Nous avons décidé pour cette dernière journée hambourgoise, de visiter Lübeck. Nous prenons notre petit déjeuner aux aurores puis nous allons prendre le train à la gare centrale. Les chemins de fer allemands ne sont pas mieux organisés que notre SNCF et, ici aussi, la bureaucratie des branle-panneaux règne en maître. Pour prendre le ticket d'appel, il faut faire la queue et une matrone mafflue et bougonne nous demande la raison de notre présence:"je voudrais prendre le train" comme c'est bizarre. Quand on a le numéro d'appel , on voit une affiche qui nous dit qu'il faudra 10 à 20 minutes pour etre reçu au guichet. Pendant ce temps, 2 trains partent à Lubeck. Au guichet, autre gratte-papier tout aussi peu souriant, dont les gestes sont mesurés, il prend son temps, sur qu'il n'aura pas mal au dos, ni au cerveau et on doit courir pour monter enfin dans le train. La campagne est monotone, quelques vaches, des champs bien arrosés, comme dab, il pleut, des vaches du Schleswig-Holstein . Lübeck, reine des villes de la Hanse, a été fondée en 1143 et est considérée comme la « première ville occidentale sur la Baltique ». Ancienne capitale de la Ligue hanséatique et reine de la Hanse, elle fut jusqu'au XVIe siècle la métropole du négoce pour toute l'Europe du Nord. Elle reste encore aujourd'hui un centre de commerce maritime, spécialement avec les pays nordiques.

En sortant de la gare, il suffit de marcher 500 m pour atteindre la Holstentor. La Holstentor est l'un des emblèmes de Lübeck. Elle fut l'une des portes d'entrée de la vieille ville. C' est la plus connue et la plus belle des portes de Lübeck. Elle date du Moyen Age (1464-1478) et c'est l'une des mieux conservées d'Allemagne. Le bâtiment est constitué de deux tours à toits coniques en ardoise et d'une aile centrale dans laquelle se trouve la porte d’entrée arrondie. Les murs fortifiés des tours ont plus de 3,50 m d’épaisseur. On constate qu’elle est fortement penchée, en raison du sol sableux qui a donné du fil à retordre aux constructeurs dès le début des travaux ; le résultat est néanmoins superbe. Aujourd'hui, ces remparts abritent également un musée moderne et très bien fait sur l'histoire de la ville (explications en anglais et en allemand) avec une exposition intitulée « La puissance de la Hanse » présentant le pouvoir du commerce. La porte fut équipée au Moyen Âge de 30 canons ! Mais ces derniers n'ont en fait jamais servi… L'inscription latine « Concordia domi foris pax » (la concorde à l'intérieur, la paix à l'extérieur) rappelle aux visiteurs que Lübeck fut une ville marchande particulièrement attachée à une politique de neutralité. De l’autre côté, SPQL est l’abréviation de « Senatus populusque Lubecensis », par analogie au SPQR des Romains.
La porte de Holstein est composée de deux tours ( la tour sud et la tour nord ) et d'un bâtiment central. Elle comporte quatre étages, le rez-de-chaussée s'interrompant au centre pour laisser place au passage routier. La façade dirigée vers l'ouest (vers l'extérieur de la ville) est surnommée Feldseite ("façade vers la campagne"), celle donnant sur la ville, Stadtseite ("façade vers la ville"). Les deux tours et le bâtiment central vus de la ville semblent avoir une unité. Côté campagne, ces parties apparaissent clairement distinctes. Les deux tours s'avancent de 3,5 m en demi-cercle devant le bâtiment central. Chaque tour est coiffée d'un toit conique et le bâtiment central est surmonté d'un pignon.

Sur sa droite, on remarque les superbes greniers à sel, six bâtiments en briques sur les rives de la Trave. Les six bâtiments en briques le long de la Trave présentent de grandes fenêtres voûtées et plusieurs étages conçus pour le stockage du sel. Entre 1579 et 1745, les marchands ont construit ces entrepôts pour stocker le sel des mines de Lunebourg, établissant Lübeck comme centre commercial. Les bâtiments témoignent de la puissance économique de la Ligue hanséatique par leurs éléments architecturaux et leur position près de la porte ouest. Les bâtiments apparaissent dans le film Nosferatu de 1922 comme résidence du Comte Orlok. L’Ancienne Route du Sel était une route commerciale médiévale du nord de l’l'Allemagne reliant les villes de Lunebourg et Lubeck. Au Moyen Âge, le sel était très important et souvent appelé or blanc. Lunebourg était remarquablement riche, grâce au commerce du sel. La ville est en effet construite sur une colonne de sel baignant dans la nappe phréatique. L'eau était pompée et le sel extrait dans plusieurs fabriques des environs, puis exporté dans les fiefs voisins. Le long de l’Ancienne Route du Sel, le sel était transporté jusqu'à Lubeck et de là, embarqué vers les côtes de la Baltique. Lunebourg et son sel faisaient partie des principales sources de pouvoir et de richesse de la Ligue Hanséatique.

Lüneburg a profité de trois éléments favorables au développement d’une cité au pouvoir fondé sur le sel. D’abord de riches réserves souterraines d’eau de très haute salinité et d’une grande pureté (donnant un beau sel blanc naturellement pur) liées à la présence d’un vaste gisement de sel déposé dans un horst calcaire couvert d’une mince couche de sable, fortement travaillé par des eaux souterraines. Les saumures sont peu profondes (16 à 36 m). De plus la demande en sel des pêcheries riveraines de la mer du nord et de la Baltique explose du XIIIème au XVIème siècles pour la préparation et la conservation du poisson, essentiellement le hareng très abondant à cette période, destiné au commerce international. Enfin, Lüneburg dispose d’une voie navigable remarquable reliée par l’Elbe à Hambourg et Lübeck, soit une excellente situation à la fois par rapport à la mer du Nord et à la Baltique. Le sel était aussi utilisé pour le traitement des peaux en particulier avec la ville russe de Novgorod.


Nous quittons les rives de la rivière pour monter dans la ville sur de petites rues pavées avec ses superbes maison à pignon.
"À la fin du XIIIe siècle, la Dielenhaus classique est en place : c’est une maison de briques ayant, au sens propre, pignon sur rue (Giebelhaus) ; le rez de chaussée est une vaste salle, haute de plafond (jusqu’à 5 m. de hauteur), appelée Diele, qui sert d’entrepôt pour les marchandises, mais que l’on peut chauffer grâce à une vaste cheminée située sur l’un des côtés ; le devant de la maison est occupé par une petite pièce découpée sur l’espace de la Diele primitive : appelée à cette époque Dornse, cette pièce est elle aussi chauffable du fait de sa contiguïté avec l’âtre de la Diele. Derrière la Dornse, un escalier mène à l’étage, surmonté d’un nombre variable de greniers, tandis que s’ouvre sur la rue la cave voûtée située sous la maison. Dès le tournant du XIIIe au XIVe siècle, Lübeck présentait déjà l’image célèbre, encore visible aujourd’hui, des rangées de pignons serrés les uns contre les autres. À l’époque gothique, ce sont, côté rue, des pignons à redents (en forme d’escalier) décorés de niches aveugles, hautes et étroites, en arcs brisés, dans lesquelles s’ouvrent d’étroites ouvertures, souvent géminées (Luken), correspondant à chaque étage de greniers ; la façade sur cour, plus simple, garde arcatures aveugles et ouvertures, mais présente un forme triangulaire. À partir du XVIe siècle, le premier étage, désormais destiné à l’habitation, reçoit de véritables fenêtres ; les « degrés » du pignon débutent alors plus haut, au niveau des greniers, ce qui raccourcit un peu la hauteur des pignons ; les arcatures brisées sont remplacées par des arcatures en plein cintre, souvent ponctuées de niches circulaires aveugles. Aux lignes verticales des pignons gothiques jaillissant vers le ciel, l’époque Renaissance oppose les divisions horizontales, soulignées de corniches, et des médaillons et frises de terre cuite sortis de l’atelier de Statius von Düren, tandis que les portes d’entrée reçoivent de splendides encadrements de pierre sculptée. Progressivement, à partir du XVIIe siècle, on abandonne sous l’influence baroque les pignons à redents, remplacés par des pignons à volutes, en forme de cloches ou de goulots, on recouvre la brique d’enduits de couleurs, on accorde une attention toujours plus grande à l’encadrement des portails."

Au sommet de la colline, nous arrivons à Petrikirche, l'église saint Pierre. L'histoire de l'église Saint-Pierre remonte à plus de 700 ans. Sa construction a commencé au XIIIe siècle et s'est achevée au début du XIVe siècle, ce qui en fait l'une des plus anciennes églises de Lübeck. L'église a été construite à l'apogée de l'influence de Lübeck en tant que puissante ville de la Ligue hanséatique, qui a façonné l'économie et la culture de l'Europe du Nord au cours de la période médiévale. Se dressant fièrement dans le paysage urbain de Lübeck, l'église Saint-Pierre est connue pour sa tour monumentale, qui s'élève à 125 mètres de hauteur, ce qui en fait l'un des plus hauts clochers d'Allemagne du Nord. L'église a été conçue dans le style typique du gothique brique, caractérisé par ses arcs brisés, ses grandes fenêtres et sa maçonnerie détaillée. La taille imposante de l'église et sa conception impressionnante reflètent la richesse croissante de Lübeck et son importance en tant que plaque tournante du commerce au cours du Moyen Âge. Elle a été entièrement détruite par les bombardements de 1942 et seuls les murs ont résisté. Elle est désacralisée et sert aujourd'hui de centre culturel. Nous avançons ensuite vers le centre-ville et le Rathaus.
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