mardi 5 septembre 2023

NORD DU VIETNAM, LE MARCHÈ ETHNIQUE DE CAN CAU


 Après la visite de la baie d'Halong terrestre, des pagodes et sanctuaires bouddhistes de Ninh Binh, nous rentrons sur Hanoi vers 18h. Notre chauffeur prend la route de Lao Cai avec nos bagages et nous gardonsle strict nécessaire pour le voyage dans le train de nuit jusqu'à Lao Cai pour découvrir les montagnes du Nord. Le programme prévoit une douche au Hanoï Boutique Hotel, puis le repas avant de partir pour la gare. Notre guide brille par le flou artistique de son organisation, à moins que ce soit les Carnets d'Asie qui laisse du mou dans la corde à noeuds. Nous devons dîner dans un restaurant de la vieille ville. Une rue très animée, des terrasses qui se font face, des karaokés de chaque coté de la rue, les terrasses pleines de routards avinés ou pleins de bière et un vacarme assourdissant, chaque établissement s'efforçant de couvrir le concurrent par des décibels plus forts. Huy voudrait qu'on prenne place mais on se refuse avec énergie et il nous replie vers un petit resto tranquille,et familial d'une rue plus calme. C'est Little Hanoi. Le mieux est de manger à l'intérieur car en face, il y a a une boite de nuit.Cuisine classique du nord, service en français par le fils de la maison qui vient de passer 2 ans en France.






  Nous devons maintenant aller à la gare, Huy doit trouver 2 taxis, c'est laborieux. Nous sommes dans le premier et nous devons attendre le guide qui paiera la course. Quand il arrive, un incident. Un problème au moment du paiement et le chauffeur proteste véhémentement. Huy n' a pas été correct je crois, mais c'est dans sa nature. Dans le train, pour nous 7, nous avons pris 2 compartiments de 4 pour être sur de ne pas passer la nuit avec un chinois cracheur.
La gare est une fourmilière. Pas facile de trouver le quai, la passerelle, le wagon mais un grand contrôleur nous prend en charge qu'on photographie avec le groupe. Les wagon sont spacieux et très propres, une petite collation. La sortie de la gare est incroyable avec le train qui passe à 30 centimètres des terrasses de cafés. Une seule voie qui passe à hauteur de fenêtre et des tables. La rue du train, un nom étrange qui a été donné à un tronçon de la voie ferroviaire qui traverse le cœur de certains quartiers résidentiels de la capitale. Une voie ferroviaire plus que centenaire car celle-ci date de l’époque coloniale française. Attendre le train qui traverse la ville entre les habitations est devenu l’une des attractions les plus en vogue de Hanoï. Ce qui étonne les visiteurs c’est l’étroitesse du passage dans lequel la voie ferrée se faufile. Il y a entre 4 et 5 mètres seulement entre les deux rangées d’habitation, juste de quoi laisser passer la locomotive et les wagons. Lorsque les trains passent, ceux-ci frôlent carrément les maisons et les magasins blottis les uns contre les autres. Une vision surprenante, très photogénique qui est très appréciée des amateurs d’images originales. Les photos prises à l'intérieur du train ne donnent rien , par contre. Ensuite , on passe sur le pont Paul Doumer. En 1897, lorsque Paul Doumer prend ses fonctions de gouverneur général d’Indochine, le réseau de transport est encore très limité dans l’Union indochinoise. Au Tonkin, cela ne fait qu’une dizaine d’années que Hanoï est officiellement “cédée” à la France. Les routes empierrées sont rares et les autres se transforment facilement en bourbiers à la première pluie. Le terrain est difficile et voyager en sécurité n’est pas garanti. Même si les fameux Pavillons noirs sont déjà de l’histoire ancienne, et les derniers foyers armés du mouvement Cần Vương favorable au roi ont été défaits, il reste toujours quelques brigands et réfractaires à l’arrivée des nouveaux occupants.

Personnes et marchandises voyagent alors essentiellement par voie fluviale; parcourant les rivières et leurs embranchements, les traversant à l’aide de bacs. Au décès de Rousseau à Hanoi, c’est alors Paul Doumer, précédemment ministre des finances dans le gouvernement Léon Bourgeois, que l’on sollicita pour reprendre le flambeau.
Persuadé lui aussi que, plus tôt la colonie serait dotée en ingénierie, plus tôt elle serait rentable; Paul Doumer entreprend dès son arrivée une compilation d’études sur les ressources et la topographie du pays. Ceci fait, il présente au Conseil supérieur de l’Indochine un projet ambitieux de 3 200 kilomètres de voies ferrées. Il redresse en même temps les finances de la colonie, alors déficitaires, afin de crédibiliser sa demande de subvention en métropole. Notamment en créant les 3 régies du sel, de l’alcool de riz et de l’opium, et en prenant d’autres mesures fiscales lourdes pour les Vietnamiens.

Son plan finalement accepté dans une version d’un peu moins d’envergure, Doumer part en France chercher les investissements nécessaires. En cette période favorable à l’expansion des colonies, pendant laquelle l’Empire du Milieu, en déliquescence, suscite les convoitises des Européens, il obtient du gouvernement 200 millions de francs de l’époque.
Le Transindochinois, déroulant ses rails du Yunnan à My Tho, en passant par Hanoi, Saigon, Lang Son, et le port de Haiphong est né. Du pont , dans la nuit noire, on ne voit rien.

Nous arrivons à Lao Cai à l'aube après un voyage assez confortable. Une chambre avec douche est mise à notre disposition pour une rapide toilette suivi d'un déjeuner au café avant de prendre la route. Le chauffeur nous attend à l'arrivée. Située au nord du Vietnam à la frontière chinoise, la province de Lao Cai est une étape incontournable. Se trouvant au confluent du Fleuve Rouge, Lao Cai offre un cadre naturel unique: vallées, montagnes, rizières ou encore cascades font partie du paysage! Mais Lao Cai est surtout le point de départ des randonnées dans les rizières de Sapa...La route longe la rivière qui marque la frontière avec la Chine. Petit arret chez des exploitants forestiers qui font sécher la cannelle.
Une fois l'arbre, le cannelier, abattu, les paysans découpent l'écorce en demi-tuyau, et la mettent à sécher pendant trois mois, ce qui va donner à l'épice à la fois son parfum, mais aussi sa forme : en séchant l'écorce se serre et forme un rouleau caractéristique. les paysages sont très beaux, des vallonnements, des rizières en terrasses, des forets. Nous roulons 2 bonnes heures avant d'atteindre Can Cau et son marché.
Situé à environ 40 km de Bac Ha et à 9 km de la frontière chinoise, ce marché coloré est un lieu d’échange de biens entre les peuples minoritaires tels que l’Hmong floral (Hmong rouge), le Nung, le Tay, le Hoa, le Dao noir et le Phu La. Les ethnies sont des piétons, des cavaliers transportant des produits textiles, des produits agricoles et du bétail …
Le marché de Can Cau a lieu tous les samedis. Il commence tôt (vers 6h00) et finit en début d’après-midi. Cette foire est organisée selon les pratiques commerciales des Dao.
Le marché de Can Cau est entouré par les forêts luxuriantes et les rizières en terrasses. Ici, vous pouvez contempler une foire colorée, voir les jeunes filles des groupes ethniques en costumes traditionnels et découvrir la vie quotidienne des habitants.

Les Hmong sont un peuple d’Asie originaire des régions montagneuses du Sud de la Chine au Nord du Vietnam et du Laos. Les Hmong fleur (appelés également Hmong fleuri ou bien Hmong bariolé) sont l’une des branches de cette ethnie, les autres étant  Hmong blanc, Hmong rouge , Hmong noir et Hmong vert.

Chez les Hmong fleur, les habits se caractérisent par leurs costumes très colorés avec beaucoup de motif ingénieux. Normalement, il faut entre 4 ou 6 mois pour faire un costume complet tout à la main. Les femmes portent une jupe couleur indigo avec des motifs brodés ou imprimés à la cire. Leurs chemisiers sont fendus sur les côtés et ont des morceaux d’étoffes de couleur piqués sur les épaules et la poitrine. Elles laissent pousser les cheveux qu’elle enroule autour de la tête, renforcés de mèches postiches pour les faire apparaître encore plus longs. 


Aujourd'hui pas de chance, la population est très homogène et les Hmongs fleuris sont pratiquement la seule ethnie présente sur le marché. Les rares bijoux portés par les femmes sont les boucles d'oreille.


Je remarque, cependant, cette tenue.Est-ce une tenue traditionnelle, une élégante des montagnes?


Le village est posé au centre d'un cirque de collines. Le marché est particulièrement renommé pour son marché aux buffles.  
On y trouve des centaines d’animaux provenant des districts de Bac Hà et Muong Khuong dans la province de Lào Cai, ou des districts plus éloignés de Sin Mân et Hoàng Su Phi dans la province de Hà Giang. Les négociations entre vendeurs et acheteurs sont toujours énergiques et chaque transaction se solde par une poignée de main franche.  Aujourd'hui, hélas, il semble qu'on arrive après la bataille.





En contre-bas, se tient le marché aux oiseaux. On le découvre en furetant mais les vendeurs semblent fâchés que des touristes assistent aux négociations. Ils ont un comportement de quasi-dealers. l'argent passe furtivement. Le vendeur lève un coin du voile qui couvre la cage, comme s'il vendait de l'éroine ou de l'opium. Quoique, finalement, les vendeurs de truffes au marché de Lalbenque ont quasiment la même attitude. Nous sentons que nous ne somme pas les bienvenus. On comprend finalement bien ici que ce n’est pas tant leur apparence qui compte, mais bien leur timbre de voix qui est important. Des compétitions du meilleur oiseau chanteur sont mêmes parfois organisées.





Dans le marché, il y a aussi des sortes de restaurant avec de longues tablées où l'alcool de riz coule à flot pour célébrer la vente d'un buffle ou d'un cochon.

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Le marché, c'est parfois l'élégance et la recherche comme cette ceinture agrémentée de piécettes. Pas de dentiste ici mais le coiffeur qui coupe aux ciseaux et au rasoir.


Sur les étals de produits sanitaires , je constate que le pesticide chinois est au sommet du Hit parade.


Les cochons vietnamiens sont les vedettes du marché. Ici,c'est le porc qui est motocycliste. A la fin du marché, on les entasse dans une cage qu'on pose sur le porte bagage, et quand on pense que c'est plein, on arrive encore à en faire rentrer. Les cochons apprécient modérément qui couinent et que  piaillent comme les oiseaux sifleurs.

C'est l'heure d'aller déjeuner à Bac Ha. Quelques élégantes encore...Et la mémé qui somnole.











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