mercredi 4 janvier 2023

CHATEAUX DE LA LOIRE, LE CHATEAU DE LANGEAIS

 Noël au pays des châteaux, troisième étape, le château de Langeais. Chenonceaux et Villandry sont construits sur le Cher, le château de Langeais est édifié sur une des rives du fleuve. En quittant Villandry, on doit traverser le pont suspendu sur la Loire pour parvenir à Langeais.

Il est superbe et majestueux avec ses piles en forme d’arches, ornées de tourelles. "En 1846, le roi Louis Philippe autorise la construction d'un pont "en fil de fer" - c’est ainsi qu’on appelle la technique à l’époque. Il est ouvert en 1849 mais, au bout de dix ans... Un orage d’été ... la foudre tombe sur le pont, elle brise une colonne, le tablier et le dispositif de suspension s’effondrent dans la Loire". Reconstruit, il est détruit par l'armée du Second Empire pour ralentir l'avancée des troupes allemandes en 1870 et l'armée française le fait sauter en 1940 pour ralentir l'invasion nazie. Il est reconstruit dans sa forme actuelle en 1949 et c'est, hormis l'autoroute le seul point de passage sur 45 km de Loire.

Le château de Langeais existe depuis 994 mais du château initial ne subsiste que le donjon qui est soit le plus ancien soit un des plus ancien car le château de Montbazon lui conteste ce titre. Le château actuel a été érigé en 1465 par Louis XI. Il est situé en pleine ville. Côté rue, "la façade impressionne par son allure caractéristique de forteresse, flanquée de deux grosses tours et disposant d’un long front de courtines aux rares ouvertures.
Cet ensemble massif est surmonté d’un chemin de ronde
couvert sur mâchicoulis, que le visiteur peut entièrement
parcourir. Un puissant pavillon muni de deux pont-levis,
un cavalier et un piétonnier, marque l’entrée du château ;
le mécanisme de ces installations est en parfait état de
marche et le pont-levis principal est actionné tous les jours à
l’ouverture et à la fermeture du château."

"Côté cour, la façade répond à ce qu’attend désormais un roi ou un grand seigneur de sa résidence : être un lieu de séjour agréable, ouvert sur l’extérieur par de belles fenêtres. Les travaux sont confiés à Jean Bourré, fidèle conseiller du roi, et à Jean Briçonnet, autre proche du roi et alors maire de Tours. Dès juillet 1466, Louis XI cède le château à son cousin, Dunois, fils du compagnon d’armes de Jeanne d’Arc. les ouvertures en grand nombre témoignent de cette volonté d’en faire une résidence agréable à vivre. Des feuillages sont sculptés autour des portes et des fenêtres ; des lucarnes surmontées de gâbles ornés de crochets rythment les parties hautes du château. Toutes les circulations verticales sont pourtant cantonnées dans des tourelles abritant des escaliers en vis : l’architecture du château est bien à la charnière entre Moyen Âge et Renaissance."




Cette année, les visiteurs sont accueillis avec les créations des artistes Grôm et Fanfan : un renne et le traîneau du Père Noël et une biche ornent la cour du château. Je ne veux pas etre méchant mais je trouve que cette création est digne d'un élève du CE 2 et encore pas le plus brillant mais , peut etre que Grom et Fanfan ne sont qu'en CE 1. Après Chenonceaux et Villandry, le niveau est moins flamboyant. Peut être la différence entre un monument géré par des privés qui se décarcassent et des publics qui vivent sur les acquis.
Au fond de la cour, la silhouette sombre du vieux donjon du comte d'Anjou, Foulques Nerra. Nous pénétrons dans le château. Très beau triptyque du XVe École Rhénane


 

 

 

 

 

 

" La grande table du banquet de Noël brille de mille feux mais la vaisselle est moins brillante et raffinée que dans les 2 châteaux que nous avons précédemment visités. Exceptionnels à Langeais, les pavements ont été restitués au XIXe siècle à la demande de Jacques Siegfried en s’inspirant de motifs médiévaux. Chaque pièce du château reçoit des pavements originaux : en relief, de différentes couleurs ou bien encore vernissés, ils forment un ensemble à la diversité surprenante"

La queue de fourrure épaisse de ce petit mammifère est l’emblème d’Anne de Bretagne. La queue d’hermine est présente sur les carreaux de pavement et sur les peintures murales. L’hermine, entièrement figurée, décore la frise murale de la salle du banquet

 

 

 

 

 

 


Au Moyen Âge, les tapisseries décoraient, isolaient du froid, racontaient des histoires... On peut admirer plusieurs tapisseries sur la chasse au cerf du  XVes, ateliers de Tournai.



"Le lit à l’époque médiévale n’est pas utilisé uniquement pour dormir ou se reposer ; c’est aussi un meuble de prestige sur lequel se tient le seigneur lorsqu’il reçoit des invités dans sa chambre. Surmonté d’un dais suspendu ou soutenu par des colonnettes sculptées le lit est décoré de rideaux en matières précieuses qui permettent de se protéger du froid"

"Les tapisseries, dont la production prend une ampleur
sans précédent à partir du XIVe siècle, jouent
plusieurs rôles : elles décorent tout en isolant les
murs froids des logis. Par la qualité de leur exécution,
la valeur des matières employées et les sujets représentés, elles mettent en avant le goût, la richesse et le prestige du commanditaire. La collection de Langeais comporte trente six œuvres (entières et fragmentaires) significatives de cet art incontournable du Moyen Âge et de la Renaissance. Les seigneurs nomades sont toujours accompagnés dans leurs déplacements de nombreuses tapisseries.  Les décors changent au gré de l’humeur du maître et des circonstances, les matériaux sont le plus souvent la laine, la soie et le fil d’or. Par son envergure et sa composition, la tapisserie est aussi un support propice pour raconter des événements historiques ou des sujets allégoriques. C’est le cas de la suite des Neuf Preux tissée vers 1530. Sept des neuf Preux sont présentés à Langeais : ils forment l’ensemble le plus important de ce type aujourd’hui conservé dans le monde. Pièce maîtresse de la collection de tapisseries conservées à Langeais, cette série a fait l’objet d’une campagne de restauration en 2006 par les ateliers Bobin et est désormais exposée dans la salle des Preux."

La Salle du mariage reconstitue la cérémonie qui unit Charles VIII et Anne de Bretagne en 1491. Elle a 14 ans, il en a 21.Le château a reconstitué la scène. Cette union rattachera la Bretagne au royaume de France.

En ces temps, le mariage était rarement une affaire d’amour et celui-ci n’en était que de raison, une raison territoriale. Anne avait hérité du duché breton de son défunt père, le duc François II, alors qu’elle n’avait que 11 ans. Son futur mariage était donc un enjeu capital dont s’empara en premier Maximilien. Le futur empereur romain germanique se maria avec Anne par procuration, déclenchant ainsi la colère militaire de Charles VIII qui envoya ses troupes en Bretagne. Maximilien n’intervint pas, délaissant ainsi la jeune duchesse qui se vit dans l’obligation d’épouser le roi de France à l’âge de 14 ans. Le pape n’ayant pas encore annulé l’ancienne union, on organisa le mariage en catimini au château de Langeais, que l’on savait discret.
 
Le contrat qui liait les deux époux n’avait rien de romantique : la duchesse de Bretagne apportait à son mari le duché et s’engageait à épouser son successeur, si le roi venait à mourir sans héritier mâle. Anne donna naissance à six enfants mais aucun ne survécut et le destin emporta également son mari qui trépassa après s’être bêtement cogné la tête sur un linteau de pierre. Elle dut donc se remarier avec l’héritier du trône Louis XII qui, par ailleurs, déjà marié, fit annuler son union pour préserver le précieux duché de Bretagne. C’est ainsi qu’Anne devint pour la deuxième fois reine de France, et c’est ainsi qu’au fil du temps, la Bretagne devint un département français . Le commentaire de Stéphane Bern nous apprend comment s'était déroulé le mariage par procuration de Maximilien et d'Anne. Maximilien avait dépêché son ambassadeur: pour que le mariage soit reconnu, il faut qu'il soit consommé mais pas question, cependant que l'ambassadeur déflore la duchesse. Devant la cour, l'ambassadeur pose son tibia sur celui de la duchesse et voilà, le mariage est consommé. Dans la scène, une personne a une importance majeure, Anne de Beaujeu (appelée aussi Anne de France ou Anne de Bourbon). Fille aînée du roi LouisXI et de Charlotte de Savoie, elle est également la sœur de Charles VIII, pour le compte de qui elle a assumé la régence de facto lorsque celui-ci était mineur de 1483 à 1491. Durant cette période, elle est considérée comme l'une des femmes les plus puissantes d'Europe à la fin du XVe siècle et est surnommée « Madame la Grande ». C'est elle qui réussit cette prouesse de rattacher la Bourgogne à la France. 

Nous arrivons dans la salle des Preux, où sont exposées les tapisseries qui représentent en fait les vertus  des chevaliers.

Nous empruntons ensuite le chemin de ronde, impressionnant. Le froid est très vif dehors et presque aussi intense à l'intérieur du château, ce qui permet d'imaginer l'inconfort et la froidure qui régnaient ici malgré les tentures, les cheminées et les tapisseries.


 

Un petit tour dans l'église toute proche. Belle visite encore.

Ce château doit beaucoup à son dernier propriétaire. "Jacques Siegfried est un grand homme d’affaires français, amateur du Moyen Âge. Avec son frère Jules, il fonde la société Siegfried Frères au Havre et à Mulhouse en 1861, spécialisée dans le négoce du coton. Les deux frères sont originaires d’Alsace, un des berceaux de l’industrie textile française. Il acquiert le château de Langeais en 1886 et consacre vingt ans de sa vie à le rénover et à le meubler dans l’esprit d’une demeure de la noblesse à la fin du Moyen Âge. Il en fait don à l’Institut de France en 1904."

"Le château de Langeais a mis en place divers dispositifs dont un échafaudage fixé au donjon qui rend compte des méthodes de construction d’antan. Un projet ardu au vu du peu d’informations dont disposaient les concepteurs qui ont dû s’appuyer sur des croquis et des dessins datant de la fin du Moyen Âge.
 

L'échafaudage en acacias s'élève à six mètres de hauteur sur une longueur de 10 mètres. Un escalier en rondins permet d’accéder en haut de la plateforme constituée de perches et de boulins depuis laquelle on peut voir les machineries de levage : la chèvre et la louve. La chèvre s’apparente à une grue à roue et la louve est comme une pince auto-serrante qui prend en charge les poids. Ces démonstrations d’appareillage témoignent de la complexité des chantiers et des risques auxquels étaient exposés les bâtisseurs de l’an Mil."


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