mardi 29 avril 2025

CHATEAU DE FONTAINEBLEAU, LE THÈATRE IMPÈRIAL

 En quittant les appartements royaux, nous courrons à la billetterie pour acheter la visite du Théâtre Impérial. Il n'y a plus de disponibilité mais la guichetière nous dit que si c'est la guide qui nous l'a proposée, nous avons qu'à nous rendre au départ de la visite. Nous expliquons la situation à la guide qui nous accepte sans problème. Comme pour le Fontainebleau Secret, le théâtre impérial ne fait pas partie de la visite libre, notre guide a un énorme trousseau de clefs et a quelque problème pour ouvrir la porte. Elle doit faire appel à une apparitrice.  Il existait un théâtre construit par Louis XV dans l’aile du château dite de la Belle Cheminée au 18e siècle. C’est sous l’impulsion de Napoléon III, en 1854, qu’on va décider de bâtir une nouvelle salle de spectacle plus moderne dans la partie ouest de l’Aile dite de Louis XV, là où se situent entrée et billetterie du chateau. Pendant son règne, Napoléon III a entrepris plusieurs travaux de restauration et de modernisation du château de Fontainebleau. Il a contribué au développement économique et à l’embellissement de la ville de Fontainebleau en créant, entre autres, la ligne de train entre Paris Gare-de-Lyon et Fontainebleau-Avon. Il a également soutenu Claude-François Dénecourt avec la création des premiers sentiers de randonnées au monde en faveur d’un tourisme de nature et a été à l’écoute des artistes pour mettre en place la première mesure de protection en faveur des espaces naturels à Barbizon. L'impératrice Eugénie souhaite que les comédiens puissent revenir à Paris en train sans séjourner au Chateau. L'empereur est sensible aux charmes des comédiennes, on sait qu'il a succombé un été à ceux de madamoiselle Rachel.

Le théatre a été restauré 150 ans après son inauguration  grâce à la générosité de Son Altesse Cheikh Khalifa bin Zayed Al Nahyan, Président des Emirats Arabes Unis. 12 ans et 10 millions d’euros ont été nécessaires pour mener à bien le chantier de sauvegarde et de mise en valeur de ce chef d’œuvre architectural du Second Empire.

 Entre 1853 et 1854, Hector Lefuel conçoit avec brio une salle de 400 places qui sera inaugurée en 1857. La conjugaison des soieries capitonnées, des moquettes fleuries et des ornements dorés confère à cet ensemble une atmosphère à la fois étincelante et confortable. Directement inspiré de celui de la reine Marie-Antoinette à Trianon, il est le dernier témoin d’un théâtre de cour ayant conservé tous ses dispositifs historiques, notamment l’un des plus importants ensembles de décors scéniques existant en France. La visite guidée dure 45 minutes. Nous entrons d'abord dans le vestibule.  Puis, on pénètre dans la salle de spectacle, impressionnante avec ses boiseries dorées et ses fauteuils en soie bouton d'or.

La salle du théâtre comporte quatre niveaux distincts, correspondant à la hiérarchie sociale et à l'étiquette en vigueur à la cour. En visitant les différents niveaux, on découvre les loges grillagées réservées au personnel du Palais, les latrines de l'époque, les vestiaires adaptés, ainsi que le Foyer de l'impératrice, recouvert de soie bleu d'Inde. Les extravagances tapissières du Second Empire sont partout : sur les sièges, les murs mais aussi sur la moquette de laine lie de vin avec des fleurs roses.

Nous  pénétrons dans la salle de spectacle. Nous arrivons au premier balcon, juste à l’endroit où le couple impérial s’installait. Cette salle est impressionnante. Essentiellement dorée, avec des boiseries peintes et l’étoffe des murs et des fauteuils en soie bouton d’or. C’est le seul théâtre jaune. Sous l’Ancien Régime, ils étaient bleus, et au 19e siècle, rouge.

Nous visitons ensuite le Foyer Impérial où Napoléon III accueillait ses invités. Un espace assez petit mais très chaleureux avec ses canapés capitonnés et son décor entièrement doré.
 
Depuis la loge impériale, nous avons une vue superbe sur la scène.
 

Le grand lustre doré de la salle, tombé en 1926 (il n’avait alors blessé que quelques banquettes), gisait en pièces détachées dans les réserves. Une enquête minutieuse a permis de lui rendre son apparence, et de reconstituer les cristaux perdus. Le même soin dans la reconstitution a été porté aux simples lanternes de fer battu qui éclairent les couloirs. Elles ont retrouvé leurs lampes à réflecteur.

 


Les décors sculptés et dorés en carton-pierre ont fait l’objet d’un dépoussiérage et d’un nettoyage très soigné tandis que les lacunes et les usures importantes ont été reprises. "Soieries capitonnées, moquettes fleuries, ornements peints ou en carton-pierre doré, lustres et lampes, lourds drapés bleutés des rideaux de scène: tout dans ce théâtre et jusque dans les boudoirs, escaliers, vestibules qui l'entourent, donne l'impression d'un écrin préservé pour une époque douillette, luxueuse. Au moins pour l'aristocratie de cour.."

Le carton-pierre est un matériau servant à imiter la pierre pour faire des  moulures ou décors de plafonds. Il est généralement constitué d’un mélange de papier de soie bouillie, de colle de peau versée à chaud, dargile et craie ayant, avant séchage, la consistance d’une pâte homogène. C'est un matériau très bon marché.

Le
Foyer de l’impératrice, entièrement recouvert de soie bleu d’Inde.
Elle y reçoit notamment ses Dames d’Honneur. A cet étage, on trouve aussi un «closet anglais», des WC en d’autres mots, une invention qui s’est répandue depuis son importation d’Angleterre par Louis -Philippe 1er (règne 1830-1858).
La visite se termine sur une dernière vision de la scène et du lustre.



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