Depuis notre retour d'Ardèche le 1er Septembre, je vais souvent du coté des Bois Noirs surveiller la pousse. Presque tout le mois, la foret semblait stérile, pas un cèpes, mais pas la moindre tue-mouche, la plus petite des phalloïde. RAS, nada, wallouh... Mercredi, le 27, je vais faire mon petit tour. Il faut dire que quand je ne vais pas dans les Bois Noirs, je file du coté de la Margeride ou à la limite de la Haurt Loire, vers la Chaise Dieu. Mercredi, quand je rentre dans le bois, tout est sec, les pommes de pins et les brindilles craquent sous les pas. Le bois, c'est "mon bois" sans titre de propriété. Je connais les mousses, les souches, les épicéas qui donnent, les troncs couchés, les sphaignes, les fougères et les myrtilliers, les rus et les flaques où les cochons se vautrent et s'épouillent. Les 100 premiers mètres, rien, je franchis un muret qui s'ouvre sur un épais tapis de mousse: miracle, il est petit, un bel edulis, ventru comme un bedot bedonnant. Je parcours le bois, dans un talus épais avec de la sphaigne et de la mousse, un superbe spécimen.
Un troisième, petit dans le bas du bois et c'est tout. Le cortège de mauvais, de russules, de lactaires, de pieds de mouton où de craterelles, abondantes ici n'a pas suivi mais c'est mieux que rien. Plus haut en altitude, je parcours mes spots, rien à se mettre sous la dent mais la poilée sera bonne avec un beau poulet fermier et de petites pommes de terre. Vendredi, brame du cerf en Lozère, ces messieurs se planquent, réent mais un seul au brame très particulier- un 14 cors- qui termine son brame par une sorte de rire sardonique et essoufflé. Il sort des taillis mais la nuit est tombée, on l'entrevoit juste puis il tourne casaque car il a du voir un chasseur qui effectue le comptage en allumant sa loupiote. Dans la nuit de dimanche à lundi , j'ai rêvé de la pousse et je part vers les Bois Noirs. Même début timide puis, sur l'épais tapis de mousse, les premiers, de petits bouchons et en contournant un grand sapin, je découvre 5 ou 6 beaux cèpes, bien fermes.
C'est un des rares endroits, où je croise d'autres champignons, quelques phalloïdes adolescentes.
Ensuite quelques beaux dans les brindilles sèches et les pommes de pins. Petit à petit, je grimpe vers mon coin anti-bredouille. La semaine dernière, il restait désespérément stériles, peut-être qu'aujourd'hui...Avant d'y arriver, je passe près d'un immense sapin, déraciné. Il n'y a pas souvent grand chose, parfois une plaque de chanterelles en tube. Et là, ça commence bien. Puis, il y a10 m2 de prairie et là quelques belles pièces, puis des tas de bouchons dans mon coin préféré.
Un petit fond de panier déjà. Je fais 30 mètres. Après une bassine où les sangliers font un petit jacuzi, après de la sphaigne qui doit suivre le trajet souterrain de la source. C'est là que j'ai trouvé le beau de lundi. Ils sont 3 à m'attendre, les plus gros de la récolte. Il existe de très nombreuses espèces de sphaignes que l'on trouve dans les tourbières. Leur particularité première est de pouvoir stocker de grandes quantités d'eau, y compris dans les parties mortes de la plante. Par exemple, on estime qu'1 kg de sphaigne peut absorber 70 à 75 litres d'eau !
Je continue gentiment dans cette partie du bois. Beaucoup de bouchons donc difficile d'entasser les kilos. Après ça, je reprend la voiture et je vais un kilomètre plus loin. En général, quand il y a trop de monde dans les bois, ça me permet d'échapper à la foule, je parcours en général, 5 petits chemins herbus, fougères, myrtilles, herbe verte. Quelquefois, souvent la récolte est bonne car les chercheurs s'enfoncent dans les fourrés et délaissent les sentiers. Aujourd'hui pas la queue d'un je rentre au bercail avec 4 kilos de superbes edulis. Ce qui étonne c'est que la pousse est limitée dans l'espace et que le cortège de tue-mouche, de phalloïde, de pieds de moutons et de craterelles est absents. Pas de bolets bais, ni de pieds rouges. Étrange.
A 9hn, le lendemain, je suis au bois. Je me gare sur un chemin forestier parallèle à celui de la veille pour commencer par la sphaigne.
Ce sera le plus gros de la journée, ventru comme Bianchi, l'apparatchik qui gouverne Clermont mais très sain, lui.
En fait, je refais le parcours de la veille avec un peu moins de succès mais de très beaux bouchons. J'explore une partie avec de gros sapins, des fougères et j'y trouve quelques beaux cèpes, un bolet bai, un lactaire délicieux, une girolle, 2 tue-mouches, de rares meuniers et quelques phalloïdes.
Cette pousse est étrange, c'est le début? ce qui est curieux , c'est que je ne croise pas le moindre chercheurs de champignons: mes paniers sont intéressants mais je n'ai pas à cohabiter avec le moindre concurrent ce que j'apprécie au plus haut point car la courtoisie devient une qualité rare dans les sous-bois.
Demain, je vais mettre les pieds sous la table de Régis Marcon et ses fils. C'est le champignons magnifié, le bonheur de savourer les produits de nos forets après le plaisir de les avoir traqués.
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