Il est superbe et majestueux avec ses piles en forme d’arches, ornées de tourelles. "En 1846, le roi Louis Philippe autorise la construction d'un pont "en fil de fer" - c’est ainsi qu’on appelle la technique à l’époque. Il est ouvert en 1849 mais, au bout de dix ans... Un orage d’été ... la foudre tombe sur le pont, elle brise une colonne, le tablier et le dispositif de suspension s’effondrent dans la Loire". Reconstruit, il est détruit par l'armée du Second Empire pour ralentir l'avancée des troupes allemandes en 1870 et l'armée française le fait sauter en 1940 pour ralentir l'invasion nazie. Il est reconstruit dans sa forme actuelle en 1949 et c'est, hormis l'autoroute le seul point de passage sur 45 km de Loire.
Cet ensemble massif est surmonté d’un chemin de ronde
couvert sur mâchicoulis, que le visiteur peut entièrement
parcourir. Un puissant pavillon muni de deux pont-levis,
un cavalier et un piétonnier, marque l’entrée du château ;
le mécanisme de ces installations est en parfait état de
marche et le pont-levis principal est actionné tous les jours à
l’ouverture et à la fermeture du château."
"Côté cour, la façade répond à ce qu’attend désormais un roi ou un grand seigneur de sa résidence : être un lieu de séjour agréable, ouvert sur l’extérieur par de belles fenêtres. Les travaux sont confiés à Jean Bourré, fidèle conseiller du roi, et à Jean Briçonnet, autre proche du roi et alors maire de Tours. Dès juillet 1466, Louis XI cède le château à son cousin, Dunois, fils du compagnon d’armes de Jeanne d’Arc. les ouvertures en grand nombre témoignent de cette volonté d’en faire une résidence agréable à vivre. Des feuillages sont sculptés autour des portes et des fenêtres ; des lucarnes surmontées de gâbles ornés de crochets rythment les parties hautes du château. Toutes les circulations verticales sont pourtant cantonnées dans des tourelles abritant des escaliers en vis : l’architecture du château est bien à la charnière entre Moyen Âge et Renaissance."
Au fond de la cour, la silhouette sombre du vieux donjon du comte d'Anjou, Foulques Nerra. Nous pénétrons dans le château. Très beau triptyque du XVe École Rhénane
" La grande table du banquet de Noël brille de mille feux mais la vaisselle est moins brillante et raffinée que dans les 2 châteaux que nous avons précédemment visités. Exceptionnels à Langeais, les pavements ont été restitués au XIXe siècle à la demande de Jacques Siegfried en s’inspirant de motifs médiévaux. Chaque pièce du château reçoit des pavements originaux : en relief, de différentes couleurs ou bien encore vernissés, ils forment un ensemble à la diversité surprenante"
La queue de fourrure épaisse de ce petit mammifère est l’emblème d’Anne de Bretagne. La queue d’hermine est présente sur les carreaux de pavement et sur les peintures murales. L’hermine, entièrement figurée, décore la frise murale de la salle du banquet
Au
Moyen Âge, les tapisseries décoraient, isolaient du froid, racontaient
des histoires... On peut admirer plusieurs tapisseries sur la chasse au cerf du XVes,
ateliers de Tournai.
sans précédent à partir du XIVe siècle, jouent
plusieurs rôles : elles décorent tout en isolant les
murs froids des logis. Par la qualité de leur exécution,
la valeur des matières employées et les sujets représentés, elles mettent en avant le goût, la richesse et le prestige du commanditaire. La collection de Langeais comporte trente six œuvres (entières et fragmentaires) significatives de cet art incontournable du Moyen Âge et de la Renaissance. Les seigneurs nomades sont toujours accompagnés dans leurs déplacements de nombreuses tapisseries. Les décors changent au gré de l’humeur du maître et des circonstances, les matériaux sont le plus souvent la laine, la soie et le fil d’or. Par son envergure et sa composition, la tapisserie est aussi un support propice pour raconter des événements historiques ou des sujets allégoriques. C’est le cas de la suite des Neuf Preux tissée vers 1530. Sept des neuf Preux sont présentés à Langeais : ils forment l’ensemble le plus important de ce type aujourd’hui conservé dans le monde. Pièce maîtresse de la collection de tapisseries conservées à Langeais, cette série a fait l’objet d’une campagne de restauration en 2006 par les ateliers Bobin et est désormais exposée dans la salle des Preux."
La Salle du mariage reconstitue la cérémonie qui unit Charles VIII et Anne de Bretagne en 1491. Elle a 14 ans, il en a 21.Le château a reconstitué la scène. Cette union rattachera la Bretagne au royaume de France.
En ces temps, le mariage était rarement une affaire d’amour et celui-ci
n’en était que de raison, une raison territoriale. Anne avait hérité du duché breton de son défunt père, le duc François
II, alors qu’elle n’avait que 11 ans. Son futur mariage était donc un
enjeu capital dont s’empara en premier Maximilien. Le futur empereur
romain germanique se maria avec Anne par procuration, déclenchant ainsi
la colère militaire de Charles VIII qui envoya ses troupes en Bretagne.
Maximilien n’intervint pas, délaissant ainsi la jeune duchesse qui se
vit dans l’obligation d’épouser le roi de France à l’âge de 14 ans. Le
pape n’ayant pas encore annulé l’ancienne union, on organisa le mariage
en catimini au château de Langeais, que l’on savait discret.
Le contrat qui liait les deux époux n’avait rien de romantique : la
duchesse de Bretagne apportait à son mari le duché et s’engageait à
épouser son successeur, si le roi venait à mourir sans héritier mâle.
Anne donna naissance à six enfants mais aucun ne survécut et le destin
emporta également son mari qui trépassa après s’être bêtement cogné la
tête sur un linteau de pierre. Elle dut donc se remarier avec l’héritier
du trône Louis XII qui, par ailleurs, déjà marié, fit annuler son union
pour préserver le précieux duché de Bretagne. C’est ainsi qu’Anne
devint pour la deuxième fois reine de France, et c’est ainsi qu’au fil
du temps, la Bretagne devint un département français . Le commentaire de Stéphane Bern nous apprend comment s'était déroulé le mariage par procuration de Maximilien et d'Anne. Maximilien avait dépêché son ambassadeur: pour que le mariage soit reconnu, il faut qu'il soit consommé mais pas question, cependant que l'ambassadeur déflore la duchesse. Devant la cour, l'ambassadeur pose son tibia sur celui de la duchesse et voilà, le mariage est consommé. Dans la scène, une personne a une importance majeure, Anne de Beaujeu (appelée aussi Anne de France ou Anne de Bourbon). Fille aînée du roi LouisXI et de Charlotte de Savoie, elle est également la sœur de Charles VIII, pour le compte de qui elle a assumé la régence de facto
lorsque celui-ci était mineur de 1483 à 1491. Durant cette période,
elle est considérée comme l'une des femmes les plus puissantes d'Europe à
la fin du XVe siècle et est surnommée « Madame la Grande ». C'est elle qui réussit cette prouesse de rattacher la Bourgogne à la France.
Nous arrivons dans la salle des Preux, où sont exposées les tapisseries qui représentent en fait les vertus des chevaliers.
Nous empruntons ensuite le chemin de ronde, impressionnant. Le froid est très vif dehors et presque aussi intense à l'intérieur du château, ce qui permet d'imaginer l'inconfort et la froidure qui régnaient ici malgré les tentures, les cheminées et les tapisseries.
Un petit tour dans l'église toute proche. Belle visite encore.
Ce château doit beaucoup à son dernier propriétaire. "Jacques Siegfried est un grand homme d’affaires français, amateur du
Moyen Âge. Avec son frère Jules, il fonde la société Siegfried Frères au
Havre et à Mulhouse en 1861, spécialisée dans le négoce du coton. Les
deux frères sont originaires d’Alsace, un des berceaux de l’industrie
textile française. Il acquiert le château de Langeais en 1886 et
consacre vingt ans de sa vie à le rénover et à le meubler dans l’esprit
d’une demeure de la noblesse à la fin du Moyen Âge. Il en fait don à
l’Institut de France en 1904."
"Le château de Langeais a mis en place divers dispositifs dont un échafaudage fixé au donjon qui rend compte des méthodes de construction d’antan.
Un projet ardu au vu du peu d’informations dont disposaient les
concepteurs qui ont dû s’appuyer sur des croquis et des dessins datant
de la fin du Moyen Âge.
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