Nous arrivons devant la galerie de Diane. Appelée d’abord « galerie de la reine » car située dans l’appartement de
la souveraine, la « galerie de Diane » est la plus longue pièce du
château (80 mètres de longueur et 6 mètres de largeur). Logée au premier
étage d’un bâtiment créé sous le règne d’Henri IV, elle prit son nom de
l’histoire de la déesse de la chasse. Son premier décor peint à l’huile
sur enduit de plâtre, richement conçu par Ambroise Dubois et Jean Dhoey
aux environs de 1605, suscita l’admiration des contemporains.
Napoléon Ier trouva le chef d’œuvre d’Henri IV dans un très mauvais état et entreprit, en 1810, de reconstruire une galerie où l’eau pénétrait de toutes parts. Après la chute de l’Empire, la Restauration poursuivit le chantier, jusqu’à son complet achèvement en 1826, les peintures d’Abel de Pujol et Merry Joseph Blondel se substituant au décor du XVIIe siècle. Louis XVIII réintégre des peintures de Diane. Louis-Philippe en fait une salle de banquet.
Afin de rendre hommage à
son oncle, qui avait été à l’origine de la reconstruction de la
galerie, l’empereur Napoléon III y fit installer le globe des Tuileries
ayant appartenu à Napoléon Ier, et transforma la galerie en
bibliothèque renfermant 16 000 ouvrages ayant appartenu à son oncle. Champollion-Figeac, frère aîné de l’égyptologue,
en fut notamment le bibliothécaire sous le règne de Napoléon III.
Napoléon 1er était un lecteur insatiable et exigeant. Il dévorait inlassablement tous les livres propres à lui être utiles. Curieux de tout, il ne délaissait aucun genre. Précautionneux avec les ouvrages qu’il aimait, il n’avait en revanche aucune pitié pour ceux qu’il jugeait seulement bons à nourrir…la cheminée. La guide nous explique qu'en feuilletant nombre d'ouvrages de la bibliothèque, il est fréquent de découvrir les nombreuses annotations de l'empereur.
Le grand salon de l’Impératrice fut auparavant le salon des jeux de la reine Marie-Antoinette (lotos, brelan, tric-trac). Elle avait fait refaire entièrement le décor dans un style néoclassique. L’architecte Pierre Rousseau l’acheva en 1786. Sous l’Empire il fut tout d’abord le Grand salon de Joséphine et son mobilier correspondait aux nouvelles règles de l’étiquette : les fauteuils pour le couple impérial, les chaises pour les sœurs de Napoléon et les pliants pour les autres dames. Les hommes, eux, restaient debout. Le mobilier est caractéristique du Premier Empire avec des sièges et des consoles de Jacob-Desmalter. Magnifique plafond en menuiserie dans le style de celui de la salle du trône qu'on visitera plus loin.

"Nous entrons ensuite dans l’intimité des reines et impératrices. Plus précisément dans leur chambre. De Marie de Médicis, épouse d’Henri IV, à l’Impératrice Eugénie qui épouse Napoléon III en 1853, en passant par Marie-Antoinette, Joséphine et Marie-Louise, toutes les souveraines ont utilisé cette chambre d’apparat. Le décor est donc lui aussi éclectique et issu de différentes époques. Le lit est celui de Marie-Antoinette. Mais commandé en 1787, elle n’en profitera jamais puisqu’elle ne reviendra pas à Fontainebleau assez tôt avant la Révolution pour le voir. Majestueux. Le lit réalisé par Hauré, Sené et Laurent pour Marie-Antoinette e l’est dans tous les sens du terme. Sa structure, invisible, est plutôt ordinaire, mais la partie supérieure en bois sculpté est recouverte de feuilles d’or. Ce sont les textiles qui lui donnent tout son éclat. Fournis par le soyeux lyonnais Prelle – la manufacture est toujours en activité aujourd’hui –, ils sont ornés de décors floraux qui célèbrent l’amour et le repos. Les victoires militaires et les allusions aux alliances diplomatiques sont réservées au souverain. A l’extrémité du ciel de lit, un enfant représentant le silence est entouré de fleurs de pavot, symbole du sommeil. Joséphine et les Impératrices de France se l’approprieront. Les soieries lyonnaises au mur et sur le lit sont issues du 1er Empire, tout comme les tabourets et fauteuils. Les dessus de portes datent de Marie-Antoinette. Le plafond sculpté et daté de 1644 vient d’Anne d’Autriche, la mère de Louis XIV. L’esthétique rocaille de l’alcôve et des fenêtres a été réalisée pour Marie Leczinska, femme de Louis XV. On est ici dans une pièce vraiment bien conservée qui propose une véritable histoire de la décoration d’intérieur."


Bachaumont écrit ainsi le 6 novembre 1786 que " (...) c'est une chose admirable de voir tous les embellissements déjà faits au château, sans parler de ceux qu'on y doit faire encore. Mais la chose la plus curieuse, c'est le boudoir de la Reine (...)" (mémoires de Bachaumont, tome 33).


En s’installant en maître à Fontainebleau, l’ancien lieutenant d’artillerie parvenu au faîte du pouvoir veut s’inscrire dans la lignée des monarques qui le précèdent. Il voit dans cette immense demeure un lieu incontournable pour asseoir sa légitimité. Il redessine les jardins, réaménage luxueusement les Grands Appartements, y rétablit l’étiquette qui fixe les usages de la vie monarchique. L’ancienne chambre du Roi devient la salle du Trône où se côtoient désormais symboles impériaux et emblèmes de la monarchie.

L’actuel plafond peint par François Boucher en 1751 reprend la découpe et le sujet d’une composition de Primatice, connue par deux dessins (La Course des chars du Soleil et de la Lune), qui pourrait avoir été faite en 1550-1561, au moment où Charles IX fit refaire la plus grande partie des peintures de son appartement.

Voici la petite chambre à coucher de l’empereur Napoléon I. Elle lui permettait de travailler à toute heure de la nuit. Travailleur infatigable et petit dormeur, il soumet ses conseillers à des cadences infernales. Elle est tendue de draperies et de rideaux verts, qui était la couleur de prédilection de l’Empire. Il s’agit de la pièce la plus importante de l’appartement. Installée dans l’ancien « cabinet à la poudre » de Louis XVI (servant à la toilette), cette chambre d’apparat richement remeublée en 1808, s’orne d’un lit sculpté et doré, flanqué de colonnes avec frontons présentant les figures de la Noblesse et de la Gloire, de l’Abondance et de la Justice.
Les portes et les panneaux du lambris sont dorés et ornés de Victoires, rehaussant la prestance de la chambre impériale. C’est pourtant dans cet écrin de son ancienne Majesté que, la nuit du 12 au 13 avril 1814, Napoléon aurait tenté de s’empoisonner suite à son abdication. Secouru, il aurait repris ses sens et, étonné de vivre, se serait exclamé : « Dieu ne le veut pas ! »Nous finissons par la Salle de L'Abdication. Ancien salon intérieur de l’Empereur Napoléon, c’est la première pièce vraiment ornée qui marque, depuis l’antichambre, la progression dans l’appartement. La boiserie blanche, rehaussée de filets d’or, encadre de grands panneaux de brocart cramoisi. La même étoffe recouvre le mobilier en bois doré de ce salon à la cheminée ornée de rinceaux, de rangs de perles, d’abeilles, d’aigles, d’un foudre.
C’est sur le petit guéridon au milieu du salon que se joua l’un des grands épisodes de l’Histoire de France : contraint à renoncer au pouvoir sous la pression de ses maréchaux, Napoléon Ier y signa son acte d’abdication, les 4 et 6 avril 1814.
La visite se termine comme le séjour de Napoléon à Fontainebleau. Les gardiens nous ouvrent la porte de l'Escalier en fer à Cheval qui mène à la Cour des Adieux. Notre guide nous signale qu'elle enchaîne sur la visite du Théâtre Impérial, nous allons à la billetterie voir si nous pouvons nous y joindre.e
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