un exemplaire complet (26 volumes)
de « La description de l’Egypte ».
Henri 8ème Marquis de Breteuil (1848-1916), fils de Joseph et Charlotte
diplômé de Saint Cyr est député des Hautes Pyrénées, circonscription
tenue précédemment par son grand-père Achille Fould. Ami intime du
Prince de Galles, futur Roi Edouard VII d’Angleterre, il organise
plusieurs rencontres avec Léon Gambetta, président de la chambre des
députés. L’entrevue du 12 mars 1881 est reconstituée grâce à Grévin dans
le fumoir. Ensemble, les trois hommes jettent les bases de l’Entente
Cordiale signée seulement en 1904 par les gouvernements anglais et
français.
Grand voyageur, il chasse aux Indes et va en Russie où il
rencontre, en tant qu’ « Eminence grise » du Comte de Paris, le Tsar
Alexandre III et la Tsarine ainsi que les grands Ducs Wladimir et
Nicolas. Il est l’un des promoteurs de l’Alliance Franco-Russe puis de
la Triple Entente, accord signé en 1907 par la Russie, la France et
l’Angleterre. Il se murmure que l'amitié entre le Prince de Galles et Henri se continuait dans de folles virées parisiennes. Le Prince avait son rond de serviette au Chabanais et pas que le rond de serviette. Le prince de Galles avait fait de cette maison close,
son lieu favori. Il avait investi la chambre indienne, située au 5e
étage de la bâtisse. Une multitude de miroirs, du sol au plafond, ornait
les murs de la pièce. Le futur roi Édouard VII se
prélassait de longues heures dans une baignoire en cuivre remplie de
champagne, décorée d’une figure de proue en forme de sirène. En 1890, le
prince de Galles fit construire un appareil pour faciliter ses ébats
sexuels : ub faiteuil à 2 étages,
avec de longues poignées lui permettant de descendre sur ses
partenaires.
Henri de Breteuil inspire à Marcel Proust son personnage d’Hannibal de Bréauté dans À la recherche du temps perdu. On retrouve le personnage de cire de l’écrivain dans la chambre de laque du château. Cette chambre est appelée « Chambre de laque » en raison de son
exceptionnel mobilier. Très en vogue au XVIIIème siècle, les meubles en
laque meublaient les salons. La commode est d'époque Louis XV, le
secrétaire d'époque transition, et la petite commode au pied du lit est
d'époque Louis XVI, estampillée Roger van der Cruise dit Lacroix.
Passés de mode au XIXème ils sont déplacés des salons dans les chambres
qu'il faut compléter avec lits et tables de chevet : ce lit « à la
polonaise » est donc d'époque Napoléon III, en verni Martin (technique
imitant le laque). Sur le secrétaire, photographies de François de Breteuil (1892-1972), compositeur de musique et entomologiste .
Henri
est une des personnalités les plus en vue du Second Empire, à Paris.
Nul doute qu’il a dû croiser Marcel Proust, même si les archives du
château de Breteuil ne garde aucune trace du passage de l’écrivain. Henri reçoit alors à Breteuil tout le gratin parisien (Rothschild, Arenberg, Mortemart) : bals et chasses se succèdent. Y sont également reçus la reine Amélie du Portugal, le roi Alphonse XIII d’Espagne, les grands ducs de Russie.
"M. de Bréauté, auteur d’une étude sur les Mormons, parue dans la
Revue des Deux–Mondes, ne fréquentait que les milieux les plus
aristocratiques, mais parmi eux seulement ceux qui avaient un certain
renom d’intelligence. De sorte qu’à sa présence, du moins assidue, chez
une femme, on reconnaissait si celle-ci avait un salon. Il prétendait
détester le monde et assurait séparément à chaque duchesse que c’était à
cause de son esprit et de sa beauté qu’il la recherchait." Proust
Breteuil reçoit en cadeau de Charles X, en 1830, un exemplaire complet des 26 tomes de La Description de l’Égypte, monumentale encyclopédie composée après l’expédition d’Égypte menée par Bonaparte en 1798.
Cette édition est présentée dans un cabinet spécial du château. Belle vue sur le miroir d'eau.
Une copie de la table de Teschen est exposée. L'original a été vendu au Louvre. "Un joyau de l’histoire européenne», c’est ainsi que le Louvre présente
la Table de Teschen. Le plus grand musée de France a lancé la semaine
dernière une souscription publique pour acquérir ce chef-d’œuvre
d’orfèvrerie vendu 12 millions d’euros par le marquis Henri François de
Breteuil.
"La Table de Teschen trouverait un écrin à sa mesure dans
les nouvelles salles du Louvre dédiées aux objets d’art du XVIIIe
siècle", explique le musée.
Une table dont le sort fut suspendu à celui des armes. En 1778, l’Europe échappa de peu à une guerre. Quand l’électeur de Bavière mourut sans héritier, le duc de Saxe et l’électeur Palatin se disputèrent son territoire. Chacun mobilisa alors ses alliés, la France et la Russie se trouvèrent engagées et l’équilibre européen plus que jamais menacé. Mais un habile négociateur va changer la donne. Cet homme, c’est le baron de Breteuil, envoyé par Louis XVI ; grâce à lui et à la médiation de l’impératrice de Russie, la guerre est évitée, un traité de paix signé.
Alors pour remercier le baron de Breteuil de son action, le duc de
Saxe décida de lui offrir cette table, qui porte parfois son nom. Au
XVIIIème siècle, les cadeaux diplomatiques consistaient souvent en un
objet précieux. La table de Teschen répond parfaitement à cette
ambition. Par sa préciosité, elle rend hommage au baron de Breteuil
tout en exaltant les richesses du duché de Saxe. Entièrement composée de
gemmes issues des mines saxonnes, elle vante les ressources de ce
territoire mais cette table est aussi la démonstration du talent de
Jean-Christian Neuber, artisan très réputé de la cour de Saxe.

Au cours du XVIIe siècle, le château arrive dans la famille de Luynes, par la veuve de Charles d’Albert, favori de Louis XIII. Par mariage avec la fille aînée de Colbert, le duc Charles Honoré d’Albert, devenu nouveau maître des lieux, entreprend une véritable reconstruction du château, adaptant la demeure au goût du jour en harmonisant l’ensemble et en faisant appel au Premier architecte du roi, Jules Hardouin-Mansart. Ces travaux colossaux durent plusieurs années, de 1675 à 1688. C’est un château beaucoup plus vaste et harmonieux – digne d’un membre de la cour que constitue Louis XIV à la même période – qui va prendre forme. Le chateau appartient désormais à Franky Mulliez, fondateur de Kiloutou. À 75 ans, il se lance dans une aventure magnifique : la rénovation du Château de Dampierre avec la volonté d’ouvrir ce chef d’œuvre d’architecture au public. Nous y revenons le lendemain mais seuls les jardins sont, pour l'instant, ouverts au public.
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