lundi 23 janvier 2023

KUNSTHAUS ZURICH, LA COLLECTION EMIL BUHRLE, IMPRESSIONISTES ET NABIS



La suite de la visite concerne surtout les impressionnistes. 

Le Grand Poirier à Montfoucault. 1874. "Pissarro décide de retourner à Montfoucault en Mayenne dans l'intention déclarée de se confronter à la réalité de la vie à la campagne. S'il évoque la vie laborieuse des paysans, il ne conçoit cependant pas un manifeste social de la ruralité dans la veine de Jean-François Millet. Ce tableau fait partie intégrante d'un ensemble de dix-huit paysages peints cette année-là autour de la ferme de Ludovic Piette, son ami peintre."

La falaise à Dieppe, Claude Monet.

"Lui qui est venu dès 1882 aime ce lieu", "Monet aime les mouvements de terrain, les formes arrondies de ces mouvements de terrain, il y a d'ailleurs une très grande sensualité dans sa façon de peindre ces formes arrondies des falaises et en fait, il s'inquiète car tout le lieu va bientôt être interdit au public ! Cet ensemble qui est très sauvage est sur le point d'être complètement transformé et réaménagé pour les touristes."


Londres, le Parlement. Trouée de soleil dans le brouillard  Claude Monet. "Le motif du Parlement de Londres apparaît avec insistance dans l'oeuvre de Monet en 1900. Il fut surtout observé par le peintre depuis une terrasse de l'hôpital Saint-Thomas situé sur la rive opposée du fleuve, près du pont de Westminster. La production londonienne de Monet,  est dominée par les variations de la lumière et de l'atmosphère propres au célèbre "fog", le brouillard qui enveloppait la ville au XIXe siècle, spécialement en automne et en hiver.
Silhouette irréelle et fantomatique, le Parlement surgit comme une apparition. L'architecture de pierre semble avoir perdu toute consistance. Ciel et eau sont peints avec les mêmes tonalités, dominées par le mauve et l'orangé. La touche est systématiquement fragmentée en multiples taches colorées, pour rendre la densité de l'atmosphère et de la brume. Paradoxalement, ces éléments impalpables sont d'autant plus tangibles que le bâtiment est évanescent, comme dissout dans l'ombre."

 
Meule, soleil dans la brume  Claude Monet. Monet a peint une série de 27 meules."Cette importante série de tableaux consacrée au thème des meules nous plonge dans l’univers de la campagne normande. Monet a saisi le motif des gerbiers de blé sous différentes lumières, en différentes saisons. Le sujet de Monet est avant tout la captation du temps, et les effets de l’atmosphère sur une nature vierge de toute présence humaine."
 
" A partir des années 1870 et jusqu'à la fin de sa vie, Cézanne multiplie les compositions ayant pour sujet des baigneurs ou des baigneuses. Sa grande ambition est de parvenir à la pleine fusion de la figure humaine et du paysage.
Chaque élément est traité avec la même importance, en une sorte d'architecture commune. L'attention du peintre ne se porte pas sur la chair, comme chez Renoir, mais plutôt sur les corps qui structurent puissamment l'espace. Le thème de l'eau est négligé et l'univers du tableau demeure essentiellement minéral. Seule la matière lisse délicatement irisée des nuages, rappelle l'attachement de Cézanne à l'impressionnisme.
"Il] allait vers l'abstraction des corps naturels, car il ne voyait en eux que des surfaces et des volumes picturaux", commente Malevitch.
Les références à la Renaissance, la figure de l'homme debout, tenant une draperie, semble avoir été inspirée par un dessin de Signorelli, tout comme l'ordonnancement monumental qui s'inspire de Poussin, affirment ce désir très fort de concevoir un "art de musée" à l'épreuve du temps".
"Cézanne a traité les roches dans cette composition comme il a traité les fruits dans ses natures mortes, rendant les formes avec des passages de couleurs subtilement variées. Des teintes vertes, bleues et violettes, avec un accent de soleil doré au centre, confèrent un éclat chatoyant aux pierres. Le sens de la délicatesse est renforcé par l'application fine de pigment semblable à l'aquarelle, typique des huiles de Cézanne au milieu des années 1890. Les chercheurs ont traditionnellement identifié le cadre comme la forêt de Fontainebleau, où l'artiste a travaillé vers 1894, mais il a également été suggéré que le site se trouve près d'Aix-en-Provence."
Grand marcheur devant léternel, le maître connaît parfaitement les reliefs, les accidents et la géologie de sa terre natale où la montagne Sainte-Victoire domine les panoramas. Je vais au paysage tous les jours, les motifs sont beaux et je passe ainsi mes jours plus agréablement
qu’autre part... écrit-il.
Son assiduité sur le motif révèle et souligne ses questionnements et ses choix. Longtemps je suis resté sans pouvoir, sans savoir peindre la Sainte-Victoire, parce que j’imaginais l’ombre concave, comme les autres qui ne regardent pas, tandis que, tenez, regardez, elle est convexe, elle fuit de son centre. Au lieu de se tasser, elle s’évapore, se fluidise. Elle participe toute bleutée à la respiration ambiante de l’air. Cette toile est peinte en 1904-1906.
Un superbe fauve de Derain, la Piscine de Londres en 1907. Ambroise Vollard conseille à Derain de se rendre à Londres sur les traces de Monet. 

En 1883, Monet s’installe à Giverny,

Le verger normand se transforme de plus en plus en un jardin du paradis orné de nombreuses plantes exotiques, de fleurs et d’un jardin d’eau. C’est le jardin qui entre dans l’histoire. Le bassin et les nymphéas qui y poussent deviennent le motif caractéristique de Monet durant ses 30 dernières années de création.

 
Une immense salle leur est dédiée . Ils témoignent de la vision du peintre et de son projet de peinture «all-over» englobant la totalité de ces immenses panneaux. Avec ses six mètres de longueur et ses deux mètres de hauteur, soit une surface peinte de douze mètres carrés, l’œuvre fait éclater toutes les proportions associées au tableau comme «fenêtre». L’horizon a entièrement disparu. Le spectateur n’appréhende pas la peinture d’un seul regard, il la découvre en se promenant devant elle. Ce faisant, l’œil parcourt l’espace de couleurs dans lequel le figuratif se dissout dans le non-figuratif. «Je veux l’impossible. Les autres artistes peignent un pont, une maison, un bateau et ils ont fini. Je veux peindre l’air dans lequel se trouve le pont, la maison, le bateau; la beauté de l’air où ils sont et ce n’est rien d’autre que l’impossible.» (Claude Monet)
 
 

Ambroise Vollard par Pierre Bonnard. On a plusieurs fois parlé de cet extraordinnaire marchand et de son influence sur la peinture au debut du 20éme siècle. Il constitue patiemment une sorte de "dream team" "avec Gauguin, Van Gogh, Cézanne, à ce moment jugés sinon maudits, à tout le moins invendables. Misant dans le même temps sur la gravure, de commerce plus aisé, il s’attache dès 1895 le groupe des nabis, à savoir Maurice Denis, Pierre Bonnard, Édouard Vuillard et Ker-Xavier Roussel. Puis entreront Picasso, Matisse, Van Dongen, Vlaminck, Rouault, et, par liens d’amitié, Renoir et Degas, ses choix esthétiques s’arrêtant à la veille de la Grande Guerre, avec les nouveaux « -ismes »."
 
 
 Ce tableau de Pierre Bonnard a été peint en 19O5 dans l'appartement parisien qu'il occupe avec sa compagne et modèle Marthe Boursin. Les 2 sujets du tableau sont marthe et un miroir où se reflétent un canapé et une chaise. Par la fenétre, on aperçoit une maison de l'autre coté de la rue. En 1925 il choisit d'épouser Marthe.
 
Le "déjeuner" en 1899.

 
 
 
 
 "Largement reconnu pour l’originalité de ses compositions éclatantes et sa lumière d’une intensité incomparable, Pierre Bonnard (1867-1947) figure parmi les maîtres incontestés de la peinture moderne. Il a réalisé une œuvre exceptionnelle fondée sur un formidable lyrisme de la couleur, en privilégiant la représentation de ses proches et l’exploration de son environnement immédiat."

"Rencontrée en 1893, Marthe devient le sujet féminin quasi exclusif de ses nus : dans sa baignoire, au tub, à table, jusqu’à sa mort en 1942 et au-delà.Cette femme aimée qui deviendra son épouse en 1925, apparaît dans sa
peinture comme étant le modèle sublimé de son rêve. Elle est présente partout presque à son insu. Son modèle quasi unique, comme représentation d’un corps idéal et intemporel."

 
 
 

 

  La Fete foraine de Raoul Dufy en 1907 puis1897 Pont Saint-Michel, effet de neige de Matisse.

Maurice Utrillo La Butte Pinson  1905. "La Butte Pinson se trouve à une dizaine de kilomètre au nord de Paris, à Montmagny. Maurice Utrillo  y résida avec sa mère l’artiste Suzanne Valadon (1865-1938),  le premier mari de celle-ci et sa grand-mère à partir de 1896. Son beau-père avait fait construire une maison sur cette butte afin de soustraire le jeune Maurice à l’influence désastreuse de la vie de bohème montmartroise."

La Porte Saint Martin date de 1908;
 

Nature morte aux oranges en 1908 par Wlaminck. "Cette nature morte titré " aux oranges" a surtout la particularité de représenter une nombre important de cafetières (trois) et accessoirement deux oranges, un sucrier et une tasse à café ! Dans cette composition d'une grande luminosité, Vlaminck utilise les deux couleurs complémentaires (bleu et orange)  jusqu'à satiété à tel point que même les ombres portées des oranges sont bleues .Ses natures mortes quelquefois très inspirées de celles de Cézanne sont des explosions de couleurs et de formes qui font assez souvent de lui, un peintre abstrait avant la lettre."
Ensuite, autre nature morte, Nature Morte au couteau de Gauguin 1901.

 



Alfred Sisley Impression The Road de Saint-Germain à Marly. "Quand Alfred Sisley s'installe Marly-le-Roi en 1875 pour deux ans, il connaît déjà cette région. Depuis la guerre de 1870, il habite à Louveciennes, non loin. La route de Versailles, sur laquelle Pissarro a vécu et où Sisley avait peint avec Renoir, entre dans le bas de Marly à l'endroit de l'Abreuvoir. Le bassin semi-circulaire, à l'origine un étang de cheval dans un parc de l'époque de Louis XIV, est le lieu de prédilection de l'artiste. En 1875 pas moins de douze tableaux sont faits ici, six scènes d'hiver et six scènes d'été. La route bordée d'arbres longe le bassin en courbe, que nous devinons sur le côté droit du tableau. La route est couverte de neige et une charrette hippomobile se détache. Les scènes de neige inspirent particulièrement les Impressionnistes, surtout, Monet, Pissarro et Sisley. Le jeu de la lumière est nulle part ailleurs aussi pur que sur la neige, et les ombres avec leurs tonalités bleues et violettes ne sont jamais aussi colorées. Puisque la neige ne se trouve pas pour longtemps en l'Île-de-France, les peintres doivent peindre rapidement. Le froid oblige aussi à peindre vite. Sisley peint deux tableaux simultanément à cette endroit."

Les peintres impressionnistes ont souvent évoqué la révolution industrielle qu'a connu la France à la fin du XIXe siècle. Ainsi, dans son tableau « Un été à Bougival », Sisley a peint à l’arrière-plan un pont en fer ainsi qu’un bateau à vapeur. 1876.

 

 

 

 


Les Coquelicots près de Vétheuil, Monet.

Le tableau a été volé et retrouvé plus tard au début 2008.  Avant d'être acheté dans les années quarante par la famille Bürhle, ce tableau appartenait à un marchand juif.  La fondation Bührle estime être le propriétaire légitime de cette toile que lui réclame le petit-fils de son ancien propriétaire, faisant valoir que le tableau avait été vendu à la hâte à un prix bradé pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Waterloo Bridge, effet de soleil, toujours Monet. De sa chambre à l'hôtel Savoy, Monet avait une vue sur la Tamise en direction du pont de Waterloo. Il a peint une série de toiles dans le brouillard, dans la brume, sous le soleil.Sans le brouillard, Claude Monet a dit un jour : « Londres ne serait pas une belle ville. C'est le brouillard qui lui donne sa magnifique ampleur. Tout en travaillant sur sa série de Londres, il se levait tôt chaque jour pour peindre le pont de Waterloo le matin, puis le pont de Charing Cross à midi et dans l'après-midi. Il a observé les deux motifs depuis sa fenêtre du cinquième étage de l'hôtel Savoy.


Rue dans la neige à Louveciennes 1872, Pissaro.  "De nombreux documents précisent que Camille Pissarro vécut 22, route de Versailles, dans une grande maison voisine de l’ancienne demeure des Pages du Roi, face au débouché de le rue du parc de Marly. Arrivé au printemps de 1869, il n’en repartit qu’en juillet 1872 pour aller s’installer à Pontoise, après une coupure de quelques mois au moment de la guerre franco-allemande alors qu’il était aller chercher refuge en Angleterre et que les Prussiens occupaient sa maison, détruisant les nombreuse toiles que l’artiste y entreposait ainsi qu’une quantité de tableaux que lui avait confié Claude Monet, qui craignait une saisie de ses biens, afin de les mettre en sécurité. Nous relevons dans les archives communales, notamment celles de l’école publique, que Lucien, le fils aîné, a été régulièrement inscrit à l’école du village en 1870 puis à nouveau en 1872 ; les registres de l’état-civil enregistrent la naissance du second garçon, Georges, déclaré à la mairie le 22 novembre 1871.
Camille Pissarro devait peindre de nombreux tableaux de Louveciennes, particulièrement aux abords proches de sa maison."

Les Régates à Hampton Court Sisley. Le thème des régates, spectacle de loisir en plein air associant les spectateurs, l'eau, l'air et des drapeaux claquant au vent, se retrouve dans beaucoup de toiles impressionistes. 


 
 


 

 

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