Aprés Schiaparelli et ses amis Surréalistes, nous continuons notre séjours culturel par le musée d'Orsay et Edvard Munch. "Le Norvégien Edvard Munch (1863 – 1944) est l’un des plus célèbres peintres scandinaves. Entre symbolisme en vogue et expressionnisme naissant, l’auteur du célèbre Cri est un peintre de l’âme et des émotions. Son pessimisme n’est guère éloigné de la philosophie d’Arthur Schopenhauer et surtout de Friedrich Nietzsche, ainsi que de la poésie mallarméenne. Il aborde dans ses œuvres les thèmes attachés à la mort, l’angoisse et la douleur, avec plus de lyrisme que de réalisme. Esprit de ce que l’on a nommé la « décadence fin de siècle », Munch a livré une œuvre profondément biographique et l’une des plus singulières de la mouvance symboliste."
"Dans la première salle du Musée d’Orsay, l’Autoportrait à la cigarette (1895) accueille le visiteur. Le jeune dandy au regard embrumé semble surpris comme s’il venait d’être découvert dans les coulisses d’une fête. A cette période, Munch fréquente la bohème de Kristiania – l’actuelle ville d’Oslo -, qui se réunit autour de l’écrivain sulfureux Hans Jæger (1854-1910). Cet ami de Munch a eu une influence sur le jeune peintre, il considérait que l’autobiographie devait être la source principale de la création artistique. il prôna la libération des relations sexuelles dans des ouvrages qui firent scandale (Olga, 1883 ; la Bohème de Christiania, 1885 ; Amour malade, 1893).
Le tableau suivant, "L'heure du soir" avec au premier plan sa soeur Laura, les yeux dans le vague. Munch a 3 soeurs, Sofie qui mourra de tuberculose, Laura, représentée ici, qui est dépressive et Inger qui aura une bonne santé. Elle a les yeux dans le vague, tristesse, mélancholie, dépression.
"Désespoir" 1892.C'est en 1893 que Munch donnera la première version
du Cri. Le tableau est le fruit
d'une lente maturation dont on trouve trace avec l'angoissante "Soirée sur l'avenue Karl Johan"
(1892) et cette première version
de Désespoir (1892).
« Je me promenais sur un sentier avec deux amis. Le soleil se couchait. Tout d’un coup le ciel devint rouge sang. Je m’arrêtai, fatigué et m’appuyai sur une clôture. Il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville. Mes amis continuèrent et j’y restai tremblant d’anxiété. Je sentais un cri infini qui passait à travers l’univers et qui déchirait la nature »,
"C'est ici une enfant qui est peinte de profil. La femme âgée qui penche la tète dans un désespoir silencieux et montre ainsi son chignon est Karen Bjolstad, la tante du Munch et Sophie qui dirige la maison depuis le décès de leur mère. Munch reprendra ce sujet dans les versions du Musée de Göteborg (1896), de la Tate gallery (1906-1907), de la galerie Thielska de Stockholm (1907) et du Musée Munch (1926-27). Les toiles se feront de plus en plus expressionniste. "
"Cette peinture représente un couple dans la quasi-obscurité, seul un brin de la lumière du jour pénétrant par une fenêtre couverte en majeure partie par un rideau. Le couple s'embrasse et semble fusionner en une personne, leurs visages étant une seule forme sans traits. On pourrait y voir l'union parfaite d'un couple avec cette fusion des visages ou, plutot,la femme prédatrice et amours amères, Munch utilise les motifs alors communs à tout le symbolisme européen, et il donne lui aussi à voir des séductrices dont la longue chevelure s’enroule autour des pauvres hommes-marionnettes." J'y voit une sorte de femme-vampire. Le Baiser, un de ses souvenirs intimes avec Milly Thaulow.
"Longtemps après la fin de leur liaison, le peintre continue à être obsédé par la jeune femme, qui ne lui retourne pas ses sentiments puisqu’elle épouse un autre homme. Des années plus tard, Munch sera profondément blessé lorsqu’elle divorcera avant de se remarier, sans lui manifester le moindre intérêt. Cette déception amoureuse marquera les relations de Munch avec les femmes durant toute sa vie.
Quant à Milly Thaulow, elle a marqué son époque comme étant l’une des premières journalistes norvégiennes spécialistes de cuisine et de mode.
Dans son tableau La Danse de la vie, réalisé en 1899-1900, le couple Munch-Thaulow occupe la place centrale d’une scène évoquant le thème de la jalousie."
Dans" Rouge et Blanc", il représente 2 femmes. En rouge, la femme fatale: Munch peint fréquemment la violence du désir féminin par la couleur rouge. La femme en rouge est une séductrice, elle fait face, elle fixe. "Pour Munch, la femme était l'épicentre d'un mystère érotique tumultueux, inextricablement lié à la Mort. Aimer signifie souffrir, mais comme il est impossible de s'opposer au désir, la relation homme-femme est vouée à l'autodestruction."La femme en blanc qui tourne le dos, on la retrouve dans d'autres toiles de Munch, c'est peut etre une image "pure" de la femme, la soeur...
Au premier plan, un homme triste, "Mélancholie".La tristesse, le chagrin autant, le chagrin du personnage sont évidents . Derrière lui s’étend un paysage marin aux couleurs assez lumineuses.
Cette mélancholie est-elle due aux malheurs de son existence, la mort de sa soeur Sofie, la dépression de Laura ou à un amour déçu ?Les amours mortes ont une grande importance dans l'oeuvre de Munch.
"Nom original du tableau "Amour et douleur" - beaucoup plus mince reflète son humeur. "Vampire"
sonne comme une phrase, sans options. L'auteur de ce dernier nom est
l'ami de l'artiste Stanislav Przybyshevsky. En fait, la toile vit une
vie beaucoup plus complexe.
"Il est impossible de dire sans
équivoque sur la composante intrigue de la photo, ce qui est illogique
par rapport à Munch. Quel que soit le type de relation entre l'homme et
la femme dépeints, il est important de vivre avec eux toute une gamme
d'expériences contradictoires, contradictoires et complexes: désespoir,
peur, plaisir, pitié, tendresse, absorption, saturation, etc., à
l'infini.
"Vampire", comme la plupart des peintures de Munch,
fait partie de l'immense "Vries of Life" et est responsable dans cette
symphonie d'une facette très intime de l'existence humaine. Munch a
toujours été convaincu qu'une femme drainait un homme, le privant de sa
force intérieure et de sa liberté. Aucune des turbulences amoureuses ne
pourrait le convaincre du contraire. Dans ce cas, ce sont les
expériences amoureuses qui occupent une place centrale dans la Frise de
la vie."
« La danse sur le rivage »On pourrait s'imaginer que c'est un tableau qui exprime la joie mais il y a toujours une part d'ombre, les 2 hommes en noir au centre, qui représente la mort et la souffrance. La femme en rouge, c'est la passion, la femme fatale encore.
"J’aurais par contre aimé qu’une mise en perspective ait été offerte pour sa peinture : au fil des ans, ses formes se dissolvent, ses fonds, d’abord assez classiques, deviennent des taches colorées, flottantes (face à face, ces deux chambres de la mort, de 1895 et de 1915, sont, en ce sens, révélatrices". La toile de 1895 est plus dépouillée que celle de 1915.
"La répétition traduit la recherche de justesse et de style : par exemple, les effets varient entre les différentes versions de La Lutte contre la mort, le style incarnant la scène différemment à chaque nouvelle tentative. Avec un usage plus ou moins violent des couleurs, un traitement plus ou moins stylisé des figures humaines rendues plus ou moins dramatiques, Munch reprend la composition et stylise le sujet, insiste sur une expression, une émotion et crée des variables. Dans les deux versions ci-dessous, la seconde est très stylisée, le personnage du premier plan à un visage figé comme un masque de cire, les couleurs sont violentes et la maladie semble avoir envahi tout l’espace en ne laissant pas de répit au regard.(1915)"
"L’imaginaire du peintre est vaste. Ce qu’il veut exprimer dans ses toiles, plus particulièrement dans un tableau nommé « Métabolisme » faisant écho au motif biblique d’Adam et Eve, est une continuité vitale entre humains et nature qui prend corps dans la relation amoureuse entre un homme et une femme. Ce thème de l’amour est développé dans sa naissance, son développement et sa fin, envisagé de manière cyclique. Selon Munch, la nature serait un corps traversé par des humeurs et des énergies, forces d’animation universelles, image de la vie dans un perpétuel recommencement."
Le couple du "Vampire" réapparait au milieu d’un décor verdoyant, dans Vampire dans la forêt, une toile peinte près de trente ans plus tard.
"Danse sur la plage Frise Linde", 1904 de Edvard MUNCH. Toujours des femmes fatales en rouge.
Neige fraîche sur l’avenue, 1906
"Munch avait aussi une vraie appétence pour la nature, qu'il ne résumait d'ailleurs pas à ce qui s'observait : "La
nature n’est pas uniquement ce qui est visible à l’œil – c’est aussi
les images que l’âme s’en est faite – les images derrière la rétine."
Celui qui s'était amouraché des rivages du fjord d'Oslo se prenait
parfois à peindre au milieu de paysages enneigés... ce qui, loin de
l'apaiser, ne l'empêchait pas de conférer à ses œuvres une dimension
toujours angoissante ; son tableau Neige fraîche sur l'avenue, peint en 1906, en est une belle illustration, avec son oppressant point de fuite en cul-de-sac."
Nuit d’été à Aarsgaardstrand
"L’été scandinave ferme l’œil entre chien et loup. Crépuscule permanent où s’engouffrent les tourments. Coups de pinceau épais, clair-obscur du ciel, orange-rouge tranchés, c’est le temps des sentiments exacerbés. Qui oserait prendre un de ces deux sentiers ? En plein jour, ils mènent au bout de la nuit. Comment la couleur fait de ce tableau un paysage de l’âme ?"
"Un grand ciel de ce bleu léger et évanescent, sans réelle lumière, qu’il prend pendant ces nuits bizarres et parfois tout aussi déprimantes que ces jours d’hiver où le soleil ne se lève que très peu de temps et dans un autre crépuscule permanent".
Un dessin du Baiser où la femme semble aspirer l'homme et son énergie.
La femme qui pleure.
"La frontalité des personnages est amplifiée par celle de l’éclairage qui semble directement venir de l’espace du spectateur. Dans les deux toiles, les angles de la pièce sembleraient presque partir des quatre coins du châssis, creusant l’espace en profondeur, comme si la surface du tableau correspondait à une fenêtre, d’où l’on observe la scène. Enfermant le champ de vision, l’espace paraît d’autant plus carcéral que les murs y sont recouverts de barreaux verts, dont l’inclinaison induit un vertige hallucinatoire, proche des troubles perceptifs qui caractérisent les crises de panique dépressives. Le mobilier enfin − accessoires fonctionnels du décor − déborde hors du champ pictural pour introduire le spectateur dans l’intimité de la scène. Les expressions des visages, littéralement dissous par la lumière, restent indéterminées, renvoyant aussi bien à un état d’hébétude ou d’effarement qu’à une posture qui semble accuser l’intrusion d’un regard non autorisé."
"D’un côté l’homme, de l’autre la femme, les deux toiles, Jalousie et La Meurtrière, se répondent, représentant vraisemblablement les deux pendants d’un même drame. Bien qu’on n’en connaisse pas les détails, le sujet renvoie une fois de plus à l’impossible réunion de l’homme et de la femme qui le trahit, à l’instar des nombreuses toiles que l’artiste réalise sur le thème de l’assassinat de Marat."
" « La Mort de Marat ». Il ne s'agit pas là, comme chez David, d'un homme assassiné dans sa baignoire mais plutôt d'une scène féministe figurant une femme nue, victorieuse devant sa victime gisant dans son lit. Le fond du tableau est composé d'une infinité de traits multicolores".
"Dans cette œuvre, aux couleurs sublimes, Charlotte Corday apparaît dans toute sa splendeur morbide, symbole de la détresse et des désillusions d'une relation amoureuse qui s'achève dans le crime et le sang."
"Pour Munch, cette relation s'apparente à celle qu'il entretien avec sa maîtresse Tulla Larsen qui en 1902 le blesse à la main d'un coup de revolver. On peut noter dans le tableau la main droite ensanglantée de Marat qui fait écho au drame qu'a vécu le peintre." Lankaart
"Edvard Munch (1863-1944) fut toute sa vie fasciné par la figure du dramaturge Henrik Ibsen (1828-1906). De ses rares rencontres avec l’homme, il garda un souvenir ému, palpable dans les portraits qu’il en fit. Mais c’est surtout la profondeur de l’œuvre dramatique, qui par son audace avait défrayé la chronique pendant la jeunesse du peintre, qui ne cessa de le nourrir."
Cette aquarelle illustre la pièce d'Ibsen Heda Gabler.
Ci dessous, les "Revenants d'Ibsen. Munch se rend à Berlin en 1906 pour assister aux répétitions des Revenants et en faire les décors.
Certains thèmes du théâtre d'Henrik Ibsen mais aussi du dramaturge suédois August Strindberg, comme la solitude ou l'impossibilité du couple, font directement écho à l'univers de Munch. Celui-ci va jusqu'à emprunter des scènes précises de leurs pièces pour certains de ses autoportraits. Il se représente ainsi à plusieurs reprises dans l'attitude de John Gabriel Borkman : ce personnage d'Ibsen reste cloîtré dans sa chambre pendant de longues années, emprisonné dans ses pensées obsédantes. Cette identification trouve d'autant plus de sens depuis que l'artiste vit dans un certain isolement suite à son installation à Ekely, au sud d'Oslo, à partir de 1916.
"La pratique de l'autoportrait chez Munch ne se limite pas à cette
dimension théâtrale et s'étend sur l'ensemble de sa carrière. Au-delà de
l'introspection, s'y exprime un certain rapport de l'artiste aux autres
et au monde, oscillant entre implication dans le monde extérieur et
retrait intérieur. Les portraits de Munch expriment également une
conscience aiguë de la souffrance de la vie, de la difficulté à créer,
du caractère inéluctable de la mort."
Henrik Ibsen au Grand Café. Le Grand Café se situe au rez-de-chaussée du Grand Hôtel à Oslo où les lauréats du prix Nobel de la paix résident traditionnellement. Ibsen, dont les œuvres majeures comprennent Hedda Gabler et la Maison de poupée, se rendait au Grand Café quand il rentrait à la capitale, alors connu comme s’appelant « Christiania ». Il était parfois rejoint par Munch. Sur un mur du Grand Café, on peut voir les deux hommes avec un groupe d’artistes, une fresque datant de 1920 décrivant les deux hommes.
Tout au long de sa vie, il peint des autoportraits 70 peintures, 20 gravures et une centaine de dessins, aquarelles et esquisses. Deux peintures de sa fin de vie le représentent: L'insomniaque et Autoportrait après la grippe espagnole.
"Munch a souffert toute sa vie
de troubles pulmonaires et bronchiques, sans doute liés à la
tuberculose qui a tué sa mère et sa sœur lorsqu’il était enfant. En
1919, Il fait un grand autoportrait simplement intitulé, Grippe Espagnole: l’artiste tourne la tête vers le spectateur, les yeux
étrangement vides, et ouvre la bouche pour Parler ? Tousser ?
Retrouver son souffle ? Crier ? On revient au "Cri"?"
L'Artiste et son modèle. "Munch aime tout particulièrement peindre Birgit Prestøe qui, comme on
peut le percevoir dans les propos suivants, a inversé les rôles du
peintre et du modèle : « Je trouvais merveilleux de le contempler. Il
était beau comme un jeune Apollon et avait la sagesse d’un Zeus
vieillissant. » Elle pose à plusieurs reprises pour Munch
et acquiert une certaine notoriété en acceptant de parler à la presse
de son expérience de modèle – une profession qui, à l’époque, était
souvent considérée comme peu fréquentable. Ici, je ne pense pas que le modèle soit Birgit et c'est dommage car elle parait très belle sur les toiles peintes par Munch. L’artiste continue dans son oeuvre peint à substituer sujets et
personnages d’une même thématique dans son rapport de référenciation
littéraire, de poétisation de la vie : une jeune étudiante lui sert de
modèle en 1942, et comme souvent il entretient avec elle une relation
mi-romantique, mi-paternelle, agrémentée d’entretiens sur l’art "
Insomnie. Autoportrait au tumulte interieur.
" L’histoire de la peinture remonte à l’été 1907. Edvard Munch a peint une
série de scènes masculines de bord de mer sur la plage, dont le célèbre
les hommes se baignent, aujourd’hui conservé à Helsinki
"La dernière salle de l’exposition nous présente ainsi plusieurs panneaux, pensés comme de longues estampes japonaises, tout en restant imprégnés d’un certain mysticisme. On l’observe dans Le Soleil aux larges rayons éblouissants qui investit l’ensemble de la toile comme une apparition."
« Pendant sa courte vie, Van Gogh n’a pas laissé s’éteindre sa flamme –
il y avait du feu et de l’éclat dans ses pinceaux pendant les quelques
années où il s’est consumé pour son art. Au cours de ma longue vie et
avec davantage d’argent à ma disposition je me suis efforcé, comme lui,
de ne pas laisser éteindre ma flamme et de peindre jusqu’au bout avec un
pinceau brûlant. »Edvard Munch
Nuit Etoilée
Nuit étoilée fait partie d’une série de toiles énigmatiques réalisées à Ekely, dans la dernière demeure d’Edvard Munch (1863-1944), acquise quelques années après son retour en nORV7GE. Il s’agit de scènes nocturnes dans lesquelles le point de vue coïncide systématiquement avec celui offert depuis la véranda de la maison. Le regard du spectateur, qui se confond avec celui de l’artiste, surplombe des paysages solitaires à perte de vue. Conservée au Munch Museet à Oslo. C'est un hommage à Van Gogh
"L’exposition se clôt sur un autre autoportrait, tout autant
merveilleusement confus et tourmenté, de 1903, où le peintre, nu, émerge
des flammes de l’enfer : non seulement la forme a
été bousculée et déconstruite, mais le thème s’est approfondi et
témoigne maintenant des angoisses et des tourments psychiques de
l’artiste."
Quand nous allons voir une expo à Orsay, souvent, en la quittant nous filons vers les pompiers, un bonheur de voir des Vénus corpulentes entourées d'angelots potelets.
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