Nouveau court séjours à Paris. Cette après midi nous nous rendons rue d'Assas, à Montparnasse au musée Zadkine qui propose l'exposition Modigliani/ Zadkine, une amitié interrompue. Cette exposition est la première à s’intéresser à une amitié artistique jamais explorée jusqu’alors, celle qui unit le sculpteur Ossip Zadkine au peintre Amedeo Modigliani.À travers près de 90 œuvres, peintures, dessins, sculptures mais également documents et photographies d’époque, elle propose de suivre les parcours croisés de Modigliani et Zadkine, dans le contexte mouvementé et fécond du Montparnasse des années 1910 à 1920. Dans ces années là, les artistes migrent de Montmartre à Montparnasse : Gauguin, Modigliani, Brancusi, Fougita, Soutine ensemble ou séparément ont un atelier dans la Cité Falguière (Paris, XVe arrondissement). Zadkine travaille à la Cité de la Ruche. C’est en 1895 que le sculpteur Alfred Boucher a eu l’idée d’un lieu de travail réservé aux jeunes artistes qui ne disposent pas de moyens financiers. Il s’agit d’un endroit où ils pourront s’épanouir et trouver l’inspiration au sein d’une grande communauté et ceci, sans qu’ils ne se soucient des aspects pratiques et financiers. C’est ainsi qu’il commence par se procurer un très grand terrain (5000 m²) dans le XVe arrondissement de Paris. Des artistes reconnus tels que Fernand Léger, Chaïm Soutine, Zadkine, Cendrars Ernest Pignon-Ernest, Jean-Michel Alberola et bien d’autres y travaillent.
Ossip Zadkine rencontre Amedeo Modigliani en 1913 : les deux artistes, fraîchement débarqués à Paris, rêvent chacun de devenir sculpteurs et partagent alors le « temps des vaches maigres » comme l’écrira Zadkine dans ses souvenirs. Cette amitié, aussi brève que féconde sur le plan artistique, est interrompue par la Première Guerre mondiale. Modigliani abandonne la sculpture pour la peinture, sur le conseil de marchands. Rattrapé par la « dame spéculation », selon les mots de Zadkine, il est en passe de devenir un peintre célèbre, soutenu par les marchands Paul Guillaume puis Léopold Zborowski qui l’encouragent à peindre des portraits et des nus. Zadkine s’engage comme brancardier en 1915, avant d’être gazé et d’entamer une longue convalescence. Les deux artistes se retrouvent brièvement au sortir de la guerre, avant que leurs voies ne divergent à nouveau. Rapidement, Modigliani devient un mythe. Il incarne l’artiste maudit des années folles, abîmé par l’alcool, la drogue et les liaisons orageuses pour noyer son mal-être et son infortune.
Le musée Zadkine est dédié à la mémoire et à l’œuvre du sculpteur d’origine russe Ossip Zadkine (1888-1967), qui vécut et travailla dans la maison et les ateliers qui l’abritent, de 1928 à 1967 ; ce lieu conservatoire a été inauguré en 1982. Il a été créé grâce au legs consenti par Valentine Prax, veuve du sculpteur, elle-même artiste peintre, à la Ville de Paris, instituée légataire universelle de ses biens.
Première oeuvre de Modigliani, le portrait de Béatrice Hastings. Béatrice Hastings, née en 1879 à Port
Elizabeth en Afrique du Sud, migre à Londres en 1906. Femme engagée et
aux idées progressistes, elle milite entre autres pour le droit de vote
des femmes. Elle travaille pour la revue The New Age et part à
Paris comme correspondante, peu de temps avant la Première guerre
Mondiale, et envoie régulièrement à la revue une série de chroniques
intitulées « Impressions of Paris« . Béatrice est une
intellectuelle excentrique : on l’aperçoit se promener avec un panier en
osier garni de canards vivants, elle arrive en soirée régulièrement
déguisée, elle boit du whisky et est parfaitement intégrée dans le
cercle de l’avant-garde parisienne. Leur première rencontre est étrange, Modigliani est bizarre, mal rasé, négligé, sous l'emprise du hashish. La deuxième fois, il se présente sous un meilleur jour. Rapidement, ils se mettent en couple et
Béatrice sert de modèle à Modigliani. En 14 tableaux, l’artiste la
décline sous différentes facettes physiques et psychologiques. La jeune
femme a parfois le visage bien rond, d’autres fois plutôt plus
longiligne et ses expressions, telles sa personnalité très changeante,
varient au fil des toiles. Comme pour chaque portrait qu’il peint, Dedo
se concentre sur l’essentiel pour faire ressortir la psychologie de ses
modèles. Les lignes noires cernent des formes synthétiques, peintes en
aplats de couleurs. Les fonds sont également simplifiés, constitués
d’une seule tonalité ou présentant un encadrement de porte, un dossier
de chaise.
"Tête de femme", 1924 de Ossip ZADKINE. Cette sculpture me rappelle les "balbals"du Kirghizistan. "Les balbals trouvés sur le territoire du Kirghizistan datent de la période comprise entre le VIe et le XIXe siècle. Autrefois, les gens croyaient qu'au cours de la première année, une personne décédée pouvait encore vivre dans le corps d'un balbal. Ils gardaient les balbals dans leurs yourtes pendant un an. Puis, ils les mettaient dans la tombe. Ces petits monuments ancestraux leur rappellent l'emplacement des tombes de leurs bien-aimés, au cas où ils s'en allaient, comme le faisaient souvent les nomades du passé. Tous les balbals sont tournés vers l'Est, parce que leurs concepteurs étaient des chamans qui vénéraient le ciel. cf https://www.lemounard.com/2019/09/kirghizistan-la-fin-du-voyage-la-tour.html
"Zadkine
se fait connaître par des sculptures qu’il qualifie lui-même de «
primitives » lors de ses premières participations aux salons. Dans
l’esprit de Zadkine, « archaïsme » veut dire un retour aux formes et à
l’esprit des arts égyptien ou grec qu’il a découverts au cours de sa
période anglaise au British Museum, mais aussi de l’art asiatique, de la
sculpture romane et des sculpteurs africains et océaniens. Il est
marqué par le style de Modigliani dont il fait la connaissance en 1913
et réalise des têtes et des figures humaines caractérisées par
l’idéalisation et la frontalité des formes. Une expressivité singulière
et son sens des matériaux distinguent cependant le sculpteur d’origine
russe."
Voici, la Sainte Famille de Zadkine.
"Cette œuvre en ciment a été réalisée par Zadkine d’après une composition qui n’est plus aujourd’hui localisée mais dont les archives disent et les photographies anciennes montrent qu’elle était en bois de chêne. Ce ciment fut obtenu par Zadkine par moulage à même le bois dont l’œuvre qui est ici présentée constitue en quelque sorte l’empreinte. N’étant pas signé, l’identité de son auteur est demeurée inconnue jusqu’en 1993.
Zadkine vient de découvrir, non loin de son atelier rue Rousselet, l’existence d’une scierie auprès de laquelle il peut se fournir en blocs de bois à tailler. « Pour une somme très modique, je me fournissais en blocs d’arbre sur lesquels des racines adhéraient encore. C’est dans l’une ces billes que j’ai taillé la Sainte Famille et quelques autres sculptures ». Cette composition est, avec quelques autres, un écho direct de l’esthétique symboliste, teintée d’accents russes, dont Zadkine dont on sent ici qu’il demeure imprégné. La sinuosité des formes, la stylisation de certains détails anatomiques, renvoie à cette esthétique."
Une esquisse de la Vierge à l'Enfant par Modigliani.

Esquisse
d'un portrait de l'écrivain André Salmon d'après un dessin de
Modigliani vers 1917. Daté de 1929 et portant l'inscription « Modigliani
a gorvel
Ce portrait se distingue par la pureté et la stylisation des traits du
visage. Avec ses yeux vides, sans pupilles cette figure apparaît comme
une adaptation à la peinture des expérimentations menées par Modigliani
dans ses sculptures de Têtes et dans les dessins et esquisses de Cariatides. C’est un "visage-masque" qui reflète également l’intérêt de l’artiste pour les arts nègre et océanien.
L’arrière-plan traité tout en courbes est un paysage, ce qui est tout à
fait inhabituel chez Modigliani. On devine deux arbres à droite et à
gauche du modèle. Les tonalités sombres du fond contrastent fortement
avec le visage.
Le peintre utilise une touche divisée et modulée laissant apparaître le
blanc de la toile. Cette forme de "divisionnisme" fait partie des
expérimentations de Modigliani dans les années 1914-1915. Elle apparaît
de façon plus radicale dans les portraits de Pablo Picasso et Diego
Rivera datés de 1915. Seuls la chevelure et le ruban noir sont traités
en surface uniforme d’un noir profond.
Si les figures de Modigliani reflètent un mélange de maniérisme et d’esthétique à la Botticelli, transposés au XXe siècle,
elles affichent toutes une frappante ressemblance. On les reconnaît
grâce à leur étirement du cou, à des visages ovales et des yeux en
amandes, souvent évidés, comme dans les masques ou les bronzes antiques.
A droite, "La Bourguignonne " de Modigliani. "Ce portrait a été peint en 1918 au cours d’une période où Modigliani, en
mauvaise santé, avait été envoyé avec sa famille dans le Midi. Privé de
ses modèles habituels, il saisit des anonymes, des bonnes, un paysan,
un apprenti, ou même un zouave avec ses médailles accrochées sur la
poitrine. Nous savons que l’artiste ne fut actif que durant à peine
quinze ans. Pourtant, durant cette courte période, il aura réalisé trois
cent trente-sept œuvres, dont deux cent entre 1916 et 1919, notamment
grâce au mécénat du poète polonais, Léopold Zborowski, qui avait pris la
suite de Paul Guillaume, rencontré en 1914. Parmi ses mécènes, on
compte également Roger Dutilleul, qui acquit La Bourguignonne à peine sortie de l’atelier. Il paya le tableau 250 francs, soit environ 500 € en valeur réactualisée."

Nu avec une bougie allumée Modigliani 1911
Nu d'Ossip Zadkine et "Au Café"
Ossip Zadkine fait souvent référence aux cafés, en particulier ceux de Montparnasse: ceux-ci incluent sans doute l'univers enfumé de La Rotonde, un lieu où les peintres, les musiciens et les écrivains se mélangeaient. Il y retrouvait Foujita, Soutine, Max Jacob, Henry Miller... Pour Zadkine et Modigliani, c'est le temps des vaches maigres Modi croque les gens pour boire ou pour manger.

Portait de Soutine, Modigliani 1915.
"Que peuvent donc avoir en commun Modigliani, le « prince » italien de
Montparnasse, au regard ardent et au charme irrésistible, et Chaïm
Soutine, le Slave des confins de la Biélorussie, introverti et taiseux,
laid et sale, même, pour certains ? Ils font connaissance en 1915 par
l’intermédiaire du sculpteur Jacques Lipchitz, certainement à « la
Ruche », dans le quartier du Montparnasse, où se retrouvait toute une
communauté d’artistes, souvent juifs, venus des quatre coins du monde.
De cette rencontre artistique naît une fulgurante amitié. Parisien
d’adoption depuis huit ans déjà, Modigliani prend sous son aile Soutine,
de dix ans son cadet. Tous les deux réformés, car de santé fragile, ils
vivent cité Falguière dans des conditions très difficiles. Ensemble,
ils souffrent de la faim et du froid, qu’ils tentent de noyer dans
l’alcool et la drogue. Frappé par le travail des volumes chez Cézanne et
influencé par les arts africains et asiatiques exposés au musée du
Trocadéro, Modigliani affine son style caractéristique, axé
essentiellement sur une approche sculpturale des personnages."
Un dessin de Modigliani : le portrait d'Ossip Zadkine, le 5ème Beatles. vers1918. De ces mystérieuses années reste cet unique portrait de Zadkine tracé par son ancien camarade Modi, comme un gage de leur amitié.
A son arrivée sur Paris en 1906, Modigliani s’installe à Montmartre où malgré son caractère solitaire, il fréquente des compagnons de bohème comme Picasso, Apollinaire et bien sûr Max Jacob. Le peintre italien réalise deux portraits du poète en 1916 : le dessin acquis pour le musée de Quimper est une étude pour le portrait aujourd’hui conservé à Düsseldorf au Kunstsammlung Nordrhein-Westphalen museum.
Cette représentation nous plonge au cœur d’une amitié, quelquefois tumultueuse : Max Jacob séjourne un temps chez Béatrice Hastings qui vit une relation houleuse avec Amedeo. On y ressent le profond respect qui lie les deux artistes confrontés aux difficultés matérielles. Modigliani parvient, dans une économie de moyens étonnante où se lisent les influences du cubisme et de la sculpture que l’artiste vient d’abandonner au profit de la peinture, à évoquer l’image d’un Max Jacob en frac et haut-de-forme fréquentant les nuits parisiennes de Montparnasse. La dédicace des plus émouvantes fait de cette œuvre un portrait symbolique. Modigliani y insiste sur le chiffre 7 et sur la « lune croissante » , mettant sans doute en avant la gémellité des deux artistes aux destins tragiques nés le même jour. L’historique de ce dessin est également très intéressant. Il a été acquis en 1919 auprès de Modigliani par Joseph Altounian, antiquaire très proche, et de l’artiste, et de Max Jacob qui lui dédie un texte sur le génocide arménien en 1916 : « C’est pour toi que j’écris ces vers, Altounian ». L’œuvre est restée dans la famille jusqu’à son achat en 2005.
Chana Orloff 1888-1968 Vierge. Jeanne Hébuterne.Femme libre et moderne, Chana Orloff (1888 Ukraine – Tel-Aviv 1968) est l’une des plus grandes sculptrices du XXème siècle. Elle arrive à Paris où elle est embauchée comme apprentie-couturière dans la maison de haute couture Paquin en 1910. En 1911, elle est reçue deuxième au concours d’entrée de l’École des Arts Décoratifs, réalise sa première sculpture, (un portrait de sa grand-mère, d’après photo) et fréquente l’Académie Marie Vassilief à Montparnasse et Picasso, Foujita, Apollinaire notamment…Modigliani devient son ami à qui elle présente Jeanne Hébuterne. Modigliani réalise le portrait de Chana Orloff. Amadeo et Jeanne Hébuterne se sont rencontrés à l’hiver 1916. Elle a 19 ans, lui 32. À cette époque, la palette de l’artiste est sombre. Il construit d’une ligne ses figures sur des fonds unis, tirant vers un orange foncé de la couleur des murs de l’atelier que lui loue le poète et marchand d’art Léopold Zborowski (1889-1932). Les silhouettes tracées sont allongées et sculpturales. Le teint pâle, deux longues tresses cuivrées et un bandeau vert Véronèse sur le front, elle est d’une grande douceur. Ses camarades la surnomment « Noix de coco », en raison du contraste entre sa peau et sa chevelure. Les habitués de la Rotonde et de la Closeries des Lilas, eux, la décrivent en contemplation idolâtre de Modigliani. Les amis du peintre parlent d’une madone vénitienne.
Première statue, Mélancholie 1927-1937
Que Zadkine ait abordé La mélancolie n'est guère surprenant, l'artiste exprime la tristesse, ce sentiment de douleur morale dont l'exacerbation ou la récurrence mène à une grande détresse, voire au suicide. La mélancolie transcrit un état de dépression intense que peut-être Zadkine a traversé à cause des atrocités de la guerre dont il a été le témoin.
Le visage de La mélancolie est creux, vidé de toute vide, tout comme le Masque (1924). Il ne subsiste que le trait incisé au fond du crâne. Le traumatisme dû à la rencontre avec la douleur et la mort transmet une impression forte de souffrance. Le personnage est vêtu d'un drapé telle les déesses grecques mais qu'importe le pouvoir des dieux quand la mort a anéanti le monde ? La naissance de Vénus 1930 Bronze Après un court intermède cubiste de géométrisation des formes (Femme à l’éventail, Accordéoniste),
il s’oriente ensuite vers une relecture de l’Antiquité comme en
témoigne son intérêt dans les années 30 pour les thèmes mythologiques (Rebecca, Niobé) et les groupes sculptés en bronze (La Naissance de Vénus).
Le bronze du musée en est une maquette. Zadkine en décrit la première version : « Avec sa figure cassée et ses bras jetés vers le ciel, ma “chose” sculptée disait très haut son horreur et sa fureur concernant les abominables pensées et les gestes indignes des hommes guerriers. » Cette tête hurlante et ce corps aux lignes brisées n'ont d'égale que la béance du cœur, forme en creux d’une douleur puissante.
Ossip Zadkine, Orphée Bronze patiné 1956
Zadkine tente de représenter, en sculpture, La légende tragique d'Orphée. On raconte qu’Orphée a voulu aller délivrer sa fiancée, Eurydice, prisonnière des Enfers. Il ne doit pas se retourner pour la regarder, durant tout le chemin du retour. Mais il s’est retourné, et sa fiancée a disparu.
le torse d'Orphée est tourné dans une autre direction que celle de ses jambes. À la place de son cœur, il y a un creux, qui exprime le vide qu’il ressent d’avoir perdu l’être le plus cher pour lui.
"L'Arlequin Hurlant" New York 1943. Zadkine se réfugie à New York de juin 1941 à septembre 1945, malgré sa répugnance à partir de France . Ce climat délétère le plonge dans "un silence qui s’épaissit autour de lui, en lui", l’enveloppant "dans un affreux nuage" dans lequel il se débattait lamentablement et sans espoir… : il le criait en ces termes dans une lettre de janvier 1943 tandis que lui revenaient de France en échec affligeant ses lettres à Valentine son épouse, elle-même moralement prisonnière aux Arques. «Je reviens du pays de la peur» avait-elle pu lui dire encore en fuyant déjà Paris. Zadkine vivait douloureusement l’éloignement de sa femme tandis qu’il l’accompagnait de sa «pensée intarissable ". Comme il l'a décrit à propos du processus de création d' Arlequin hurlant : « C'est pendant mon séjour forcé aux États-Unis que j'ai conçu cette première version de l' Arlequin hurlant . J'ai rugi comme un arlequin dans ma solitude, et personne ne m'a écouté. Ma détresse a trouvé son expression dans cette sculpture, dont je n'ai jamais voulu me séparer, car elle est la clé de la porte de certains de mes souvenirs les plus vivants ».
"Ce grand plâtre polychrome représentant la figure de Rébecca dite aussi Grande Porteuse d’eau, fut moulé par Zadkine à la fin des années vingt d’après l’œuvre éponyme en bois de cormier qu’il sculpta autour de 1927.
Cette
pièce remarquable, de près de trois mètres de haut, retrouvée en 2005
et récemment restaurée, réintègre pour la première fois les ateliers
dans lesquels elle vit le jour et se trouvait jusqu’en 1936. Restituée à
Valentine Prax en 1969 par le décorateur Marc Nicolas du Plantier, qui
en fut propriétaire, elle n’avait plus été montrée depuis décembre
1949. Elle est l’une des pièces phares de la nouvelle présentation des collections."
Amedeo Modigliani Femme nue, vue de face, 1911 - 1912 puis Cariatide, vers 1913-1914, musée d’Art moderne de Paris qui constitue l'affiche de l'exposition et qui évoque les apsaras de Angkor.

"La
relation de la sculpture à l’architecture passionne Modigliani et
Zadkine. Au Salon d’automne de 1912, Amedeo Modigliani présente un «
ensemble décoratif » de sept têtes sculptées qu’il dispose lui-même dans
l’espace. Dans son esprit, il s’agit des prémisses du projet de «
temple en l’honneur de l’Humanité » dont il a parlé à son marchand Paul
Guillaume. En 1912, le sculpteur britannique Jacob Epstein, qui
travaille au monument d’Oscar Wilde au cimetière du Père-Lachaise,
rapporte avoir vu son ami placer des bougies la nuit sur les têtes
sculptées de son atelier de la cité Falguière, rituel qui transformait
le tout en une sorte de « temple primitif ». Modigliani rejoint les
rêves de sculpteurs-architectes comme Henri Gaudier-Brzeska, Jacob
Epstein, Eric Gill, Paul Landowski ou Constantin Brancusi. Il imagine
des centaines de cariatides sculptées formant autant de « colonnes de
tendresse* » ! Il n’en réalisa que deux. En revanche, il en dessine et
en peint d’admirables qui évoquent le Cambodge ou l’Inde des danses
rituelles. Quant à Zadkine, s’il taille volontiers des cariatides en
bois, voyant plutôt leur groupement comme une forêt, cela ne l’empêche
pas, dès avant son voyage en Grèce en 1931, de penser, comme son ami
Modi, au rythme et au décor de l’architecture pour mettre en scène ses
sculptures. Splendeur classique pour l’un, sens dramatique pour l’autre
si l’on considère par exemple sa sculpture L’Esprit de l’Antiquité
(1927) qui a servi d’inspiration pour la scénographie de cette salle."
Ossip Zadkine. Vénus Cariatide, 1919. Bois de poirier,
"Cette Vénus fut sculptée par Zadkine dans l’immédiat après-guerre au temps de son amitié avec Modigliani.
Ce
motif de la femme bras levés – qu’elle soit intitulée Vénus, Porteuse
d’eau ou Cariatide, revient comme un leitmotiv dans l’œuvre de Zadkine -
tant sculpté que graphique - des années vingt.
C’est l’époque où Zadkine tournant le dos au cubisme, renoue avec une sculpture d’un esprit plus primitiviste. Ce primitivisme se manifeste dans le caractère disproportionné de certaines parties du corps de cette Vénus en bois de poirier. Zadkine dans cette composition comme dans bien d’autres, s’écarte ostensiblement des canons classiques. Les jambes sont massives, les attaches absentes. Le tronc de l’arbre grossièrement épannelé demeure apparent à la base de la composition comme pour dire sa filiation en quelque sorte généalogique avec la nature et son appartenance à demi seulement au monde des formes."
Quelques masques de Zadkine rappellent l'influence du masque africain sur son œuvre.
Superbe exposition donc, qui nous fait découvrir ce génial sculpteur dont j'avais été subjugué par le Van Gogh du musée en plein air d'Hakone au Japon. "Van Gogh à travers champs" Oeuvre d'Ossip Zadkine (1890-1967). En 1956, une association d’Auvers-sur-Oise commande à Zadkine un monument en hommage à Vincent Van Gogh, qui passa dans cette petite ville les derniers mois de sa vie. Pris par ce qu’il nomme « la fièvre van goghienne », le sculpteur est enthousiaste, mais connaît des hésitations : « Comment envisager le personnage de Van Gogh pour le statufier ? Comment ériger un objet qui, en plein air, suggère à la fois l’être rare et nouveau que fut Van Gogh et la grandeur de l’aspect nouveau de sa peinture ? » Témoignages des doutes et des réflexions du sculpteur, les nombreux projets préparatoires conservés retracent les différentes étapes de la création, du premier buste à la version définitive, en passant par des esquisses figurant Van Gogh en marche, Van Gogh prédicateur, dessinant, ou étreignant son frère Théo.
cf : https://www.lemounard.com/2024/08/japon-le-musee-de-sculpture-en-plein_16.html
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