"Ces jardins sont la mélancolie transformée en joie, la douleur transmuée en plaisir. Ce que vous regardez ici, c’est l’enfer devenu beauté."
Muriel Barbery : Une rose seule
Nous prenons les billets d'entrée à l'entrée Katsurazaka. le chemin s'élève lentement et nous entrons dans le Kenruku-en garden qui est réputé pour être un des 3 plus beaux jardins japonais. Les 2 autres se trouvent à Mito et à Okayama. Le Jardin Kenroku-en possède les 6 attributs essentiels ("sublimes") qui
permettent de créer un jardin paysager parfait- un cours d'eau, un
panorama, l'ancienneté, l'espace, l'isolement et le caractère artificiel.
Le jardin Kenroku-en a été aménagé sur les hauteurs de la ville et à proximité de leur château par le clan Maeda, seigneurs de Kanazawa.
Il s’agit du « jardin aux six aspects » en référence aux six sublimités relatées dans un texte chinois de l’époque de la dynastie Song
qui sont : l’espace et l’isolement, l’ingéniosité humaine et
l’ancienneté vénérable, l’abondance de l’eau et le magnifique point de
vue.
Les travaux d’aménagement se sont étalés sur 220 ans : de 1624 à 1844. La famille Maeda a décidé d’ouvrir son jardin au public le 7 mai 1874.
Nous arrivons prés du lac artificiel, le Kasumigaike Pond. Au premier plan, la Kotojitoro Lantern qui est l'emblème de la ville et le Nijibashi (arc en ciel) bridge.
En son milieu, une ile, la Horaijima Island et quelques pins extraordinaires comme le
pin Karasakinomatsu, au pied de l'étang Kasumigaike, semble presque
sortir de l'eau sur cette photographie. Une forêt de « bretelles à neige
» ( vukitsuri ) est installée ici pour protéger les pins en prévision des chutes de neige hivernales.
De là, on a un panorama superbe sur la ville.
Nous quittons l'étang pour nous promener entre les grands arbres, les bouquets de buis, les charmants ponts japonais, les torri. Un petit ruisseau serpente au milieu du tapis de mousse. "En introduisant l'élément du jardin « de style promenade », Kenroku-en est aménagé avec une variété de techniques de jardinage de différentes périodes. Contrairement au jardin de style sit-and-view où vous profitez du paysage uniquement depuis un certain endroit d'un temple ou d'un palais, le jardin de style promenade comporte de grands étangs, des collines, des cottages et des salons de thé disposés sur un terrain spacieux, vous permettant de promenez-vous à travers eux. En raison des caractéristiques géographiques telles que des ruisseaux sinueux reliant plusieurs étangs et des collines construites artificiellement avec une variété d'arbres, ce style est également appelé « jardin paysager de style promenade comprenant des étangs et des collines »."
Les sakuras ne sont pas les seules merveilles du jardin mais ils restent omniprésents. Nous observons 4 dames qui s'activent sur une pelouse, elles travaillent avec une grande minutie, taillent les mousses pour que rien ne dépasse et éliminent les mousses parasites. Elles semblent très âgées et dissimulent leur visage pour qu'on ne voit pas leur grand age. Leur présence nous interroge et nous dérange et elles ne semblent pas apprécier qu'on les voit. Elles semblent éprouver de la honte. Je pense, en voyant cet image, à une interview de Onfray dans le Point :" Le Japon, qui est une civilisation de l'honneur, donc de la honte, de la honte, donc de l'honneur. La civilisation chrétienne était une civilisation de la faute, donc de la culpabilité. Notre époque ignore désormais la honte et l'honneur, la faute et la culpabilité." Chez nous, il n'y a souvent plus de honte. "les cons n'ont honte de rien, c'est à ça qu'on les reconnaît". Sommes nous devenus un peuple de cons ?
Nous revenons vers l'étang et nous partons vers une sortie proche du musée d'Art Contemporain de Kanazawa. En suivant le wifi pocket nous nous rapprochons d'un restaurant que recommande Lonely Planet mais c'est un autre épisode.
Le Kenruku-En nous a subjugué. Il correspond à l'idée que je me faisais du jardin de promenade japonais. J'ai aimé, la vie, les couleurs, l'harmonie, la sérénité.
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