lundi 16 janvier 2023

KUNSTHAUS ZURICH, ARISTIDE MAILLOL

 Pour Noël, parenthèse artistique au milieu des agapes et des randonnées dans la nature qui entoure la ville avec la visite du Kunsthaus de Zurich. Première expo, Aristide Maillol. Aristide Maillol (1861-1944) est un peintre, graveur et sculpteur français. Il commence une carrière d'artiste peintre et s'intéresse très tôt aux arts décoratifs (céramique et tapisserie), avant de se consacrer à la sculpture, vers l'âge de quarante ans. Bien qu'il inscrive son œuvre en rupture avec la précédente génération, Maillol obtient le soutien actif d'Auguste Rodin, qui proclame que le génie du jeune sculpteur est si éclatant qu'il n'a pas besoin de soutien. Rodin lui adresse toutefois des commanditaires.

« Profil de femme » Ces jeunes femmes se tiennent droites, hiératiques et toujours de profil, plongées dans leur monde intérieur. Elles irradient de leur présence silencieuse des univers aux teintes claires, du rose pâle, un jaune-vert juvénile évoquant l’herbe tendre. 

"Les tapisseries gothiques du musée de Cluny l'impressionnent profondément, et il expose à Paris en 1893 un premier « essai de tapisserie » (Jeunes Filles dans un parc, musée des Arts décoratifs, Copenhague) puis, l'année suivante à Bruxelles, le Jardin enchanté (coll. D. Vierny, Paris) qui fut remarqué par Gauguin.

Pour réaliser ces tapisseries aux couleurs éclatantes obtenues grâce à des végétaux qu'il sélectionnait lui-même, Maillol avait créé à Banyuls un petit atelier qui fonctionna de 1893 à 1900 environ. Il y employait plusieurs ouvrières dont l'une, Clotilde Narcisse, devint sa femme en 1895. L'atelier était encouragé par la princesse Bibesco qui acheta plusieurs tapisseries, en particulier Musique pour une princesse qui s'ennuie (1897, musée des Arts décoratifs, Copenhague), l'une des plus élaborées, et la Vague, la dernière sans doute dans laquelle Maillol revint à une figure unique".

Le Jardin (1899), broderie à l'aiguille, laine avec application de fils de métal, de soie et de coton sur toile de lin historique. Avec ses amis nabis, il s’intéresse à la tapisserie et produit le Concert dont il tire, également, une toile exposée ici.


Des tableaux de contemporains tels que Paul Gauguin, Maurice Denis ou Édouard Vuillard complètent l’exposition et permettent de découvrir la proximité de Maillol avec ces artistes. Comme ci-dessusl'Amour surprend Psyché, 1907 de Maurice Denis. On admire plusieurs œuvres où figurent des statuettes de Maillol comme Madame Josse Bernheim-Jeune et son fils Henry de Renoir , le portrait d'Ambroise Vollard au chat par Pierre Bonnard, la nature morte avec Léda de Vuillard ou Tulipes et statuette de Maillol de Valloton.




Vers 1895, Maillol consacre son talent artistique à la sculpture. En mai 1902, un exemplaire de sa Léda est présentée à la Galerie Bernheim au milieu de peintures de Bonnard, Vuillard, Denis, Roussel. En 1903, Maillol s'installe à Marly-le-Roi pour se rapprocher de ses amis. Maillol rencontre le marchand Ambroise Vollard (1866-1939) qui l'encourage dans la voie de la sculpture.

J'aime particulièrement cette  Femme assise le bras replié autour de la tête, dit aussi Jeune fille assise se voilant les yeux ou La Pudeur, vers 1897-1900. Terre cuite vernissée. Les statuettes qui représentent des luttes de femme où si la lutte n'est pas évidente, la sensualité saute aux yeux.


L'été est une sculpture en bronze qui  représente un nu féminin debout, avec la main gauche tournée vers le ciel.  Elle fait partie d’un ensemble de sculptures fondues en 1964-1965, à la suite de la donation par Lucien Maillol, fils de l’artiste, et par Dina Vierny, exécutrice testamentaire, des droits de tirage, pour être installées au jardin du Carrousel. La donation a été suscitée et fortement encouragée par le ministre des Affaires culturelles André Malraux.

Dans cette période où il cherche une inspiration nouvelle, il fait la connaissance en 1934 de Dina Vierny, jeune fille qui incarne son idéal en sculpture et qui devient son principal modèle pendant dix ans. À la fois muse, interlocutrice et collaboratrice, elle lui inspire ses dernières sculptures monumentales : La Montagne, en 1937, qui achève le cycle entamé au début du siècle. La Montagne  a été commandée par le Musée national d'Art moderne, pour être exposée à l' Exposition Internationale , qui s'est tenue à Paris en 1937. Elle a été initialement conçue comme une pièce monumentale dans laquelle une figure féminine plus grande que nature est représentée assise au sol, le genou gauche levé et la main gauche levée au-dessus de la tête (fig. 1). Elle fait partie d'une série de personnages monumentaux assis de Maillol, à commencer par La Méditerranée , présentée pour la première fois en 1905.
Au début des années 1890, Maillol était principalement impliqué dans la peinture de chevalet, la gravure et la conception de tapisseries. Il était affilié aux jeunes disciples de Paul Gauguin qui se faisaient appeler "Les Nabis", et comme eux, il cherchait à explorer les possibilités décoratives de l'art moderne. À l'instar de Gauguin, Maillol sculpte des reliefs et des statuettes en bois, mais il ne se tourne vers la sculpture comme principal moyen d'expression qu'en 1898, lorsqu'une inflammation chronique de l'œil l'oblige à fermer son atelier de tapisserie. Il a commencé à modeler des figures féminines vêtues et nues en argile et en terre cuite. Maillol a montré dans ces premiers efforts sa manière classique caractéristique, dans laquelle il a délibérément évité les sujets émotionnels et le mouvement dramatique vus dans la sculpture de Rodin, qui était alors en vogue. Il a plutôt choisi des poses de simplicité, d'immobilité et de calme, dans lesquelles il s'est abstenu de tout affichage expressif extérieur. Contrairement aux facettes tactiles et réfractives de la sculpture de Rodin, Maillol privilégie les surfaces lisses et unies qui réfléchissent la lumière plus doucement.
La Montagne est une sculpture clé dans l'effort continu de Maillol pour fusionner une sensualité terrestre avec les traditions formelles de l'Antiquité classique, qu'il considérait comme l'héritage artistique légitime de sa patrie méditerranéenne. Cependant, l'artiste ne devient jamais stéréotypé dans son approche." 

Quelques beaux dessins préparatoires comme le "Dos de Thérèse" en 1920.  Thérèse est une domestique espagnole qu’il recrute car elle incarne l’idéal qu’il cherche tant. Vous pourrez admirer ce dessin de son dos ci-contre.

"La production de dessin est très importante chez Maillol, souvent réalisé au pastel ou au fusain. Il s’agit de dessins sur papier principalement vendu en moyenne entre 1 400 € et 14 000 €. Le record pour cette catégorie est cependant bien plus élevé, il s’agit de Dina pour la rivière, dessin préparatoire, adjugé 470 000 € en 2013 chez Artcurial."


 

 

 

Voici justement "La Rivière". "La Rivière est l’une des trois œuvres monumentales de la fin de vie de Maillol, avec L’air et La Montagne. Il s’agit à l’origine d' un projet de monument en hommage au philosophe, écrivain et politicien Henri Barbusse. Elle représente le corps en déséquilibre de Dina Vierny dans une mise en scène dramatique, celle d’un corps emporté par la puissance des flots. Il existe plusieurs versions de cette œuvre exceptionnelle, dont une est visible au MoMA de New York, une autre à la Norton Simon art Foundation de Pasadena et dont la première version est exposée depuis 1964 dans le jardin du Carrousel aux Tuileries de Paris. La version de La Rivière vendue en 2013 à Paris était une épreuve d’artiste issue de la collection personnelle de Dina Vierny, et mise en vente par son fils chez Artcurial avec neuf autres œuvres de Maillol, pour régler la succession. Cette fonte posthume de Georges Rudier s’est vendue au prix record de 7,2 m$. 

A la nouvelle demande de Maurice Denis, Aristide Maillol réalise La Musique, hommage à Claude Debussy, inauguré en 1933 au jardin des Arts de la commune. Mais Maurice Denis veut aller plus loin. Après avoir fait poser en 1923 une plaque commémorative en façade du bâtiment, en présence d’Emma Bardac seconde épouse de Debussy et mère de Chouchou, sa fille unique adorée , le peintre soulève à la fin des années 1930 l’idée d’un musée et collecte de nombreux petits objets ayant appartenu à l’artiste et à sa parenté.

"L'Air". "Lorsque Dina, 15 ans, fut présentée par un ami à Aristide Maillol, 72 ans, en 1934, l'artiste à l'automne de sa vie était en panne d'inspiration. Ce fut un coup de foudre, immédiat et total. La jeune femme potelée aux longs cheveux noirs, enjouée et énergique, pleine de vie et de sensualité, devient la muse et le modèle du vénérable sculpteur qui se remet même à la peinture pour elle (plusieurs portraits). Maillol réalisera, durant les dix dernières années de sa vie (le sculpteur est mort en 1944 dans un accident de voiture), une vingtaine de sculptures de la jeune Russe d'origine juive, qui a fui, enfant, l'URSS de Staline pour la France. Dina se révéla un personnage étonnant aux multiples facettes : militante de gauche avant la guerre, résistante sous l'Occupation (elle fut arrêtée en 1943 et incarcérée six mois mais échappa à la déportation grâce à Maillol et à Arno Breker (sculpteur d'Hitler), proche des surréalistes, d'André Breton et de Prévert (elle chanta avec le groupe Octobre), elle posa pour Raoul Dufy, Henri Matisse et Pierre Bonnard, avant de devenir une galeriste renommée et de créer le musée Maillol en 1995 à Paris, après avoir fait don à l'état de multiples œuvres monumentales de Maillol (exposées dans les jardins des Tuileries). Elle mourut en 2009 à l'âge de 89 ans."Au lendemain de la mort tragique de Mermoz, au tout début de l'année 1937, un comité de la Compagnie Air France lance une souscription dans toute la France pour édifier un monument à Toulouse « à la mémoire et à la gloire de tous les pilotes, navigateurs, radios, mécaniciens et agents de la Compagnie Air France ayant donné leur vie de 1920 à 1936 pour la création, le développement et la persistance de la Ligne Toulouse-Santiago du Chili ». La commande est passée au célèbre sculpteur en 1938 et la sculpture installée dans le Jardin royal de Toulouse de 1948 à 1993.
 

Pomone, c'est une commande de Morosov en 1909.

Fait partie d’un ensemble de sculptures fondues en 1964-1965, à la suite de la donation par Lucien Maillol, fils de l’artiste, et par Dina Vierny, exécutrice testamentaire, des droits de tirage, pour être installées au jardin du Carrousel. La donation a été suscitée et fortement encouragée par le ministre des Affaires culturelles André Malraux. 


La statue est commandée à Maillol par la section de Puget-Théniers de la Ligue des Droits de l'Homme, en hommage à Auguste Blanqui, natif de la commune. Maillol réalise la statue entre 1905 et 1908 ; elle est érigée en 1909 devant l'église. Cet emplacement fait scandale et la statue est remplacée en 1922 par un monument aux morts et reléguée sur le pré de la foire. Pendant la Deuxième guerre mondiale, pour éviter au bronze d'être fondu, la statue est à nouveau démontée et cachée dans les abattoirs du village. Découverte en 1942, elle est entreposée à Nice où elle échappe toutefois à son sort. Elle est retournée à Puget-Théniers après la libération de la région, en , puis érigée à son emplacement actuel.

La réplique parisienne est installée en 1964 dans le jardin du Carrousel. 


La nuit est le résultat de l'interprétation de Maillol des sculptures sombres et lourdes du XVIIIe siècle qu'il a rencontrées dans les jardins de Versailles en dehors de Paris. Il est composé d'une série de lignes qui représentent à la fois une figure et évoquent la forme d'un cube. Le modèle de cette œuvre était la femme de l'artiste. Sa pose est à la fois maussade et puissante. En 1909, en voyant une première distribution de Nuit dans une exposition, le sculpteur Rodin  remarque : « On oublie trop facilement que le corps humain est une architecture, une architecture vivante. 

Maillol rencontre Clotilde Narcis en 1894. Ils se marièrent l'année suivante. Clotilde lui permet de disposer en permanence d'un modèle : "je relève les jupes de ma femme et je trouve un bloc de marbre". Maillol aime les corps denses, les jambes solides, les formes développées : "La sculpture est un art masculin, il faut qu'elle soit forte, sans ça, ça n'est rien".

Maillol dessine Clotilde de 1895 à 1907. Elle pose pour ses premières sculptures monumentales : La Nuit, l'Action enchaînée, Méditerranée. Elle est saisie dans son intimité par des dessins rapides qui saisissent une attitude.

Le premier titre de l'œuvre est Jeune fille accroupie. Mais l'artiste précise : « Un jour de belle lumière, elle m'apparut si vivante, si rayonnante […] que je la baptisai Méditerranée. » 
Cette figure était elle-même l’agrandissement d’une statuette longuement travaillée. Une recherche plus poussée dans la généalogie de l’œuvre conduirait à un bas-relief de 1896, La Vague, plus naturaliste dans son traitement de l’anatomie féminine, voire à des œuvres peintes ou brodées.
 
 
 
Arrivé à Paris en 1887 pour y poursuivre ses études d’art, Rippl-Rónai se lie d’amitié avec Maillol, rencontre des membres du groupe des Nabis, expose avec eux en 1893 et devient le « Nabi hongrois ».
C'est à lui qu'on doit ce portrait de Maillol.Pour terminer, un dessin d'un homme, un cycliste qui servira de modèle à Maillol qui en fera plusieurs sculptures.
"En 1907, Kessler recommande à Maillol un jeune homme, Gaston Colin, pour lui servir de modèle dans la conception du bas-relief Le Désir (1907) dont une fonte est présentée ici. Par la même occasion, il demande une statue du « petit coureur cycliste et jockey », qui est son amant. « Les anciens ont bien fait des portraits d’athlètes. Eh bien, c’est un portrait d’athlète », déclarera Maillol lors de sa présentation au Salon d’automne de 1909, peu à l’aise même si Rodin trouve Le Cycliste (1907-1908) « très bien »« C’est trop nature, finira par avouer Maillol. À cause de cela, il gardera toujours une position un peu particulière dans mon œuvre. » Et c’était vrai : Maillol était décidément le sculpteur de femmes synthétiques et aussi, ce qu’on a moins l’occasion d’admirer, leur dessinateur. Kessler fut un mécène de Maillol.

"Sur les conseils d’Auguste Rodin, Octave Mirbeau et Maurice Denis, le comte Kessler, un riche collectionneur d’art, rencontre Maillol à Marly. Kessler devient son plus grand admirateur et son mécène. Maillol répétait souvent que cette rencontre fut une des plus belles chances de sa vie."

Trés belle exposition à Zurich : "Formes pulpeuses, rondeurs sensuelles : les corps nus d’Aristide Maillol sont reconnaissables au premier coup d’œil."

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