lundi 28 avril 2025

CHATEAU DE FONTAINEBLEAU, LES APPARTEMENTS ROYAUX, LA PARTIE EMPIRE

Nous arrivons devant la galerie de Diane. Appelée d’abord « galerie de la reine » car située dans l’appartement de la souveraine, la « galerie de Diane » est la plus longue pièce du château (80 mètres de longueur et 6 mètres de largeur). Logée au premier étage d’un bâtiment créé sous le règne d’Henri IV, elle prit son nom de l’histoire de la déesse de la chasse. Son premier décor peint à l’huile sur enduit de plâtre, richement conçu par Ambroise Dubois et Jean Dhoey aux environs de 1605, suscita l’admiration des contemporains.

Napoléon Ier trouva le chef d’œuvre d’Henri IV dans un très mauvais état et entreprit, en 1810, de reconstruire une galerie où l’eau pénétrait de toutes parts. Après la chute de l’Empire, la Restauration poursuivit le chantier, jusqu’à son complet achèvement en 1826, les peintures d’Abel de Pujol et Merry Joseph Blondel se substituant au décor du XVIIe siècle. Louis XVIII  réintégre des peintures de Diane. Louis-Philippe en fait une salle de banquet.

Afin de rendre hommage à son oncle, qui avait été à l’origine de la reconstruction de la galerie, l’empereur Napoléon III y fit installer le globe des Tuileries ayant appartenu à Napoléon Ier, et transforma la galerie en bibliothèque renfermant 16 000 ouvrages ayant appartenu à son oncle.  Champollion-Figeac, frère aîné de l’égyptologue, en fut notamment le bibliothécaire sous le règne de Napoléon III.

Napoléon 1er était un lecteur  insatiable et exigeant. Il dévorait inlassablement tous les livres propres à lui être utiles. Curieux de tout, il ne délaissait aucun genre. Précautionneux avec les ouvrages qu’il aimait, il n’avait en revanche aucune pitié pour ceux qu’il jugeait seulement bons à nourrir…la cheminée. La guide nous explique qu'en feuilletant nombre d'ouvrages de la bibliothèque, il est fréquent de découvrir les nombreuses annotations de l'empereur.

Le grand salon de l’Impératrice fut auparavant le salon des jeux de la reine Marie-Antoinette (lotos, brelan, tric-trac). Elle avait fait refaire entièrement le décor dans un style néoclassique. L’architecte Pierre Rousseau l’acheva en 1786. Sous l’Empire il fut tout d’abord le Grand salon de Joséphine et son mobilier correspondait aux nouvelles règles de l’étiquette : les fauteuils pour le couple impérial, les chaises pour les sœurs de Napoléon et les pliants pour les autres dames. Les hommes, eux, restaient debout. Le mobilier est caractéristique du Premier Empire avec des sièges et des consoles de Jacob-Desmalter. Magnifique plafond en menuiserie dans le style de celui de la salle du trône qu'on visitera plus loin.



"Nous entrons ensuite dans l’intimité des reines et impératrices. Plus précisément dans leur chambre. De Marie de Médicis, épouse d’Henri IV, à l’Impératrice Eugénie qui épouse Napoléon III en 1853, en passant par Marie-Antoinette, Joséphine et Marie-Louise, toutes les souveraines ont utilisé cette chambre d’apparat. Le décor est donc lui aussi éclectique et issu de différentes époques. Le lit est celui de Marie-Antoinette. Mais commandé en 1787, elle n’en profitera jamais puisqu’elle ne reviendra pas à Fontainebleau assez tôt avant la Révolution pour le voir. Majestueux. Le lit réalisé par Hauré, Sené et Laurent pour Marie-Antoinette e l’est dans tous les sens du terme. Sa structure, invisible, est plutôt ordinaire, mais la partie supérieure en bois sculpté est recouverte de feuilles d’or. Ce sont les textiles qui lui donnent tout son éclat. Fournis par le soyeux lyonnais Prelle – la manufacture est toujours en activité aujourd’hui –, ils sont ornés de décors floraux qui célèbrent l’amour et le repos. Les victoires militaires et les allusions aux alliances diplomatiques sont réservées au souverain. A l’extrémité du ciel de lit, un enfant représentant le silence est entouré de fleurs de pavot, symbole du sommeil. Joséphine et les Impératrices de France se l’approprieront. Les soieries lyonnaises au mur et sur le lit sont issues du 1er Empire, tout comme les tabourets et fauteuils. Les dessus de portes datent de Marie-Antoinette. Le plafond sculpté et daté de 1644 vient d’Anne d’Autriche, la mère de Louis XIV. L’esthétique rocaille de l’alcôve et des fenêtres a été réalisée pour Marie Leczinska, femme de Louis XV. On est ici dans une pièce vraiment bien conservée qui propose une véritable histoire de la décoration d’intérieur."



Ce boudoir d'argent, aménagé en 1786 par l'architecte Pierre Rousseau, est considéré comme "l'expression la plus raffinée, et achevée, du goût de Marie-Antoinette pour le néoclassicisme" (P. Daguenet, "Les séjours de Marie-Antoinette à Fontainebleau"). Les peintures des boiseries, dans le style pompéien, sont l’œuvre de Michel-Hubert Bourgeois, assisté de Jacques-Louis-François Touzé. Les figures en plâtre des Muses antiques, représentées sur les quatre dessus de porte, sont de Philippe-Laurent Roland, beau-frère de Rousseau. Le plafond, représentant l'Aurore, est de Jean-Simon Berthélémy. La cheminée en marbre blanc est de Jacques-François Dropsy et Claude-Jean Pitoin. L'escalier situé derrière la glace face au jardin de la Reine menait à la chambre de la sous-gouvernante au rez-de-chaussée et permettait à Marie-Antoinette de voir ses enfants comme elle le souhaitait. Le boudoir turc était situé juste au-dessus du boudoir d'argent. Le boudoir d'argent faisait l'admiration des visiteurs et courtisans en son temps.
Bachaumont écrit ainsi le 6 novembre 1786 que " (...) c'est une chose admirable de voir tous les embellissements déjà faits au château, sans parler de ceux qu'on y doit faire encore. Mais la chose la plus curieuse, c'est le boudoir de la Reine (...)" (mémoires de Bachaumont, tome 33).

Extraordinaire Secrétaire à cylindre de Marie-Antoinette. Ce secrétaire, réalisé par Riesener est en acier, bronze et nacre.
La Salle du Trône : "Le plafond, une merveille, attire tout d’abord les regards. Dans le premier comparti­ment, huit amours soutiennent la couronne royale avec les armes de France et de Navarre, et quatre aigles portent chacun une couronne; dans le second, une coupole aux riches ornements est semée de fleurs de lis et des chiffres de Louis XIV. La salle, avec ses mesquines tentures de soie et son trône de style Em­pire, est un peu écrasée par ce magnifique plafond. Les encadrements des portes et la cheminée, ornée d’un por­trait de Louis XIII, d’après Philippe de Champagne, rappellent un peu la décoration qui devait autrefois compléter cette salle. A remarquer le lustre en cristal de roche, qui a coûté, dit-on, cinquante mille francs."

En s’installant en maître à Fontainebleau, l’ancien lieutenant d’artillerie parvenu au faîte du pouvoir veut s’inscrire dans la lignée des monarques qui le précèdent. Il voit dans cette immense demeure un lieu incontournable pour asseoir sa légitimité. Il redessine les jardins, réaménage luxueusement les Grands Appartements, y rétablit l’étiquette qui fixe les usages de la vie monarchique. L’ancienne chambre du Roi devient la salle du Trône où se côtoient désormais symboles impériaux et emblèmes de la monarchie.

 

Nous pénétrons ensuite dans la salle du Conseil :
Incorporée dans les appartements Renaissance, cette pièce était le cabinet de Madame de 1528 à 1531, puis cabinet du roi et premier cabinet du roi ou petite chambre à coucher du roi.
Le Cabinet du Roi a été décoré entre 1543-1545. Les peintures réalisées sur des dessins de Primatice consistaient en représentation de héros et de Vertus, associés par couple sur les portes des armoires : César et la Force, Scipion et la Tempérance, Ulysse et la Prudence, Zaleucos et la Justice. Des « petites histoires » étaient peintes en grisailles en dessous de ces figures. Une des armoires au moins fut décorée sous la conduite de Serlio, architecte du roi.

L’actuel plafond peint par François Boucher en 1751 reprend la découpe et le sujet d’une composition de Primatice, connue par deux dessins (La Course des chars du Soleil et de la Lune), qui pourrait avoir été faite en 1550-1561, au moment où Charles IX  fit refaire la plus grande partie des peintures de son appartement.

Voici la petite chambre à coucher de l’empereur Napoléon I. Elle lui permettait de travailler à toute heure de la nuit. Travailleur infatigable et petit dormeur, il soumet ses conseillers à des cadences infernales. Elle est tendue de draperies et de rideaux verts, qui était la couleur de prédilection de l’Empire. Il s’agit de la pièce la plus importante de l’appartement. Installée dans l’ancien « cabinet à la poudre » de Louis XVI (servant à la toilette), cette chambre d’apparat richement remeublée en 1808, s’orne d’un lit sculpté et doré, flanqué de colonnes avec frontons présentant les figures de la Noblesse et de la Gloire, de l’Abondance et de la Justice.
Les portes et les panneaux du lambris sont dorés et ornés de Victoires, rehaussant la prestance de la chambre impériale. C’est pourtant dans cet écrin de son ancienne Majesté que, la nuit du 12 au 13 avril 1814, Napoléon aurait tenté de s’empoisonner suite à son abdication. Secouru, il aurait repris ses sens et, étonné de vivre, se serait exclamé : « Dieu ne le veut pas ! »
Nous finissons par la Salle de L'Abdication. Ancien salon intérieur de l’Empereur Napoléon, c’est la première pièce vraiment ornée qui marque, depuis l’antichambre, la progression dans l’appartement. La boiserie blanche, rehaussée de filets d’or, encadre de grands panneaux de brocart cramoisi. La même étoffe recouvre le mobilier en bois doré de ce salon à la cheminée ornée de rinceaux, de rangs de perles, d’abeilles, d’aigles, d’un foudre.
C’est sur le petit guéridon au milieu du salon que se joua l’un des grands épisodes de l’Histoire de France : contraint à renoncer au pouvoir sous la pression de ses maréchaux, Napoléon Ier y signa son acte d’abdication, les 4 et 6 avril 1814.

La visite se termine comme le séjour de Napoléon à Fontainebleau. Les gardiens nous ouvrent la porte de l'Escalier en fer à Cheval qui mène à la Cour des Adieux. Notre guide nous signale qu'elle enchaîne sur la visite du Théâtre Impérial, nous allons à la billetterie voir si nous pouvons nous y joindre.e

 





 

 

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