mardi 21 mai 2024

JAPON, SHIRAKAWA-GO, LES MAISONS GASSHO-ZUKURI


 Ce matin, nous quittons Takayama en bus. Nous prenons le bus de Nohi bus dans la matinée, les sièges sont numérotés et nous devons faire halte vers 11h à Shirakawa-Go puis reprendre le bus vers 14h jusqu'à Kanazawa. Mauvaise surprise, il pleut des grenouilles, ce qui va être très désagréable pour visiter le village. Nous laissons nos bagages à la consigne pour être libres de nos mouvements. La pluie est forte, glaciale et un vent mauvais souffle pour couronner le tout. Shirakawa-go est un ensemble de villages historiques japonais, situé dans la vallée de Shokawa au nord de la préfecture de Gifu dans la partie centrale de Honshu. Classées au patrimoine de l'Unesco, les maisons traditionnelles aux toits pentus de chaume de style gasshô-zukuri représentent l'attraction principale de cette zone accessible seulement en bus ou en voiture. Le parcours jusqu'au village dure une cinquantaine de minutes, impossible, hélas, de profiter d'un paysage qui doit être grandiose, sommets enneigés, forets, rivières avec des rapides tumultueux mais la pluie, brumes et brouillard, buée sur les vitres nous privent de toute cette beauté.

Shirakawa-go est niché au fond d'une vallée que traverse un impétueux torrent, la foret de résineux enserre le village qui est dominé par quelques sommets enneigés que le brouillard nous dissimule. Les historiens estiment que ces maisons aux toits de chaume ont été construites il y a environ 250 à 300 ans. En japonais, le terme gassho se traduit par « mains en prière », tandis que -zukuri  est un suffixe tiré du verbe tsukuru  qui signifie « construire » ou « fabriquer ». En conséquence, assemblés, les deux mots font référence aux toits escarpés des maisons qui ressemblent aux mains d’un moine bouddhiste en prière.

"Les toits de chaume des maisons de style gassho sont usés par les éléments et doivent être remplacés à intervalles réguliers, généralement tous les 20 à 30 ans. À Shirakawa-go, la couverture de chaume est traditionnellement le fruit d'un effort de coopération pouvant impliquer jusqu'à 200 villageois à la fois. L’esprit d’une telle coopération, dans laquelle une stricte réciprocité est supposée, est appelé yui. Le propriétaire d'une maison fait d'abord appel à ses voisins immédiats, qui font partie du même groupe d'habitants (kumi). Si la maison est petite, le toit du toit peut être réalisé par un seul kumi, tandis que l'aide d'autres parties du village est nécessaire pour les bâtiments plus grands. 
 
Avant l’ère des bâches en plastique, un toit devait être couvert de chaume en une seule journée, et la plupart des projets de rechaumage suivent encore ce calendrier. La famille de la maison se réunit avant l'aube pour enlever le vieux toit de chaume et préparer le toit pour l'arrivée des participants yui, qui se voient attribuer différents rôles en fonction de leurs compétences et de leur expérience. Le plus ancien supervise généralement les travaux, tandis que les jeunes villageois sont chargés de remettre des fagots d'herbe aux chaumiers sur le toit ou de nettoyer après eux. Les membres de la famille du propriétaire de la maison servent des rafraîchissements pendant la journée et, avec d'autres villageois, préparent un festin appelé naorai auquel tous les participants peuvent participer une fois le toit de chaume recouvert. 
 
Les contributions de chaque participant yui, depuis le travail effectué et les matériaux de couverture disposés jusqu'au nombre de bouteilles de saké fournies pour le festin, sont enregistrées dans un livret appelé yui-cho. Une telle tenue de registres contribue à garantir l’équité et la réciprocité, qui sont deux des valeurs clés de la tradition yui. Le plus ancien yui-cho encore existant date de 1792, ce qui prouve que le revêtement des toits en chaume est une entreprise coopérative à Shirakawa-go depuis plus de deux siècles. Bien que la réfection des toitures soit aujourd'hui généralement réalisée par des professionnels, les villageois se réunissent encore au moins une fois par an, généralement au printemps ou en automne, pour couvrir un toit de chaume dans l'esprit du yui. Ceci est fait pour garantir que les techniques impliquées sont transmises à la génération suivante."

 Le style Gasshō-zukuri se caractérise par un toit de chaume  fortement incliné. Le toit gassho a une pente d'environ 60 degrés formant un triangle presque équilatéral. Cette pente raide permet à la neige de glisser facilement du toit.


Les maisons sont grandes, avec trois à quatre étages compris entre les avant-toits bas, et historiquement destinées à abriter de grandes familles élargies et un espace très efficace pour diverses industries. Les toits, réalisés sans clous, offraient un grand grenier utilisé pour la culture du ver à soie.

Situés dans une région montagneuse longtemps coupée du reste du monde, ces villages aux maisons de style Gassho ont survécu de la culture du mûrier et de l'élevage du vers à soie dans les greniers où régnait la chaleur. le premier étage est l'étage d'habitation
Ce ne sont pas des fermes japonaises typiques, mais des bâtiments colossaux de 3 à 5 étages avec de gigantesques piliers et poutres en cèdre maintenus ensemble avec uniquement des cordes tissées à la main et recouverts du toit de chaume emblématique de 3 pieds d'épaisseur.
L’étage supérieur, utilisé comme un loft aujourd'hui, étaient utilisé principalement  pour l’élevage de vers à soie. Comme le climat local était peu propice à l’agriculture, les habitants devaient trouver d’autres sources de revenus pour le village. Nous nous promenons de maison en maison, beaucoup de groupes de touristes, italiens en particuliers qui, même sous la pluie, garde l'a élégance sure, et le port du Guépard. Le village est parcouru de canaux d'irrigation qui alimentent les rizières dont le vert tendre des pousses commencent à sortir de la terre gorgée d'eau. Des truites arc en ciel énormes dont certaines porteuses de mycoses, paressent dans le courant.

 Delphine, dans le road book, nous conseille de visiter le Gassho-zukuri Minkaen, un musée à ciel ouvert où on peut assister à des démonstrations d'artisanat local et le temple musée de Myozenji et son grand Bouddha mais nous sommes transis, mouillés, tremblants de froid et nous n'avons qu'un désir, se caler contre un poêle, au coin du feu en buvant une soupe brûlante. Depuis le pont, on admire l'eau de neige, bleue teintée de blanc qui descend des alpes japonaises.



Finalement, nous terminons la visite par un petit restaurant, 5 tables prises d'assaut, un seul monsieur qui sert, débarrasse. Il propose une carte courte avec des soupes, des ramens et des sobas en portions généreuses. Quand la table, au fond, loin de la porte qui ne cesse de s'ouvrir et près du poêle, se libère, la soupe de nouilles est reçue comme une bénédiction. C'est un endroit chaleureux, situé près du pont, il a peut être un nom mais c'est écrit en japonais. Nous retournons au car avec un peu d'avance. La route jusqu'à Kanasawa est sans problème, la pluie, toujours la pluie, sur une morne plaine.

La visite de Shirakawa-Go complète celle de Hida-no-sato. Ici, le village est très homogène, habité. Aujourd'hui, la pluie ne permet pas d'observer la vraie vie de habitants mais, malgré le désagrément, le vent, la pluie, le brouillard, l’humidité, le froid, cet arrêt ne manquait pas d’intérêt.





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