samedi 31 décembre 2022

LE CHATEAU DE VILLANDRY, NOEL, LA NATURE S'INVITE AU CHATEAU

 Deuxième étape de nos visite des châteaux de la Loire à Noël, le château de Villandry. Comme Chenonceaux, on doit sa construction en 1532 à un grand serviteur du roi, Jean Breton, secrétaire des Finances et proche conseiller de François 1er qui fait raser la forteresse médiévale et se fait construire un château en Val de Loire avec un jardin d'ornement au Sud et un potager à l'est. Villandry est moins imprégné d'Histoire que Chenonceaux car, mis à part la période où Jérôme Bonaparte , frère cadet de Napoléon, en fut propriétaire, les têtes couronnés n'ont pas habitées le château. Au XVIIIème siècle, le marquis Marie-Ange de Castellane, ambassadeur de Louis XV acquiert le château, réaménage l'intérieur, crée de nombreuses dépendances et agrandit les jardins avec un jardin à la française organisé autoutr d'une grande pièce d'eau. Au XIXème siècle, Pierre-Laurent Haingueriot, un financier, transforme les jardins en un parc à l'anglaise . Depuis 1906,  le château appartient à la famille Carvalho.  Brillant élève, Joachim Carvalho  fait ses études de médecine. Il est remarqué par le professeur Calderon y Arana qui le recommande au professeur Richet prix Nobel de médecine en 1913.

Joachim Carvallo arrive en 1879 à la faculté de Médecine de Paris et devient un collaborateur apprécié du professeur Charles Richet qui dira de lui : « Dépourvu de ressources, mais passionné, Joachim Carvallo résolut de vivre en France, de passer ses études de médecine, tout en étudiant la physiologie. Par sa facilité, il neut aucun échec ».

Joachim participe à ses travaux sur l'anaphylaxie. C'est au Laboratoire de Richet qu'il rencontre Ann Coleman, une américaine héritière  d'une immense fortune de la sidérurgie, venue elle aussi pour étudier la physiologie.Ils se marient  en 1899. En 1904, Joachim Carvallo devient secrétaire de l'Institut Étienne-Jules Marey . En 1906, ils achètent Villandry. Le château est menacé de démolition et le parc est à l’abandon. Joachim Carvallo consacre  toute son énergie et sa fortune à rendre à Villandry son état initial.

Il aménage l'aile droite et le corps principal du château, restaure les façades, installe un musée d'art dans l'aile gauche et refait le jardin Renaissance. Joachim Carvallo voue le reste de sa vie à la restauration de Villandry. Après le château, il entreprend une transformation complète du parc paysager pour créer un écrin végétal qui soit en harmonie avec l’architecture minérale. Ses héritiers, François, Robert, et à présent, Henri Carvallo, perpétuent l’œuvre de leur aïeul et entretiennent avec la même passion le château et ses jardins ouverts au public depuis 1920, conservant ainsi l’aspect familial qui caractérise la demeure depuis sa construction en 1532." Le château est construit sur un vallon donnant sur le Cher. Le domaine s'étend sur 15 hectares et les jardin en couvrent 7. Le château est caractéristique de la seconde Renaissance. Le style architecturale est purement français. On a utilisé la pierre de tuffeau. " Pièce maîtresse de la cour d’honneur , une vasque commandée par Joachim Carvallo y trônait depuis plus de cent ans. Celle-ci s’était brisée à quelques reprises au cours des dernières années. Bien qu’elle ait pu être réparée, il devenait important de la mettre à l’abri. Grâce au travail et à la passion d’Elsa Berthelot qui a fait de cette pièce son chef d’œuvre de Tour de France des Compagnons du Devoir, une nouvelle vasque, reproduisant à l’identique l’ancienne, est venue lui succéder."


"Les trois corps de logis qui encadrent la cour d’honneur forment un fer à cheval ouvert sur la vallée. Pour rompre la monotonie de la symétrie, de la proportion et de la régularité chères au style Renaissance, l’architecte du château de Villandry a introduit de subtiles différences : les ailes n’ont pas tout à fait la même longueur, l’alignement des fenêtres centrales est légèrement décalé…"

"La galerie à arcades est une des composantes de l’architecture de la Renaissance. Ce couloir de circulation communicant avec l’extérieur situé au rez-de-chaussée est une douce transition entre la demeure et les jardins." 

L’ardoise est le matériau privilégié pour couvrir les toitures à la Renaissance. Les toitures du château de Villandry ont été restaurées entre 1995 et 2003,. Imposantes, volumineuses et fortement pentues elles donnent ainsi un certain élan à l’édifice. L’ingéniosité des architectes de la Renaissance est d’avoir su rompre l’impression de masse en ponctuant les toitures de lucarnes et de cheminées. 


"Dans un soucis d’ordre, d’harmonie et de régularité, les fenêtres des constructions Renaissance sont alignées tant horizontalement que verticalement. Pour souligner cet alignement parfait, des pilastres sculptés et des corniches sont présents sur la façade. Les fenêtres ou baies, sont quant à elles, divisées en quatre par des traverses (horizontales) et des meneaux sculptés (verticaux). L’ensemble forme une fenêtre à croisée.
Situées au niveau du toit sont les lucarnes Renaissance. Hautes et lumineuses, sans toutefois égaler les fenêtres, elles sont également divisées en quatre par des meneaux sculptés et des traverses. Un fronton triangulaire, lui-même surmonté d’un élément décoratif qui rappelle un petit édifice, d’où son nom d’édicule, termine la parure. Sur chaque fronton est un haut-relief avec les armoiries de jean Breton.
La première sale est la salle de la maquette qui permet de se faire une idée précise de l'ampleur des jardins qu'on peut classer en 4 parties: le potager décoratif, les jardins d'ornement, le jardin d'eau et le jardin de soleil. 
 
Le salon est caractéristique de l'époque Louis XV quand mr de Castellane est propriétaire de Villandry, un remarque des touches provençale, région dont me de Castellane est originaire. 
 
Nous entrons dans le cabinet de travail qui se trouve, en fait, dans le donjon médiéval. C'est ici que Philippe Auguste et  le roi d'Angleterre Henri II Plantagenet  signèrent la Paix de Colombiers en 1189. Le mobilier est Empire et date, sans doute de l'époque Jérôme Bonaparte. Un beau portrait de Cadoudal, chef des Chouans.


Ensuite, nous pénétrons dans la salle à manger. La crèche, Bethléem sous la neige, les rois mage. sol en marbre, belles boiseries

Une merveilleuse table est dressée qui attend les convives après la messe de minuit à l'église du village.

J'aime beaucoup ce tableau, dans la pénombre, la serveuse qui reprise dans un coin de la cuisine par Jacopo Clementi, dit L’Empoli (1551-1640).
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La cuisine est  rustique : tomettes en terre cuite, mur de pierres apparentes et la grande cheminée imposante. Une batterie de cuisine en cuivre et un tournebroche, les légumes du potager sur la table en chêne massif attendent d’être triés.


On aborde ensuite le bel escalier du XVIIIème siècle en tuffeau. La fleuriste et son assistante sont en train de confectionner une composition. Nous discutons un moment et la félicitons pour la qualité des décorations florales. Elle nous dit qu'à ce niveau, les châteaux privés, Villandry et Chenonceaux, présentent une décoration qui demande une créativité que les châteaux nationaux, subventionnés, pourtant, avec nos impôts, n'arrivent pas à concurrencer.Mais ça nécessite de ne pas être avare de son temps. 40 ans de fidélité au château...La rampe de style LouisXV en fer forgé est marquée aux initiales du marquis de Castellane. L'escalier dessert les 2 étages. Beau portrait par

Johan Heinrich Schönfeld (1609-83) : Le Philosophe au Miroir

 

Le premier étage a gardé le même disposition qu'à l'époque du marquis de Castellane. C'est l'étage des chambres. La première chambre est celle du prince Jérôme, frère cadet de Napoléon 1er qui fut propriétaire du château pendant le premier Empire.




Le mobilier est Empire,avec ce fabuleux guéridon, œuvre de Jacob-Desmalter qui représente Apollon sur son char entouré des muses. le lit est très élégant, les murs sont couverts de soieries rouge et moirées.

Belle vue sur les jardins depuis la chambre de la tour qu'occupait Joachim Carvallo. Près du lit, un tableau religieux.



Ensuite, on pénètre dans la chambre du potager, celle qui donne sur le jardin découpé en carrés. Un cabinet de toilette adjacent au lit à baldaquin équipé d'une baignoire d'époque Louis XV avec cuve en zinc et couvercle cané.

 

Le parquet du XVIIIème est absolument extraordinaire qui utilise diverses essences avec différentes nuances de brun.


 

 

 

La bibliothèque.
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Nous sommes dans la chambre des douves, celle d'Ann Coleman. Au mur, le portrait d'un des 6 enfants du couple peint par Charles Milcendeau et une malle Louis Vuitton. Nous arrivons ensuite dans la galerie des peintures, beaucoup de tableaux du Siècle d'Or de la peinture espagnole, des éléments de tabernacle espagnols aussi, peint , sculptés dorés et une tentation de St Antoine.

"La grande majorité de ces œuvres appartient au courant réaliste espagnol, issu de la rencontre entre les modèles flamands et italiens. De nombreuses œuvres rassemblées dans cette galerie ou présentées dans les autres pièces du château sont des peintures religieuses."


Une des pièce qui surprend à Villandry c'est le salon oriental. "La pièce doit sa superbe à son plafond de style mudéjar, typique de l'art hispano-mauresque. Cette coupole à caissons provient du palais des ducs de Maqueda, construit au XVe siècle à Tolède. Il fut démantelé en 1905, c’est alors que Joachim Carvallo acquiert une partie de son plafond. Composé de 3600 pièces en bois, il fallut un an de travail pour le reconstituer à Villandry. Le plafond fut sculpté par des artisans maures pour le compte d'espagnols catholiques, le mélange de coquilles Saint-Jacques, cordes franciscaines et étoiles arabes à huit pointes attestent du syncrétisme de l’époque. 





Cette petite merveille est mise en valeur par le dénuement de la pièce qui n’expose rien d’autre que des tableaux ayant appartenu au Marquis de Castellane. Ces toiles représentent quatre scènes de vie de la « porte ottomane », l’actuelle Turquie, et rappellent la carrière diplomatique du Marquis de Castellane, ambassadeur de France auprès du sultan pour le compte de Louis XV." Même le sapin s'est paré de décorations orientales avec son roi mage sur son dromadaire.


J'ai admiré un Baiser de Judas, une école flamande du XVIIème

Judas qui a reçu 30 deniers du Grand Prêtre, s’élance vers Jésus qui reste noble et serein, Simon Pierre dégaine sont épée et arrache un bout d'oreille à l'assistant du grand prêtre. L'armée s'avance pour s'emparer du Christ. C'est une scène de nuit superbement rendue.

Au second étage, les chambres des enfants avec le cheval à bascule.







Depuis le donjon médiéval, la vue sur les jardins et sur le val de Cher est fabuleuse, on voit aussi le village de villandry après les dépendances du chateau et l'église romane.





Nous allons visiter maintenant le clou des décorations de Noel, "la nature s'invite au chateau dans la salle d'exposition. "Renne, faons, chouettes et écureuils...
dans les décors végétaux conçus à cette occasion dans le château, les habitants de la forêt vous attendent pour fêter Noël". 


 

 

L'atelier floral de Villandry a reconstitué une foret enchantée.

Nous retraversons le salon et une dame rajoute quelques biscuits sur la table qu'un jeune visiteur ou un moins jeune a du déguster en passant, le feu crépite et la fleuriste a terminé sa décoration.



Nous quittons le château pour visiter les jardins, un froid de cygne, pas la meilleure période pour admirer le travail des équipes de jardiniers, surprise, les choux sont en fleur. Les citrouilles attendent qu'une bonne fée les transforme en carrosses.


Pendant que les jardiniers triment à aspirer les feuilles, à ratisser la terrasse, le stagiaire de troisième s'emmerde et leur tourne le dos en regardant son portable. Vivement la fin de journée. Superbe visite d'un château à l'ambiance moins grand siècle, plus familial.



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