jeudi 2 novembre 2023

VIENNE, AUTRICHE, UNE SOIRÈE À L'OPÈRA, DON QUICHOTTE

"Légère par politesse, nostalgique par plaisir, aristocratique par goût, Vienne reste fastueuse par intérêt."
  

Il y a 25 ans, nous avions déjà assisté à un concert à l’Opéra de Vienne. L'élégance du public, les tenues et la tenue des spectateur nous avaient particulièrement impressionnées. Contrairement aux français, aller à l'Opéra pour les viennois s'apparente à se rendre à une cérémonie, on y respect un code vestimentaire, tout ici est faste, luxe et raffinement. Il y règne une ambiance unique au monde, un parfum suranné du XIXème siècle, comme si François Joseph régnait encore sur l'Empire. Le Wiener Stadtoper est l’un des plus prestigieux opéras du monde, et l’une des toutes premières institutions culturelles de la capitale autrichienne.

Nous espérons retrouver cette atmosphère et, pour etre fidèle à l'esprit et à l'élégance de Vienne, nous avons revetu des habits de circonstance.

La construction de l’opéra sur le Ring  fut menée par les architectes Eduard van der Nôll et August Sicard von Sicardsburg. L’édification de l’ouvrage est chaotique : au-delà des critiques sur le style architectural auxquelles se serait joint l’Empereur, les architectes voient le boulevard circulaire passant devant le bâtiment être relevé d’un mètre, cassant la monumentalité du projet. Qualifié de « Sadowa de l’architecture », l’ouvrage précipitera le destin des deux malheureux avant même son inauguration : l’un se suicide, l’autre meurt d’un infarctus quelques semaines plus tard.

 Le hall d'entrée et les escaliers datent de la construction de l'Opéra. Le , la scène fut détruite par un bombardement allié et le bâtiment ravagé par un incendie à l’exception du foyer, du grand escalier, du vestibule et du salon de thé.


L’Opéra fut reconstruit après la guerre par Eric Boltenstern. Sur le conseil de Toscanini, il employa beaucoup de bois afin d’en améliorer l’acoustique. Le nombre de places au parterre fut réduit et la cloison autour du quatrième balcon supprimée, la capacité de la nouvelle salle étant de deux mille deux cents places. La façade, l’entrée et le foyer, épargnés par l’incendie, furent restaurés et gardèrent leur style premier. A l'origine, j'ai acheté de bonnes places au balcon, mais nous avons été surclassés et nous occupons une loge juste au dessus de l'orchestre. C'est très intéressant pour observer l'orchestre, les connivences entre musiciens, le jeu du chef d'orchestre. Un inconvénient, notre vision n'est pas complète de la scène et le coin gauche nous est masqué. D'autre part, il n'est pas autorisé de prendre des photos de crainte que les téléphone ou les appareils photographiques chutent et risquent de blesser les musiciens. Je dois sortir de la loge pour prendre quelques photos.
Ce soir, nous assistons au ballet Don Quichotte. 

L’Opéra National de Vienne entretient une relation spéciale avec ce ballet. C’est en effet dans la capitale autrichienne que  Rudolf Noureev revisite l’œuvre originale de Petipa et règle son Don Quichotte en 1966. C’est à cette version exubérante que nous allons assister

L’évolution artistique de Noureev est inextricablement liée à ce ballet. Son interprétation du rôle de Basilio lui permet d’entrer en Occident et de présenter régulièrement Don Quichotte avec diverses compagnies à travers le monde. Don Quichotte est un ballet en 4 actes, 8 tableaux et un prologue de Marius Petipa, musique de Léon Minkus, représenté pour la première fois au Bolchoi en 1869.

"Cette version révèle avec plus d’évidence la façon dont Noureev règle les grands mouvements sur scène : les numéros espagnols tourbillonnent autour de l’énorme place du village et forment une ingénieuse variété de configuration destinées à montrer les pas caractéristiques de l’Espagne.
Si la séquence purement classique de la « vision » de Dulcinée et des Dryades conserve son intégralité – telle que la tradition du Kirov l’a transmise – Noureev la fait précéder de l’épisode du camp des gitans, prétexte à développer la rencontre amoureuse de Kitri et Basilio : pas de deux au clair de lune sous les ailes d’un moulin géant.

Rudolf Noureev ramène aussi le ballet à trois actes et un prologue : les gitans, les moulins à vent, le théâtre de marionnettes deviennent un même tableau, suivi de l’apparition des Dryades.

Noureev a beaucoup argumenté la part de la comédie. Dans sa version, il a introduit l’esprit de la Commedia dell’Arte, où Don Quichotte serait Pantalon, Kitri serait Colombine, et Bisilio Arlequin, un meneur de jeu, brillant, jaillissant, bondissant, qui court d’un bout à l’autre du ballet » (Alexander Bland)." Il est très agréable à l'entracte de se rendre au salon de thé pour boire une coupe de champagne servi par le chocolatier Gerstner installé juste derrière l'Opéra. Coupe de champagne à la main, on circule au milieu des élégantes. des parfums délicats, des talons interminables, des robes longues, parfois hautement fendues... une atmosphère de fete, de luxe. On prend l'air sur le balcon qui offre une vue imprenable sur l'agitation du Ring.


 L'orchestre est dirigé par Robert Reimer . Il a travaillé avec des sociétés internationales (le Berlin Staatsballett, le Leipzig Ballett, le Royal Danish Ballet ou le Ballet national finlandais) et des chorégraphes célèbres comme Uwe Scholz, Vladimir Malakhov, Heinz Spoerli, Kenneth Greve ou Nacho Duato.

« Exprimer de la musique uniquement avec le corps. C'est ce que les danseurs et les chefs d'orchestre ont en commun."

"Don Quichotte de Rudolf Noureev est une véritable fête de la danse qui met en valeur solistes et Corps de Ballet dans des ensembles et des pas de deux d’une grande variété. Au coeur du ballet, les amants Kitri et Basilio emploient toutes les ruses – du spectacle de guignol au faux suicide – pour se retrouver, malgré la résistance du père de Kitri. C’est finalement le Chevalier de la Mancha qui amène l’heureux dénouement, après avoir lutté contre les moulins et rencontré Cupidon, Dulcinée et la Reine des dryades. Les costumes chatoyants, aux accents espagnols, participent à créer une oeuvre vive et réjouissante." Je n'ai pas retrouvé la distribution mais les danseurs de l'Opéra de Vienne constituent une troupe remarquable. Belle soirée pour conclure une semaine d'enchantement. Notre deuxième vision de Vienne est beaucoup plus séduisante que la première. Le temps radieux peut etre et le temps de faire les choses: 7 jours complets permettent de profiter pleinement de la capitale, faire Vienne puis Prague en une semaine, comme la première fois, c'était beaucoup trop court.







 


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