La Forteresse Royale de Chinon a la particularité d'être entre trois provinces : l'Anjou, le Poitou et la Touraine. Implanté en Indre-et-Loire, ce lieu a toujours été un site stratégique, et ce dès l'Antiquité. C'est au Xème siècle qu'un château a été édifié par Henri II
Plantagenêt, comte d'Anjou et roi d'Angleterre en 1154. Ce dernier va
d'ailleurs donner à ce lieu sa silhouette actuelle en construisant un
palais neuf sur le fort Saint Georges.
L’Aquitaine devint anglaise en mai 1152, par le mariage d’Aliénor d'Aquitaine avec le duc de Normandie et comte d’Anjou, qui devient roi d’Angleterre en 1154 sous le nom d’Henri II de Plantagenêt.
La reine Aliénor d’Aquitaine, fille de Guillaume X duc d’Aquitaine ou Guillaume VIII comte de Poitou, n’en est pas à son premier mariage. Elle s’était effectivement mariée avec le roi de France Louis VII, le 1er août 1137, à Bordeaux, en la cathédrale Saint-André. Mais cette première union est dissoute 15 ans plus tard, le 21 mars 1152. En 1137, Guillaume X, duc d’Aquitaine, décède. l’Aquitaine et le Poitou reviennent à sa fille
aînée, Aliénor. Selon les dernières volontés du défunt, la jeune fille
est placée sous la protection du roi de France Louis VI « Le Gros ».
Le 25 juillet 1137, Aliénor d’Aquitaine épouse le fils du roi, le futur
Louis VII. Elle a à peine quinze ans, et lui seize. Leur mariage est
destiné à asseoir l’autorité capétienne sur l’Aquitaine et le Poitou, où
le suzerain détient peu d’influence. La jeune reine installe avec elle à la cour de France poètes et
troubadours, parmi lesquels elle a été élevée. Louis VII, son époux
n’est pas d’un naturel aussi joyeux. Originellement destiné à une vie
monastique, le jeune prince se retrouve propulsé sur le trône de France à
la mort de son frère aîné. Fidèlement conseillé par l’abbé Suger, le
roi préfère ainsi la compagnie de la Bible à celle de la Cour. Aliénor
aurait confié : « J’ai cru épouser un roi et non un moine ». En 1152, avec l’intervention de l’Église, leur mariage est annulé pour consanguinité.
"Aliénor gère son duché d’Aquitaine depuis la mort de Guillaume X son
père. Riche d’une longue expérience et d’une éducation poussée, elle est
engagée dans les affaires d’état et signe des actes officiels en
Aquitaine et ailleurs, en l’absence du roi. Mais elle perd
progressivement cette autonomie, son royal époux étant avide de rétablir
son autorité et relever le royaume sur tous les plans."
En 1173, elle soutient la Grande Révolte de ses fils Henri, Richard et Geoffroy contre leur père. Après la défaite, Aliénor tente de rejoindre la cour de Louis VII à Paris mais est arrêtée auparavant par les soldats de son mari. Elle est emprisonnée pendant presque quinze années, d'abord à Chinon, puis à Salisbury, et dans divers autres châteaux d'Angleterre. Elle gouverne un temps, après la mort d'Henri II comme régente de son fils Richard Cœur de Lion.
On entre dans la forteresse en passant sous la Tour de l'Horloge. Elle est la tour « porte » du château du Milieu, créée par Jean sans
Terre en 1200 lorsqu'il prépare la Forteresse à la guerre. Elle connaît
par la suite plusieurs campagnes de modifications. A la fin du XIVe
siècle, la tour est rehaussée pour accueillir une cloche à son sommet et
atteindre sa hauteur actuelle. Cette tour-porte est ménagée dans une tour longue et étroite à
l’extrémité semi-circulaire. Située en retrait du rempart, elle est
défendue côté est par trois archères. La porte d’entrée s’ouvre dans
l’une de ces archères et débouche sur un escalier droit. La tour était
également accessible par le chemin de ronde.
Puis un escalier à vis est créé pour
desservir les cinq niveaux que compte désormais la tour. Depuis le pont qui franchit les fossés, on a une vue superbe sur la Vienne et sur la ville ancienne.
A l'entrée, on nous donne un Histo pad, un ipad, où théoriquement tout est expliqué. En fait, on s'y colle et, geek ou non, on tourne en rond. Finalement, après 2 stations où on ne tire rien de l'ipad. On laisse tomber et on se dépatouille avec les cartouches. Le 23 février 1429, Après avoir chevauché à travers les terres bourguignonnes depuis la place de Vaucouleurs, Jeanne d’Arc arrive au château de Chinon . Arrivant dans la grande salle de la forteresse (donjon), elle reconnaît le Dauphin Charles vêtu comme un courtisan.
Il y eut deux entrevues à Chinon, une première dans la chambre du Roi Charles VII, deux jours après l'arrivée de Jeanne d'Arc à Chinon. Elle est par la suite logée dans le donjon du Coudray. Après qu'une assemblée de femmes présidée par la reine de Sicile ait vérifié la virginité de la Pucelle d'Orléans, elle est envoyée à Poitiers par le Roi pour que des spécialistes puissent juger de sa bonne foi. Une fois la procédure terminée, le Roi Charles VII la reçoit à nouveau à la Forteresse Royale de Chinon. C'est au sein de celle-ci que Jeanne d'Arc fit la promesse de mener le roi au sacre. Charles VII, roi légitime de France selon la loi salique, mais contesté par le droit, depuis que le traité de Troyes, en 1420, a fait du roi d’Angleterre l’héritier de la couronne…Avec l'accord d'Isabeau de Bavière, les anglais font signer au roi Charles VI le traité de Troyes en 1420. D'après ce traité, le dauphin Charles perd ses droits sur le trône de France ; le roi d'Angleterre épouse Catherine de France, fille du roi Charles et de la reine Isabeau, et il doit succéder à Charles VI à la mort de ce dernier. Isabeau de Bavière voulait évincer son fils Charles du pouvoir au profit du mari de sa fille Catherine. Sans l'action de Jeanne d'Arc, la France serait tombé dans l'escarcelle de la perfide Albion. De la salle où eu lieu la rencontre du dauphin et de la pucelle, n'existe plus, seule la cheminée reste.
Le Donjon (Tour du Coudray) a été construit au XIIIème siècle sous Philippe-Auguste. Il fait 25 mètres de hauteur et 12 de diamètre. Il comporte trois étages dont les deux inférieurs sont voutés, les étages sont reliés par un escalier. C'est dans un des étages de cette massive tour cylindrique que Jeanne d'Arc a séjourné. A sa base un souterrain permettait aux assiégés de s'enfuir en cas de nécéssité.
"Jacques de Molay est le dernier grand maître de l’ordre du Temple, ce corps d’élite de moines soldats fondé au XIIe siècle pour assurer la sécurité des pèlerins désireux de se rendre à Jérusalem. Il dirige l’ordre de 1292 jusqu’à sa dissolution par le roi de France en 1312. Dès 1307, Philippe le Bel avait pris prétexte des déviances de l’ordre pour arrêter tous ses membres et les accuser d’hérésie. Plusieurs mois après cet épisode, Philippe le Bel accepte d’envoyer soixante-quinze Templiers devant le pape à Poitiers. Mais, en cours de route, le roi fait retenir à Chinon cinq dignitaires de l’ordre dont Jacques de Molay. Emprisonnés à la Forteresse de juin à août 1308, ils ont laissé de nombreux graffiti dans la tour du Coudray. Entre le 17 et le 20 août 1308, des émissaires du pape se rendent à la Forteresse pour auditionner les prisonniers dans le cadre de leur procès. Il en résulte un document important pour l’histoire de l’ordre, le parchemin de Chinon, qui est conservé dans les archives secrètes du Vatican. A l’issue du procès, Jacques de Molay est exécuté sur le bûcher en 1314."
"Les Logis royaux :Vers 1370, le duc Louis 1er d’Anjou entreprend la reconstruction des logis à partir d’un bâtiment préexistant édifié au XIIIe siècle. Au XVe siècle, l’ensemble abrite les appartements de Charles VII et de son épouse Marie d'Anjou. Les Logis Royaux étaient composés de trois corps de logis principaux. Les plus anciens sont appelés « le Grand Comble » et « le Petit Comble », nom d’usage retenu pour les désigner. Il y subsiste des maçonneries de la fin du XIIe siècle qui ont fait l’objet de très importantes modifications, de compléments et de reprises notamment au XIVe puis au XVe siècle par le roi Charles VII. Le troisième corps de logis, à l’Est, dit « Salle de la Reconnaissance »
où Jeanne d’Arc est dite avoir « reconnu » le dauphin n’a pas été
intégrée dans ce plan de restauration. Elle est donc restée complètement
ruinée."
"La mise en scène de la légende de Noël « Le château englouti » revisite les codes traditionnels des contes de fées. Tous les ingrédients sont réunis : de hautes tours crénelées à franchir, un dragon à vaincre et une jolie princesse à sauver pendant la nuit de Noël. L’aventure se passe sous la mer et la Forteresse royale se transforme en château englouti sous les eaux dorées quand sonnent les douze coups de minuit… La légende : un jeune et pauvre pêcheur breton qui vivait avec sa mère et sa sœur avait connaissance du récit suivant. Pendant la nuit de Noël, au premier coup de minuit, la mer se retirait si loin qu’elle dévoilait un château dans lequel se trouvait un trésor et une belle jeune fille. Mais la mer revenait tout aussi rapidement au douzième coup de minuit, engloutissant le château et les imprudents qui avaient tenté leur chance. Le jeune pêcheur décida de relever le défi. Sa mère et sa sœur ne pouvant le dissuader, lui offrirent une paire de sabots et un petit cheval en bois. Au premier coup de minuit, son cheval de bois devint un destrier bien vivant qui lui permit de rejoindre le château, de trouver le trésor et d’emporter avec lui la jeune fille. Sur le retour, le pêcheur invoqua l’archange Saint-Michel qui transforma les sabots en barques, ce qui lui permit de rejoindre rapidement la plage avec sa dulcinée. Les amoureux se marièrent et le pêcheur consacra la moitié du trésor à la construction d’une chapelle dédiée à Saint-Michel."
En quittant le château, on découvre les engins de guerre assurant la défense d'une forteresse. "Les projectiles sont lancés à partir de machines de jet construites en bois : catapultes, trébuchets, pierrières et mangonneaux. Ces engins utilisent des contrepoids fixes ou mobiles qui permettent d’améliorer leur portée dès la fin du 12e siècle : environ 150 m pour un projectile de 150 kg. Les ingénieurs les conçoivent sont très recherchés et bien rémunérés. L’un d’entre eux, maître Urri, débute sa carrière au service d’Henri II en 1184 et la poursuit au service de ses fils. Il est envoyé à Chinon par Jean
sans Terre en 1200 pour y recruter des charpentiers et y construire des pierrières et des mangonneaux."
Nous descendons vers la ville médiévale, une façon moins fatigante d'y accéder consiste à emprunter un ascenseur. La ville de Rabelais est riche de belles maisons médiévales ou Renaissance.
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