Avant notre retour sur Hanoï pour prendre le train de nuit en direction de Lao Cai pour aller visiter les ethnies du Nord-Vietnam, nous consacrons l'après-midi à la visite du gigantesque sanctuaire bouddhiste de Bai Dinh. Hier soir, sur la route, nous sommes passés devant un château, le Lâu Đài Thành Thắng construit par un entrepreneur, cimentier, dans les faubourgs de Ninh Dinh, une entreprise titanesque et mégalomaniaque d'un businessman richissime. C'est le même homme, Hoang Manh Truong, qui s'est lancé dans le chantier pharaonique du sanctuaire de Bai Dinh.
La province de Ninh Binh, ancienne capitale impériale du Vietnam au 10e
siècle, est dotée par la nature d'une ressource abondante de matériaux
de construction tels que chaux, argile... Conscient des potentiels, Hoang Manh Truong , originaire de cette province, a décidé de construire
une cimenterie sur sa terre natale.
Le premier forage d’exploration a été fait le 25 octobre 2005 dans la
commune de Gian Khau, district de Gia Vien. Un événement remarquable
pour les quelque 2000 employés du groupe Hoang Phat - Vissai. Peu de
temps après cet événement, la première chaîne de production de la
cimenterie Vinakansai (aujourd'hui cimenterie The vissai Ninh Binh) a vu
jour, avec des technologies japonaises. Une usine d’une capacité de 0,9
million de tonnes par an. En mai 2007, après deux ans de construction,
les premiers sacs de ciment de marque Vissai sont apparus sur le
marché.
Au Vietnam, l'entreprise occupe une position quasi-monopolistique raflant tous les marchés et faisant de son propriétaire l'homme le plus riche et peut être le plus influent du pays. Le ciment Vissai a été utilisé dans des projets stratégiques
tels que la centrale hydro-électrique de Son La, le Centre national des
conférences de My Dinh, la tour Keangnam Hanoi, le projet de digue
côtière de Binh Minh (province de Ninh Binh) et le Plaza Ninh Binh (18
étages). Fin 2010, un partenaire de Hong Kong, Peakward Enterprises
Holding, a signé un contrat d’achat de 300.000 tonnes de clinker, d’une
valeur d’un milliard de dôngs. Récemment, un partenaire du Bangladesh a
signé un contrat d'achat de 1,2 million de tonnes de ciment Vissai pour
la construction d'un bâtiment de 80 étages. Cette situation suscite certainement des jalousies, des haines, Il n'y a pas loin du Capitole à la Roche tarpéïenne ? Il est très difficile de trouver trace de l'homme d'affaire sur internet, ses rapports avec le parti, ses amitiés et ses soutiens politiques, ses liens avec les dirigeants qui ont été destitués ces derniers temps. Il semble que l'homme est discret en affaire bien que son château et le sanctuaire soient légèrement clinquants. Il préside aux destinées du club de foot de Ninh Binh. Selon l’indice de perception de la corruption déterminé par
Transparency International, en 2020, le pays se retrouvait avec 36
points sur 100, ce qui le situe à la 104e place sur 180 mais impossible de trouver sur le net une quelconque exposition de ce monsieur dans les affaires de corruption qui ont conduit au changement du président et de 2 vice-premier ministres. Quand on arrive sur le parking du sanctuaire, nous sommes surpris par la faible affluence. On doit emprunter un système de navettes pour accéder au site. La porte Tam Quan de la pagode Bai Dinh est imposante, majestueuse avec
deux grandes statues en bronze des gardiens du bon et du mal du Dharma.
Elle porte un souffle extrêmement majestueux de l’ancienne culture.
La pagode Bai Dinh est l’une des plus grandes pagodes du pays et l’un des centres
religieux les plus importants du bouddhisme au Vietnam. Le complexe de la pagode Bai Dinh
s’étend sur une superficie de plus de 500 hectares, ce qui en fait l’un
des plus vastes complexes religieux d’Asie du Sud-Est. Il est divisé en
deux zones principales : la zone ancienne et la zone nouvelle. La zone ancienne de la pagode Bai Dinh
abrite plusieurs temples et sanctuaires datant de la dynastie des Le
antérieurs, qui régnaient sur le Vietnam entre 980 et 1009. Cette zone
est considérée comme un site historique important du Vietnam et a été
restaurée à plusieurs reprises. La zone nouvelle de la pagode Bai Dinh
est plus récente et a été construite en 2003. Elle comprend de nombreux
bâtiments modernes, dont la pagode principale de la pagode Bai Dinh, qui
est considérée comme la plus grande pagode d’Asie du Sud-Est. Cette
pagode est impressionnante avec ses toits dorés et ses colonnes
imposantes, elle mesure 22 mètres de haut et a une circonférence de 100
mètres. Les descriptions de ce sanctuaire sont superlatives et me rappelle la mosquée du sultan Qaboos à Mascate. Ici comme là-bas, tout est plus grand et le sultan comme le tycoon du ciment aspirent avant tout à figurer au Guiness. C’est tout simplement la pagode de tous les records !
Elle a été désignée comme la plus grande pagode du Vietnam et de l’Asie
du sud-est. En plus de posséder ce titre, elle détient 12 records nationaux :
la plus grande cloche en cuivre, la statue de Sakyamuni le plus haute
et massive, les trois plus gros Bouddha en cuivre (du passé, du présent
et de l’avenir), le plus long couloir d’arhats…
De l’ancienne pagode à la nouvelle, il faut emprunter une piste d’un kilomètre. Construite en 2003, la pagode trône sur le versant de la colline Ba Rau, face au lac Dâm Thi et à la rivière Hoàng Long, une position idéale selon les règles géomantiques. Cinq cents statues d’arhats sont installées le long des deux couloirs menant les visiteurs depuis le portail principal jusqu’au sanctuaire des Bouddhas du passé, du présent et du futur. Ces deux couloirs, qui se rencontrent devant l’entrée du sanctuaire, mesurent chacun 1.700 m, symbolisant le chemin vers l’illumination des arhats. Il s’agit du plus long chemin d’arhats de toute l’Asie. Dans le bouddhisme, un arhat est un être qui s'est libéré par ses mérites du cycle des existences conditionnées (samsara), mais sans avoir atteint l'état de bouddha. Le couloir est construit avec 500 statues monolithiques d'Arhat en pierre verte fabriquée par les artisans talentueux de Ninh Binh. Chaque Arhat a une apparence différente, représentant clairement toutes les émotions des hommes : la joie, la colère, la satisfaction, la frustration…La nouvelle pagode de Bai Dinh comprend plusieurs temples bouddhistes repartis en niveaux et pavillons, la tour de la cloche et un stupa bouddha monumental qui veille sur les mortels de sa colline.
L’édifice central a un sanctuaire principal précédé du Hall des cérémonies , sorte de péristyle où l’on officie. Le sanctuaire principal comporte des gradins sur lesquels sont placées des statues. Près de la toiture siègent à la première rangée les Trois statues représentant le Passé, le Présent et le Future, ou les Trois Corps de Bouddha. Au
deuxième rang figure Amitabha (A Di Ðà), Bouddha de la Terre Pure (Tinh
Đô) du Paradis de l’Ouest, dont la statue est même plus grande que
celle de Çakyamuni, le Bouddha historique. Amitabha est flanqué de deux
"aspirants-bouddha" ou bodhisattvas (Bô Tát).
À partir du troisième rang, la disposition des
statues varie souvent selon les pagodes. Mais on peut identifier les
principales qui sont : Le Bouddha historique ou Çakyamuni (Thích Ca Mâu
Ni), qui vécut dans l’Inde au VIe siècle avant J.-C. Çakyamuni peut être
représenté en même temps sous d’autres formes et placé sur des gradins
différents : nouveau-né entouré de neuf dragons, moine ascétique assis
n’ayant que la peau sur les os (au Mont Tuyêt Son ou Himalaya), moine
couché sur le flanc gauche avec la tête reposant sur le bras gauche
replié (entrée au Nirvana).
Le Bodhisattva Di Lac (Maîtreya) de l’Avenir, futur successeur de Çakyamuni. Il est représenté comme un homme gros au large sourire, à la poitrine nue, l’air satisfait parce qu’il est délivré des soucis humains.
Bodhisattva féminin Quan Âm ou Quan Thê Âm (Avalokitesvara), déesse de la compassion universelle. Elle est debout à côté d’Amitabha, et à part, sous forme d’une divinité dotée de "mille bras et de mille yeux", ou d’une femme tenant un enfant dans ses bras (Quan Âm Thi Kính, martyre essentielle vietnamienne).
Les Génies gardiens du sol et de la pagode qui peuvent être placés aussi dans le Hall des cérémonies.
Trois Génies taoïstes égarés dans la pagode : Ngoc Hoàng (Empereur du Ciel), Nam Tào (qui préside à la naissance) et Bac Đâu (qui préside à la mort).
Huit Bodhisattvas Kim Cuong (Diamant), terreur des esprits malfaisants.
Dans le Hall des cérémonies , on trouve : Deux Génies géants
gardiens de la Loi bouddhique, nommés "Monsieur le Bien" (qui encourage
le bien) et "Monsieur le Mal" (qui punit les méchants).
Swastika, la Croix Bouddhiste avant d'être "la Croix Gammée des nazis. Tout comme les hindous, les bouddhistes
ont également utilisé la croix gammée pour marquer le début des textes
bouddhistes car ils la considèrent comme un symbole d'harmonie
universelle, de prospérité, de pluralité, de bonne chance, d'abondance,
de dharma, de fertilité, de longue vie, d'éternité. Dans différentes
parties du monde, le bouddhiste donne une signification différente à la
croix gammée. Par exemple, au Tibet, la croix gammée était une représentation
graphique de l'éternité. Il y a 65 symboles prometteurs sur l'empreinte
du Bouddha et la croix gammée est considérée comme la première. Vous
pouvez également trouver le symbole de croix gammée imprimé sur le
corps, les paumes, la poitrine ou les pieds du Bouddha. Il est utilisé
pour marquer le début des textes sacrés ou comme décoration
vestimentaire. Les bouddhistes en Inde, considèrent la croix gammée
comme "Le Sceau sur le Cœur de Bouddha".
La tortue
C’est un animal sacré omniprésent dans la mémoire des hommes et des civilisations. Elle a toujours été un symbole de longévité et de sagesse. Cela tient bien sûr à sa très longue durée de vie et à sa nonchalance, mais aussi à sa discrétion face aux événements qui rythment le monde. Sa carapace symbolise la voûte céleste et ses quatre pattes sont les quatre piliers du monde. La tortue est considérée comme un véritable fil reliant le Ciel et la Terre. Elle apparaît souvent sous la dynastie des Nguyên.
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