mardi 14 mai 2024

JAPON, TAKAYAMA, TAKAYAMA JINYA, LA MAISON DU GOUVERNEMENT DES SHIGUNS


 Ce matin, après le petit déjeuner , nous allons d'abord au marché qui se tient devant les portes du Takayama Jinya. Les guides de voyage conseille de faire un petit tour au marché. Le Jinya mae est assez modeste et présente les produits des producteurs locaux.

Les épouses des maraîchers tiennent de petits stands et proposent des produits frais, des légumes, des fruits ou des œufs. On trouve aussi des fleuristes et des artisans. On y trouve aussi les amulettes locales : les sarubobo. Ce qui signifie « bébé singe », ces petites poupées apportent bonheur et protection. Elles se transmettent généralement entre femmes. Le marché se tient ici depuis  plus de quatre cents ans. A l’époque la Jinya, maison historique du gouvernement sous l’ère Edo (1603-1868), accueillait déjà  un marché sur son parvis.

En 1692, sur ordre du shogunat Edo (bakufu), le seigneur (daimyo) du clan Kanamori qui contrôlait la province de Hida fut transféré à Kamiyama dans la province de Dewa (correspondant à une partie des départements actuels de Yamagata et Akita). La même année, le shogunat Edo fit de Hida son territoire direct et y installa des bureaux. Le daikan qui y fut envoyé (ou gundai à partir de la 12ème génération) assurait un service administratif, policier, judiciaire etc. Parmi les 60 postes de daikan ou gundai qui auraient existé sous le shogunat, seul le Takayama Jinya a conservé ses bâtiments principaux de l'époque. Le daikan était chargé de collecter l'Impot, de diriger les finances, la police et la justice de la province et de gérer les forets. Le pouvoir du shogunat disparut au profit de l'empereur sous le règne de Meiji. Le shogunat Tokugawa (Tokugawa bakufu) est une dynastie de shoguns qui dirigèrent le Japon de 1603 à 1868.  Leur règne est plus connu sous le nom d'époque d'Edo, du nom de la ville qu'ils choisirent pour capitale :  (aujourd'hui Tokyo) afin de s'éloigner de Kyoto, la capitale impériale.

 On entre dans le Jinya par l'omotemon. L'Omotemon actuelle a été reconstruite en 1832. L'omotemon marque l'entrée à l'intérieur du siège du gouvernement provincial.



Il existe sept entrées au niveau des bureaux administratifs du Takayama Jinya et les entrées et sorties étaient déterminées en fonction du statut social. Seuls les daikan/gundai ainsi que les inspecteurs dépêchés par le shogunat pouvaient passer par la porte reliée directement à l'entrée d'honneur. Nous entrons dans le Jinya,  

Nous visitons une salle de réception. Le Takayama Jinya comporte environ 40 pièces, lesquelles sont presque toutes recouvertes de tatamis. Les tatamis et les bords (heri) ne couvrent pas l'espace de manière uniforme, chaque pièce présentant une disposition différente. Il est possible de penser que le statut de la pièce est représenté par le type de tatamis et de bords.

 

La grande alcôve de l'entrée : Alcôve d'une largeur de 4,5 mètres qui dégage une forte présence. Le motif des vagues bleues de l'océan y est peint. Le seigaiha présent dans le tokonoma (alcôve) à l'entrée est un motif porte-bonheur représentant les vagues, populaire à l'époque Edo. On raconte que le motif des vagues qui s'étendent à l'infini renferme le vœu de prospérité et de paix éternelle.
À l'époque, le motif de seigaiha n'était pas dessiné uniquement dans le tokonoma, mais sur l'intégralité des murs et des portes coulissantes de l'entrée. Sa puissance submergeait certainement les visiteurs.
Actuellement, le motif dans le tokonoma (alcôve) est une reconstitution alors que l'original peut être admiré dans l'onkura (grenier à riz).

Dans Takayama Jinya, il y plusieurs cuisines et chaque cuisine avait sa propre fonction. Dans la cuisine qui se trouve juste à côté de bureaux, on cuisinait les repas simples et préparait le thé pour les personnes qui travaillaient aux bureaux. Au foyer creusé dans le sol, on chauffait l’eau pour servir le thé. Pour approcher le bouilloire au feu, on réglait avec le poisson penché.
Le bambou qui suspend le bouilloire comporte seulement 5 noeuds, un chiffre impair car si le bambou comportait 4 noeuds, un chiffre pair, ce chiffre pair peut être divisé. Cela peut signifier la coupure de la prospérité. Donc dans toutes les cuisines de Takayama Jinya, au foyer creusé dans le sol, nous trouvons seulement les bambous avec les noeuds de chiffre impair. Comme les servantes n’avaient pas de haut rang, il ‘y a pas de bordure sur les tatamis.

Les jardiniers dessinent consciencieusement des vagues sur le sable, chaque matin, avant que n'ouvre le Jinya. "Dans le Sakuteiki, la bible de l'arrangeur de jardins écrite en 1156 en pleine période Heian, l'art du jardin frôle celui de la cérémonie religieuse."

 

 

 

Après le Hall d’entrée suivent 2 salles qui servaient aux bureaux : les bureaux étaient clairement séparés selon les status. La première salle, appelée Oyakusho était pour les représentants gouvernementaux et la seconde, appelée Goyoba pour les représentants locaux. Nous pouvons voir cette différence de l’utilisation selon les status par les motifs de la bordure de tatami. La bordure d’Oyakusho est décorée et celle de Goyoba est sans motif.



Ci-dessous, le bureau des scribes : c'était la pièce qui était utilisée pour la rédaction de divers documents émis depuis le poste de daikan/gundai.
La plupart des scribes étaient les fils de tedai (assistants) qui y travaillaient pour apprendre le métier.
 

.Les portes coulissantes s'ouvrent sur de délicieux jardins miniatures zen qui reposent  les yeux et permettent une évasion l'espace d'un bref instant, avant de continuer la visite vers la pièce suivante.


La chambre d'accueil, ci-contre était la pièce où les daikan/gundai recevaient des invités. Par ailleurs, ils l'utilisaient également pour s'entretenir avec leurs assistants.

 



 La cuisine où étaient préparés les repas des daikan/gundai ainsi que de leurs familles.

La salle de conférence était la pièce la plus vaste du Takayama Jinya.  C'est le Ohiroma. Cette salle fut construite suivant le style architectural shoin zukuri servant aux évènements annuels importants, à commencer par les festivités du Nouvel An. Elle est constituée d'une suite de trois pièces de 49 tatamis et constitue le plus grand espace au sein du Tamayama Jinya.
Le long du engawa, on peut y admirer la vue sur le jardin qui change au fil des saisons.


 

  Ci-dessous, l'oshirasu où l'on procédait aux interrogatoires des prévenus et où étaient prononcés des jugements. La salle servait de tribunal lors des procès. Il existe deux oshirasu dans le Jinya.

D'une part, il s'agissait de lieux ressemblant à nos actuels « guichets administratifs » où l'on recevait les plaintes et demandes du village. D'autre part, ils remplissaient le rôle de tribunal, car on y réalisait les interrogatoires et les procès des personnes ayant commis un crime.

Les interrogatoires à l'époque Edo accordaient une importance particulière aux aveux. Pour cette raison, des tortures cruelles auraient été infligées en cas d'impossibilité à obtenir ces aveux. Cependant, on pense que les instruments de torture entreposés au Takayama Jinya servaient à impressionner les gens et la torture aurait été pratiquée en réalité dans la prison (aux alentours de l'actuel Ebisaka à Kamiichinomachi). On peut voir un appareil de torture typiquement Japonais. Le prisonnier devait s'agenouiller sur un moreau de bois ondulé aux aretes tranchantes avec de gros blocs de pierre posés sur les genoux.

 Le grenier à Riz  où était conservé l'impôt en riz collecté dans les villages voisins. Il s'agit du grenier à riz (dozo) le plus ancien et le plus grand qui subsiste de l'époque Edo dans le Japon actuel.


Aujourd'hui, il est utilisé comme lieu d'exposition de présentation de l'histoire et de la culture de Hida. Il semble que le daikan imposait les paysans plus que le raisonnable ce qui déclanchait des rébellion durement réprimées mais le shogun avait condamné un de ses daikans à mort pour son excessive dureté.

Au cœur d’une région montagneuse, au milieu des forêts, Hida cultive ses traditions et son art de vivre.Les charpentiers et les ébénistes, appelés « Hida Takumi », les « maîtres bâtisseurs de Hida », exercent dans la région depuis plus de 1300 ans. Ils bénéficièrent des ressources naturelles de Gifu, composée à 80 % de montagnes recouvertes de forêts. Les artisans menuisiers de Hida y trouvaient tout les bois dont ils avaient besoin : cyprès, cèdre du Japon, pin rouge, châtaignier, hêtre…  

Dans ces régions reculées, le travail du bois fut longtemps l’un des principaux moyens de subsistance. Mais le savoir-faire des charpentiers de Hida fut bientôt célèbre à travers tout le Japon. Pendant la période de Nara (710-794), alors que la région était dépourvue de rizières et ne pouvait payer la redevance en riz, c’est en bois et en main d’œuvre que Hida payait ses taxes aux capitales impériales. Elle envoya ses menuisiers travailler à la décoration des temples, sanctuaires et palais de Nara et de Kyoto, les capitales impériales. Ces artisans d’excellence sont réputés pour avoir révolutionné les techniques de menuiserie, ce qui leur valut une renommée nationale.

On admire un superbe uniforme de samourai, de belles estampes et des calligraphies.

Très intéressante visite qui témoigne de l'époque du shigunat. Nous continuons par un randonnée dans les bois de Takayama suivie par
la succession de temples sur les collines.


 

 

 

 

 

 


 


 




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