Nous entrons dans les appartements du roi et d'abord dans le salon d'Hercule qui est le plus proche de la Chapelle.
Le salon d'Hercule est le dernier salon réalisé sous le règne de Louis
XIV. Son plafond peint en 3 ans seulement est le plus vaste du château
de Versailles : 142 personnages s'y déploient. Il reçut une décoration d’une richesse remarquable, selon le modèle
italien alors très en vogue auprès du roi : lambris de marbre et
plafonds peints. Durant la journée, le Grand Appartement était ouvert à
tous et chacun pouvait y voir passer le roi et la famille royale qui le
traversaient chaque jour pour se rendre à la Chapelle. Sous Louis XIV,
il était le cadre des soirées d’appartement qui avaient lieu plusieurs
fois par semaine.

« Tu vois cette femme. Je suis entré dans ta maison : tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds, mais elle, elle a baigné mes pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné de baiser, mais elle, depuis qu’elle est entrée, elle n’a pas cessé de me couvrir les pieds de baisers. Tu n’as pas répandu d’huile odorante sur ma tête, mais elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. Si je te déclare que ses péchés si nombreux ont été pardonnés, c’est parce qu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu, montre peu d’amour ». Il dit à la femme : « Tes péchés ont été pardonnés ». Les convives se mirent à dire en eux-mêmes : « Qui est cet homme qui va jusqu’à pardonner les péchés ? ». Jésus dit à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ».
L'Apothéose d'Hercule.
Le plafond du salon d'Hercule (le premier salon du Grand Appatement du Roi) est le plus vaste plafond peint sur toile d'Europe.
Hercule à l'Olympe il est reçu par Jubiter et son épouse Junon ; le couple divin lui présente Hébé, sa nouvelle épouse ; Neptune et les autres divinités observent le spectacle avec beaucoup d'attention. L'immense tableau de François Lemoine décorant dès 1733 le plafond du salon et traitant le thème mythologique de " L'Apothéose d'Hercule " fut achevé en 1736 ; il s'agit d'une composition allégorique intégrant 142 personnages, réalisée sur des toiles collées sur le support. C'est le plus vaste plafond peint sur toile d'Europe. Son réalisateur, le jeune François Lemoine se suicide peu du temps après l'avoir achevé.Nous entrons dans le salon de l' Abondance. Le salon de l’Abondance, le plus petit des salons des Grands Appartements, servait de vestibule au cabinet des Raretés de Louis XIV. Son plafond peint en trompe l’œil célèbre la magnificence et la magnanimité du souverain, et met en scène, aux côtés des figures allégoriques, plus d’une cinquantaine d’objets parmi les plus précieux des collections royales. Restauré de 2012 à 2014, le salon a retrouvé son éclat. Son décor, ses stucs dorés, ses marbres, ses sculptures et son mobilier attestent les fastes de la vie de cour. On observe la grande diversité des marbres, blanc de Gênes, vert de Campan dans les Pyrénées et rouge de Languedoc des carrières de Caunes.Éclairé par une unique croisée ouvrant sur le
parterre Nord, le salon est aménagé en 1682 sous la direction du Premier Architecte du Roi Jules
Hardouin- Mansart. Il sert de vestibule au cabinet des Médailles ou des Curiosités de Louis XIV
qui renfermait les objets les plus précieux des collections royales. Ce cabinet aujourd'hui disparu était situé à l'emplacement de l'actuel salon des Jeux de Louis XVI. Lors des soirées d’appartement, divertissement nocturne d'hiver instauré par Louis XIV pour distraire la Cour, le salon de l’Abondance dit "chambre des liqueurs" accueille trois grands buffets : « Celui du milieu au-dessous duquel on voit une grande coquille d'argent est pour les boissons chaudes, comme café, chocolat, etc. Les deux autres sont pour les liqueurs, les sorbets et les eaux de plusieurs sortes de fruits. On donne de très excellents vins à ceux qui en souhaitent et chacun s'empresse à servir ceux qui entrent dans ce lieu.
Le plafond est l’œuvre de René-Antoine Houasse, proche collaborateur de Charles Lebrun, la voûte du salon est la seule des Grands Appartements à être entièrement peinte sur enduit de plâtre sans insertion de toiles peintes, dénaturant au fil du temps la qualité de la peinture mais également la structure du plafond.

Après Vénus, Mars. Sous Louis XIV, le salon de Mars est la première pièce de l'appartement du Roi. Il sert de salle des gardes. La fonction militaire du salon est ainsi renforcée par la représentation de la divinité romaine de la guerre, Mars. Le salon de Mars, par ses belles dimensions, se voit adjoindre deux tribunes pour les musiciens. La pièce dénommée alors « Salle de bal » dans les inventaires va jouer un rôle central dans le Grand Appartement pendant plus d’un siècle.

Reine de France et de Navarre
Marie Leszczinska est représentée portant le diamand nommé "Le Sancy".
Fille du roi détrôné de Pologne, Marie Leszczynska épouse Louis XV en 1725. Laissée à l’écart des affaires, peu considérée par la Cour, la reine se consacre à son couvent qu’elle fonde dans la ville de Vers ailles pour l’instruction des jeunes filles pauvres. Elle veille à l’éducation morale et religieuse du dauphin, son fils, qui décède en 1765, trois ans avant elle. Dans ces portraits d’apparat, comme dans celui en pied de Jean-Baptiste Van Loo (1684-1745), la souveraine porte une robe de brocard, une coiffure richement ornée de perles et de pierres précieuses. Le corps de baleine rigide, ajusté et allongé en pointe devant rappelle davantage la mode ostentatoire des années 1680, inscrivant le portrait dans la filiation des portraits d’apparat sous Louis XIV.
Le tableau représente la mère de Darius se jetant aux pieds du roi de Macédoine, le vainqueur de son fils à la bataille d’Issos (– 333), afin d’implorer la clémence pour sa famille prisonnière. Pour comprendre ce tableau, il faut aussi le rapprocher du théâtre, car Charles Le Brun a particulièrement travaillé l’attitude et le corps d’Alexandre/Louis XIV : il le représente « dans le moment où il aborde ces Dames, ce qui n’était pas l’usage des Grecs » (Félibien). Surtout, l’épisode donne de l’État une figuration héroïque, voisine des sujets mis en intrigue par Corneille ou par Racine. Ainsi, le geste d’Alexandre qui pardonne une méprise (la vengeance, c’est-à-dire la soumission aux passions, serait indigne de celui qui incarne la souveraineté) est conçu pour illustrer toute une gamme de sentiments : la compassion, la clémence, l’amitié, la civilité. Les attitudes des femmes, comme les héroines de Corneille, expriment tout à la fois l’imploration et l’admiration face au héros qui cristallise en sa seule personne la toute-puissance de l’État.
Le salon de Mercure était utilisé par Louis XIV comme chambre de parade. Le salon de Mercure devait être l’antichambre de Louis XIV, mais dès l’installation du roi à Versailles, en 1682, il devient chambre d’apparat. Louis XIV, en effet, préfère dormir dans l’intimité de ses petits appartements. Dans ce lieu, vidé de sa fonction pratique, le lit prend un rôle purement symbolique : richement orné, il manifeste l’exercice du pouvoir lorsque le roi y tient audience. En 1700, Philippe d’Anjou, le petit-fils de Louis XIV, devenu roi d’Espagne sous le nom de Philippe V, y dort durant deux semaines. La journée du roi est précisément minutée afin que les officiers au service du monarque puissent planifier leur travail avec la plus grande exactitude. Du lever au coucher, le roi suit un programme strict tout comme la vie de Cour, réglée comme une horloge.
8h30. « Sire, voilà l’heure », le Premier valet de chambre éveille le roi. Après le Premier médecin et le Premier chirurgien, le Petit lever commence. Familiers, grandes charges et quelques favoris jouissant des grandes entrées pénètrent successivement dans la chambre du roi qui est lavé, peigné et rasé. Les officiers de la Chambre et de la Garde-robe entrent à leur tour pour le Grand lever durant lequel le roi est habillé et déjeune d’un bouillon. Outre les personnages les plus importants de la Cour, l’ensemble des proches domestiques royaux sont admis à observer ce cérémonial. On estime à une centaine le nombre habituel des assistants, tous masculins.
23h30. Le coucher, rituel public où le roi se retire dans sa chambre, se déroule selon un processus inversé de la cérémonie du lever.

Portrait de Louis XVI en costume de sacre, Antoine-François Callet (1788)
Ce portrait officiel du roi Louis XVI, diffusé dans de nombreuses répliques en France et en Europe, n’avait pas vocation à faire preuve d’originalité. Callet reprend la formule établie en 1701 par Hyacinthe Rigaud avec son Portrait de Louis XIV, utilisée également par Louis-Michel Van Loo dans son Portrait de Louis XV en 1763, et qui restera le modèle en vigueur jusqu’au XIXe siècle.
Devant une grande draperie formant un dais, Louis XVI est représenté dans la même position que son grand-père Louis XV : debout légèrement de trois quarts sur une estrade. Comme Louis XIV peint par Rigaud, le monarque pose son regard sur le spectateur. Callet a réussi à donner au visage du roi l’expression de la noblesse qu’on attend, mais aussi de la bonhommie qui enchante. Plus sobre par une gamme de couleurs limitée aux tons bleu, blanc et or, notre effigie du roi est marquée d’aisance et de souplesse. Le monarque porte l’habit du sacre des rois de France, un manteau bleu fleurdelisé doublé d’hermine. Le blanc d’hermine irradie sur la composition et éclaircit le visage du roi. La composition est animée par le mouvement des étoffes et le rendu soigné de leurs matières : l’effet brillant des soies de sa chemise, de ses culottes bouffantes, et de ses bas blancs, contraste avec le velouté de l’hermine, ou la légèreté des plumes du chapeau. Le roi porte des chaussures blanches à large boucle et talon rouge. Sur son plastron, on distingue le collier de l’Ordre du Saint Esprit et celui de la Toison d’Or. On aperçoit au fourreau sur sa cuisse gauche l’épée dite de Charlemagne, utilisée lors du sacre des rois de France depuis Philippe Auguste en 1179.

Presque oublié ces deux derniers siècles, Charles de La Fosse (1636-1716) avait pourtant la réputation d'être le "meilleur décorateur de son temps". Curieux et passionné, il influence ses contemporains autant qu'il s'en inspire. Il étudie l'œuvre de Poussin, Titien et Véronèse, admire Pierre Paul Rubens et s'intéresse à Rembrandt. Il est également un proche collaborateur de Charles Le Brun et noue des liens d'amitié avec Antoine Watteau. Son style éminemment coloriste a indéniablement marqué le début du XVIIIe siècle.
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