Nous remontons des cuisines par un escalier aux voûtes remarquables pour arriver dans une sorte de corridor décoré de bouquets d'orchidées immaculées. On accède ensuite au salon François 1er. On remarque la superbe cheminée Renaissance avec, sur le manteau, la devise de Thomas Bohier: "S'il vient à point, me souviendra"
Pour rappel, le lien pour la première partie de la visite:
https://www.lemounard.com/2022/12/le-chateau-de-chenonceau-tables-de-reve.html
L'ameublement du salon est remarquable avec de belles crédences françaises du XVème siècle et un cabinet italien incrusté de nacre et d'ivoire donné en cadeau de mariage offert à François II et Marie Stuart à l'occasion de leur mariage. On retrouve Diane de Poitiers peinte en chasseresse comme il sied à Diane par Le Primatice, un peintre de l'école de Fontainebleau.
Autre portrait remarquable, celui de Laure Victoire Mancini en Diane chasseresse. Elle fut propriétaire de Chenonceaux au XVII ème siècle, était la nièce de Mazarin et l'épouse du Duc de Vendome Louis II. Le duc de Vendome était le fils de César, fils légitimé d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées.
On parvient ensuite au salon Louis XIV. Le roi, après une viste à Chenonceaux, offrit à son oncle, le duc de Vendome, son portrait par Rigaud. Le cadre, constitué de 4 énormes pièces de bois est de Lepautre.
La cheminée Renaissance est remarquable aussi avec les emblèmes de François 1er et Claude de France, la salamandre et l'hermine.
L'escalier est un des premiers droits construit en France selon un modèle italien. La voûte est rampante, à nervures se coupant à angles droits avec des clefs ornant les joints de rencontre. Certaines figures humaines qui décorent les caissons ont été martelées à la Révolution. Le vestibule de Katherine Briçonnet est orné de belles tapisseries d'Audenarde montrant des scènes de chasse avec, pour Noël, une très belle décoration florale.
Nous entrons ensuite dans la chambre des Cinq Reines, ainsi nommée en mémoire des 2 filles et des 3 belles-filles de Catherine de Médicis qui régnèrent en Europe: la reine Margot, épouse d'Henri IV, Élisabeth de France épouse de Philippe II d'Espagne, Marie Stuart, épouse de François II, Élisabeth d'Autriche, épouse de Charles IX et Louise de Lorraine, épouse d'Henri III; Trois des fils de Catherine se succédèrent comme roi de France.
"La scénographie « Tables de rêve, tables de fête » sera magnifié dans l’une des chambres par les créations oniriques, animales et végétales de Charlotte Terriou, créatrice de l’Atelier Terre et Fibre.
Chambre qui deviendra le refuge d’oiseaux couronnés, cygnes, chouettes, rouges-gorges …Et cerf."
Nous voici dans la chambre de Catherine de Médicis. A droite du lit, la
peinture est du Corrège et représente L’Éducation de l'Amour.
Le plafond en bois à caissons est peint et doré, on y retrouve le blason des Médicis et le C et le H de Catherine et Henri entrelacés. On remarque aussi l'ensemble de tapisseries de Flandres du XVème siècle qui racontent la vie de Sanson. Le lit à baldaquin est Renaissance et très décoré.
"Le cabinet d'Estampes avec cet extraordinaire plafond décoré d'une peinture et une très belle cheminée qui datent de l'époque où madame Dupin était propriétaire du château au XVIIIème siècle. Louise Guillaume de Fontaine, née à Paris en 1706, se marie à seize ans
avec Claude Dupin, riche fermier général. Ce dernier apporte dans la
corbeille de la mariée un cadeau non négligeable, le magnifique château
de Chenonceaux qu'il vient d'acquérir .Très
belle, cultivée, Louise Dupin tombe sous le charme du domaine qui
restera désormais cher à son cœur. Elle y séjourne volontiers, y donne
des fêtes somptueuses et inscrit ses pas dans ceux de Diane de Poitiers
et Catherine de Médicis. La belle Louise joue également les mécènes,
n'hésitant pas à dépenser 70 000 livres pour un vaste programme de
restauration et d'embellissement. C'est elle qui fait enlever le décor
funèbre voulu par Louise de Lorraine, veuve d'Henri III et qui s'était
retirée à Chenonceaux pour y pleurer son royal époux. Un mobilier plus
récent vient compléter celui du passé, on refait la toiture, on
débroussaille et ordonne le parc laissé à l'abandon, les douves et les
digues sont nettoyées et consolidées.
Mais la belle Louise doit faire face à de cruelles épreuves : elle perd successivement son mari, son fils et son petit-fils. Chenonceau devient alors plus que jamais un refuge. Elle décide même de s'y installer définitivement avec une amie chère et quelques familiers en une année plus que troublée, 1792... Adorée des villageois, Louise Dupin va sauver (En partie) le château du pillage révolutionnaire, la Chapelle surtout, en en faisant une resserre à bois... Elle évite même la démolition du bâtiment, un moment envisagée. Mais la Révolution ne lâche pas sa proie et lui intente un procès pour confisquer et mettre sous séquestre le domaine, en 1794. Bien que très âgée, la belle Louise ne désarme pas et obtient gain de cause en 1795 : Chenonceau est reconnu comme sa propriété légitime."
Nous sommes maintenant dans la chambre de César, duc de Vendome, fils légitimé de Henri IV et de Gabrielle d' Estrées et oncle de Louis XIV, propriétaire de Chenonceaux en 1634. un plafond à solives apparentes soutenues par une corniche ornée de canons. La fenêtre à l'Ouest est encadrée par 2 caryatides.
La cheminée Renaissance est dorée et peinte au XIXème siècle aux armes de Thomas Bohier.
La chambre suivante, justement, est celle de Gabrielle d'Estrées. Gabrielle est le grand amour d'Henri IV.
"Blonde, le teint blanc, la silhouette féminine, Gabrielle lui a immédiatement plu. Comme sa propre mère, qui fut maîtresse d' Henri III,
elle est devenue la maîtresse officielle d'Henri IV, de dix-huit ans
son aîné. Mais leur amour n'est plus une simple idylle, depuis qu'elle
lui a donné cet héritier, alors qu'il était marié à Marguerite de
Valois. Henri IV légitima leur fils César, et le titra duc de Vendôme.
Depuis, elle lui a donné deux autres enfants, eux aussi légitimés." Elle doit devenir reine de France après le divorce d'Henri IV avec la reine Margot, mais meurt avant ses épousailles, terrassée par une crise d'éclampsie. Superbe cheminée Renaissance. Belle vue sur les Jardins de Diane.
Le vestibule du deuxième étage montre encore de superbes compositions florales. Très belle table avec une peinture du château.
Nous descendons par l'escalier à voûte rampante, pour accéder à la chambre de Louise de Lorraine qui s'est retiré à Chenonceaux après l'assassinat d' Henri III par le moine Clément en 1589. On l’appelait la Reine Blanche car à compter de ce jour, elle se vetit toujours de blanc et se retira à Chenonceaux pour prier et se recueillir. On remarque le portrait de Henri III par François Clouet.
A noter, une belle toile de Pierre Justin Oudé représentant Chenonceaux ,un Christ gothique à la couronne d'épines et l'élément d'un retable du XVIème siècle. Dans ce château où beaucoup de chambressont dédiées à l'amour et aux plaisirs de la vie, celle-ci tranche par son aspect austère, religieux et funèbre.
Quand nous quittons le château, notre visite du jardin de Diane est très brève car il pleut des grenouilles. La vue sur les arches du château est pourtant sublime.
"En avril 1913, le domaine est mis enchères et acquis par l'industriel Henri Menier pour 1 361 660 francs. L'homme meurt quelques mois plus tard et son frère Gaston Menier, sénateur de Seine-et-Marne, hérite du domaine. Avec quelques 800.000 visiteurs chaque année, le château de Chenonceau est aujourd'hui le château privé le plus visité du pays. Il ne bénéficie, à l'inverse de ses illustres voisins de Chambord ou d'Amboise, d'aucune subvention publique. Il est aujourd'hui toujours gérée par la famille Menier et c'est Laure Menier, petite-nièce d'Antoine qui assure seule la gestion du domaine. Elle y a engagé des restaurations d'envergure dans les années 2010."
Grace à Laure Menier, digne successeur de Diane DE Poitiers, de Catherine de Médicis, de Gabrielle d'Estrées ou de Louise Dupin, Chenonceaux reste le château des Dames.
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