VIETNAM, HANOI, LE TEMPLE DE LA LITTÈRATURE

 Nous avons rendez vous à 9h à l'angle de la rue de l’hôtel. Les rues des corporations sont interdites à la circulation et le chauffeur doit nous attendre  au coin de la rue. Auparavant, je suis allé dans les ruelles pour acheter du vin pour les jours qu’on va passer sur la jonque dans la baie d'Halong. J'ai trouvé un cubi de vin du Chili. A 9h nous sommes dans le hall de l’hôtel et nous traînons nos valises jusqu'au minibus qui est stationné à 10 mètres. Quand on y parvient, 3 flics patibulaires qui ne rigolent pas tous les jours assaillent le chauffeur. Il y en a un qui prend des photos, le chef qui discute avec le commerçant du coin et un troisième qui note le numéro de la voiture, l'identité du chauffeur. Le chef ,fait le tour du véhicule des fois qu'il pourrait trouver un autre motif de verbalisation. Le système de corruption du pays qui s'étale au grand jour: le commerçant appelle les flics, il sera rétribué, les flics arrivent, pas possible de parlementer, on aligne le chauffeur, 250 euros. Il transporte des touristes dont on espère qu'ils vont se cotiser pour payer la prime et du coup on a engraissé 4 salopards. Les plus salopards; du coup, c'est ceux qui les dirigent. Les flics sont mal payés, bons communistes et le salaire qu'ils n'ont pas, ils le compensent sur le quidam qui bosse et qui trime. Philippe se laisse attendrir mais pas moi. En payant les contraventions, on entretient le système qui ne tourne que par la corruption organisée et la gratte. Je crains le pire le jour du départ quand il faudra passer à l’immigration pour nos visas merdiques.

Huy n'a pas respecté le programme le jour où nous partions pour la baie d'Halong terrestre, donc, avant de partir vers la baie d'Halong maritime, il est prévu que nous visitions le temple de la littérature. Il est situé au sud de la Cité Impériale et se compose de 2 parties:  le Temple de la Littérature et l’Académie impériale.Le Temple de la Littérature (Văn Miếu) fut fondé en 1070 sous le règne du roi Ly Thanh Tong pour honorer Confucius. Six ans plus tard, en 1076, sous le règne du roi Ly Nhan Tong, Quoc Tu Giam (Collège des Enfants de la Nation) fut construit derrière le Temple de la Littérature en tant que l’école royale. C’est ici que les princes, les fils de mandarins et de l’aristocratie poursuivaient leurs études pour devenir lettrés et hauts fonctionnaires, c’est-à-dire les « Fils de la Nation ».  L' ensemble qui s’étend sur une superficie totale de 54.331m2, est composé de trois parties principales: le Lac Van (Ho Van), le Jardin Giam (Vuon Giam) et l’Intérieur (Noi Tu), entouré de murs en pierre.

 A l’Entrée principale se dressent quatre grandioses colonnes (Tu tru) dont deux surnommées « Ha ma » signifiant « descendre du cheval », construites en 1771 pour rappeler à tous, y compris les médecins, les mandarins de haut rang et les empereurs, de descendre de leurs chevaux pour rendre hommage aux saints et aux talentueux éducateurs du pays.

Ensuite se trouve le grand portail Van Mieu mon. A deux côtés des perrons trônent deux dragons de pierre comme, les  gardiens du temple dans le style  de la dynastie des Nguyen. Aujourd'hui est un jour particulier, une foule de très jeunes écoliers se presse. Ils ont vêtus souvent la tenue classique des nouveaux diplômés et une cérémonie est organisée en leur honneur. La tenue de certaines écoles est beaucoup plus modeste. L'égalité à la mode démocratie populaire. 

Les institutrices qui les accompagnent sont vêtues
de la tenue traditionnelle des femmes vietnamiennes, le Ao Dai . symbole de la culture et de la beauté féminine du pays du Dragon. 

C’est un site touristique mais aussi un réel lieu de vie pour les vietnamiens et les étudiants en particulier qui viennent pour prier souvent avant un examen important. A la fin des études, avant de quitter l’université, c'est dans le temple de la Littérature que l'on célèbre la remise des  diplômes pour les étudiants .

Il semble cependant que la grande cérémonie officielle qui se tient en ce lieu ne concerne que les majors de promotion et les plus brillants sujets. En octobre, cette année, Plus de 90 majors de promotion des universités et académies de Hanoï ont reçu des certificats de mérite et des médailles lors de la cérémonie pour récompenser les majors exceptionnels diplômés des universités et académies de la capitale Hanoï en 2023. Cérémonie présidée par les plus hautes instances du parti.

La zone intérieure du Temple de la Littérature est divisée en cinq cours consécutives, chacune est entourée de murs de briques et a trois portes: la plus grande au centre et deux plus petites de chaque côté.

Chaque cour et bâtiment du temple porte un nom rappelant une signification particulière, souvent en rapport avec les enseignements confucéens ou les symboles de la littérature. Pour les explications, il y a longtemps que je ne compte plus sur le guide. Devant chaque bâtiment important figure un panneau rédigé en français qui explique la destination et le nom de chaque cour.

En franchissant la grande porte de la première cour (la Grande Porte du Milieu), on se trouve dans un havre de sérénité, enfin, en général, parce qu'aujourd'hui les enfants piaillent, chouinent, rigolent, s'agitent.Les portes à gauche et à droite s'appellent respectivement Thanh Duc (accomplissement de la Vertu) et Dai Tai (réalisation du Talent), ce qui représente l'attente du roi envers les étudiants. Le vocabulaire du Confucianisme est savoureux. On remarque un poisson au-dessus de la porte. La légende raconte que Dieu organise un concours annuel pour les poissons, et celui qui est capable de sauter par-dessus les vagues les plus fortes pour sauter de l'autre côté de la cascade, se transformera en un puissant dragon. C'est ce poisson qui symbolise le major d'une promotion.

La 2ème  cours ou « Thanh dat » (Succès), s’étend du portail Dai Trung jusqu’à Khue Van Cac ou Pavillon de la Constellation de la littérature, un monument architectural typique qui symbolise l’histoire et la culture de Hanoi. Ce Pavillon, construit en 1805, se compose en 2 étages. En bas, on trouve 4 colonnes de briques et, en haut, des structures de bois dont quatre façades possèdent chacune une porte ronde. La toiture est couverte de tuile tubulaire. Sur deux côtés du Pavillon on trouve les portes latérales Bi van et Suc van dont le nom évoque la beauté de la littérature.

Les enfants sont photographiés sous toutes les coutures, dans chaque groupe, il ya le stroumpf à lunettes, le poisson qui saute le plus haut, le pleureur, atchoum, le petit gros et le grand maigre, grincheux, on se retrouve dans la classe du Petit Nicolas.

La 3ème cour, ici le puits Thien Quang (de la Clarté Céleste) se situe au milieu de deux bâtiments symétriques sur lesquels on admire les 82 stèles des Docteurs, érigées sur le dos de tortues de pierre, entre 1484 et 1780. Sur les côtés de la porte Dai Thanh qui donne à la 4eme cour, se situent deux petites entrées, Kim Thanh mon et Ngoc Chan mon.

Les petits lauréats se font faire une beauté par les jeunes filles qui les encadrent.

La 4ème cour (Dai Thanh Dien)comporte deux bâtiments Ta vu (Gauche) et Huu vu (Droit), dédiés à la commémoration des 72 disciples élites de Confucius et de Chu Van An,  éducateur de premier plan sous la dynastie des Tran. Au milieu de la cour se situe « Bai duong », endroit sacré dédié aux cérémonies, où se déploient les tablettes ancestrales dédiées aux 10 sages remarquables
, des calligraphies et sentences parallèles saluant le Confucianisme, son fondateur et ses quatre excellents disciples « Tu phoi », Nhan Hoi, Tu Tu, Tang Sam et Manh Tu. Les petits font comme les grands, ils se mettent en rang, avancent d'un pas et balancent leur couvre chef le plus haut possible.

Tout ce petit monde est rassemblé dans une grande salle pour recevoir un petit gouter dans un vacarme assourdissant.

 Au fond de cette cour se dresse le temple de Confucius (Văn Miếu) qui héberge la Grande Maison des Cérémonies (Đại Bái Đường) et de la Salle de la Grande synthèse (Đại Thành Điện), l’endroit le plus sacré, dédié à Confucius et ses meilleurs disciples. Une statue de Confucius se trouve au milieu de cette salle. C’est là que la plupart des Vietnamiens visitent et font leur offre, en particulier pendant la période de fin d’année scolaire pour souhaiter bonne chance aux examens.

Il est des écoles beaucoup plus modestes, des enfants de citoyens lambda, le vulgum pecus, tout juste bon a bosser. Les tenues sont plus sobres, un bermuda ou un short et des chemises rouges ou jaunes.

 

 

 

La 5ème cour donne sur la maison Thai Hoc qui se dresse devant l’ancien Quoc Tu Giam, la première université du Vietnam. Au début du XIXeme siècle, sous la dynastie de Nguyen, Quoc Tu Giam fut réaménagé à Hue, au centre du pays. Cette demeure fut transformée en temple Khai Thanh consacré aux parents de Confucius.

Avant de quitter Hanoi, nous voulons faire un peu de shopping et le guide nous dépose dans un grand bâtiment qui couvre 5 ou 6 étages. Il est tenu par une sortes d'ONG qui fédère les travaux artistiques d'Handicapés: on y trouve coutumes, maroquineries, peintures et joaillerie. Pour les vêtements , c'est assez tartignolle, la peinture aussi, mièvre, désuète, rien qui ne se détache, c'est gentil mais sans intérêt. Le chef est un ami de Huy, sale gueule qui traite ses subalternes avec mépris, et l'autorité d'un kapo dans un camp de prisonniers français de la guerre d'Indochine. Les vendeurs sont serviles devant lui parce qu'il le terrorise. Marie est intéressée par une bague avec un grenat exceptionnel, mais le prix est dissuasif, 3600 euros. Le vendeur lui dit de proposer un prix: 1500 euros. Le vendeur nous demande d'attendre un moment, il va demander au chef. Dix minutes passent et le vendeur, avec mille courbettes, nous dit que le chef est d'accord. Marie n'a pas trop confiance, descendre un prix de 60% directement, c'est vrai qu'on peut se demander si ça ne marcherai pas à 1000 ou 800 euros. Marie décline l'offre et on décide de partir suivi par le kapo patibulaire et agressif qui nous agonit et s'en prend à mon épouse pour sa couleur de peau en tenant des propos d'un racisme intolérable. Nous répondons vertement mais pas question de protester et d e porter plainte. Ce genre d'individu doit etre aussi indicateur de police et des douanes. Nous allons déjeuner et déguster le plat traditionnel de Hanoi, le Bun Cha. Pour cela, nous ne choisissons pas l'adresse que nous propose le guide mais nous allons au Bun Cha Dac Kim recommandé par le Routard et Lonely Planet.

La maîtresse de maison nous prend en charge et nous explique avec des gestes comment manger le Bun Cha. Le bún chả est un plat vietnamien de porc grillé, de nouilles et d'herbes. C'est un classique de la cuisine de rue et sur les trottoirs d'Hanoi, Il suffit de suivre les nuages ​​de fumée après 11 heures du matin lorsque les vendeurs ambulants commencent à griller de petites boulettes plates de viande de porc hachée ainsi que des tranches de poitrine de porc marinée, sur un feu de charbon de bois. Notre Bun Cha est plus évolué.

En fait la recette est relativement simple. Elle comporte des  « bun » ou vermicelles de riz, de la viande du ventre de porc, d échalote, ail, piment des herbes aromatiques et quelques fines tranches de carotte et papaye verte dans un bol de sauce « nuoc mam » aigre-douce. C'est un délice qu'on refera , une fois rentrés en France en suivant la recette que nous a donné notre cuisinière de Hoi An. Ce restaurant est idéal pour déguster un Bun Cha dans la parfaite tradition gastronomique de Hanoi.

Avant de quitter Hanoi pour la baie d'Halong, nous faisons un petit tour du lac Hoan Kiem

Puis nous allons prendre un verre au mythique hotel Metropole. Construit au début du 20ème siècle, Hanoi Sofitel Legend Metropole est le seul hôtel de la ville qui fleure l'époque de la présence  française.On y retrouve l'atmosphère et le luxe des palaces parisiens. C'est un havre de raffinement.

Nous retrouvons chauffeur, guide et mini-bus. Nicolas de Carnets d'Asie m'a appelé pour nous dire que le guide restera avec nous sur la jonque et que sa prestation ne sera pas facturée. Le guide a du négocier avec l'agence pour passer 3 jour de farniente à taquiner le calamar avec sa turlute mais on répond qu'il sera heureux de passer le week end avec sa femme et ses gosses et que nous vivrons très bien , sur notre jonque, libéré du babillage et des ricanements de Huy. Il a vait calculé que le départ d'Eliane libérait une cabine et qu'il profiterai de l’occasion pour faire du farniente. Huy prendra congé de nous au port, et nous serons enfin libre après 10 jours de cohabitation difficile.