dimanche 5 novembre 2023

VIETNAM, EN BATEAU SUR LE LAC DE THAC BA

 Nous sommes au bord du lac de Thac Ba, dans le nord et je suis réveillé un peu tot par les chiens qui jappent. Je descend doucement les escaliers et je vais me balader au bord de la rizière. le jour se lève à peine mais les travailleurs de la rizière sont déjà à l’œuvre.


Il y a un homme qui désherbe et 3 femmes coiffées du chapeau conique qui se dirige vers le petit port d'où partent les excursions sur le lac. Elles récoltent des coquillages dans le lac
que je craindrais de manger: la bilharziose n'est pas une légende.

Plus grand lac artificiel du Vietnam, le lac Thac Ba s'est formé lors de la construction d’un barrage sur la rivière Chay (seconde rivière importante après le fleuve Rouge) pour l’implantation de la première centrale hydroélectrique du nord qui s’est achevée en 1970 en pleine guerre du Vietnam. Reconnu vestige historique national en 1996, ce lac d’une longueur de 80 kilomètres et entre 8 et 12 kilomètres de largeur, s’étale aux pieds de verdoyantes collines sur une surface 23 400 hectares. Le lac Thac Ba abrite un écosystème riche composé de nombreux mammifères, reptiles, amphibiens et poissons. Le nom Thac Ba a été donné au lac par les habitants en mémoire de la cascade Thac Ba qui jadis coulait à l’emplacement du lac.

Je retourne au lodge qui lentement s'éveille. Petit déjeuner copieux, l'accueil des Dao est très chaleureux, les motards restent mutiques, on assiste à leur pétaradant départ, pas un regard, pas un mot. Le chef de famille nous conduit à l'embarcadère et va nous conduire sur son sampan pour un balade sur le lac. Le lac Thac Bà, décrit comme "la baie de Ha Long sur la montagne", est l’un des trois plus grands lacs artificiels du Vietnam. Nous embarquons sur le long sampanIl bruine est la visibilité est très réduite. Le lac est saupoudré de centaines d’îlots en forme de bols renversés et recouvert d’une végétation dense.

 




Le nord du Vietnam est un pays de brume, le taux d’humidité est élevé et on ne voit pas souvent le soleil. La brume, le brouillard confère à ce lieu une impression étrange, mystique, fantasmagorique. Nous avons l'impression d’être presque seuls au monde, On croise de rares pêcheurs, quelques barcasses mues par un moteur de tracteur qui hocquéte, crache une fumée épaisse et troublent le silence.  C'est un bonheur de naviguer seuls, le silence serait absolu si notre moteur ne faisait pas ce boucan de tronçonneuse. On navigue dans la ouate. Parfois le soleil timide rend l'eau qui n'est pas troublée par le moindre souffle de vent, émeraude.

 On reste un moment à observer un pêcheur qui déroule son filet, puis on se rapproche de l’Île idéale, parfaite, une symétrie totale, les arbres posés sur le sommet comme une coupe au bol.

 


 

 

 

 

 

De toute la promenade, nous ne croisons pas d'autres touristes. Notre bateau avançe doucement, au ras de l’eau qui se plisse à peine. 



Une halte est prévue sur un petit îlot. Dans le programme, il est dit qu'on peut se baigner mais la bruine, la brume, la température relativement basse, les parasites lacustres sont autant de raison pour décliner l'appel de l'onde. 

 

Nous allons accoster sur une île. Quand le barrage a été mis en eau, Les habitants ont été d^possédés de leurs terres mais le propre des démocraties "populaires" c'est que, quand le pouvoir décide, le peuple n'a pas droit au chapitre. L'état a proposé des plans de reconversion dans la culture du café, fiasco. "Puis une usine de transformation du manioc s’est installée générant une importante source de revenus autour de cette activité. Tous se sont mis à cultiver du manioc ; environ 80 000 personnes alentour ont été impliquées directement et indirectement dans cette économie. Mais comme pour toute monoculture les effets pervers n’ont pas tardé à se faire ressentir. Le manioc contient des substances toxiques naturellement contenues dans les sols, mais qui, concentrées, sont nocives pour l’environnement. L’usine n’a pas su gérer le traitement et toutes les nappes phréatiques des villages proches de l’usine ont été polluées. Des maladies sont apparues. L’usine a pourtant continué de fonctionner jusqu’à dernièrement – elle a alors été contrainte de déménager pour polluer plus loin.Les habitants se sont retournés vers la deuxième grosse monoculture locale, la plantation d’eucalyptus d’Australie. L’arbre pousse vite, ne demande pas d’entretien et est exploitable dès la 3ème année. Mais il rend les terres acides, suce tous les nutriments et désormais après 15 ans d’exploitation intensive sur toute les îles et bordures du lac, les arbres sont rachitiques et la terre n’en peut plus. Mais toute une chaîne d’investissement a suivi et rechigne à abandonner l’activité pourtant dans le mur depuis des années. l’abandon des pratiques familiales diversifiées et la dépendance aux monocultures ont exposé et condamné des familles à la précarité quand elles ont capoté. Les petites parcelles étaient cultivées alternativement pour permettre l’association de familles proches pour les moissons par exemple."Les Dao pratiquaient un calendrier agricole qui planifiait l'alternance des cultures pour ne pas appauvrir les sols. Encore une perversion du regime de l'Oncle et de ses successeurs. 

Effectivement les eucalyptus ne sont pas fringants et aucune végétation ne pousse dans les sous-bois un peu comme dans nos forets de douglas. On a droit à l'histoire de cette plante sensitive qui permettait, soi-disant, aux viets minh de détecter le passage récent d'un individu et de prévenir les éventuelles embuscades.La sensitive (nom botanique : Mimosa pudica et nom vietnamien : Cây trinh nu ,cay xâu hô, co then) est un arbrisseau colonisant des terrains vagues, à rameaux hirsutes, épineux, à feuilles palmées - bipennées, très sensibles au contact ; aux inflorescences axillaires en têtes globuleuses, aux fleurs très petites, composées d'étamines hérissées de couleur bleu lilas ou rose. Nous remontons sur le sampan pour un voyage de retour en slalomant entre les îlots.
 



Retour au lodge, on boucle les valises avant de reprendre la route pour le parc naturel de Ba Be. Nous quittons nos hôtes charmants, le confort était spartiate mais l'accueil chaleureux. Nous avons pu constater encore, que, malgré le discours officiel lénifiant et vertueux, le parti communiste vietnamien traite ses minorités avec mépris sans tenir compte de leurs traditions et de leur mode de vie ancestral. Et encore, nous étions chez des Dao qui ont réussi à se reconvertir dans un écotourisme.

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