mardi 4 mars 2025

PARIS, FLANER AU HASARD DANS LE MARAIS, LA PLACE DES VOSGES, LA RUE SAINT PAUL




 En quittant l’hôtel, rue Caron, je découvre cette étrange fontaine. La fontaine de Jarente, parfois appelée fontaine de la Poissonnerie ou fontaine d'Ormesson, est une fontaine parisienne située au fond de l'impasse de la Poissonnerie. Elle date de 1783 quand on ouvre de nouvelles rues. Cette impasse de la Poissonnerie est occupée alors par des poissonniers qui ont besoin d'eau. C'est monsieur Caron qui en dessine les plans. 

La fontaine se présente comme un massif adossé au fond de l'impasse. Encadrée par deux pilastres et surmontée d'un fronton triangulaire, elle est décorée d'un bas-relief central montrant un faisceau de licteurs, des dauphins et des cornes d'abondance. En retrait et de chaque côté, deux portes, surmontées d'une sculpture en rosace, donnent accès au bâtiment en arrière. Au-dessus du fronton, engagée dans le mur, une composition architecturale en pyramide moulurée prolonge la construction et la fait culminer à une hauteur d'environ 7 mètres. Près du sol, un filet d'eau sort d'un mascaron de bronze en tête de satyre. L'appareillage général de la construction est décoré dans le style « à congélation », que l'on note sur les pilastres et le linteau. Le fronton est décoré d'une bouche d'eau déversant un flot gelé.La fontaine était alimentée par l'adduction des eaux de l'Ourcq.

 

Je ne sais plus si cette admirable hotel particulier se trouve rue de Turenne ou rue de Sévigné. Je prends la rue des Francs Bourgeois jusqu'à la place des Vosges, ancienne place Royale.


La place fut rebaptisée après la Révolution Française et devint Place des Vosges en hommage à cette région du nord-est, à la frontière allemande et luxembourgeoise, qui fut la première à verser les taxes levées par le nouveau gouvernement révolutionnaire Français.

Construite à l'initiative du roi Henri IV à partir de 1605, sur l'emplacement de l'ancien Hôtel Royal des Tournelles. Des architectes Louis le Vau (1612-1670), Louis Métezeau (1581-1652) et Claude Chastillon (1559-1616) participent à sa réalisation. 

 


Le square LouisXIII à 4 fontaines qui occupent le centre de la place autour d'une statue équestre de Louis XIII qui date de 1889.  La place formée par un carré de 108 m est encadrée de ses trente-six pavillons ( neuf de chaque côté de la place) , la hauteur des façades est égale à leur largeur.Les toits bleus sont en ardoises d'Angers et les fenêtres sont encadrées de pierres blanches et de briques rouges. Les arcades sont à la fois un lieu de promenade et abritent des galeries marchandes.


 

Le Pavillon de la Reine. Situé au 28 Place des Vosges dans le Marais, il est construit entre 1605 et 1608. Il se trouve au côté opposé du Pavillon du Roi dont il est quasiment symétrique. Il s’en distingue par un médaillon symbolisant les Médicis sur son arcade. En effet, la Place des Vosges est imaginé pour Henri IV et la Reine Marie de Médicis. Suite à l’assassinat de ce dernier, elle sera finalement terminé pour Louis XIII.  C’est à Anne d’Autriche (1601-1666) que la bâtiment doit son nom. Reine de France de 1615 à 1643 puis Régente de 1643 à 1651. Elle se retirera en fin de vie à l’abbaye du Val de Grace que nous visiterons avec Philippe Brinas-Caudie la semaine prochaine.


Au numéro 6, nous entrons dans la maison de Victor Hugo.  L’hôtel de Rohan-Guéménée, propriété de la Ville, devient musée en 1902, à l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain sous l’impulsion de Paul Meurice. Proche du poète, il avait constitué une vaste collection consacrée à Hugo, il en fit alors don à la Ville de Paris. Le cabinet de travail, la chambre, le salon chinois, la salle à manger... Toutes ces pièces où Victor Hugo a vécu, où il a imaginé et écrit quelques-unes de ses plus grandes œuvres, où il a reçu ses amis et ses maîtresses.

On passe dans les pièces de  vie, on découvre ses passe-temps, ses meubles, ses relations, ses passions. Des éditions originales, peintures et sculptures lui rendant hommage, estampes, photographies, caricatures. Juliette Drouet jeune, puis très vieille. Hugo par Rodin, Hugo sur son lit de mort.

 Juliette Drouet, "c'est l’histoire d’une orpheline indigente devenue courtisane, d’une actrice en vue qui abandonne sa carrière pour se consacrer au plus célèbre écrivain de son temps, Victor Hugo, et connaît avec lui, pendant un demi-siècle, une passion faite de gloire et de deuils, de confiance et de trahisons, d’ amertume et d’exaltation, d’exil et de voyages.
C’est l’histoire d’un couple illégitime qui invente l’amour libre.
C’est l’histoire du romantisme, du siècle des révolutions et de la marche vers la République, vécue, faite et observée par une femme.
Âme sœur, collaboratrice, première lectrice, copiste, soutien moral, éternel recours, Juliette Drouet fut, par son humour et son esprit, une des rares à tenir à « l’homme-siècle » un discours de vérité. Parce qu’elle sut se faire aimer d’un des plus grands génies de son temps, transformer sa servitude volontaire en liberté, sensibiliser Hugo à la cause des femmes et lire à livre ouvert dans son époque chahutée, elle fut, à sa manière naïve et inspirée, ardente et sage, la compagne du siècle."




J'ai la chance qu'un portail s'ouvre pour que la femme de ménage puisse laver le pavé et l'entrée d'un des pavillons ce qui me permet d'avoir accès à la cour. J'avise ensuite un passage qui me conduit à l’hôtel de Sully. Depuis notre dernier passage, nous avons nos habitudes à la librairie de l’hôtel Sully qui est une librairie du patrimoine où on peut trouver des tas de livres comme "Le Marais, Evolution d'un paysage urbain" qui propose des promenades dans le Marais avec de nombreuses références historiques. D'abord le jardin de l’hôtel de Sully, tracé au XVIIe siècle, ce jardin s’articule autour de quatre pelouses cerclées de buis , avec une orangerie, le  bâtiment du Centre des monuments nationaux donne sur le jardin

L'histoire de l'Hôtel de Sully commence en 1624, quand le contrôleur des finances Mesme Gallet décide de se faire construire un hôtel particulier en plein Marais, quartier où il est de bon ton d'habiter. Sa demeure ne manque pas de charme : elle est agrémentée d'un jardin et d'une orangerie, et donne accès à la place Royale (actuelle place des Vosges).
Maximilien de Béthune, premier duc de Sully, ancien ministre des finances et surintendant des bâtiments du roi Henri IV, le rachète en 1634. Le vieil homme en achève le décor et y vit ses dernières années. Son petit-fils Maximilien, second duc de Sully, fait construire une aile supplémentaire à l’édifice en 1660, à l’ouest du logis côté jardin. L’Hôtel de Sully porte encore aujourd’hui le nom de cette famille qui l’occupe jusqu’au XVIIIe siècle.

La cour est entourée sur trois côtés par de puissants corps de logis de même hauteur. Les façades offrent un décor sculpté maniérisant. À l’origine, l’hôtel devait être construit en brique et pierre, comme la place Royale, mais Mesme Galet préféra une construction tout en pierre pour pouvoir y sculpter un riche décor : frontons, mascarons, coquilles, linges. Sur les ailes, des niches abritent des figures en bas-relief représentant les Quatre Éléments : à gauche, L’Air et Le Feu, à droite, L’Eau et La Terre. Le corps principal, en revanche, est orné de deux Saisons : L’Automne et L’Hiver, figurés par Bacchus et un vieillard drapé frileusement. L’accès au corps de logis se fait par un pont gardé par deux sphinges.
Au centre de la demeure qu’il coupe en deux s’élance le grand escalier central à mur d’échiffre « à l’italienne », tout en pierre. Il fait office de passage vers le jardin.
On retrouve sur la façade, côté jardin, les deux autres saisons représentées par Flore et Cérès : Le Printemps et L’Été. Une terrasse, suivant la mode de l’époque, domine le jardin. Elle est bordée, à droite, par un décor à arcades feintes d’origine, et, à gauche, par l’aile construite en 1661, qui reprend harmonieusement la façade Louis XIII.
Je passe dans la rue Saint Antoine que je traverse pour revisiter l'église Saint Paul et Saint Louis.
C'est ici que prêchait Bourdaloue qui y est enterré près de la chaire. "Ainsi à l’âge classique, la prédication retrouve son faste, avec le jésuite Bourdaloue, dont la véhémence et l’art dramatique déplacent les foules.""On se presse à ses sermons qui débutent à 15h, on y retient sa place ! Il fallait qu’il prêchât dans un lieu plus accessible ; la presse et les carrosses y font une telle confusion que le commerce de tout ce quartier-là (église Saint-Jacques de la Boucherie) en est interrompu. "Le sermon dure environ 1h30. On lit dans les Mémoires de Théophile Gautier : « Pourquoi ces petits vases allongés s’appellent-ils des bourdalous ? Voici : c’est que l’illustre prédicateur faisait de si interminables sermons, que les femmes durent prendre, contre leur longueur, certaines précautions que nous croyons inutile d’expliquer. »
Je m'engage ensuite dans la rue St Paul. Sur la droite, il y a le petit Passage Saint Paul, une impasse de 60m piétonnier mais qui comporte de nombreux chasse-roues qui montrent que les véhicules pouvaient l'emprunter. Il y a ensuite une rue en équerre, pittoresque, la rue Eginhard qui porte le nom de l'historien de Charlemagne. Elle débouche sur la rue Charlemagne où se trouve le lycée Charlemagne qui était l'ancienne maison professe des Jésuites attachés à l'église ST Paul-St Louis dont le chevet donne sur la cour du lycée. L'enceinte de Philippe Auguste est visible sur un des murs du lycée. 

La fontaine Charlemagne date de 1840, sur les cotés des pilastres doriques et sur le fronton un écusson aux armes de Paris. A l'intérieur de la niche, un enfant symbolisant un génie de la mer, porte une coquille Saint Jacques d'où l'eau retombe sur une vasque en fonte. Au numéro 6, on remarque l'inscription gravée de l'ancien nom de la rue, la rue des Prestres. Le 12 désigne le douzième quartier, le quartier de la Mortellerie institué de 1702 à 1790.
Je retourne rue St Paul et je tombe en arrêt devant une devanture " L'Ardèche à Paris". Je rentre pour voir ce qu'on y vend : au hasard, "le Temps qui Reste" de Salel et Renaud, quelques bons flacons de Arsac, les saucissons de Moulin au Cros de Géorand, des fromages qui me rappelle le superbe chariot de fromages qu'Alain proposait à Neyrac avant la Covid, les chocolats de la maison Vertueux. En fait, j'en ai déjà parlé dans mon premier itinéraire dans le Marais. Elle appartient à Laurent Haond, originaire de Montpezat sous Bauzon, qui photographie le Plateau, la neige, le silence avec talent.  En face, un magasin de décoration très original tenu par des messieurs très"Marais" chez qui j'achète une paire de boucles d'oreilles en forme de croix madonienne pour ma belle et douce "La Male d'Efeene". C'est une extraordinaire caverne d'Ali Baba,articles de décoration, parfums, sacs, accessoires de mode, pièces insolites et , en face, à l'angle de la rue Charles V, l'Oenotheca où nous déjeunerons à 13h, jambon de San Daniele, pasta, à la vongole pour moi avec une superbe sauce, al dente comme il faut pour Catherine et un tiramisu avant de reprendre le train. La rue Charles V est très intéressante.
Quelques beaux mascarons de faunes et de satyres, et de petits balcons élégants. Il y a aussi un bâtiment occupé par université de Paris VII, crée en 1550 qui appartenait à Claude Mallier, contrôleur général des Finances. la façade haute d'un étage est ornée de garde-corps très élégants en fer forgé.
J'ai la chance de pouvoir entrer dans une cour en suivant un des habitants. L'escalier est somptueux, la cour n'a pas changé depuis sa construction. On se croirait en province à 2 pas de l'agitation de la rue St Antoine. La Brinvilliers habitait au 12. Marie-Madeleine Anne Dreux d'Aubrey (1630-1676), marquise de Brinvilliers est une empoisonneuse du XVIIe siècle. Elle s'est rendue coupable de nombreux crimes par empoisonnement. Fille aînée d'Antoine Dreux d'Aubrey, elle dit lors de son procès avoir été violée à 7 ans et avoue avoir eu des relations incestueuse avec ses deux frères cadets. Richement dotée, elle épouse en 1651 le marquis de Brinvilliers qui lui enseigne les rudiments des poisons. Elle empoisonne son père, puis ses frères pour hériter, puis tente de tuer son mari mais échoue, son amant, Gordon Sainte-Croix, lui ayant administré une antidote. À la mort de celui-ci, la marquise de Brinvilliers est démasquée, la police ayant retrouvé chez lui un coffret avec les fioles de poison. Elle s'enfuie en Angleterre, puis en Belgique où elle est arrêtée à Liège. Elle est jugée, condamnée à mort et décapitée en place de Grève le 17 juillet 1676.
Je termine mon parcours rue Beautreillis où rodent les fantômes de 3 personnages mythiques, Charles Beaudelaire, Paul Cézanne et Jim Morisson. Charles Baudelaire et Jeanne Duval habitaient au 22 de la rue où Paul Cézane avait aussi son atelier. Jim Morrison, qui habitait au 19, y cherchait son inspiration avant de rejoindre la place des Vosges par la rue de Birague où le peintre britannique Francis Bacon avait son pied à terre.  
Autre promenade dans le Marais : https://www.lemounard.com/2025/02/paris-au-hasard-dans-le-marais.html

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