samedi 1 mars 2025

PARIS, LES TEMPLIERS ET LES ROIS MAUDITS AVEC PHILIPPE BRINAS-CAUDIE, QUARTIER DU TEMPLE

  Nous retrouvons Philippe Brinas-Caudie devant le portail du musée des Arts et Métiers. Il a une de ses tenues habituelles, chapeau haut de forme et redingote. Avant d'etre le musée des Arts et Métiers à la Révolution  française, consacré à la technique et à l’industrie, l’ancienne église de Saint-Martin-des-Champs est un vestige du prieuré dans lequel le Conservatoire des arts et métiers est installé depuis 1798. Cette église était encore utilisée du temps des premiers rois carolingiens, et le site est choisi par le roi Henri Ier en 1059-1060 pour fonder une communauté religieuse. Des chanoines réguliers, obéissant à la règle de saint Augustin, sont installés dans l’église devenue collégiale. En 1079, Philippe Ier en transfère la propriété à la puissante abbaye de Cluny, dirigée par saint Hugues : Saint-Martin-des-Champs devient dès lors l’un des principaux prieurés de l’ordre, désigné par l’expression de « Deuxième Fille de Cluny ».
Il ne reste que très peu de vestiges de cette première église prieurale. Le chevet a été reconstruit vers 1130-1135. Avec des voûtes en ogives et ses dix chapelles rayonnant autour du déambulatoire, il forme l’un des tout premiers exemples du gothique primitif, quelques années avant la basilique de Saint-Denis, considérée comme le modèle des cathédrales gothiques françaises. La nef a été reconstruite au XIIIe siècle, au moment où le prieuré réédifie plusieurs de ses bâtiments, notamment l’admirable réfectoire, salle de lecture de la bibliothèque du Conservatoire des arts et métiers depuis 1851, ou encore le cloître des moines. Phipippe Brinas Caudie nous présente l'Ordre des templiers. Leur histoire débute à l'issu de la première croisade. 
Le pape Urbain IIe prêcha la première croisade le , à Clermont. La motivation du pape à voir une telle expédition militaire prendre forme venait du fait que les pèlerins en route vers Jérusalem étaient régulièrement victimes d'exactions voire d'assassinats : Jérusalem a été conquise mais la sécurité des pèlerins qui s'y rendent n'est pas assurée. Hugues de Payens et Geoffroy de Saint-Omer vivant sous la Règle des chanoines de saint-Augustin choisissent d'assurer la garde du défilé d'Athlit , le passage le plus périlleux sur le chemin de la Terre Sainte et créent en 1118  l'Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ. Baudoin II, roi de Jérusalem, leur offre l'hospitalité dans une partie  de son palais, à l'emplacement du Temple de Salomon. Ils deviennent alors les Chevaliers du Temple ou Templiers. LeTemple de Salomon bâti en 961 avant Jésus-Christ, fut détruit par les Chaldéens en 587 avant Jésus-Christ, reconstruit et définitivement détruit en 135 par l'empereur Hadrien). Aujourd'hui, du temple il ne reste que le Mur des Lamentations. La mosquée Al Aqsa est édifiée au début du VIIIe siècle sur les ruines du temple de Salomon. Ce dernier, reconstruit par Hérode au VIe siècle av JC sous forme d’une basilique royale à colonnade (la stoa) fut agrandi au Ier siècle av JC. Les 2 premiers templiers sont assistés de 7 autres chevaliers français : André de Montbard (oncle de Saint-Bernard), Gondemare, Godefroy, Roral, Payen de Montdésir, Geoffroy Bisol et Archambaud de Saint-Agnan. L'Ordre du Temple prend forme en 1119 par ces neuf chevaliers désirant protéger les chrétiens en pèlerinage à Jérusalem. C'est au concile de Troyes (14 Janvier 1128), à la demande de Saint-Bernard (Bernard de Clairvaux) que l'Ordre est véritablement créé. St Bernard  de Clairvaux  aurait lui-même écrit la Règle qui régit le fonctionnement complet de l'Ordre. L'’ordre du Temple disposa d’une commanderie à Paris, sur la rive droite le long de la Seine, un peu avant le milieu du XIIe siècle. Très tôt, l’essor du Temple entraîna la construction d’une nouvelle maison en-dehors de l’enceinte érigée sous le règne de Philippe Auguste (1180-1223), dans une zone marécageuse (« Le Marais ») là où nous nous trouvons. L’Enclos du Temple disposait d’une église en forme de rotonde, d’une grosse tour ou donjon érigée en 1240 et haute d’une quarantaine de mètres, de maisons et de jardins protégés par sa propre muraille. Ce vaste ensemble délimitait un quartier de 6 ha dont la toponymie parisienne conserve encore la trace dans le 3e arrondissement (rue du Temple, rue Vieille-du-Temple, boulevard du Temple. Le maître de France y résidait, ainsi que le trésorier des provinces qui recueillait chaque année les responsions envoyées par les maisons des provinces de France et d’Angleterre avant d’être transférées en Orient. C’est également le trésorier du Temple qui, à partir du début du XIIIe siècle et jusqu’à l’arrestation de 1307, fut en charge de la garde et de la gestion du trésor royal. Ironie de l’histoire, c’est là que les frères de l’Ordre, venus de toute la France, furent emprisonnés et auditionnés lors de leur procès. Transmis en 1327 à l’ordre de l’Hôpital, l’enclos devint à son tour le chef-lieu du prieuré de France. Les Templiers constituent à la fois un ordre religieux et militaire. La règle de l'ordre du Temple est largement inspirée de celle de St Benoit. Mais en raison du caractère militaire elle est assouplie au niveau de l'ascèse, des restrictions alimentaires, des prières (les heures canoniales) pour les combattants. Les templiers qui se battent aux côtés des autres Francs en Terre sainte, gardent et bâtissent également des forteresses (Château-Pèlerin est la dernière forteresse chrétienne de Terre sainte, elle est abandonnée en août 1291). De par sa vocation l'ordre du Temple combat également contre les Maures dans la péninsule ibérique, où il détient également des forteresses. Au fil du temps, l’institution deviendra l’une des plus riches d’Europe, et la première puissance militaire et financière d’Occident. En effet, l’ordre fonctionne comme une gigantesque banque. Les Templiers pratiquent l’usure –bien que l’Ancien Testament l’interdise. Ils inventent la lettre de change et prêtent de l’argent aux croisés, marchands, pèlerins, congrégations monastiques ou encore au clergé. Les chevaliers possèdent vingt mille commanderies dans le seul royaume de France.
Ainsi, l’ordre est opulent, mais les Templiers pauvres car ils ne dépensent presque rien des sommes qu’ils amassent. Cet Ordre a 2 défauts majeurs au yeux du roi de France Philippe IV le Bel, il est imensément riche et sous l'autorité directe du pape. Dans un état surendetté, il constitue un état dans l'état, une sorte de paradis fiscal. Deux anecdote de Philippe Brinas Caudie. Le faubourg : la partie où nous nous trouvons est un faubourg de Paris au XII ème siècle.
Le mot « faubourg »sert à qualifier le ou les territoires qui se développaient aux portes des villes. Un faubourg, c'est la zone habitée qui se trouve « fors le bourg », c'est-à-dire hors, à l'extérieur, de la ville ancienne, souvent ville fortifiée. De meme, Beaubourg. En fait au début du XIe siècle, quelques chaumières avaient été bâties en cet endroit suffisamment plat et, dès le XIIe siècle, s’était déjà formé un petit village, relativement étendu, appelé bientôt tout naturellement "beau bourg"

Notre petite troupe se met en marche et nous nous arrêtons vers un passage secret. Des passages à Paris, il y en a beaucoup, ceux du Sentier, visité avec Bruno Barthélemy, ceux prés de la Bibliothèque Nationale, le passage de l'Ancre est plus discret, plus secret. Le passage de l’Ancre est une petite voie privée insolite, à ne pas louper lors d’une promenade à Beaubourg ou dans le Marais . C'est un bout de campagne au milieu de la capitale.
Ici,ni grande verrière, ni vieux magasins pour collectionneurs, mais seulement un cadre abondamment fleuri bordé de jolies vitrines colorées (un passage aujourd’hui majoritairement occupé par des bureaux).

Nous prenons ensuite la petite rue Montmorency  jusqu'à un maison qui serait la plus vieille de Paris. Nicolas Flamel (1330-1418) est un personnage célèbre en raison d'une légende le présentant comme un alchimiste richissime. En réalité écrivain juré de l'université de Paris, il a été enterré dans l'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie. Son éîtaphe rappelle les nombreux dons faits aux églises et hôpitaux parisiens, peut-être à l'origine de sa réputation. Elle est ornée d'un décor incisé composé de deux scènes. Au-dessus de l'inscription gravée , le Christ bénit et tient un globe crucifère. Il est figuré en buste, encadré du soleil et de la lune ainsi que des saints Pierre et Paul. Cette scène se détachait autrefois de manière plus visible grâce à un fond de mastic noir. Au bas de l'épitaphe, le défunt est figuré en « transi », type de représentation funéraire fréquent à la fin du Moyen Âge. En fait, Nicolas Flamel n'a jamais habité cette maison.

Il s'agit d'une maison que Nicolas Flamel fit construire après la mort de sa femme Pernelle, en , afin d'abriter un commerce au rez-de-chaussée et pour accueillir les pauvres dans les étages, à condition qu'ils fassent leurs prières du matin et du soir en l'honneur du couple. Terminée en comme l'atteste l'inscription courant en frise au-dessus du rez-de-chaussée, c'est la plus connue des maisons de Flamel et la seule qui existe encore aujourd'hui. S'il est impossible d'assurer qu'elle est la plus ancienne de Paris, elle est assurément la plus ancienne qu'on puisse dater. " dire tous les jours une patrenostre et 1 ave maria en priant dieu que sa grace face pardon aux povres pescheurs trespassez", à en croire l’inscription sur la corniche de la maison. Le rez-de-chaussée de cet immeuble est devenu depuis quelques années un restaurant,l'Auberge Nicolas Flamel. Nous sommes bien loin du XIIIème mais avec les Gilets Jaunes, la Covid, le"quoi qu'il en coute"quand un commerce ferme, les chinois l'investissent. Restos, épiceries chinoises, salon de massage, lanternes du nouvel an chinois l'insidieuse colonisation chinoise est en marche meme devant cette autre plus vieille maison de Paris, rue Volta. La légende et la popularisation de cette maison commencent sous le Second Empire. Il y a un mouvement


de préservation du patrimoine pour limiter les dégâts causés au Paris historique par les grands travaux de Haussmann. La maison de la rue Volta est alors datée de la fin du 13e siècle. Alors que l’édifice est menacé de réalignement suite à des travaux en 1914, on fait ajouter une plaque avec la mention “1240” pour préserver la maison. Donc la maison de Flamel semble effectivement plus ancienne que cell, le de la rue Volta. Philippe Brinas-Caudie possède un code qui permet de pénétrer une allée d'immeuble où subsiste une petite partie de l'enceinte de Philippe Auguste. Il nous parle aussi de la poste qui allait beaucoup plus vite il y a 2 ou 300 que la poste actuelle où une lettre entre 2 arrondissement parisien me mettre 3 jours pour arriver à destination. Devant une rue très étroite, il nous décrit les embarras de la circulation au XVIIIème siècle. "Vous marchez tranquillement en en tenant le haut du pavé dans une rue étroite et encombrée. Ici, un étal de vendeur à la sauvette, là des gravats d’un chantier provisoire, un peu plus loin une forge de plein vent qui empiète sur la chaussée, au-dessus de votre tête une enseigne de cabaret qui oblige les cochers à de dangereuses embardées. Soudain, propulsé par deux chevaux vigoureux, un cabriolet de près de 700 kg, sans système de freinage efficace, s’engage à toute allure. Le cocher, pressé par le propriétaire du véhicule, fait claquer son fouet tout en criant « gare, gare ». Sauve qui peut ! Comment alors échapper aux roues du bolide lorsqu’il n’y a ni parapets, ni trottoirs ?"A cette époque, il est impossible de se croiser aussi les rues sont en sens unique, dans un sens tant que le traffic n'est pas résorbé, puis dès qu'il n'y a plus de voiture, le sens s'inverse.  "Tenir le haut du pavè".

"Au Moyen Âge, les rues étaient pavées et n’avaient pas de trottoirs. Par exemple, et malgré la présence boulevard Saint-Michel d’un égout créé par les Romains, la ville de Paris n’avait pas choisi de généraliser cette solution, préférant opter pour des évacuations à ciel ouvert. Ainsi, les rues étaient construites en forme de V : la chaussée remontait vers les façades des immeubles afin de laisser s’écouler les eaux usées dans la partie centrale de la rue.

On peut aisément imaginer que se promener dans ces rues en pente n’était ni simple ni très propre. Les passants avaient donc pris l’habitude de marcher sur la partie haute de la rue, le long des maisons, afin d’éviter de mettre les pieds dans les saletés des eaux usées.

Les rues étaient par ailleurs particulièrement étroites : les maisons et les immeubles étaient construits très près les uns en face des autres afin de protéger la rue de la pluie. Comme ces ruelles ne permettaient donc pas de se croiser en restant sur la partie haute le long des façades, les convenances de l’époque voulaient que, lorsque deux personnes se croisaient, la plus pauvre des deux se mette au milieu, laissant la plus riche marcher sur le « haut du pavé » pour qu’elle ne se salisse pas."

Nous traversons maintenant le marché des Enfants Rouges.

En 1536, la soeur de François 1er, Marguerite de Valois, fonde un orphelinat pour accueillir les orphelins. Ces enfants sont appelés les Enfants de Dieu. Ils sont habillés de vêtements rouges, symbolisant la charité chrétienne. À cause de ces vêtements, les Parisiens de l’époque les appellent les enfants  rouges. En 1772, l’orphelinat est contraint de fermer. Le Marché des Enfants Rouges 39, rue de Bretagne, est le plus vieux marché alimentaire de Paris. L’une des principales attractions du Marché des Enfants Rouges est, sans conteste, sa diversité culinaire. Les visiteurs peuvent se délecter de saveurs du monde entier, des délices japonais aux spécialités marocaines en passant par les classiques français. Les étals proposent des plats fraîchement préparés, des produits du terroir et des desserts exquis.  Parmi les meilleurs plats à tester, on ne peut que vous recommander le donburri japonais de Takeo, le couscous et le thé à la menthe du traiteur marocain, les sandwichs gargantuesques d’Alain Miam Miam ou encore les plats du jour de l’Estaminet des Enfants Rouges. Le marché des Enfants-Rouges a été créé en 1615 à la demande du roi Louis XIII, à l'origine appelé le "petit marché du Marais". En 1772, l'orphelinat a fermé mais la marché a a adopté le nom qu'il porte encore aujourd'hui, celui du marché des Enfants-Rouges et porte ainsi le souvenir de ces orphelins.
En 1912, la Mairie de Paris a acheté le marché, en faisant ainsi un lieu de référence pour les Parisiens pour acheter leur lait.
On arrive près du terme de la visite guidée, L'Enclos du Temple.
D’une superficie de 6,5 hectares, l’enclos du Temple est une véritable ville dans la ville. Protégé par une muraille, il est défendu par deux donjons : le donjon du Temple et la tour César. 
L’ordre du Temple issu de la chevalerie chrétienne du Moyen Âge, siégeait ici jusqu’à sa dissolution en 1312. Ses biens sont alors attribués aux Hospitaliers (nom des frères de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem). L’enclos du Temple devient bien national à la Révolution. La Tour du Temple sert de prison jusqu’à sa destruction en 1808. Le palais de l’enclos du Temple subsiste, converti en gendarmerie puis attribué à une congrégation religieuse jusqu’à la révolution de 1848. Il est détruit en 1853. L’un de ses portails se trouvait à l’emplacement de l’entrée du square aménagé en 1857 par Jean-Charles Adolphe Alphand (1817-1891) lors des grands travaux du préfet Georges Eugène Haussmann (1809-1891).
Depuis 2017, ce jardin rend hommage à Elie Wiesel (1928-2016), écrivain, philosophe, prix Nobel de la Paix, survivant de la Shoah. Rescapé du camp d’Auschwitz, il est recueilli à Paris par l’Œuvre de secours aux enfants (OSE) située dans le 3e arrondissement. Grand témoin de la Shoah, Messager de la paix des Nations Unies, il a toujours voué une reconnaissance envers l’OSE qui poursuit aujourd’hui des actions auprès des personnes les plus vulnérables sur l’ensemble de Paris.Nous nous arretons longuement devant le jardin à l'anglaise qui fait face à la mairie du 3ème. Philippe Brinas Caudie revient sur le Temple. Le Square du Temple tire son nom de l’ancien enclos du Temple, qui abritait autrefois la commanderie parisienne de l’ordre des Templiers. Les Templiers  reçoivent du roi Louis VII vers &&'à un important domaine situé dans une zone marécageuse au nord de la ville.Ils y entreprennent d'importants travaux d'assainissement et d'aménagement. Ils érigent d'abord une imposante tour carrée et une chapelle en rotonde. Cette tour carrée qui prendra plus tard l'appellation de "Tour de César" a une section carrée de 10 mètres, comporte trois étages surmontés d'une plate-forme crénelée et est renforcée à chacun de ses quatre angles par d'imposants contreforts. A partir de 1194 cette tour abritera le trésor royal qui sera transféré par la suite dans le second donjon. Leur maîtrise de la technique agricole qui leur permit de valoriser et de racheter les terrains marécageux de ce qui deviendrait le Marais. Ce fut leur sens du commerce aigu qui leur permit de transformer leur dispersion géographique en un avantage, développant ainsi un système de dépôt bancaire international, contribuant ainsi à l'accroissement de leur richesse. Cette maîtrise accompagnée de leur indépendance, fut étroitement conservée à l'abri des hauts murs de l'Enclos du Temple, correspondant aujourd’hui à l'espace délimité par la rue du Temple, la rue de Bretagne, la rue de Picardie et la rue Béranger, au sud de l'actuelle place de la République. Cet enclos était complété par une tour de guet et un pont levis constituant la seule voie d'accès au Temple. 

L’Ordre est une des principales institutions financières occidentales : il gère, tel un banquier, les biens de l’Église et ceux des rois d’Occident (Philippe le Bel, Jean sans Terre, Henri III, Jaime Ier d’Aragon…). Mais ce n’est pas seulement la jalousie qui pousse le Roi de fer à faire arrêter les Templiers : il garde une certaine amertume du refus de l’ordre de payer la rançon pour libérer Saint Louis, prisonnier lors de la septième croisade.

Un autre refus irrite Philippe le Bel : le Temple rejette sa proposition de fusion avec les Hospitaliers, à laquelle le roi tenait afin de préparer une nouvelle croisade. Le glas sonne pour les moines-chevaliers : le roi les accuse d’hérésie, de mœurs dépravées, ainsi que d’avoir pratiqué la sodomie et des « baisers impudiques ».

Il demande à Guillaume de Nogaret, son ministre, de diriger l’affaire. Celui-ci envoie, le 14 septembre 1307, des « lettres closes » à tous les baillis et sénéchaux du royaume, dans lesquelles il leur demande de faire l’inventaire des biens des Templiers avant d’organiser leur arrestation. Sur tout le territoire, les Templiers sont interrogés et torturés : 54 d’entre eux sont brûlés à Paris.  Les interrogatoires sont musclés et les templiers soumis à la question. La question, en usage dès le Moyen Âge et jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, est une forme d’interrogatoire accompagnée de tortures. Maintenue par l’ordonnance de 1670, la question voit néanmoins son utilité procédurale remise en cause. La diatribe de Voltaire contre l’affaire Calas en 1763 porte le dernier coup de boutoir à une pratique vilipendée et tombée peu à peu en désuétude au cours du siècle. La question préparatoire, pour faire avouer le crime, est supprimée en 1780 et la question préalable, pour faire dénoncer les complices juste avant l’exécution du condamné, est abolie dans le cadre de la réforme de mai 1788 dont les parlements refusent l’enregistrement. La question est définitivement supprimée par le décret des 8-9 octobre 1789

Pour ne pas donner l’impression d’être désavoué, le pape choisit d’ordonner à son tour l’arrestation des Templiers.  Le roi obtient de Clément V la suppression de l’ordre, au concile de Vienne, en 1312. Ainsi s’éteint une institution vieille de deux cent ans. 

"Pape Clément !… Chevalier Guillaume !… Roi Philippe !… Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! Maudits ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races !" Ainsi s’exclame Jacques de Molay, le dernier maître des Templiers, au moment de périr sur le bûcher le 18 mars 1314. Du moins, dans la suite romanesque de Maurice Druon, "Les Rois maudits" (1955-1977). Philippe le Bel et Clément V meurent dans l'année et la treizième génération marque la fin de la royauté absolue ( les 3 frères Louis XVI, Louis XVIII et Charles X). 

Le trésor des templiers. En évoquant ce trésor, je pense à mon ami François Guillot, mort très jeune dans un accident de voiture et qui pendant nos études et quelques soirées arroséesm'en parlait souvent. Bouzi, son surnom, voulait, une fois bien installé partir à sa recherche et le situait du coté de Gisors. La huche : appelée aussi le trésor du Temple, la huche est un coffre contenant le versement annuel des commanderies. Ces revenus sont constitués d’argent et d’or, de bijoux, d’archives et des butins de leurs pillages. La huche est détenue dans un endroit secret dont seul le Grand-maître de l’Ordre de Jérusalem a la clé. Cet argent sert à accorder des prêts comme celui octroyé au roi de France Louis VII pour financer la deuxième croisade, ainsi qu’aux pèlerins, commerçants, institutions, clergé, congrégations monastiques.

Les suspicions d’existence d’un trésor extraordinaire commencent à se répandre après la dissolution de l’Ordre. Une faible partie du peuple pense que les Templiers ont effectué des fouilles sous le temple de Jérusalem et qu’ils ont trouvé l'Arche d'Alliance ou le tombeau du Christ ; cependant, la plupart des gens croit que le trésor est caché dans les différentes commanderies.
Encore aujourd’hui, cette dernière hypothèse reste d’actualité. C’est le cas pour la commanderie de Rennes-le-Château où, en 1891, l'abbé Saunières devient brusquement richissime.

C’est également le cas pour Gisors, en Normandie. Un document historique raconte que les Templiers, avertis de leur prochaine arrestation, auraient organisé le départ d’un mystérieux convoi. Les chariots contenant le trésor seraient partis quelques jours plus tôt de Paris vers la Normandie. Sur leur trajet se trouve le chateau de Gisors qui a réellement été occupé par les Templiers. Des graffitis sur les murs d’une des tours laissent penser aux défenseurs de la thèse du trésor que ce sont des indices pour le trouver, néanmoins rien ne permet d’affirmer leur authenticité. Et si, en fin de compte, le véritable trésor des Templiers n'était pas fait d'or et de pierres précieuses, mais plutôt de savoirs spirituels ou symboliques ? Au fil du temps, la légende de ce trésor a pris une dimension ésotérique, particulièrement chez les francs-maçons. Certains rites maçonniques intègrent des références explicites à cet ordre, incorporant leur symbolisme et leur mythologie dans des pratiques initiatiques. Mais aucune preuve tangible de son existence n'a été découverte, malgré des siècles de spéculations et de recherches. 

En 1808,  Napoléon démolit la tour du Temple, pour d'effacer un souvenir compromettant : le Temple matérialise la destruction physique d'une dynastie, alors même que l'Empereur entend fonder une monarchie nouvelle. Mais rasée, la tour du Temple subsiste comme lieu de mémoire.
"Mémoire royaliste, tout d'abord, qui commémore les exécutions de Louis XVI (21 janvier 1793), Marie-Antoinette (16 octobre), Mme Élisabeth, la sœur du roi (10 mai 1794), la mort de Louis XVII (8 juin 1795) et les épreuves subies par Mme Royale, « l'orpheline du Temple », échangée avec les Autrichiens (26 décembre). Mémoire révolutionnaire, en second lieu, qui peine à justifier le sort de la famille royale par des nécessités politiques. Très tôt, le Temple a nourri toutes sortes de mythes : projets d'évasion, correspondances secrètes, substitutions de personnes, survie de Louis XVII."

Près de nous, le Carreau du Temple.

Partie intégrante de l’Enclos du Temple, la Rotonde du Temple, construite en 1788 par l’architecte Pérard de Montreuil, bénéfice toujours des privilèges d’extraterritorialité accordés à l’enceinte du temple (exemption de taxes, etc). Les boutiques s’y louent à prix d’or. La Ville de Paris fait construire un marché couvert entre la rue du Temple et la Rotonde. Ce marché édifié entièrement en charpente de bois, œuvre de l’architecte Jacques Molinos, rencontrera un grand succès.
Le marché est alors constitué de quatre carrés ayant chacun sa spécialité. Entre ces 4 halles et la Rotonde se trouvait un « carreau », terre-plein où fonctionnait une bourse du vêtement d’occasion, qui durera jusqu’à l’après-guerre.
La ville dans le cadre de la rénovation urbaine voulue par Napoléon III et le préfet Haussmann, décide de le remplacer par une structure métallique, plus sûre face aux fréquents incendies, et lance un concours d’architecture qui sera remporté par l’architecte Jules de Mérindol en 1860. Sa façade monumentale s’ouvre sur la rue du Temple. Le marché avec ses pavillons de métal, de verre et de briques, peut accueillir plus de 2000 places pour les vendeurs. Aujourd’hui, c'est un lieu de spectacles.

Fin de la visite et retour à l’hôtel pour se réchauffer. Il fait un froid de gueux et la longue station sur le pavé gelé, a transformé nos pieds à l'état de glaçons. Autres belles visites avec Philippe Brinas Caudie : les cocottes et les fastes du second Empire, la Plaine Montceau cf https://www.lemounard.com/2022/11/la-plaine-montceau-et-les-fastes-du.html et l’Hôtel particulier de la Paiva sur les Champs Élysées cf https://www.lemounard.com/2022/11/paris-visite-de-lhotel-particulier-de.html


 Repas à la brasserie Mollard face à St Lazare, une cote de bœuf avec une superbe béarnaise puis profiterolles ou omelette norvégienne qui n'en finit pas de flamber.  Le décor est sublime. E
n 1895, suffisamment fortunés pour investir, les Mollard entreprennent de grands travaux réalisés par l’architecte Edouard-Jean Niermans. A l’intérieur, des décors en céramiques représentent les villes desservies par le train : Deauville, Saint-Germain-en-Laye, Ville d’Avray, mais aussi l’Alsace et la Lorraine (annexées par l’Allemagne en 1871). Ils sont fournis par les fameux ateliers de Sarreguemines.
 Dans un style annonçant l’Art nouveau naissant, les colonnes et plafonds sont décorés d’émaux de Briare aux motifs de fleurs et d’insectes. Les mosaïques sont réalisées par Henri Bichi et Eugène Simas. Niermans dessine lui-même le mobilier, les luminaires, les porte-manteaux. Mollard devient le restaurant le plus chic de la Belle Époque. La brasserie est jugée vieillotte et on masque les somptueux décors. Fort heureusement, ils sont redécouverts intacts en 1965 et entièrement restauré par les propriétaires. A l’exception de la verrière qui s’est effondrée en 1920.

















 

 

 




 


 

 

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