lundi 17 mars 2025

PARIS, L' ABBAYE DU VAL DE GRACE, ANNE D' AUTRICHE




 Ce jeudi après-midi est consacré à la visite de l'abbaye du Val de Grace avec Philippe Brinas-Caudie!. Le lieu de rendez-vous est à la sortie du RER Port Royal, on marche un peu dans la rue Henri Barbusse avant de tourner dans une petite rue à droite qui permet d'admirer la coupole de l'église du Val de Grace. "Le dôme du Val-de-Grâce est le plus élevé de Paris, après ceux des Invalides et du Panthéon. Il reprend visiblement, par sa conception savante et son décor sculpté abondant, les modèles de la Rome baroque. Son haut tambour est flanqué de quatre campaniles à bulbe ajourés et maintenu par de puissants contreforts décorés de pilastres à chapiteau corinthien. Il est en outre scandé de seize fenêtres à frontons alternativement pointus et arrondis, qui soutiennent une lampe enflammée. La calotte du dôme est ceinte de candélabres à sa base et percée de deux rangs d’oculi, couronnés d’une fleur de lys. Elle est surmontée d’une tour-lanterne, terminée par une croix."




L'église et le couvent du Val-de-Grâce  furent construit au milieu du XVIIe siècle par la reine Anne d'Autriche en remerciement de la naissance de Louis XIV. Ils sont situé rue St Jacques, sur la place Laveran. Laveran, c'est le nom qui a été donné à l'hopital militaire de Marseilles qui s'occupe notamment des maladies tropicales. Premier prix Nobel français de médecine en 1907« pour ses travaux sur le rôle des protozoaires comme agents de maladies », Alphonse Laveran découvre notamment le Plasmodium Falciparum, responsable du paludisme. Le 21 juin, vers 16h45, une explosion retentit au cœur du Quartier latin. L’immeuble du 277,rue St Jacques, s’effondre. Plusieurs dizaines de personnes sont blessées et trois perdent la vie. La déflagration, qui a été ressentie à plusieurs centaines de mètres, provoque de nombreux dégâts dans les immeubles aux alentours. L’église du Val de Grace, dont le 277 est l’un des corps de garde encadrant la cour d’honneur, n’est pas épargnée. Le Val de Grace était une abbaye royale ce qui explique la présence de 2 corps de garde de part et d'autre du portail d'entrée. Nous sommes dans la cour pavée. Le pavage est d'époque. D'ici nous pouvons admirer la magistrale coupole. Le Muet s’est inspiré du modèle de Saint-Pierre de Rome. Nous entrons dans le hall et Philippe Brinas-Caudie nous fait l'historique du couvent, de l'église et de l’hôpital militaire.
La reine Anne d'Autriche, a été élevée dans les principes stricts de la Contre-Réforme. Devenue reine, elle prend l'habitude de visiter les monastères féminins de Paris et des alentours. Au prieuré du Val de Grace de Bièvres, elle remarque la prieure Marguerite d'Arbouze et lui demande un siège abbatial. L'abbaye est alors fondée en 1621 et confiée à la prieure. En 1624, Anne d’Autriche, épouse délaissée de Louis XIII, pose la première pierre d’un nouveau couvent en bordure de la rue Saint-Jacques. Les bâtiments d’abord modestes sont le refuge de ses dévotions. Le couple LouisXIII-Anne d'Autriche n'est pas un exemple de l'harmonie conjugale et sexuelle. Anne d'Autriche, est une Habsbourg, espagnole de naissance, fiancée à 10 ans et mariée à 14 ans à LouisXIII. Bien qu'espagnole, Anne avait des ancêtres autrichiens et était considérée comme une archiduchesse autrichienne ainsi qu'une princesse d'Espagne et du Portugal, ce qui explique qu'elle soit désignée comme "d'Autriche". Anne est décrite comme une très belle fille, même à un jeune âge, avec des cheveux clairs souvent bouclés, des yeux bleu vert et un visage ovale.
 Les deux époux sont les victimes d’une union politique forcée entre la France et l’Espagne. Déjà peu enthousiasmé par ce mariage, le roi se retrouve obligé par sa mère, Marie de Médicis, à consommer contre son gré la nuit de noces. Ce rapport forcé sera vécu comme un traumatisme pour Louis XIII, à tel point qu’il n’entretiendra plus aucunes relations charnelles avec sa femme durant les quatre années suivantes.Le mariage restera stérile pendant 23 ans, jusqu'à la conception du futur Louis XIV. On dit que celle-ci survint de façon quasi-miraculeuse, par une nuit d'orage propice aux rencontres intimes... Deux ans plus tard naquit un deuxième et dernier enfant, Philippe, futur duc d'Orléans. Anne d'Autriche va s'occuper de ses enfants en mère aimante et attentionnée, chose rare dans l'aristocratie de l'époque.
De toute part, dans le couvent, dans la cour, dans l'église, on retrouve les initiales A comme Anne et L comme Louis. S'agit-il de Louis XIII ou de Louis XIV ? Nous le saurons à la fin de la visite. Nous sommes devant la maquette de l'ensemble du Val de Grace. Le 31 juillet 1793, la Convention nationale décide de mettre le Val-de-Grâce à la disposition du ministre de la Guerre pour y installer un hôpital militaire. La double vocation du Val-de-Grâce, hospitalière et militaire, est née.
À partir de cette date, les médecins militaires les plus illustres vont s’y succéder et forger, par l’alliance fertile de la compétence et du dévouement, une réputation d’excellence dont le Val-de-Grâce ne se départira plus.
« C’est cet héritage qui structure, aujourd’hui le Service de santé des armées ».
Dans ce cadre magnifique, niché au cœur de la capitale, Percy, Desgenettes, Larrey, Bégin et bien d’autres éminents médecins, pharmaciens, épidémiologistes et praticiens militaires de toutes spécialités ont, tour à tour, laissé leur empreinte.En 1979, l’hôpital libère l'abbaye pour s'installer dans un nouveau bâtiment imaginé par l'architecte André Chatelin. Depuis cette date, l'école occupe la totalité de l’ensemble conventuel.En 1993, elle devient « École d'application du Service de santé des armées » et constitue le premier CHU militaire français. Dans le cadre de la réduction du budget du ministère de la Défense (10 ans plus tard, on parle de le multiplier par 2 ), une réflexion est menée, en , par le ministre de la Défense Le Drian, quant à l'avenir de l'hôpital.  Le , dans le cadre d'un plan d'économie du ministère pour , le transfert des activités médicales vers les hôpitaux militaires Percy et Bégin est annoncé, les activités de recherche, de formation et le musée restant sur place. L'hôpital ferme effectivement en 2016. A noter que le Val de Grace était l’hôpital où les grands personnages de l'état, les chefs d'états étranger étaient soignés dans le secret. Mitterand, contrairement à la tradition républicaine, sera suivi à Cochin... Revenons à Anne d'Autriche. Elle entretient avec Richelieu des relations détestables, le cardinal la soupçonne de comploter contre lui et meme de trahir.
En 1635, la France déclare la guerre à l'Espagne, plaçant Anne d'Autriche dans une position encore plus délicate. En effet, la correspondance secrète qu'elle entretient avec le roi d'Espagne Philippe V, son frère, va au-delà des nécessités de la simple affection fraternelle. . Sur l'ordre de Louis XIII, une enquête policière est menée sur les activités de la Reine. On perquisitionne l'abbaye du Val de Grace où Anne a l'habitude de se réfugier. Comble de l'humiliation, Louis XIII l'oblige à signer des aveux concernant cette correspondance, et son courrier est désormais ouvert. Son entourage est épuré (la trop remuante duchesse de Chevreuse doit s'enfuir en Espagne) et ses sorties surveillées. La nouvelle prieure, d'origine espagnole est remplacée qui faisait passer les lettres de la reine à son frère. Richelieu meurt en 1642 puis Louis XIII en 1643. Envoyé en mission en France en 1630, Mazarin se fait apprécier du Premier ministre de Louis XIII, Richelieu, qui prend l'habitude de recourir à ses services.En 1639, Richelieu se l'attache en remplacement de feu le père Joseph, "l' éminence grise" . Deux ans plus tard, Mazarin obtient la barrette de cardinal sans pour autant avoir été ordonné prêtre (le fait est rare mais admis par l'Église catholique). À sa mort, Richelieu recommande au roi Louis XIII de prendre Mazarin à son service. Après la mort de Louis XIII, Mazarin, séducteur jusqu'à l'obséquiosité, gagne les faveurs d'Anne d'Autriche et se dévoue au jeune Louis XIV dont il assure la formation politique.
 
Une fois devenue régente du royaume en 1643, Anne d'Autriche entreprend de faire de sa thébaïde le couvent le plus fastueux de Paris. L’entreprise de la reine est d’abord guidée par sa reconnaissance envers la Vierge. Elle attribue à son intercession la naissance d’un héritier tant attendu, le futur Louis XIV. 

Nous entrons dans la salle capitulaire. Deux grandes toiles de Philippe de Champaigne représente Louis XIII et Anne d'Autriche.


 

Nous découvrons maintenant le cloître au-dessus duquel se trouvait le dortoir des nonnes et sa galerie couverte l’entourant. La voûte de la galerie ceinturant le cloître, constituée d’une succession de voûtains, fut d’abord montée en pierre et pisé, par économie, avant d’être réalisée ensuite entièrement en pierre. "La reine Anne d’Autriche s’était aménagée un appartement dans le pavillon situé à l’angle nord-est du grand cloître.Deux galeries voûtées, dont les arcs doubleaux retombent sur des piliers, constituent le rez-de-chaussée et l’étage. Les travées placées entre chaque pilier prennent jour sur une cour centrale convertie en jardin régulier composé en parterres de broderie. Les galeries sont percées de larges baies cintrées, aujourd’hui vitrées, alors que les niveaux supérieurs sont éclairés de simples fenêtres et de lucarnes à fronton.Le cloître possède quatre façades intérieures qui lui donnent un aspect noble et sévère. Une certaine monumentalité est en outre donnée par les pilastres colossaux qui embrassent les deux galeries d’arcades. A l’extérieur, la façade orientale reprend la même ordonnance, à quelques détails près. Elle s’articule surtout autour d’un large large balcon de ferronnerie et d’un grand fronton décoré des armes de France et d’Autriche, protégées par un manteau royal".

La galerie constitue un extraordinaire témoignage de l'histoire de la médecine militaire. J'y découvre Desgenettes, cher aux lyonnais, lors de l'Expédition en Egypte. "
Dufriche-Desgenettes (il a pris la précaution de supprimer la particule pour démocratiser son nom) s'enflamme pour les idées nouvelles et entre en relations avec l'élite du parti girondin, notamment Buzot, Guadet, Rolland, Rabaud-Saint-Etienne, Condorcet. Deux ans plus tard, la chute de ses amis dont la plupart finissent sur l'échafaud l'incite à quitter momentanément Paris pour se réfugier à Rouen. Sur les conseils de son maître Vicq d'Azyr, il demande alors à servir dans l'armée et, en raison de sa connaissance de la langue italienne, est affecté en mars 1793 à l'hôpital ambulant de l'armée de la Méditerranée. On le retrouve ainsi à Fréjus, Grasse, Antibes, Sospel, Orneilles, Nice. Au cours de ses déplacements, il rencontre à plusieurs reprises un jeune capitaine d'artillerie, Napoléon Bonaparte, dont la maîtrise et le sens du commandement l'impressionnent vivement.
Affecté par la suite à la division commandée par le général Masséna qui apprécie très vite ses qualités, Desgenettes lutte avec succès contre une épidémie de typhus. Atteint lui-même par la maladie, il a la chance d'en guérir grâce à sa solide constitution et à une volonté exemplaire. De retour à Paris en mars 1795, il est nommé, en récompense de ses services médecin ordinaire de l'hôpital d'instruction militaire du Val-de-Grâce et, un an plus tard, professeur de physiologie et de physique médicale. Son grand souci, dès qu'il est parvenu sur la terre d'Afrique, est d'instaurer des mesures d'hygiène et de prophylaxie rigoureuses: désinfection des vêtements, ablutions aussi fréquentes que possible, nettoyage régulier des locaux réservés à la troupe, surveillance des rations alimentaires. En même temps, il s'efforce par tous les moyens de lutter contre la démoralisation des soldats. C'est ainsi que la peste ayant fait son apparition dans les rangs de l'armée au cours de sa marche à travers le désert de Syrie, il nie l'existence de la maladie et ordonne que ce nom maudit ne soit jamais prononcé. Plus encore, afin de démontrer que l'affection n'est pas contagieuse, il n'hésite pas à s'inoculer sous la peau à l'aide d'une lancette une goutte de pus prélevée sur un moribond.

Une autre scène va immortaliser le nom de Desgenettes. Elle se situe le 28 avril 1798. Ce jour-là, le général Bonaparte se voit dans l'obligation, après un 3e assaut infructueux, de lever le siège de la forteresse de Saint-Jean d'Acre. Après avoir pris ses dispositions afin de permettre à l'armée de se retirer en bon ordre, il demande au personnel du Service de Santé d'évacuer les blessés et les malades. Parmi ceux-ci on comptait un certain nombre de pestiférés en très mauvais état. Les abandonner aux Turcs, c'était les condamner aux pires supplices, les emmener c'était courir le risque de contaminer les éléments sains de l'armée. C'est alors que Bonaparte, en présence du général Berthier, son chef d'état-major, va demander à Desgenettes de mettre fin à leurs souffrances en leur administrant une forte dose d'opium.
La réponse du médecin ne se fait pas attendre. "Mon devoir à moi, réplique-t-il, avec hauteur, c'est de les conserver".
Devant une aussi ferme résolution, le général en chef est obligé de s'incliner et, grâce à cette intervention courageuse, les mourants seront transportés jusqu'à Jaffa. Quelques jours plus tard, contraint à abandonner la ville sous la pression de l'ennemi, Bonaparte va se poser à nouveau la question de leur évacuation ou de leur élimination. Renonçant à s'adresser à Desgenettes dont il connaît par avance la réponse, il obtiendra du pharmacien en chef de l'expédition, Claude Royer, la quantité de laudanum suffisante pour hâter la fin de quelques malheureux. A la suite de cette triste affaire, une certaine tension s'établit entre le général en chef et le médecin, tension qui allait se manifester à nouveau certain jour où, après le retour de l'armée au Caire, Bonaparte devait déclarer devant les membres de l'Institut d'Égypte que "la chimie était la cuisine des médecins". A ces paroles, Desgenettes monte sur ses grands chevaux et interroge: "Comment définissez-vous la cuisine des conquérants"?.
Sans répondre, Bonaparte hausse les épaules et lui tourne le dos.
Jusqu'au départ du général pour la France le 22 août 1799, les deux protagonistes ne vont plus guère s'adresser la parole. Demeuré en Égypte sous les ordres d'abord du général Kléber, puis du général Menou, Desgenettes ne rentre en France qu'en 1801, après l'accord signé avec l'Angleterre sur le rapatriement des troupes. Bonaparte, devenu Premier Consul de la République ne paraît pas se souvenir de leurs différends et le fait nommer médecin en chef du Val-de-Grâce et professeur d'hygiène à l'École de Médecine."
En parcourant la galerie, on rencontre d'autres grandes figures de la médecine militaire, Bégin, Percy, Larrey ect... et on voit au nombre des médecins militaires qui en meurent, les dégâts du Typhus, de la peste, de la fièvre jaune.
Nous sommes devant l'escalier de la reine. Le nouveau pavillon de la reine au nord-est de l'abbaye, construit sur un dessin de Pierre Le Muet à partir de 1654-1655, comprend des pièces sur deux niveaux (salle basse servant d'ermitage et appartement comprenant chambre à alcôve et cabinet à l'étage). Il est desservi par un escalier montant de fond, construit dans un pavillon hors oeuvre. Il s'agit d'un escalier à « vuide à la moderne ». Ses volées droites sont soutenues par des voûtes en demi-berceau s'épaulant les unes les autres et prenant leur départ contre les murs de la cage. La rampe est composée de panneaux étroits avec des balustres à l'intérieur. Leur panse rectangulaire est doublée d'enroulements divergents rappelant le col et le pied. Une frise continue d'ovales double le sommier, une autre frise haute est composée d'esses affrontées. Le chiffre de la Reine était vraisemblablement contenue dans le vide central des balustres. Les assemblages sont faits par des colliers. Nous allons maintenant découvrir le clou de la visite, l'église. 
La glorieuse église qu’elle bâtit est aussi destinée à manifester son pouvoir après qu'elle a vaincu la Fronde, épaulée par Mazarin. Ne regardant pas à la dépense, elle fait appel aux meilleurs artistes de l’époque comme François Mansart, Jacques Lemercier, Michel Anguier, Pierre Mignard ou Philippe de Champaigne.  Élevée à partir de 1645, l'abbaye royale du Val-de-Grâce est un chef d’œuvre de l'architecture religieuse de la contre-réforme. la reine Anne d'Autriche, épouse de Louis XIII, avait fait vœu de dédier à la Vierge, "Notre-Dame de la Crèche", un "temple magnifique" si Dieu lui donnait un enfant. Ce fut chose faite en 1638, quand naquit le futur Louis XIV, après plus de vingt ans d'union stérile. L'édification du monument mobilisa les architectes parmi les plus célèbres du Grand Siècle : François Mansart, Jacques Lemercier, Pierre Le Muet...Pourquoi 3 architectes ? Le 5 septembre 1638, après vingt-trois années de mariage, naît enfin le futur Louis XIV. Dès le mois précédent sa naissance, Anne d'Autriche, fidèle à sa promesse, charge François Mansart, l'architecte de la Couronne, d'établir les plans de l'église et du nouveau monastère. Il lui faut cependant attendre de devenir régente pour pouvoir ordonner le commencement effectif des travaux. La première pierre de l'église n'est donc posée que le 1er avril 1645, par l'enfant roi lui-même, alors âgé de sept ans. Mansart établit les plans mais Anne le trouve trop lent, trop perfectionniste et confie les travaux à Jacques Lemercier.  L’architecture, le décor peint et sculpté, ainsi que le maître-autel surmonté d’un baldaquin font de l’église un brillant compromis entre le baroque italien et le classicisme français naissant. 
Des statues figurant des Enfants portant une lampe enflammée, exécutées en pierre de Saint-Leu par Philippe de Buyster (1595-1688), sont placées à l’aplomb des pilastres rythmant le tambour du dome, laissant apparaître entre elles un grand médaillon orné d’une fleur de lys. Ces anges adolescents, dotés d’ailes, sont représentés nus ou vêtus d’une légère draperie, et adoptent des attitudes variées. Ils portent une lampe enflammée sur leur tête, qu’ils maintiennent d’une main. Les originaux sont à l'abri  dans le chœur des religieuses. car la pollution et les intempéries les avaient endommagés.  Victimes des intempéries et de la pollution, les anges et les génies décorant les extérieurs du Val-de-Grâce ont beaucoup souffert depuis qu’ils sont sortis de l’atelier renommé du sculpteur flamand Philippe de Buyster, en 1661. « Pour ne pas dépouiller l’édifice de ce véritable ballet de statues, il fallait effectuer des copies », raconte l’architecte en chef des monuments historiques, Stéphan Manciulescu. Ainsi, les répliques des seize génies ont été réalisées à l’ancienne avant de rejoindre les airs. " Nous avons sélectionné quatre ateliers qui ont travaillé côte à côte, ajoute l’architecte. Cette jolie expérience a tiré les savoir-faire vers l’excellence, dans un bel esprit d’échanges professionnels entre les quinze sculpteurs."
 
Dans le fond du chœur des religieuses, on remarque une sorte de moucharabieh grillagé. chez les bénédictines on ne transigeait pas avec la religion, et les malades, dans une sorte d quarantaine, pouvait assister aux offices , tenus à l'écart de leurs sœurs. Le Chœur des religieuses était fermé par une grille toujours en place donnant sur le côté droit de l’église au niveau de la coupole. Les nonnes pouvaient ainsi suivre les offices de cet endroit qui permettait de voir le maître-hôtel entre les colonnes du baldaquin.

Philippe Brinas Caudie nous parle des des ordres religieux. Dissoudre les ordres religieux contemplatifs, interdire les vœux et donc fermer les monastères, cette décision est prise par la Constituante le 13 février 1790. Elle est complétée par la loi du 6 avril 1792 interdisant le port du costume religieux et supprimant les confréries et les congrégations. Les bonnes sœurs sont ainsi lâchées à la rue et pour nombre d'entre elles, la seule solution pour survivre est la prostitution. Certaines religieuses se prostituent autour du Palais Royal, parfois en tenue qui leur confère un certain succès pour assouvir le fantasme des clients. A cette époque, on a établi que 42% des femmes se prostituent ca qui rend la pratique peut rémunératrice à cause de l'offre abondante et de la demande qui ne suit pas. 
Nous découvrons l'église, sa coupole peinte et son extraordinaire baldaquin. Elle a un plan en croix latine et un dôme visible du parvis de l'église. Une croix latine, croix christique ou crux immissa est une croix dont la branche inférieure est plus longue que les autres. Sa forme rappelle celle des représentations (peintures, sculptures) de la crucifixion du Christ,

En 1665, Gabriel Le Duc fut chargé d’édifier le monumental baldaquin du maître-autel, qui fait clairement référence au baldaquin érigé à Saint-Pierre de Rome par le fameux Gian Lorenzo Bernini. Ce baldaquin est formé de six colonnes-torses à chapiteau doré, d’ordre composite, enlacées de rameaux de bronze doré. Leur fût est noir veiné de blanc, cannelé jusqu’au tiers de la hauteur, puis à fût lisse et brun, veiné de blanc.

Le 25 mars 1665, furent commandées à Michel Anguier « les trois figures de la cresche sçavoir de la Vierge de Sainct Joseph et l’enfant Jesus, d’un grand naturel ». Le sculpteur fut également rétribué pour les quatre anges de bois doré placés en amortissement des colonnes du baldaquin et pour les huit angelots virevoltants avec des phylactères autour du couronnement. Pour ces statues, comme pour les ornements et reliefs de la croisée, de la nef et des chapelles, Anguier soumit des modèles en terre à l’approbation des architectes.

Cette crèche, représentée au-delà de la taille humaine, est réduite à sa plus simple expression : l’Enfant, la Vierge et saint Joseph. La mère est agenouillée, les bras croisés sur la poitrine, dans une attitude de recueillement, de calme vénération et de tendresse. À l’opposé Joseph, bras ouverts dans un jaillissement de tissus, opère une génuflexion qui semble tempérer un élan trop impétueux. Tous deux, par l’inclinaison des corps, s’inscrivent dans une composition en arc de cercle qui se referme de manière protectrice sur l’Enfant . Tourné vers sa mère, celui-ci est allongé sur une crèche de rondins liés, emplie de blé en gerbe et couverte d’un drap amplement plissé. En fait, Philippe Brinas- Caudie nous explique que la figure de la Vierge est en fait celle d'Anne D'autriche, le Saint Joseph et son élan impétueux et enthousiaste a les traits de LouisXIII et l'enfant Jésus est le futur Louis XIV. Cette crèche est le symbole et marque le début de la monarchie absolue. Le 7 juin 1653, Louis XIV est sacré roi de France dans la cathédrale de Reims. Cette date marque le début de la monarchie dite absolue. Le roi concentre presque tous les pouvoirs, en limitant fortement ceux de l’Église, de la noblesse et du parlement. Pour obtenir ce résultat, il s’appuie sur l’idée que son pouvoir est de droit divin. En effet, sur l'autel, la Vierge Marie est Anne, l'enfant Jésus est le futur LouisXIV qui s'identifie à Jésus.
En 1663, Pierre Mignard , assisté d'Alphonse Dufresnoy, exécute le grand décor de la coupole principale, puisant son inspiration dans l’exemple du Corrège au Duomo de Parme. Empruntant le tourbillonnement vertigineux des figures au maître italien, Mignard compose La Gloire des Bienheureux. Il utilise la technique de la peinture à la fresque. La peinture à fresque est une technique particulière de peinture murale dont la réalisation s'opère, avant qu'il ne soit sec, sur un enduit. Le terme fresque vient de l'italien « a fresco » qui signifie « dans le frais », à l'opposé de peinture « a secco » (« à sec ») . Le fait de peindre sur un enduit frais permet aux pigments de pénétrer dans la masse, et donc aux couleurs de durer plus longtemps qu'une simple peinture en surface sur un substrat. Son exécution nécessite une grande habileté, et se fait très rapidement, entre la pose de l'enduit et son séchage complet. L'enduit étant frais, les couleurs s'imprègnent dans l'enduit, qui contient une substance appelée calcin. Le calcin durant le séchage de l'enduit, migre vers la surface et se superpose à la peinture créant ainsi une couche protectrice. Cette réaction chimique, appelée carbonatation (par évaporation de l'eau de l'enduit, le gaz carbonique de l'air se combine avec l'hydroxyde de calcium de la chaux pour former une pellicule de carbonate de calcium, le calcin), est caractéristique de la peinture à fresque et lui confère cohésion et dureté. Pour renforcer celle-ci le peintre passe sur la surface colorée la "langue de chat", un certain temps après avoir posé sa couleur, et, entre chaque couche pigmentée, l'eau remonte en surface et dépose le calcin, c'est pour cette raison que certaines fresques paraissent polies. Le peintre ne dispose que de 30 minutes pour peindre sur l'enduit frais : il doit donc diviser la coupole en segments. Pour peindre cette immense surface, il ne met que 14 mois.
L’Agneau immolé, entouré d’anges adorateurs, et le chandelier à sept branches, attirent les premiers regards. Plus haut, un ange porte le Livre scellé des sept sceaux, où sont inscrits le nom des élus ; la croix et la couronne d’épines apparaissent dans les airs, portées par cinq anges. La Sainte Trinité paraît sur un trône de lumière : Dieu le Père, une main étendue pour bénir et l’autre, tenant le globe du monde, le Fils, lui présentant les élus, et la colombe du Saint-Esprit). Le chœur des anges et de nombreux chérubins entourent la Sainte Trinité. La Vierge est agenouillée devant la croix, avec Marie-Madeleine et les saintes femmes. Saint Jean-Baptiste, sa croix à la main, se tient vis-à-vis de ce groupe de figures.
Saint Ambroise et saint Jérôme se tiennent à la droite de l’Agneau ; saint Augustin et le Pape saint Grégoire, à sa gauche. Plusieurs figures de l’Ancien Testament (Moïse, David, Abraham, Josué…) occupent le bord opposé faisant face au maître-autel. En emportent l’arche d’Alliance, des anges nous apprennent que l’ancienne Loi fait place à la la Loi de grâce.
Ces quatre saints sont suivis par Saint Louis et sainte Anne. Celle-ci conduit la reine Anne d’Autriche, qui dépose sa couronne et présente le temple qu’elle vient d’élever à la gloire de Dieu. Derrière saint Ambroise et saint Jérôme, Mignard dispose les apôtres, les douze apôtres et un nombre infini de martyrs.





Les grandes arcades de la nef sont décorées de pilastres cannelés à chapiteau corinthien, qui s’élèvent jusqu’à l’entablement.
Au-dessus d’une corniche à modillons, les larges baies vitrées de l’étage laissent pénétrer la lumière naturelle. Des angelots, porteurs de couronnes et de fleurs, encadrés de feuilles d’acanthe et de rosaces, occupent les voussures des baies vitrées. La voûte de la nef, en berceau à lunettes pénétrantes, est entièrement décorée de caissons à frise d’entrelacs, sculptés d’anges porteurs de candélabres ou de phylactères, de six grands médaillons décorés d’effigies de saints et de saintes (la Vierge Marie, Joseph, sainte Anne, saint Joachim, sainte Élisabeth, saint Zacharie), sortis du ciseau de Michel Anguier.


Comme les autres fois, la prestation de Philippe Brinas-Caudie a été brillantissime.En visitant la bibliothèque Nationale de France, (https://www.lemounard.com/2025/01/paris-la-bibliotheque-nationale-de.html), nous avions découvert le couple Anne d' Autriche-Mazarin au service de la France et vu la transformation d'une reine sans pouvoir en une régente omnipotente, la visite du Val de Grace, nous confirme l'importance de cette femme pour notre pays. "Elle a décidé  de poursuivre, au grand dam des dévots, la lutte armée contre les Habsbourg de Madrid et de Vienne, comme d'assumer l'exercice autoritaire de la souveraineté, quitte à rompre avec les « lois anciennes et ordinaires » de l'État royal - la France, rappelons-le, s'était engagée en 1635 dans la guerre de Trente Ans, ce qui signifiait, pour la reine, se battre contre son frère, Philippe IV."Une des conséquences de sa politique sera l'accession des Bourbons au trône d'Espagne à la place des Habsbourg. 

"Au début de l’époque moderne, par une politique de mariage très soutenue (et très efficace), la dynastie habsbourgeoise se met en effet à littéralement encercler de ses possessions une France qui vient tout juste de se débarrasser de l’occupant anglais, faisant rapidement de cette grande Monarchie autrichienne le nouvel ennemi n°1 des souverains Valois puis Bourbons successifs. De François Ier à Louis XV, la lutte contre l’« ennemi héréditaire Habsbourg » va ainsi constituer l‘alpha et l’oméga de la politique extérieure de la France.
Cette grande rivalité franco-habsbourgeoise, qui a structuré la géopolitique européenne durant près de trois siècles, finit cependant par être dépassée au début du XVIIIe siècle, moment où la France parvient à briser définitivement l’encerclement en privant les Habsbourg de leur grande Couronne d’Espagne."

"Avant de mourir en 1700, le dernier roi de la maison de Habsbourg, Charles II, a légué ses États au duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, qui fut, sous le nom de Philippe V, le premier Bourbon d'Espagne. Charles II, malgré ses répugnances, s'était fait l'interprète du sentiment général: on comptait sur la nouvelle dynastie pour restaurer la monarchie.Après la guerre de succession d'Espagne, Philippe V, puis Ferdinand VI et Charles III, ses fils, servis par d'excellents ou de bons ministres, ont mené avec succès ce relèvement."C'est ce que Philippe Brinas-Caudie appelle la théorie de la pince à sucre. Sous Louis XIIl, la France est prise en tenaille comme un sucre dans sa pince et quand les Bourbons accèdent au trône d'Espagne c'est le sucre qui gagne.
Nous discutons un long moment avec lui de l'époque, des enfants qui lisent, de la perte de culture, De Molière et de ses "nègres"(les frères Corneille), du non-sens que font nos journalistes quand ils parlent d'absolutisme. Puis il s'en va, haut de forme et redingote, une image de la "Belle Epoque".
Autres visites avec Philippe Brinas-Caudie : Le Temple, les templiers, les rois maudits. 
https://www.lemounard.com/2025/03/paris-les-templiers-et-les-rois-maudits.html
La Plaine Monceau, les cocottes : 
 https://www.lemounard.com/2022/11/la-plaine-montceau-et-les-fastes-du.html
L'hotel Particulier de la Paiva :  
https://www.lemounard.com/2022/11/paris-visite-de-lhotel-particulier-de.html






 


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