HURTIGRUTEN, VARDO SOUS LA NEIGE, NORVÈGE

 Le Nordnorge reprend la mer à 12h30, au moment du buffet, nous retrouvons nos compagnons, ceux qui ont fait de la moto-neige ont aimé mais aurait aimé aller plus vite, ceux qui ont dégusté le crabe, ont beaucoup aimé, seul le prix de l'excursion ne passe pas bien. Le crabe royal n'est pas une espèce autochtone, elle a été introduite  dans la mer de Barents autour de Mourmansk par des scientifiques russes, le crabe royal rouge représente aujourd’hui une partie importante du secteur de la pêche en Norvège septentrionale. Les crabes géants de Norvège ont d'abord été vus comme une menace. Aujourd'hui ils font la richesse de toute une région. Il y a une quinzaine d'années, les premiers pêcheurs de ce spécimen ont eu du mal à en croire leurs yeux. Ils pesaient jusqu'à 10 kilos pour un mètre d'envergure. "Lorsque les premiers sont arrivés, ils sont arrivés en masse. C'était un vrai problème. Ils se prenaient par milliers dans nos filets et les déchiraient". L'espèce est hors-norme et très vorace, mais sa chair est l'une des plus prisés du monde. Les crabes peuvent faire jusqu'à un mètre d'envergure et peser 10 kilos.Le crabe royal (Paralithodes camtschaticus), plus connu sous le nom de crabe du Kamtchatka, en raison de sa région d’origine, ou encore appelé crabe rouge de Norvège, est apparu sur les étals des poissonniers européens au début des années 2000.

Originaire du Pacifique Nord (mer de Béring et mer d’Okhotsk incluses), il a été introduit  dans l’Atlantique Nord  dans les années 60, afin de développer une pêcherie de valeur, au casier. L’espèce s’est bien acclimatée aux eaux froides de la mer de Barents, son abondance et sa zone de distribution n’ont depuis cessé de croître. Le crabe royal est aujourd’hui présent du Nord de la Norvège (Sørøya) au sud-est de la mer de Barents, en Russie (île Kolgouïev).

C’est en 1979 que les premiers individus ont été́ pêchés dans les eaux norvégiennes, à l’ouest de leur zone d’immersion. La pêche en Atlantique Nord-Est a démarré à un stade expérimental en 1994, avec un quota de 11 000 crabes partagé entre Russes et Norvégiens. Cette pêche a pris une dimension commerciale en 2002 et une réglementation a été mise en place. Ce n'est jamais très bien d'implanter une espèce non autochtone. Les norvégiens y ont trouvé un intérêt économique mais le crabe royal en s'adaptant aux eaux de l'Atlantique Nord a modifié le milieu et supplantant un certain nombre d'espèce qui occupait le terrain avant eux. Tandis que le ministère norvégien des pêcheries considère qu'"il n'y a pas de preuves de dégâts sur la biodiversité" , l'organisation écologique WWF appelle à une plus grande vigilance. "Le crabe royal a été introduit sans aucune connaissance de l'impact qu'il aurait sur les stocks de poisson et la biodiversité. Or chacun sait que les transferts d'espèces constituent l'une des principales menaces pour la faune". "Lorsqu'il aura atteint l'archipel des Lofoten, on pourra parler de catastrophe".

Vers 16h, nous débarquons à Vardo pour une escale d'une heure, Catherine lit dans notre cabine et je descend me dégourdir les jambes dans ce petit port. Lieu du procès des sorcières où 91 personnes ont été exécutées pour sorcellerie, Vardø fut l’un des nombreux espaces où des femmes furent tuées parce qu’elles étaient femmes dans un monde d’hommes. Les hommes ayant orchestré ces tueries s’en prenaient particulièrement aux personnes du peuple Sami. Ces actes misogynes et xénophobes ont fait périr plus d’une centaine de personne durant la chasse aux sorcières en Norvège.Le site du musée des sorcières est trop loin pour qu'on y aille en si peu de temps.

On a à peine une heure pour faire un tour de ville, il neige, sous la petite couche, il y a la glace et nous devons marcher à petits pas précautionneux pour ne pas chuter. L'atmosphère est féerique, les voitures souvent électriques roulent silencieusement comme dans un rêve, tout est cotonneux.

Nos pas sont feutrés sur cette moquette blanche et nous poussons jusqu'au vieux fort. La forteresse norvégienne de Vardø, située sur la mer de Barents (au nord de Mourmansk) est la plus septentrionale du monde et de Norvège (Latitude : 70° 22′ 11” Nord). Perdue au-delà du cercle polaire et isolée de tout, elle est située à 1485 km de distance d’Oslo! L’hiver y est très long et particulièrement rude car ici il fait nuit durant 6 mois, mais cette forteresse avait une grande importance pour la Norvège face à la Russie tsariste.
Le premier fort fut probablement construit en 1300 par le roi Haakon V. La forteresse actuelle a été construite de 1734 à 1738.
Depuis 1950, le fort est sans intérêt militaire, mais elle est toujours propriété de l’armée norvégienne qui tient à matérialiser sa présence dans le grand nord. Dans les divers bâtiments de la forteresse, on trouve un petit musée et devant la maison du commandant on peut voir le seul “arbre” de la ville, un sorbier enveloppé soigneusement chaque hiver pour le calfeutrer et le protéger du gel.

Le fort est étonnamment petit et ressemble presque à un fort-jouet ou à un modèle réduit. Les jolis bâtiments rouges, jaunes et blancs, avec leurs toits recouverts d’herbe, conférent à l’endroit une ambiance et un charme unique!
Au cours de la deuxième Guerre mondiale, c’est sur la Forteresse de Vardø que le drapeau norvégien a flotté le plus longtemps après l’invasion du pays par la Wehrmacht allemande. Lors de la libération de la Norvège en automne 1944, le pavillon norvégien a été hissé sur ce fort aussitôt que les Allemands se furent retirés du Finnmark, la province la plus nordique de la Norvège. Le fort n’a rien de spécialement spectaculaire ou de particulier, mais il vaut le détour si vous passez dans la région, ne serait-ce que pour ce charme suranné qui s’en dégage!"

 Le Mémorial de Steilneset  commémore le Procès des sorcières de Vardø. ( Le mémorial est conçu par l'artiste Louise Bourgeois et l'architecte Peter Zumthor,

Le vieux canon est fièrement pointé vers Poutine. Retour au port, ce fut une promenade très revigorante et très poétique dans la nuit polaire.