mercredi 1 janvier 2025

PARIS, LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE

 Après la Saga des Grands Magasins, nous avons décidé de visiter la bibliothèque Nationale de France, pour cela, nous avons choisi une visite guidée avec Pierre Yves Jaslet, guide conférencier. Nous retrouvons notre guide devant le batiment. Il commence par nous présenter les batiments, très hétéroclites car depuis le XVIIIème siècle, ils ont été agrandis, remodelés par des architectes de style et d'époques très différents.yL’origine de la Bibliothèque Nationale est très ancienne : elle était constituée sous la monarchie de la bibliothèque du roi. Elle va beaucoup voyager au fil des siècles. Au début du XVIIIe siècle. La bibliothèque va occuper une partie de l’hôtel de Nevers.  

L' histoire du batiment commence avec l’hôtel Duret de Chevry, construit à partir de 1635 par l’entrepreneur Jean Thiriot dans le style brique et pierre. Le maître d’ouvrage est Charles I Duret de Chevry (1564-1636), un riche financier, président de la Chambre des Comptes. Il habitet  dans le Marais et veut se rapprocher du quartier de la finance situé autour de la rue Vivienne. A sa mort en 1636, son fils Charles II Duret de Chevry continue les travaux jusqu’en 1641. En 1641, l’hôtel Duret de Chevry est vendu inachevé à Jacques Tubeuf, contrôleur général des finances et va prendre le nom d’hôtel Tubeuf. En 1643, le cardinal Mazarin (1602-1661) loue puis achète l’hôtel Tubœuf. Dès 1644, l’hôtel est agrandi sur le jardin par une aile perpendiculaire au logis. Dans cette aile, deux éblouissantes galeries superposées sont réalisées par l’architecte François Mansart et destinées aux collections du cardinal. Appelée galerie Mansart, la « galerie basse » servait à exposer les collections de statues antiques du cardinal. La galerie conserve encore quelques vestiges intéressants : des stucs et grisailles de Giovanni Grimaldi, de larges rinceaux d’acanthes, ornés du chiffre « M » du cardinal et de chapeaux cardinalisés. Située au-dessus, la « galerie haute » est appelé galerie Mazarin. Elle accueillait l’inestimable collection de tableaux du prélat. Mieux conservée, elle possède encore un admirable plafond stuqué orné de peintures de Giovanni-François Romanelli et de Giovanni Grimaldi. En 1646, l’architecte Pierre Le Muet remplace Mansart. Il élève le long de la rue de Richelieu un bâtiment qui abrite les grandes écuries et à l’étage la bibliothèque de Mazarin.

A la mort du cardinal Mazarin en 1661, la partie Est du palais échoit à son neveu, Philippe Mancini, duc de Nevers, et prend le nom d’hotel de Nevers. La partie Ouest du palais est léguée à sa nièce, Hortense Mancini. Sous la Régence, la bibliothèque du roi élit domicile dans l'hotel de Nevers. Dans la cour d’honneur, l’architecte Robert de Cotte (1665-1735) ajoute à partir de 1731 deux ailes au Nord et à l’Est. L’aile Est a conservé son décor XVIIIe. L’aile Nord a été refaite en 1877 par l’architecte Jean-Louis Pascal.

Les bâtiments de l’hôtel de Nevers situés sur la rue de Richelieu sont démolis au XIXe siècle lors du réaménagement de la Bibliothèque nationale. Ils sont remplacés par les bâtiments actuels, peu gracieux, qui longent la rue. Seule subsiste une petite partie de l'hotel de Nevers  visible au nord de la rue Colbert. A l’origine, cet édifice communiquait avec le reste du palais en enjambant la rue Colbert, comme le laisse deviner l’amorce de l’arcade restée en place. Au XIXe siècle, la Bibliothèque royale devient Bibliothèque impériale puis Bibliothèque Nationale. Ses fonds s’accroissent considérablement, passant de 300.000 à 800.000 volumes. La Bibliothèque doit absolument s’agrandir. Son emprise définitive va correspondre au quadrilatère délimité par les rue Richelieu, Vivienne, Colbert et des Petits-Champs. L’hôtel Tubœuf est réaménagé par l’architecte Henri Labrouste (1801-1875) puis intégré à la Bibliothèque Nationale. Entre 1857 et 1867, l’architecte réalise la grande salle de lecture des imprimés, le magasin central et les deux ailes sur les rue de Richelieu et des Petits-Champs. La spectaculaire salle de lecture des imprimés est couverte de coupoles sur pendentifs retombant sur des colonnettes de fonte . De 1906 à 1932, l’architecte Jean-Louis Pascal construit les ailes donnant sur la rue Colbert et la rue Vivienne; il réalise également la fameuse salle des périodiques de forme ovale. Nous entrons dans le batiment et nous pouvons pénétrer dans la spectaculaire salle Labrouste. Nous restons sur le seuil, discrets, sans faire de bruit pour ne pas déranger ou distraire les chercheurs qui consultent des ouvrages ici conservés. Réalisée entre 1861 et 1868, cette salle est le chef-d’œuvre de l’architecte Henri Labrouste. Elle est éclairée par neuf coupoles revêtues de carreaux de faïence qui diffusent une lumière uniforme dans la salle.

Classée monument historique depuis 1983, cette salle réalisée entre 1861 et 1868, pièce maîtresse d’un grand projet de réorganisation de la Bibliothèque nationale, est le chef-d’œuvre de l’architecte Henri Labrouste. Henri Labrouste reprend le principe d’une structure métallique, expérimentée pour la bibliothèque Sainte-Geneviève, mais dans un registre formel totalement différent, rappelant ici l’Orient byzantin.  L'architecture de la Salle Labrouste surprend : contrairement à son apparence extérieure, elle est de forme carrée avec 9 dômes au plafond, soutenus par des colonnes métalliques évoquant des troncs d'arbres. Ce choix architectural crée une atmosphère lumineuse et apaisante, propice à la lecture et à la réflexion.

Située au 2 rue Vivienne dans le , la Salle Labrouste est plus qu'une bibliothèque. Elle est une œuvre d'art à part entière, mêlant les influences antiques, byzantines et baroques avec des matériaux modernes. Les colonnes de fonte, hautes de 10 mètres, supportent des arcs en fer et des coupoles percées d'oculus, permettant à la lumière de baigner l'espace. Avec 1155 m2, elle accueille 342 lecteurs assis et 70 debout, offrant un cadre idéal pour la recherche et l'étude.

La salle est éclairée par neuf coupoles revêtues de carreaux de faïence qui diffusent une lumière uniforme dans la salle. Les coupoles reposent sur des arcs en fer ajourés retombant sur seize colonnes de fonte élancées, contribuant à l’effet de légèreté extraordinaire de cet espace. En 1864, le paysagiste Alexandre Desgoffe réalisa les tableaux au-dessus des rayonnages latéraux qui représentent une nature verdoyante, destinés à inspirer aux lecteurs une sensation de calme et de détente. Trente-six médaillons d’hommes de lettres de tous pays ornent le pourtour de la salle.

 

Initialement, la salle était dépourvue d’éclairage artificiel, par crainte des risques qu’aurait pu faire courir un éclairage au gaz. Lors de l’arrivée de l’électricité, dans les années 1920, furent installées des lampes qui ont été conservées, certaines dotées d’abat-jour en opaline.



Dans le cadre des travaux de rénovation, conduits sous la supervision de l’architecte Bruno Gaudin et l’architecte en chef des Monuments historiques Jean-François Lagneau, c’est toute la structure mais aussi les peintures et le mobilier qui ont été rénovés. Ils ont été nettoyés en profondeur afin de redonner à la salle sa splendeur d’origine, sans modifications.

Le plancher en chêne a été refait à l’identique, le plancher d’origine étant trop abîmé pour être conservé.

Nous nous installons dans la cafétéria pour que le guide nous parle et réhabilite l'image parfois écornée du cardinal de Mazarin.

Quelles furent exactement les relations qui unirent la reine de France Anne d’Autriche, veuve de Louis XIII, et le cardinal Mazarin? 375 ans après leur prise de pouvoir commune, elle comme régente de son fils ,le très jeune Louis XIV , lui comme Premier ministre, les historiens s’interrogent toujours. Si leur couple politique a duré 18 ans, qu’en était-il côté privé?

Selon l’historienne Claude Dulong, experte des onze lettres autographes d’Anne d’Autriche à Mazarin, il y aurait bien eu des rapports charnels entre eux. Mais assez tardivement, vers la fin de la Fronde, entre janvier et août 1652. La reine avait alors 50 ans, le cardinal un an de moins. Evoquant ce point de vue dans le chapitre qu’il signe à ce sujet dans le livre collectif «Les énigmes de l’histoire de France»* récemment paru aux éditions Perrin, l’archiviste-paléographe Thierry Sarmant, conservateur en chef au Service historique de la Défense où il dirige le Centre historique des archives à Vincennes, souligne ne pas le partager. «En l’absence de témoignage décisif, la liaison charnelle paraît matériellement possible, mais psychologiquement peu plausible», estime-t-il. Il argumente ainsi cet avis : «Anne d’Autriche, imbue de son rang, pénétrée de la grandeur de sa fonction, confite en dévotion, aurait-elle fait entrer dans son lit un homme de médiocre naissance, revêtu d’un caractère ecclésiastique… et qui plus est parrain de son fils? Mazarin, dont la sexualité semble avoir été assez indécise, dont aucune aventure féminine ou masculine n’est assurée avant son ministère, était-il assez imprudent ou audacieux pour entretenir une relation qui aurait pu se retourner contre lui?» Thierry Sarmant trouve en outre «troublant» que «la plupart des grands témoins du temps, même les plus hostiles, ne semblent pas croire à une liaison» et que les pamphlétaires ennemis de la reine et de son ministre ne puissent donner des précisions à ce sujet. Dans la mémoire collective, le nom d’Anne d’Autriche appelle celui de Mazarin. Une Espagnole et un Italien – les pamphlets leur ont si souvent reproché leur origine – gouvernent ensemble le royaume pendant la minorité de Louis XIV, et même au-delà. À la cour comme à la ville, complète est la surprise en apprenant que la régente, après la mort de Louis XIII en 1643, a fait le choix de Mazarin comme principal ministre. Peu imaginaient que le cardinal italien, fils spirituel de Richelieu qui, mourant, l’avait recommandé à Louis XIII, lequel l’avait appelé au Conseil; Dès la mort du grand cardinal, serait choisi par Anne d’Autriche, qui n’avait cessé en son temps de craindre le redoutable ministre. "L' ouvrage de Georges Dethan (" Un homme de paix à l'âge baroque ") résume admirablement la politique étrangère du cardinal Mazarin qui poursuivit avec fermeté la lutte contre l'Espagne engagée par son prédécesseur mais qui voulut aussi, de toutes ses forces, mettre un terme aux conflits armés qui dévastaient alors l'Europe.Le brasier de la Guerre de Trente Ans s'éteignit en 1648 avec les traités de Westphalie, heureux aboutissement des négociations auxquelles participèrent avec opiniâtreté les diplomates français sous l'autorité du premier ministre ; la guerre avec l'Espagne connut son dénouement sur les rives de la Bidassoa, le 7 novembre 1659, grâce au traité des Pyrénées dont une clause prévoyait le mariage de Louis XIV et de l'infante Marie-Thérèse, célébré l'année suivante à Saint-Jean-de-Luz. Véritable arbitre de l'Europe, il avait su préparer l'avènement du Roi-soleil et mourut à Vincennes, le 9 mars 1661.

Les études récentes sur Mazarin refusent de privilégier l'homme public au détriment de l'homme privé et nous renvoient un portrait du cardinal moins manichéen que celui auquel nous avait habitué l'historiographie traditionnelle, en exaltant non seulement les mérites du stratège et du négociateur mais aussi les qualités exceptionnelles d'un homme qui avait de l'esprit, du cœur, une grande force d'âme et un goût artistique très sûr."

Nous visitons la fabuleuse salle Ovale.

Salle emblématique du site Richelieu, la salle Ovale, souvent surnommée le « Paradis ovale » a été entreprise en 1897 par Jean-Louis Pascal. Elle est achevée seulement en 1932 par Alfred Recoura. Aujourd’hui, à la fois salle de lecture et lieu de visite et de médiation, la salle est restaurée et ouverte à tous, comme à ses origines.

La salle conçue par Jean Louis Pascal forme un ovale à seize centres de 43m 70 sur 32m 80, avec une hauteur sous verrière de 18m. La lumière dispensée par la verrière éclaire non seulement la salle mais les trois niveaux de galeries ainsi que les magasins situés en dessous, grâce aux dalles de verre du sol. Sous la verrière entourée d'un élégant entrelacs de feuilles d'acanthes dorées, la partie supérieure de l'ovale est percée de seize œils-de-bœuf également vitrés, utilisés pour l'aération. Au-dessus de chacun d'eux vient s'inscrire le nom d'une ville célèbre pour sa portée symbolique dans l'histoire des civilisations et des bibliothèques : apparaissent ainsi Paris, Byzance, Washington, Florence, Athènes, Ninive, Berlin, Alexandrie, Londres, Babylone, Vienne, Thèbes, Rome, Carthage, Pékin, Jérusalem. Ces ouvertures circulaires surmontent les arcades, soutenues par seize paires de colonnes cannelées, à chapiteaux ioniques, en fonte.
 

La forme elliptique garantit une utilisation plus complète des surfaces, une meilleure répartition des imprimés, une surveillance plus facile ; elle permet le maintien des baies d'éclairage nécessaires dans les locaux anciens ainsi que dans les nouvelles pièces. Nous quittons la Bibliothèque en traversant un jardin extraordinaire. Une bibliothèque, quelle que soit son origine, est un assemblage de mémoires fixées sur des supports dont le papier constitue peut-être l’invention la plus prodigieuse et universelle. Il est le résultat d’un savant procédé au cours duquel les tissus des arbres et des herbes, leurs fibres, sont transformés en une pâte à fabriquer des pages dont l’assemblage peut devenir un livre. Liber, partie vivante de l’écorce, sur laquelle on écrivait autrefois, a donné le mot livre. Si dans les rayonnages de ses magasins, à l’intérieur de ses murs, la Bibliothèque nationale de France renferme un jardin de papier insoupçonné, Hortus papyrifer met en scène un florilège végétal de possibles livres. Broussonetia papyrifera (Mûrier à papier), Fargesia papyrifera (Bambou cespiteux), Tetrapanax papyrifera (Aralie à papier de Chine), Edgeworthia papyrifera (Buisson à papier), Betula papyrifera (Bouleau à papier), Cyperus papyrus (Papyrus)… une sélection de plantes papyrifères qui – comme leurs noms d’espèce en latin l’indiquent – sont connues pour intervenir dans l’élaboration de supports d’écriture et d’impression côtoient végétaux (Palmier de Chine, Bananier du Japon…), eux-mêmes supports d’écriture et d’impression et petits arbres à écorce de papier (Cerisier du Tibet) afin de constituer une palette végétale très symbolique.

Le jardin a été commandé au titre du 1 % artistique en 2019 à l’agence Tout se transforme (architecte & paysagiste) et Gilles Clément (artiste-jardinier). 

Nous visitons ensuite le passage Vivienne. La Galerie Vivienne, inscrite aux monuments historiques depuis 1974, s'étend sur  une longueur de 176 mètres avec son décor de style pompéien néo‑classique, son élégante verrière, son imposante coupole et son sol en mosaïque colorée. Construite en 1823 selon les plans de l’architecte François Jean Delannoy et alors nommée Galerie Marchoux, de son premier propriétaire, elle est inaugurée en 1826 sous le nom de Galerie Vivienne.  Véritable chef d’œuvre architectural, elle est aujourd’hui le lieu de nombreux évènements tels que tournages de films, défilés de haute couture et expositions d’artistes reconnus.






C'était le siège de Jean Paul Gaultier jusqu'en 2015; Installée depuis 1986 au 6 rue Vivienne, la boutique du couturier  ferme définitivement ses portes, les bureaux et salons de couture étant transférés depuis 2004 dans l’ancien palais de la Mutualité, rue Saint-Martin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire