mercredi 26 février 2025

PARIS, L' EGLISE DE SAINT ETIENNE DU MONT



 Ce matin, nous partons visiter une église que nous ne connaissons pas, St Etienne du Mont, dans le quartier Latin, prés du Panthéon et du lycée Henri IV. Le métro nous laisse place Monge puis on suit la rue Mouffetard en passant par la Contrescarpe jusqu'à la rue Clovis sur la gauche , on passe devant H4 comme disent les potaches et on arrive à l’Église. Le lycée est bâti sur les vestiges d’une abbaye millénaire. Plongée dans l’histoire du lycée Henri IV qui remonte aux temps de Clovis et de Sainte Geneviève. Clovis, roi des Francs, fonde en 506 le monastère royal des Saints Apôtres, dédiés aux saints Pierre et Paul. Il y est inhumé en 511, suivi l’année suivante par sa femme, la reine Clotilde. L’abbaye acquiert un prestige sans pareil en recevant les reliques de Sainte-Geneviève, sainte patronne de Paris. Au XIIème siècle, l’abbaye prospère enfin en accueillant une école de théologie et des copistes. Elle fait alors partie intégrante de l’Université de Paris, la future Sorbonne. En 1624, elle est dotée d’une bibliothèque, qui en 40 ans atteint 8 000 volumes. En 1764, Louis XV pose la première pierre d’une nouvelle église monumentale pour l’abbaye Sainte-Geneviève, qui deviendra le Panthéon à la Révolution française.
En raison de la richesse de la bibliothèque (troisième plus grande d’Europe après celles du Vatican et d’Oxford), l’abbaye n’est pas détruite par les révolutionnaires. Après y avoir chassé les chanoines, on y installe l’École du Panthéon en 1795. Devenu lycée Napoléon, premier lycée de la République, il est renommé lycée Henri IV sous la Restauration.

Construite au XVIème siècle, Saint-Étienne frappe le visiteur par son style particulier et peu courant dans la capitale, à commencer par sa façade. On est en effet en pleine période de transition entre le gothique, sous sa forme dernière, le flamboyant, et la Renaissance influencée par l’Antiquité.
La structure générale est celle d’une église «halle», longue de 69 mètres et large de 25,5 mètres : le transept n’est pas saillant à l’extérieur, les bas-côtés sont très hauts.
L’église est déviée vers la gauche, sans doute en raison de la forme du terrain, mais les décalages sont peu perceptibles.
Admirable par sa voûte d’arêtes, le transept est orné de clefs pendantes dont celle au centre est la plus spectaculaire par sa longueur. De style purement Renaissance, la nef repose sur des piliers ronds et arcades en plein cintre. A mi-hauteur des colonnes, une singulière coursière (ou coursive) est ajoutée vers 1630. Chaire de 1651 dessinée par Laurent de La Hyre et sculptée par Claude Lestocart. Le gros oeuvre est du menuisier Germain Pilon, homonyme du sculpteur de la Renaissance ; elle est entourée des sept statues des vertus théologales et cardinales.


Élément remarquable de l’église, le jubé construit au début du XVIème siècle, est le seul subsistant à Paris.
Au Moyen Age, le jubé est à la fois une barrière séparant le chœur, où se tiennent les religieux et les chanoines, de la nef où sont les simples laïcs, et une tribune d’où est proclamée la Sainte Parole (d’où son nom, correspondant au début de la prière par laquelle le lecteur demandait la bénédiction au prêtre : «jube, domine, benedicere…» : «Daigne me bénir, Seigneur…»).
Avec la volonté de rendre le déroulement des cérémonies de la messe visible pour tous, la plupart des jubés disparaissent au XVIIIème siècle.

Ce jubé allie une structure gothique interne et une ornementation pleinement Renaissance. La balustrade est un entrelac de dentelle de pierre, sculpté dans du calcaire de Saint-Leu. Deux escaliers à claire voie s’enroulent autour des piliers, desservant à la fois le jubé et la coursive, dont la fonction exacte, autre que décorative, n’est pas bien établie. Alors que les noms de la plupart des artisans ayant participé à la construction de l’église nous sont connus, curieusement on ignore l’auteur de ce chef-d’œuvre. "Probablement construit entre 1541 et 1545,  pourrait être une œuvre de Philibert Delorme, un des architectes majeurs du XVIe siècle. Comme l’église, il combine deux styles architecturaux: le gothique par sa structure interne à une ornementation Renaissance. Réalisé dans l’alignement des portails barrant l’accès au déambulatoire, il se compose de deux escaliers s’enroulant autour des piliers, permettant d’accéder à une galerie et à la plateforme qu’ils encadrent. Cette dernière repose sur arc en anse de panier de neuf mètres côté nef et sur trois arcades côté chœur, autorisant ainsi aux fidèles d’avoir un aperçu de la célébration. De son décor sculpté très riche, nous pouvons noter les deux renommées dans les écoinçons de l’arc côté nef, qui tenaient à l’origine les clous de la Passion et la couronne d’épines, symboles qui ont été remplacés par ceux de la République pendant la Révolution française: les rameaux d’olivier et la couronne de feuilles de chêne."
Le beau Christ en croix qui surmonte le jubé, oeuvre de Ulrich de Grienewald, provient de la chapelle de l’École polytechnique, supprimée en 1830.




La chapelle des âmes du Purgatoire, les 10000  martyrs  dans le déambulatoire une fresque qui se déroule comme les pages d'un livre.  Pascal (1623-1662) est enterré à Saint-Etienne du Mont parce qu’il est décédé sur le territoire de la paroisse.

Les restes de Racine (1639-1699) furent rapportés ici après la destruction de l’abbaye de Port-Royal des Champs car sa famille habitait le quartier. Saint-Etienne était d’ailleurs une paroisse fortement teintée de jansénisme.


L'église Saint-Étienne-du-Mont est l'église la plus riche de Paris en vitraux anciens. Les fenêtres de la nef et plusieurs des collatéraux et du chœur ont conservé des verrières qui sont, à juste titre, célèbres. Les vitraux du déambulatoire sont datés de la construction même de cette partie de l’édifice et témoignent de la volonté de l’orner immédiatement. Parmi eux : le vitrail du Très-Saint-Nom-de-Jésus.
Les verrières qui ornent les fenêtres de l'ancien charnier ne le sont pas moins. La perfection de leur facture, l'éclat de leur coloris a excité l'admiration de tous ceux qui les ont vues, et cela à toute époque. Ces verrières ne sont pas, à proprement parler, des vitraux : ce sont des vitres émaillées. Elles constituent aujourd'hui le seul exemple d'un art qui fut florissant à Paris dans le premier tiers du XVIIe siècle.



Démontées et mises en lieu sûr pendant la période des bombardements, elles ONT 2T2 d'être replacées, après avoir été restaurées par les soins de la ville de Paris. 
Les charniers de Saint-Étienne-du-Mont ont été construits de 1605 à 1609. Tout le gros œuvre de l'église, moins la façade, était alors achevé.
Ils se composent de trois galeries qui entourent le chevet de l'église. Ces galeries sont voûtées en berceau et sont décorées de pilastres doriques très simples. Les murs qui entourent l'abside sont percés de fenêtres en plein cintre, qui étaient autrefois au nombre de vingt-quatre, aujourd'hui de vingt-deux. Ces fenêtres étaient toutes garnies de vitres peintes, dont il ne reste que quinze. ( Il faut noter que plusieurs verrières ne subsistent plus qu'à l'état de fragments. )
Ces verrières ont été exécutées dans le premier quart du XVIIe siècle. L'une des bordures porte la date de 1613, une autre celle de 1623.

Ce sont des peintures sur verre avec des émaux recuits au four, à la différence des autres vitraux de l’église où le verre est coloré dans la masse.
Un thème commun les unit : l’Eucharistie, présence réelle du Christ ressuscité dans l’hostie consacrée, et ses préfigurations dans l’Ancien Testament. Parmi ceux-ci : le vitrail du « Pressoir mystique » illustre la parole du Christ lors du dernier repas de la Cène, reprise à chaque messe, lorsqu’il fit passer la coupe de vin en disant «ceci est mon sang».





Nous revenons dans l'église. La majorité des reliques de Saint-Louis Geneviève a été publiquement brûlée pendant la Révolution française, mais quelques petites pièces survivantes, ainsi que le rocher sur lequel repose sa tombe, sont conservées dans la chapelle Ste Geneviève ci dessous.

Le vitrail représente la procession solennelle de la châsse de sainte Geneviève au départ de l'église Saint-Étienne-du-Mont et de l'église Sainte-Geneviève (œuvre de E.Didron, 1882).
 
Dans la chapelle du St Sépulcre, on peut voir cette extraordinaire Mise au Tombeau :  un groupe de huit grandes sculptures en terre cuite, de 1539, de Gilles de Saulty, peinture, et Lorenzo Naldini, sculptures. Ils y ont été placés en 1825, lorsqu'ils ont été achetés par le curé Philibert Bruyarre. Deux peintures: L'Adoration des bergers, 1748, de Jeson de Santerre, et un Calvaire de Georges Lallemant.



Ce buffet du grand orgue fut construit et sculpté en 1631 par Jehan Buron, maître menuisier. C’est le plus ancien de Paris et, de plus, il nous est parvenu dans son état d’origine.Seule une partie des 7.000 tuyaux, allant de 3 mm à 5,5 m de haut, est visible. Répartis en 90 jeux, ils placent cet orgue au 5ème rang parisien.Parmi les facteurs d’orgue ayant travaillé à Saint-Etienne du Mont citons : Pierre Pescheur, auteur de l’instrument d’origine (1636) dont il ne reste rien, François-Henri Cliquot (1772, dont la veuve est passée à la postérité), et Cavaillé Coll (1863). L’instrument a eu des titulaires célèbres parmi lesquels Maurice Duruflé. Né en 1902, il en fut titulaire de l’âge de 28 ans jusqu’à sa mort en 1986.Actuellement, il est tenu par Thierry Escaich, victoire de la musique en 2002 et 2006, et Vincent Warnier.

Nous sommes éblouis par cette église sublime, une crepe près de Notre Dame puis métro jusqu'à Arts et Métiers pour une visite avec Philippe Brenas-Caudie du quartier du Temple.

 

 

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