Aujourd'hui, nous quittons Tokyo pour 4 jours dans les Alpes japonaises. Notre JR Pass commence aujourd'hui, 1er Avril jusqu'au 14 Avril quand le Hakone Pass prendra le relais. Nous allons pouvoir tester efficacité de nos anges gardiennes, Delphine et Charlène qui nous ont concocté un road book précis. En quittant l’hôtel, on remonte à contre-courant la foule des employés qui partent à leur bureau, tous les hommes portent le même costume, cravate, tout est nickel et pas cosplay.
Notre journée ferroviaire est particulièrement chargée. Charlène a prévu que nous prendrons le train local à la gare JR de Shinjuku jusqu'à Omiya à 9h57 sur le JR Saikyo Line Rapid. Je suis un peu stressé avant de commencer ce périple en train, aussi, nous sommes très en avance à la gare. Au Japon, il se trouve toujours un employé JR au portique où on passe nos tickets qui nous dit sur quelle plateforme il faut se rendre. Le train de Omiya est annoncé en retard de 5 minutes ce qui risque d’être short pour la correspondance. Dieu merci, beaucoup de trains passent par Omiya et nous montons dans le précédent qui nous permet d’être à l'heure à Omiya. Nous avons un quart d’heure pour changer de quai et pour accéder au train Kagayaki 509 pour Toyama. La signalisation est parfaite successivement en japonais puis en anglais. Sur le quai, la place de chaque wagon est indiquée, aussi, il suffit de bien se positionner pour monter dans le wagon où notre place est retenue. A Toyama, nouveau changement mais avec un temps correct pour changer de plateforme et de train. Le train Hida 14 part à 13Hàé pour arriver à Takayama à 14H36. Je dois rendre hommage à Charlène pour la qualité de son road book. J'ai très vite compris que tout était réfléchi, précis et rigoureux aussi, je confesse que, bien qu'elle m'ait tout expliqué sur les réservations par internet, quand elle n'avait pas déterminé les horaires, je lui ai demandé de le faire. Avant de partir, j'ai exploité ses compétences et sa disponibilité, j'en ai parfois abusé mais, tout au long du voyage, je m'en féliciterai ce qui m'a permis de jamais appeler sur le numéro d'urgence car tout avait été prévu. Don, encore, merci Charlène et excusez moi d'avoir abusé de la rigueur de votre travail.Pendant ce long intermède en train, on a fait une halte à Nagano, les sommets enneigés dominent la plaine. Le dernier parcours jusqu'à Takayama suit de très belles rivières de montagnes avec de forts courants, certainement de belles rivières à salmonidés. Notre SNCF peut aller se rhabiller. Les trains, ici, sont à l'heure. Tout le personnel est disponible, serviable, poli, souriant et attentif. Les trains sont d'une propreté absolue, on a la place d'étendre les jambes alors que, d'une façon générale, le japonais est souvent plus petit que les occidentaux. Cette politesse, on la retrouve partout: dans le métro, où beaucoup de gens nous cèdent la place, dans la rue où tout le monde nous aide à retrouver le chemin, à l’hôtel excepté le jeune gougnafier d'hier soir pour le service des valises.
Nous merdons un peu pour trouver l’hôtel alors qu'une lecture plus attentive de notre road book nous aurait donné un plan détaillé. Nos divagations nous conduise vers un joli temple flanqué d'une belle pagode, nous reviendrons demain. Notre hôtel est très agréable, c'est le Hotel and Spa gift Takayama. Personnel charmant, souriant, anglais chaotique mais sourires délicieux. Une personne nous explique ce qu'on peut visiter à Takayama avec un plan détaillé. Tl est presque 15 h et on part vers l'ancien quartier très bien préservé de Sanmachi-Suji de l'autre coté du pont sur la belle rivière qui traverse la ville. Une des adresses de Lonely Planet, Helanratu, Le service est terminé, dommage car le descriptif était séduisant. A cette heure-ci, toutes les cuisines sont fermées excepté un petit bouticou à l'angle du pont, où une vieille dame fait griller des brochettes de bœuf Hida sur un brasero ou des galettes de riz piqué sur une broche. On se contente de ça, la viande est excellente, de jeunes femmes en kimono dégustent leurs brochettes sur le trottoir.
Takayama a su garder les traditions qui font le charme des petits quartiers japonais. On la surnomme la petite Kyoto , en raison de ses rues tracées en damier calquées sur l’ancienne capitale impériale, elle dévoile un patrimoine historique très riche. On s'y repère relativement facilement. La vieille ville est établie le long de la rivière Miyagawa, avec ses trois rues commerçantes bordées de bâtiments datant de la période Edo qui composent le quartier de San machi-Suji. Les anciennes résidences privées en bois ’alternent avec les boutiques artisanales, les restaurants et brasseries de saké, les magasins de poteries, les confiseries. Le boeuf Hida y est à l'honneur dans beaucoup de restaurants de viande. Cette viande de bœuf de Hida fonde sa réputation sur sa tendreté, sa douceur et sa tendance à fondre en bouche. C'est une viande rose tendre qui présente un persillage très important. On la déguste en steak, en fondue, en fines tranches grillées, en sushi, sur brochettes. « Hida-gyu » désigne une variété de bœuf provenant d’une race bovine japonaise à la robe noire dont l’élevage, réalisé dans la préfecture de Gifu, dure au minimum 14 mois. Pour obtenir l’appellation Hida-gyu, la viande doit obtenir une note générale délivrée par le Bureau de promotion de la marque Hida-gyu de A ou B, ainsi qu’une note évaluant la qualité de sa texture s’élevant à 5, 4 ou 3, selon le classement de l’Association de classification de la viande japonaise. Les bœufs Hida qui ne satisfont pas à ces critères sont dénommés hida wagyu.
Partout, proche ou en arrière-fond,l'eau qui coule et sa petite musique cristalline nous accompagne. Le pont rouge qui enjambe
la rivière Miya-gawa et relie Sanmachi-Suji à la ville moderne évoque Gion, Takayama a un air de Kyoto. Sur l'autre pont, 2 statues étranges. Elles représentent des gens de deux pays, le « pays
de ceux qui ont de longues jambes » et ceux du « pays de ceux qui ont de
longs bras ». Comme les noms l'indiquent, les habitants de ces deux
pays possèdent des bras et des jambes inhabituellement longs. Les deux
travaillent en équipe pour attraper des poissons en bord de mer. Pour ce
faire, l'homme aux longs bras, le tenaga, grimpe sur le dos de l'homme aux longues jambes, l'ashinaga. Ce dernier patauge ensuite dans les eaux proches de la rive, reste au-dessus de l'eau avec ses longues jambes, tandis que le tenaga utilise ses longs bras pour attraper les poissons du dos de son partenaire.
Là, une grosse sphère toute en cèdre,accrochée au-dessus d’une porte, surveille les passants. Elle marque surtout l’entrée d'une brasserie se saké et la ville en compte beaucoup, comme Hirata, Niki. J'ai très envie de faire une dégustation mais mes compagnons ne semblent pas trop partants pour goûter 6 sakés différents. Takayama est réputé dans tout le Japon comme un des hauts lieux du saké. La production de saké débuta véritablement vers le XVIIe siècle. La ville de Takayama a même compté plus de 60 brasseurs de saké.
3 facteurs expliquent pourquoi Takayama produit un saké d’aussi bonne qualité. Premièrement : le climat froid. Entourée d’une chaîne de montagnes avec des sommets culminant à 3000 mètres, Takayama présente de fortes amplitudes thermiques entre le jour et la nuit, ainsi qu’entre l’été et l’hiver. Notamment, les hivers sont enneigés et rigoureux, mais ce froid est indispensable à la fabrication du saké. Deuxièmement : l’eau. La délicieuse eau souterraine provenant des montagnes des Alpes du Nord est également indispensable à la fabrication du saké. Troisièmement : le riz. Le saké de Takayama est réalisé à partir de riz appelé « Hidahomare » cultivé dans la région. Ce riz pourvu d’un équilibre harmonieux entre les 5 saveurs (sucré, salé, acide, astringent, amer), conjugué à l’eau souterraine et la rigueur du froid hivernal, donne de délicieux sakés.
Les 6 brasseries de saké installées à Takayama confectionnent des produits avec des saveurs, des couleurs et des arômes qui leur sont propres. Faire le tour des différents brasseurs de saké pour comparer leur produit, dénicher son saké préféré est également une des façons d’apprécier Takayama.
On remarque quelques enseignes remarquablement calligraphiées . Retour à l’hôtel. Le réceptionniste est serviable et j'essaye de retenir avec lui le resto du soir. Le Ebisu-Honten qui semble recommandable est privatisé ce soir et fermé le mardi, on tente la chance en passant devant mais impossible d'obtenir un coin de table. Kotaro ne répond pas et le réceptionniste m'y accompagne pour réserver en direct: le resto n'existe plus, remplacé par un parking. En sortant à 19h, on se fait repousser dans 5 établissement. On finit par débusquer dans une sombre ruelle, un petit estaco, 6 tables et quelques places au comptoir. Accueil charmant et, chance inouïe, une cliente japonaise nous voit bien emmerdés devant la carte en japonais agrémentée de petits dessins de vaches hidas et de choux. Elle a passé 2 années à Paris et a beaucoup de plaisir à parler français, elle nous conseille et passe commande. Nous sommes assis sur tes tatamis autour d'un gril alimenté par un gel inflammable bleu. Nous dégustons successivement du bœuf entouré de choux qui grille devant nous puis le même plat du lard gras cette fois, c'est délicieux et le patron nous fait, en plus des frites parfaites, une bière du coin et pour moi un saké froid. Le bonheur et l'hotel est à coté. Par contre, certaines parmi nous , ont eu quelques difficultés a retrouver la position debout et à quitter le tatami avec une attitude altière.
Nous avions fini la promenade cet après midi par le temple Hida Kobukun-ji. C'est un temple très ancien puisque les bâtiments d'origine furent construits au VIII ème siècle avant d'etre détruits par un incendie. Le bâtiment le plus vieux qui subiste encore date du XVI ème siècle. Dans la cour, on remarque un bel arbre, un gingko biloba, très noueux qui aurait 1200 ans et une pagode à 3 étages.
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