mercredi 24 avril 2024

JAPON, TOKYO, MEIJI JINGU, SUPERBE SANCTUAIRE SHINTOISTE

 Nous avions besoin d'une longue nuit de sommeil pour réparer les effets nocifs du décalage et des 13 heures passées dans l'avion. Le petit déjeuner du Washington est excellent, très japonais, du poisson sous diverses formes, des œufs, des fruits, quelques viennoiseries. L'organisation laisse un peu à désirer, la salle est ouverte à 7h pétantes et le flux des touristes est contrôlée par une jeune femme, caricaturale, elle a une voix stridente, laisse entrer au compte goutte et crée ainsi, rapidement, un embouteillage, la queue s'allonge, pas pour nous, nous étions dans les premiers mais nos amis vont attendre un long moment avant d'accéder au café, surtout Hélène qui arrive vers 8h et à juste le temps de prendre café et pain au chocolat. Nous avons rendez vous à la réception avec le guide que nous avons retenu pour cette première journée complète à Tokyo. C'est Théo, 24 ans, franco-japonais, père français, mère japonaise. Il a vécu la majeure partie de sa jeune vie au Québec mais n'a pas pris l'accent, il a fait des études d'urbanisme à Montréal mais travaille dans le tourisme à Tokyo avant de trouver un travail conforme à sa formation. Sa mère est rentrée au Japon et vit dans une ile proche de Miyajima dont elle est native, son père continue de travailler au Québec avant de prendre sa retraite et de revenir au Japon. La première chose que nous demandons à Théo, c'est de nous montrer le bureau de Japan-Rail où nous irons valider notre JR Pass, puis de nous enseigner le métro, comment on prend les tickets, les différentes compagnies de métro ect...Avant de partir, j'ai passé pas mal de temps à essayer de comprendre le métro à Tokyo. La première fois que j'ai déplié le plan du (des) métro, j'ai eu des sueurs froides. J'ai ensuite repéré les quartiers où nous serions amenés à nous déplacer et, pour chacun, j'ai défini le mode le plus simple pour y accéder. Le métro tokyoïte est géré par deux compagnies privées Tokyo Metro et Toei. Une autre ligne intéressante, la ligne JR Yamanote.  Les détenteurs du Japan Rail Pass peuvent emprunter la ligne Yamanote gratuitement mais nous n'utiliserons notre JR Pass de 14 jours seulement à compter du 1er Avril.La ligne Yamanote, de plus est   la seule ligne qui relie toutes les gares principales de Tokyo, telles que Shibuya, Shinjuku, Ikebukuro, Ueno et la gare de Tokyo. La ligne circulaire  est longue de 34,5 km. Théo, justement, nous invite a emprunter Yamanote pour nous rendre à Harajuku. Harajuku est un quartier très in avec une mode exubérante et c'est là que ce trouve le Meiji Jingu, le temple le plus grandiose de Tokyo entourée d'un immense parc. On s’arrête devant un immense Torii qui marque l'entrée du sanctuaire et Théo nous explique Shintoïsme et Bouddhisme.

Le shinto "la voie du divin", religion originelle vénérant les forces de la nature, est une croyance animiste et chamaniste qui se fonde sur le respect des divinités, les kami.

Le shintoïsme recense "huit cents myriades", autrement dit un nombre infini de kami. Ces déités, célestes ou terrestres, sont omniprésentes au Japon. Littéralement, kami signifie "ce qui est au-dessus des hommes" ou "supérieur à la condition humaine". Ce terme est souvent traduit par "divinité" ou "esprit", mais ses origines se perdent dans la nuit des temps.

Gardiennes tutélaires d’un lieu, elles séjournent sur une montagne, protègent une forêt, se logent sous une cascade, se nichent sous quelque roche. Des ancêtres ou des héros valeureux des temps passés peuvent, après leur mort, être considérés comme kami, mais ce culte archaïque déifie en premier lieu les éléments de la nature.

Au Japon, les religions sont plus des pratiques culturelles issues des traditions que de réelles croyances. Alors que le bouddhisme cohabite paisiblement avec le shintoïsme, les cultes religieux se mélangent et se complètent harmonieusement. Un meme individu est à la fois shintoïste et bouddhiste.

Le bouddhisme au Japon est une religion importée de Chine et de Corée, basée sur les enseignements du Bouddha. Au 6e siècle, la philosophie indienne est adoptée à la sauce japonaise en fusionnant avec les croyances shintoïstes. A travers les différentes époques, de nombreux courants émergent, donnant naissance à 13 écoles de bouddhisme. 

Si depuis le VIIIe siècle, l’empereur du Japon est vu comme le descendant de grandes divinités du shintō –la déesse du soleil et le dieu de la mer–, il n’est détenteur d’aucun pouvoir réel au milieu du XIXe, les shoguns exerçant leur domination. Avec la restauration Meiji, Mutsuhito remet au premier plan le culte de l’empereur qui devient alors divinité et symbole de la Nation. Une situation qui prend fin en 1945 après la Seconde Guerre mondiale. 

"Mutsuhito, fils de l'empereur Koméi, monte sur le trône à 14 ans, le 30 janvier 1867. Il est, selon la chronologie officielle, le 122e empereur du Japon..Le jeune souverain, à l'écoute du clan réformiste, adopte le nom de règne de Meiji Tenno (Meiji veut dire lumière en japonais). Ce nom est significatif de sa volonté de moderniser l'empire du Japon et de l’ouvrir sur le monde. Ne se satisfaisant pas du rôle purement symbolique et religieux dévolu au souverain, l’empereur Meiji Tenno congédie le maire du palais (le shogun) le 9 novembre 1867 et décide de gouverner désormais en personne, avec le concours des grands seigneurs  réformistes qui piaffent d'impatience dans l'ombre du shogun Tokugama, le maître tout-puissant du gouvernement. En moins d'une génération, il va hisser son pays parmi les grandes puissances de la planète, toutes les autres appartenant à la sphère occidentale. C'est le fondateur du Japon moderne."Le sanctuaire Meiji a été achevé en 1920 et est devenu le sanctuaire shinto le plus célèbre du Japon. Le sanctuaire Meiji Jingu est dédié aux âmes de l'empereur Meiji (1852-1912) et de son épouse, l' impératrice Shoken (1849-1914).

Nous entrons en passant sous le  monumental torii de 12mètres de haut. C'est une porte composée de deux piliers surmontés d'un double linteau et d'un tirant qui  marque l'entrée d'un sanctuaire, séparant le monde sacré du monde profane. Ce torii est de style myojin, qui se différencie par un linteau supérieur incurvé et une longue poutre d'attache.
Il est orné de 3 disques en forme de chrysanthème à seize pétales sur le linteau supérieur. L'emblème du chrysanthème est l'emblème de la famille impériale et indique le lien entre la famille impériale et Meiji Jingu. L'écusson a été incorporé dans tout le sanctuaire, par exemple dans le dessin des lanternes.
Il s'agit du premier des trois torii le long de l'approche Minami sando du sanctuaire principal. Les gens s'inclinent pour montrer leur respect lorsqu'ils passent sous un torii qu'ils entrent ou sortent de l'enceinte du sanctuaire. Le large chemin qui conduit au sanctuaire serpente dans une belle foret
qui s'étend sur 170 hectares. Elle a été créée en transplantant environ 100 000 arbres donnés de tout le Japon. 

Sur notre droite, en montant, une énorme pile de tonneaux de saké à l'entrée du sanctuaire Meiji Jingu ont été  offerts par les brasseurs de saké à l'empereur, aux dieux et aux divinités.

 L’empereur Meiji (1852-1912) a encouragé le développement technologique de nombreuses industries nationales, notamment celle de la production de saké, dans le cadre de la modernisation du Japon. Ces fûts de saké recouverts de paille sont offerts chaque année à Meiji Jingu par les membres de l'association nationale des brasseurs de saké Meiji Jingu. Les brasseurs font ce don pour montrer leur profond respect pour les âmes consacrées de l'empereur Meiji et de l'impératrice Shoken (1849-1914). Les fûts, décoratifs et vides, sont offerts aux divinités kami avec le saké en bouteilles. Le saké joue un rôle important dans le shintoïsme. C'est considéré comme un moyen de connecter les gens et les kami. Alors que le saké est normalement appelé nihonshu en japonais, le saké utilisé dans les sanctuaires est appelé miki ou omiki, écrit avec les caractères chinois pour « kami » et « alcool ». L'Omiki est offert quotidiennement aux kami et distribué aux adeptes après les rituels et les festivals organisés au sanctuaire.

Plus surprenant sur la gauche, une pile aussi importante de tonneaux de grands crus de Bourgogne. La juxtaposition du vin et du saké au Meiji Jingu est symbolique de la culture de la période Meiji. Sous l’impulsion de l’empereur Meiji, la combinaison des influences étrangères et des traditions japonaises fut un aspect clé de cette période. 

 Durant son règne, l'empereur Meiji (1852-1912) souhaitait adopter la culture et les constructions occidentales, tout en préservant les traditions séculaires du Japon. La société japonaise a suivi l'exemple de l'empereur en adoptant les technologies et les traditions occidentales.


L'Empereur aimait la cuisine et le vin occidentaux. En mémoire de l'empereur Meiji et de son amour du vin français, plusieurs vignobles célèbres de la région Bourgogne en France ont chacun fait don d'un tonneau de vin à Meiji Jingu en 2006. Du vin de Bourgogne est désormais offert au sanctuaire chaque année.
Ces tonneaux sont le symbole des liens interculturels forts qu'entretiennent la France et le Japon. Ils sont offerts dans l'attente de la poursuite des relations longues et fructueuses entre les deux pays, et avec une profonde gratitude pour l'esprit d'amitié et pour la paix mondiale.

Nous franchissons un second torii puis nous parvenons au sanctuaire. En pénétrant dans un sanctuaire shinto, le visiteur doit se purifier.
  •  Cela se fait dans un temizuya, bâtiment de purification rituelle. Des louches sont fournies pour que vous puissiez vous laver les mains et nettoyer votre bouche. Tout le monde, quelle que soit sa foi, est invité à participer. 

     


    Cette porte est la plus importante des trois portes qui s'ouvrent sur le complexe principal du sanctuaire et constitue l'entrée principale. L'importance de cette entrée se reflète dans le fait que la porte est un bâtiment à deux étages, alors que les deux autres portes sont à un seul étage. La porte a été construite en 1920 lors de la consécration du Meiji Jingu et est l'une des rares structures à avoir survécu aux raids aériens de la Seconde Guerre mondiale. Le portail est en cyprès hinoki japonais, recouvert de cuivre.

    Lorsqu'on franchit le portail, on doit  enjamber la poutre en bois et.  baisser la tête en passant en signe de respect.

    "Le sanctuaire principal Honden est le bâtiment le plus sacré du sanctuaire Meiji Jingu. Le sanctuaire intérieur est au cœur du sanctuaire principal et c'est là que sont consacrées les divinités kami. De nombreux rituels ont lieu quotidiennement à l'intérieur du sanctuaire intérieur, notamment l'offrande de nourriture sacrée et de prières appelées onikkusai, qui ont lieu tous les jours à 8h00 et 14h00.

    Le honden et les bâtiments qui l'entourent sont en bois de cyprès japonais, tandis que les toits sont recouverts de cuivre. Le bois utilisé provient principalement de Kiso, dans la préfecture de Nagano, une région réputée pour la culture de grands cyprès japonais.
    Le sanctuaire principal est construit dans le style Nagare Zukuri, un style d'architecture de sanctuaire populaire que l'on retrouve dans tout le Japon. Dans ce style d'architecture, le toit à l'avant du sanctuaire est beaucoup plus long qu'à l'arrière, car le toit avant est prolongé pour couvrir les marches menant au sanctuaire.
    Les structures du honden comprennent la salle de récital de prière noritoden ou shinto, le naihaiden, la salle intérieure du sanctuaire, et le gehaiden, ou la salle extérieure du sanctuaire. Le gehaiden se trouve devant le sanctuaire et c'est là que les visiteurs prient.
    Le bâtiment principal du sanctuaire a été achevé en 1920, mais a été incendié lors des raids aériens à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le bâtiment actuel a été achevé en 1958. Pour des raisons de protection contre le feu, le cuivre a été utilisé pour les toits des nouveaux bâtiments à la place de l'écorce d'arbre qui avait été utilisée pour les bâtiments d'origine."

    Cette paire de camphriers est connue sous le nom de Meoto Kusu, ou « camphriers mari et femme ». Ils sont reliés par une corde appelée shimenawa, qui signifie leur connexion sacrée. Le shimenawa en shintoïsme est utilisé pour indiquer le caractère sacré et éloigne également les mauvais esprits.
    Ces deux arbres ont été plantés lors de la création de Meiji Jingu en 1920 et poussent ici côte à côte depuis. Ils sont donc considérés comme le symbole d'un mariage heureux et solide comme celui de l'empereur Meiji et de l'impératrice Shoken, et d'une famille saine. Les arbres sont un endroit populaire pour les personnes à la recherche d’un partenaire et pour celles qui cherchent à réussir leur mariage.

    Justement, nous reviendrons ici, dimanche en espérant assister à un mariage shinto traditionnel. Meiji Jingu est un lieu où les familles aisées aiment à célébrer les mariages.


    Les Ema, ou tablettes votives, sont des plaques de bois avec d'un côté une image spécifique au sanctuaire et de l'autre un espace vierge pour écrire un message de gratitude ou de prière. Ils sont disponibles au bureau des amulettes juyosho pour 500 ¥ et décorés soit d'un blason Meiji Jingu, soit, pendant la période du Nouvel An, de l'animal du zodiaque de cette année.
    Le mot ema signifie littéralement « image d'un cheval » et remonte à l'Antiquité, lorsque les fidèles faisaient don de chevaux aux sanctuaires. Au fil du temps, les images de chevaux ont remplacé les vrais chevaux et se sont développées pour devenir l'ema d'aujourd'hui.
    Les messages écrits sur ema peuvent aller de promesses aux kami à des expressions de gratitude, des aspirations pour l'année ou d'autres messages sincères. Les messages peuvent être écrits dans n’importe quelle langue et par n’importe qui, quelle que soit sa foi. Une fois que vous avez écrit le vôtre, veuillez accrocher votre ema sur le support de tablettes votives qui entoure un camphrier. Les ema sont offerts par les prêtres du sanctuaire aux kami lors du mikesai, organisé chaque matin. Les tablettes sont finalement brûlées dans un feu rituel.

    Des amulettes connues sous le nom d'omamori et des talismans protecteurs appelés ofuda sont disponibles ici. Il existe des omamori pour la sécurité routière, la santé ou la réussite scolaire. Meiji Jingu propose également le sowa mamori, un omamori spécial pour la chance en amour, infusé de l'arôme des camphriers et inspiré des camphriers du mari et de la femme Meoto Kusu. Les Omamori sont généralement attachés ou mis dans un sac, un sac à main ou une poche, et conservés jusqu'à ce qu'ils aient rempli leur fonction. Les amulettes ne doivent pas être ouvertes.

"On reçoit un omikuji en faisant une petite offrande (généralement de 100 à 200 yens). La façon traditionnelle est d’agiter une boite octogonale contenant des baguettes, et une seule sort par un petit trou prévu à cet effet. Sur chaque baguette il y a un numéro, qu’il faut utiliser pour accéder à une série de tiroirs. A chaque numéro, un tiroir qu’il faut ouvrir pour récupérer sa prédiction.

Comme tirer un papier prend du temps, de plus en plus de temples simplifient le procédé en remplissant une grande boite de prédictions. Vous mettez une pièce de 100 yens et vous tirez un omikuji au hasard.

Le papier est roulé ou plié, et lorsque vous le déroulez ou dépliez, il révèle une prédiction écrite. Même si vous n’y croyez pas, sachez qu’il s’agit aussi d’une source de revenus pour les temples qui sont des institutions privées. Ainsi en achetant un Omikuji vous participez aussi à la préservation et l’entretien du lieu.

Les japonais viennent souvent consulter les oracles, avant chaque moment important de leur vie (par exemple un examen) mais aussi en tout début d’année pendant la première visite au temple (l’hatsumode)."

Théo nous a fait faire une visite très complète et très bien expliquée de ce superbe sanctuaire. Nous espérons que dimanche, ses explications seront complétées en assistant à un mariage. Le reste de la journée sera consacré à la visite de Harajuku, Shibuya, Ueno et Yanesen. je compléterai mon articles avec les photos de mes amis car le zoom de mon Nikon donne des photos floues et inexploitables.

 

 

 

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