Dernière étape de notre périple dans les jardins et chateaux d'Ile de France, le chateau de Versailles. Depuis hier soir, nous logeons à Vincennes. Nous sommes devant les grilles du chateau vers 10h 30 et nous commençons pas la visite des jardins.
La grille d'Honneur est l'accès principal au Domaine. Elle sépare la
cour d'Honneur de la place d'Armes et est entourée, côté nord, par des
sculptures de la Victoire sur l'Empire de Gaspard Marsy et côté sud, par
des sculptures de la Victoire sur l'Espagne de François Girardon. Construite en 1682, elle sera refaite au XIXème siècle. C’est aujourd’hui la principale entrée du Château de Versailles. Nous entrons dans la cour d'honneur et nous franchissons la grille Royale pour accéder aux jardins.
A notre droite, l'aile des Ministres Nord est achevée en 1679 par l'architecte Jules
Hardouin-Mansart pour loger les services administratifs du gouvernement.
Aujourd'hui, elle abrite les caisses visites guidées et abonnement, c'est donc là que nous avons rendez-vous en début d"après midi pour Versailles au temps de LouisXIV. A gauche, l'aile des ministres Sud abrite la billetterie.

La chapelle palatiale a été démontée, remise en état, restaurée à l'occasion des Jeux par des artistes et des artisans d'une qualité exceptionnelle qui ont restitué les dorures triomphales et rendu plus évident encore le génie de Mansard. Il n'y a pas une trop longue attente pour obtenir les billets d'entrée au jardin. En attendant, on peut admirer les parterres de tulipes et les jets d'eau les plus proches.
Nous avançons jusqu'à la terrasse qui domine les jardins de l'Orangerie. Le parterre de l’Orangerie, situé dans les jardins à la française du Petit Parc du domaine de Versailles, est formé de six compartiments et d’un bassin central circulaire. Il est encadré par les spectaculaires Cent Marches. Ces deux escaliers monumentaux encadrent les trois galeries de l’Orangerie qui donnent sur le parterre où sont disposés plus de 1200 arbres exotiques qui malheureusement ne sont pas encore en place.


Sous les façades du Château, côté jardins, s’étendent trois grandes vastes surfaces : le parterre du Nord, le parterre du Midi et le parterre d’Eau. Le parterre du Midi, ou jardin des Fleurs, conduit le regard au sud, jusqu’à une balustrade qui nous a révélé, l'Orangerie et le bassin des Suisses en contrebas. L’accès central du parterre, auquel on descend par quelques marches, est encadré de deux statues de sphinx chevauchés par des Amours de bronze (transportés ici en 1685, après avoir flanqué le haut du grand degré du parterre de Latone depuis 1670). Nous déambulons entre les parterres, les topiaires et les statues au rythme de la musique baroque (Lully, Haendel, Charpentier, Campra, Cavalli…).


« Ariane endormie » (1684 – 1686), Corneille Van Cleve. Selon le mythe grec, Ariane était la fille de Minos, roi de Crète, et de Pasiphaé. Elle donna à Thésée, venu en Crète pour combattre le Minotaure, le fil à l’aide duquel il put sortir du Labyrinthe après avoir tué le monstre. Thésée l’enleva, puis l’abandonna dans l’île de Naxos, où Dionysos, dieu de la vigne et du vin, la trouva solitaire et mélancolique et la consola. La période durant laquelle Ariane se retrouva seule à Naxos a très largement inspiré les artistes de l’Antiquité, qui réalisèrent plusieurs statues de la princesse étendue sur un lit de pierre, le genou relevé et la main qui va soutenir la tête endolorie. Un des exemplaires de cette sculpture grecque (peut-être une copie romaine) fut acheté par le Pape Léon X en 1521 et entra alors aux Musées du Vatican de Rome.
C’est en ce lieu qu’en 1912, De Chirico , le grand peintre italien de l’Avant-garde Métaphysique fit la rencontre d’Ariane, qui devint dès lors un topos
dans son œuvre pictural : au moins huit tableaux de l’artiste, qui
utilisait une réduction en plâtre de la statue comme modèle,
s’inspireraient d’elle.
cf https://www.lemounard.com/2020/10/paris-lorangerie-georgio-de-chirico-la.html
Nous sommes au Parterre d'Eau. "Ces deux grands bassins rectangulaires reflètent la lumière et éclairent la façade de la Galerie des Glaces. Pour Le Notre , la lumière est un élément du décor, au même titre que la verdure ; dans ses compositions, il équilibre les masses d’ombre et de clarté.
Plusieurs fois modifié, cet ensemble ne reçut sa forme définitive qu’en 1685. Le décor sculpté fut alors conçu et dirigé par Charles le Brun : chaque bassin est cantonné de quatre figures de bronze figurant les fleuves et les rivières de France : La Loire et Le Loiret (par Thomas Regnaudin), Le Rhône et La Saône (par Jean-Baptiste Tuby), La Seine et La Marne (par Étienne Le Hongre), La Garonne et La Dordogne (par Coysevox ; auxquelles s’ajoutent quatre nymphes et quatre groupes d’enfants disposés sur les grands côtés.

De là, la perspective est sublime sur le chateau et sur l'alignement des bassins en contre-bas.

L’art de la taille des topiaires (buissons), ifs aux formes géométriques, se fait encore aujourd’hui comme sous Louis XIV. Il en existe 700 dans les jardins de Versailles, de 67 formes différentes. "Cabinets de verdure aménagés dans les espaces boisés qui délimitent les allées, les bosquets forment des petits jardins clos par des treillages ou des palissades de verdure auxquels on accède par des allées discrètes ; des grilles en ferment l’entrée. Un contemporain de Louis XIV, le marquis de Dangeau, les appelait « les fontaines renfermées ». Ornés de fontaines, de vases, de statues, les bosquets apportent la surprise ou la fantaisie à l’intérieur du grand jardin. Ils servaient de véritables salons de plein-air."
Nous sommes maintenant sur la grande allée avec en son centre une pelouse.
Appelée aussi « l'Allée royale », en raison de la bande de gazon qui se déroule en son milieu, le Tapis vert, mesure 335 mètres de long sur 40 mètres de large. Son tracé date de Louis XIII, mais André Le Nôtre le fit élargir et scander de douze statues et douze vases, dont une part importante provient de l'Académie de France à Rome au XVIIe siècle.
La vue sur le chateau est superbe qui nous révèle les différents niveaux entrecoupés de fontaines, d'escaliers et de terrasses.

Construite à partir de 1685 par Jules Hardouin-Mansart, la Colonnade a remplacé un bosquet créé par Le Nôtre en 1679 : le bosquet des Sources. Péristyle circulaire de plus de quarante mètres de diamètre, l’ouvrage s’appuie sur trente-deux pilastres servant de contreforts aux arcades que soutiennent trente-deux colonnes ioniques. Les pilastres sont tous en marbre du Languedoc tandis que les colonnes alternent entre marbre bleu turquin, brèche violette et marbre du Languedoc. Cette discrète polychromie contribue à faire ressortir la blancheur du marbre de Carrare employé pour les arcades et les vases de la corniche. Le décor sculpté des écoinçons, réalisé entre 1685 et 1687 par les sculpteurs Coysevox, Le Hongre, Tuby, Mazière, Leconte, Granier et Vigier, représente des Amours s’adonnant à la musique ou à des jeux champêtres. Sous vingt-huit des trente-deux arcades, dont les clés d’arc sont ornées de masques de divinités marines ou agrestes, des fontaines jaillissantes se déversent dans une goulotte qui entoure le péristyle. Au centre, le bassin d’origine a été remplacé dès 1696 par le groupe de Girardon, L’Enlèvement de Proserpine par Pluton.

Apollon sur son char est une proclamation à la gloire de Louis XIV inspirée du mythe du dieu-soleil. "Placé au centre du bassin d'Apollon, élément central des Jardins de Versailles, l’ensemble sculpté Apollon sur son char fut exécuté par Jean-Baptiste Tuby entre 1668 et 1671 à partir d’un dessin de Le Brun. Inspirée de la légende du dieu du soleil, cette sculpture représente Apollon sortant de l’eau pour éclairer le monde. Elle fait partie du programme iconographique et symbolique élaboré par la Petite Académie, commission de spécialistes désignée par le surintendant des bâtiments du Roi, Colbert. Ce programme, fondé sur la culture antique, est placé sous le signe d’Apollon, figure très présente au château de Versailles qui illustre et exalte le pouvoir absolutiste du Roi-Soleil." Dans le prolongement du bassin du char d'Apollon, nous aurions pu pousser jusqu'au Grand Canal mais il est temps de rebrousser chemin pour prendre une petite collation avant d’être prêt pour la visite guidée " Versailles au temps de Louis XIV".
Le bassin de Latone. Les frères Marsy, nés respectivement en 1624 et 1628, ont travaillé à la réalisation du bassin de Latone, le plus ancien et le plus important par sa taille de tout le parc. C’est l’œuvre de leur vie. Jules Hardouin-Mansart (l’architecte de la Galerie des glaces) reprend et termine le chantier à partir de 1687.
A Versailles, Louis XIV décide de tout. Et ce qu’il ne décide pas, il le modèle à son image, comme la statue du Char du Soleil dans le bassin d’Apollon. C’est donc en toute logique qu’il choisit de représenter pour sa fontaine monumentale Latone (Léto en grec), mère d’Apollon, le symbole du Roi-Soleil. Au pied de la sculpture s’agitent des grenouilles, tortues et lézards en plomb doré à la feuille. Juste au-dessus d’eux, des hommes en train de se métamorphoser en crapauds exhibent leurs doigts palmés particulièrement repoussants. Au sommet, Latone, tenant ses deux enfants dans ses bras, scrute telle une déesse, du haut de son piédestal, la perspective des canaux.

Nous sommes revenus au Parterre d'Eau devant la Nymphe et l'Enfant au trident Philippe Magnier (1647-1715). " Un groupe de bronze représentant une rivière sous la figure d’une femme, ayant des roseaux autour de la teste et le corps à demi couvert d’une draperie, sur laquelle elle est assise. Elle appuie le bras gauche sur un aviron orné de deux dauphins et porte le bras droit sur sa cuisse, dont elle tient à la main des perles et des branches de corail. Un enfant (un Amour) attaque de son trident un monstre marin. Cette statue sublime a retrouvé sa position originelle.
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