jeudi 24 novembre 2022

PARIS, VISITE DE L'HOTEL PARTICULIER DE LA PAIVA PAR PHILIPPE BRINAS-CAUDIE

 « Chez la Païva… qui paye y va ! » ricanaient les mauvaises langues. La sulfureuse demi-mondaine n’en régnait pas moins fièrement sur son légendaire hôtel des Champs-Élysées. Impavide, la Païva a ici sublimé ce que Léon Bloy appellera bientôt le « stupre inégalable de la décadence. »

Nous avons rendez vous à 10h45 devant le 25 avenue des Champs Élysées avec Philippe Brinas-Caudie. Philippe Brinas-Caudie est guide conférencier et aime faire partager sa connaissance de la Grande Histoire et de la petite. Il nous accueille en tenue d'époque, chapeau haut de forme, habit et lavallière.  Nous sommes une quarantaine à attendre devant la porte de l’hôtel particulier que nous allons visiter. Le portail est somptueux, un bleu presque Klein, des dorures et ouvre sur une cour.

Portes en bronze sculpté de Legrain

L'hôtel particulier avec sa façade néo-renaissance est l'un des rares hôtels du second Empire qui subsiste. L'arrivée du Second Empire a bouleversé la Physionomie du quartier. Des immeubles et des hôtels particuliers se construisent peu à peu pour en faire la "Plus belle avenue du monde". Heureusement Haussmann a précédé Hidalgo. Napoléon III inaugure le Palais de L'Industrie en 1855 pour la première exposition universelle.  Nous allons visiter l'hotel de la marquise de Païva. Beaucoup la décrive comme une courtisane, une cocotte et Philippe Brinas-Caudie va, pendant, presque 3 heures, nous démontrer qu'elle était plus une intellectuelle qu'une femme qui avait fait commerce de ses charmes. Philippe Brinas-Caudie est un conférencier brillant, pétillant, des citations à tout propos, des anecdotes cocasses et un plaisir évident à rappeler les épisodes croustillants et libertins de l'histoire. La marquise n'a pas toujours connu le luxe et l'opulence, elle est d'origine juive polonaise et il semble qu'elle soit née à Moscou en 1819, elle s'appelle Esther Blanche Lachmann. Il semblerait que son père marchand de tissus a émigré à Moscou après la retraite de Russie par les français. Tout a été détruit et c'est une opportunité pour qui vend des tissus de s'installer ici pour refaire rideaux et tentures. Esther naîtrait en 1819. Il règne en Russie, un anti-sémitisme terrible, et s'il est interdit de tuer un juif, les aristocrates russes sont rarement poursuivis s'ils s'y risquent. Le père Lachmann décide donc de convertir sa fille au christianisme pour lui éviter quelques désagréments. Philippe Brinas-Caudie a commencé à nous raconter l'histoire d'Esther dans le vaste salon du palais de la Paiva. Nous sommes moelleusement installés dans des canapés voluptueux ou des fauteuils confortables  dans une immense pièce avec des plafonds très élevés et d'un luxe opulent où les membres éminents du Travellers, un club anglais doivent prendre le thé.

Esther se marie très jeune avec un tailleur français  Antoine François Hyacinthe Villoing dont elle a un fils Antoine. Mais très vite, elle abandonne époux et enfant  et traverse l’Europe en vivant de ses charmes et arrive à Paris vers 1845. Il semble qu'elle fait alors commerce de son corps dans ce quartier  rempli de cabarets et guinguettes au milieu des vergers et des bosquets, elle se fait appeler Thérése , un prénom plus vendeur, aujourd'hui ce serait Sabrina ou Jennifer . Les étreintes tarifées ont lieu dans les voitures à chevaux agitées à l’arrêt de soubresauts spasmodiques. C'est là que son destin croise celui de Henri Herz. Pianiste-compositeur et facteur de pianos, Henri Herz est né à Vienne, d'une famille juive originaire de Coblence et Francfort-sur-le-Main, sous le nom d'Heinrich Herz. C'est L'un des pianistes-compositeurs les plus célèbres de Paris sous la Restauration , avant d’être supplanté par Litz et Chopin. Il fonde alors sa propre manufacture de pianos et y fait édifier l'une des premières véritables salles de concerts à Paris en 1838, la salle Herz, 48 rue de la Victoire où se produit , parmi d'autres, Berlioz.  en 1854. C'est la première conquête intéressante. Très vite, il lui fait connaître le gratin du Paris intellectuel. Franz Liszt, Richard Wagner, Théophile Gautier, Émile de Girardin, Gambetta, les Goncourt…elle tient salon rue de la Victoire et devient une pianiste de bon niveau. Elle se fait appeler madame Herz, change encore de prénom Blanche et suit son amant dans ses tournées à l'étranger et Herz prétend qu'ils se sont mariés à Londres ce qui est impossible puisque, Esther, Thérèse, Blanche est toujours mariée en Russie. Blanche mène grand train, dépense des fortunes en vêtements et en réceptions, elle a une fille d'Henri Herz. Herz part en tournée au Etats Unis pour renflouer les comptes, Blanche reste à Paris et dilapide l'argent qu'Henri lui fait parvenir larga manu "si bien que la famille, scandalisée, la chasse de la demeure familiale et récupère la fillette dont elle ne se préoccupera jamais et qui mourra à l'âge de 13 ans sans avoir connu sa mère.

"Thérèse se rend à Londres où elle espère refaire sa vie et sa fortune. Elle trouve naturellement un riche protecteur en la personne d'Edward Stanley, politicien généreux qui la couvre de présents et lui donne en paiement de ses services, paraît-il exceptionnels, de quoi vivre largement. Mais cet homme l'ennuie, comme la langue anglaise et le brouillard sur la Tamise."Stanley est le 1'ème comte de Derby, 3 fois premier ministre et le chef du parti conservateur dont le mandat, à ce jour a été le plus long.   Lorsqu’elle revient à Paris elle s’est considérablement enrichie. Son premier mari rentre de Moscou et décède à Paris en 1849, elle est donc veuve Elle ne perd pas de temps et en 1851, elle épouse un portugais catholique  principalement pour son titre, le marquis Albino Francisco de Païva. Elle monte encore les échelons et devient donc marquise.Elle habite alors place St Georges dans une belle demeure dont elle loue le rez de chaussée. La surcharge de détails de cette bâtisse néo renaissance avait été assez critiquée en son temps. Les deux statues du fronton représentent la Sagesse et l’Abondance. Avec le marquis, ça ne dure encore pas longtemps et ils se séparent au bout de deux ans. Le mariage est annulé seulement en 1871 et le marquis couvert de dettes se suicide en 1872. Elle  tombe amoureuse d’un jeune comte prussien, Guido Henckel von Donnersmarck, héritier des mines de fer de Silésie et seconde fortune de Prusse.Guido la couvre de bijoux, de somptueuses tenues. À l’occasion de l’exposition universelle de Paris en 1855, elle se serait fait présenter l’architecte Pierre Manguin et lui demande de concevoir un somptueux hôtel particulier sur les Champs-Élysées, à proximité de célèbres demeures, dont celle du prince Napoléon, cousin de l’Empereur.
Sa construction fait jaser des journaux de l’époque, tout d’abord par sa durée (10 ans) et par son coût de 10 millions de francs or. Aurélien Scholl, journaliste, aurait ainsi annoncé à propos de l’avancement des travaux « Ça va, le principal est fait. On a posé le trottoir ! ».
Le bâtiment est marqué par une architecture et une décoration inspirée de la renaissance italienne, il est notable par le nombre de sculptures, ses peintures et son marbre particulier. 


Dans le salon où nous sommes installés, on peut remarquer au plafond, cette peinture " le Jour pourchassant la Nuit."Le visage de la Nuit est celui de la marquise, pour le corps, j'émet quelques doutes car les photos de la Paiva que nous présente Philippe Brinas-Caudie montre une femme un peu corpulente et pas une mince sylphide à la silhouette aérienne. C'est une peinture de Paul Baudry en 1865. Ce samon a été décoré par Paul Baudry et Eugène Delaplanche. Une console de Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824 - 1887) est conservée au musée d'Orsay.  Manguin s’est entouré des sculpteurs Louis -Ernest Barrias, Léon Cugnot, Eugène Delaplanche , Eugène Legrain, Albert-Ernest Carrier-Belleuse et Jules Dalou . La Païva   a également servi de modèle pour les sculptures « L’Harmonie » et « La Musique » autour de la cheminée.
Rodin, très jeune, a travaillé avec Carrier-Belleuse et en particulier dans l’hôtel de la Paiva; 


Cet hôtel est ainsi désigné par les frères Goncourt  "le Louvre du Cul"en raison de ses nombreuses décorations érotiques.




A noter le somptueux parquet, le lapis-lazuli sur lequel on n'a pas lésiné, les sublimes cheminées, la hauteur de plafonds, les stucs et les dorures. 

Beaucoup persiflent et se gaussent mais tous sont heureux de participer aux agapes. Baudelaire, Hans Van Bülow, les Goncourt, Ernest Renan, Théophile Gautier, Sainte-Beuve, Thiers figurent parmi les convives mais, semble t-il, on ne parle pas d'autre femme que de la Paiva. Les Goncourt brillaient plus par leurs méchanceté que par leur talent littéraire. Ils avaient leur rond de serviette à la table de la Paiva, mais si elle avait fait commerce de ses avantages, c'est bien eux qui étaient langue de pute. Voilà comment il décrivait l’hôtesse :"de beaux gros yeux un peu ronds, un nez en poire, les ailes du nez lourdes, la bouche sans inflexion, une ligne droite couleur de far rouge dans la figure toute blanche de poudre de riz. Là-dedans, des rides, que la lumière, dans ce blanc, fait paraître noires ; et de chaque côté de la bouche, un sillon creux en forme de fer à cheval, qui se rejoint sous le menton, qu'il coupe d'un grand pli de vieillesse. Une figure qui, sous le dessous d'une figure de courtisane encore en âge de son métier, a cent ans et qui prend ainsi, par instants, je ne sais quoi de terrible d'une morte fardée"

La cheminée est orné d’une séduisante Jeune fille aux raisins, par Jules Dalou. Elle tend une grappe à deux panthères soumises à ses pieds. Au-dessus d’elle un aigle s’envole emportant un lièvre dans ses griffes. Deux faunes musiciens encadrent le foyer.





Nous passons maintenant dans la  salle à manger. "Elle a été  classée depuis 1980 et a bénéficié d'une superbe restauration: " Les boiseries étaient d’un chêne bien foncé, le tissu rouge avait prit une teinte assez disparate suivant son exposition au soleil, le parquet marqueté dansait sous les pas et le plafond montrant une grande femme nue couleur chocolat couchée dans une sorte de mandorle dont l’or était assez fuyant. Les encadrements étaient luisants de patine nicotinée. La grande cheminée très souvent en activité pour les membres du cercle distillait ses fumées depuis plus de cent ans dans l’humidité des haleines de cigares. Il était donc temps d’intervenir pour re-découvrir les beautés cachées de cette pièce élaborée par l’architecte Pierre Manguin en 1856. La Marquise qui recevait comme on sait deux fois par semaine, une vingtaine de convives se devait d’avoir à sa disposition une salle de réception à tout point exceptionnelle.
La pièce de forme rectangulaire comporte quatre portes doubles et donne sur la cour arrière où de grandes baies laissent entrer la lumière. Une cheminée monumentale fait face à ce que l'on peut appeler une desserte ou dressoir légèrement surélevé par un sol de marbres marquetés. Deux rafraîchissoirs en forme de fontaine de marbre y encadraient un grand buffet faisant face à la cheminée.
Les plats montaient des cuisines situées à la cave et le personnel s’activait autour d’une grande table en noyer sans doute ovale comme le magnifique surtout de table en bronze connu par une photographie de la photothèque patrimoniale. La restauration de la salle manger comporta deux axes majeurs: les boiseries et les sols, le revêtement mural et les ornements des deux plafonds ouvragés.
Les boiseries furent donc patiemment nettoyées pour retrouver leurs teintes d’origine. Le plafond extrêmement encrassé fut une redécouverte avec ses couleurs fraîches et son or étincelant; ce qui changea grandement l’aspect de la pièce. Des restes de papier peint imitant un "incarnat" ayant un aspect de Cuir de Cordoue, furent retrouvés sous la vieille tenture et purent ainsi être refabriqués à l’identique.
  Marie-Lys de Castelbajac fut chargé de cette remarquable réhabilitation.



Cette mosaïque fleurie sur les cotés de la cheminée est de Faccina, le mosaïste italien qui allait ensuite faire les mosaïques de l'opéra Garnier. Il est à notre que nombre d'artistes qui se firent la main dans l'Hotel de la Paiva travaillèrent ensuite pour l'opéra Garnier. Paul Baudry, par exemple en peignit le plafond. Faccina dépose un brevet pour une méthode d'extraction des pavements de mosaïques antiques à l'Institut National de la Propriété Industrielle en 1858, en réutilisant une technique déjà pratiquée par les mosaïstes vénitiens. Il utilise également un dérivé de cette technique, la pose indirecte, qui permet une préfabrication des mosaïques en atelier et qui facilite le travail des mosaïstes. Dans cette technique par inversion, les tesselles sont pré-assemblées et collées à l'envers sur un carton souple ; le mur destiné à accueillir la mosaïque est alors recouvert de mortier frais et la mosaïque déposée en une seule fois, ce qui réduit le temps de travail sur place et permet une réduction considérable des coûts de production. Cette technique rencontre un grand succès lors de l'Exposition Universelle de 1855 et se répand rapidement. Elle permet à Facchina d'obtenir de nombreuses commandes"
"Œuvre de Dalou, la cheminée monumentale de la salle à manger fait sans doute allusion à la carrière de la Païva. Dans la hiérarchie des courtisanes, celle-ci fut, en effet, une « lionne ». Les dessus-de-porte sont ornés de peintures de Ranvier représentant les saisons."
Nous voici maintenant au pied d'un des clous de la visite, le grand escalier. Il permet d'accéder aux appartements privés.  Émile Augier en parle en ces termes : « Ainsi que la vertu, le vice a ses degrés » !
Cet escalier en onyx jaune, appelé « marbre onyx d’Algérie » qui provenait d’une carrière romaine redécouverte en 1849  à Ain-Snara près d’Oran par un marbrier de Carrare. Essentiellement utilisé à l’époque Napoléon III au bénéfice des constructions les plus prestigieuses, il a connu un grand succès lors de l’ Exposition universelle de 1867.
 L’onyx sera abondamment utilisé en Europe pour la réalisation d’objets d’art, d’horloges ou de sculptures. En raison du prix important de l’onyx, celui-ci était plutôt utilisé pour les objets de petite taille et plus rarement pour le mobilier. Ce qui fait la beauté et l’intérêt de ce matériau pour la construction c'est qu'il n'est jamais froid et qu'il est translucide à la lumière.



On remarque dans des niches les statues à taille réelle de Dante, Pétrarque et Virgile,que la Paiva lisait dans le texte original ce qui donne une idée de l'ampleur de sa culture. Des allégories des villes ornent la coupole juste sous la verrière. Au sommet de l'escalier, un très beau dessin de l'éphémère roi d'Angleterre.
Edouard VIII par l'un des membres du Travellers.
 

La salle de bains de la marquise de Païva est la seule pièce de style oriental de l’hôtel. Une vue d’intérieur de Pierre Manguin nous en donne l’ambiance. La baignoire, taillée d’une pièce dans un énorme bloc d’onyx d’Algérie, est surmontée de trois robinets, démontrant la modernité de l’équipement sanitaire. Certains esprits railleurs affirmaient que le troisième robinet amenait le champagne ! Il s’agissait probablement plutôt d’un mélangeur.

À côté se trouvait un meuble de toilette, marqueté d’ivoire, surmonté d’un miroir. Un autre petit meuble à couvercle ouvert aurait été le bidet de la marquise de Païva.

Comme dans l’escalier, l’onyx est ici très présent, mais il n’est cependant pas seul. Au sol la somptueuse marqueterie le mêle à divers marbres de couleurs, et sur les murs il a été taillé en grandes plaques de parements, dont les striures horizontales forment un motif ceinturant la pièce, et qui se prolongent par des faïences bleues de Théodore Deck. Les trois hauts miroirs qui se font face démultiplient la mise en abîme de la perspective.

Au plafond, un moucharabieh achève d’évoquer la douce moiteur des bains turcs. L’un des deux lavabos de la pièce repose sur des lionnes encadrant une cheminée. Il règne dans cette salle de bains une sensuelle atmosphère de harem."



Pour le mélangeur ou le 3ème robinet, Philippe Brinas-Caudie opte plutôt pour une commande de bonde mais les fantasmes vont bon train qui prétende que la belle utilisait un 3ème robinet pour prendre des bains au champagne, de tilleul ou au lait d'anesse...
Blanche avait exigé de la faïence bleu, Théodore Deck lui avait dit ne pas savoir faire. Elle l'a instamment prié d'aller découvrir le procédé en Algérie et lui a payé le voyage d'étude. Théodore Deck possédait  "une solide technique à une imagination stylistique débordante et  s’intéressait aux couleurs. Il  crée une palette d’émaux inédits, inspirés à la fois de la Renaissance italienne, de la Grèce antique, du naturalisme japonais et de l’Orient islamique.

Théodore Deck, c’est d’abord ce bleu qui porte son nom. Un bleu superbe, opaque et moins vitrifié, aux vibrations encore inconnues, dont la qualité principale est de modifier sa nuance en fonction de l’épaisseur. Cette couleur turquoise vaut au céramiste d’être récompensé en 1861 à l’Exposition universelle des arts industriels de Paris."

La baignoire est très particulière :. De style Napolèon III sculptée par Donnadieu, marbrier à Paris, dans un bloc d’onyx comme l’escalier (1,85 m – 900 kg), la cuve est tapissée de bronze argenté tandis que trois robinets prévoient de verser, outre de l’eau, divers liquides exotiques. La marquise, dit-on, y prenait des bains de lait, tilleul et même de champagne.

Les colonnes encadrant les miroirs sont en agathe.

Passons dans la chambre à coucher avec un curieux plafond à caissons aux clés de voûte pendantes en style néo-gothique et une très belle cheminée avec entourage en malachite portée par deux nymphes agenouillées en bronze doré réalisées par Albert Carrier-Belleuse, sur les murs des guirlandes de fleurs et feuilles peintes par Jean-Léon Gérôme et Antoine Hébert, sur les portes des médaillons en bronze doré signés Picou. La couronne de marquise est encore visible dans l'alcôve.



 Qui était Guido Henckel de Donnesmark?

Guido Georg Friedrich Erdmann Adalbert Heinrich Henckel von Donnersmarck naît à Breslau, en Silésie ( Wroclaw).Lorsque son frère aîné décède en 1848, son père lui lègue ses propriétés minières et ses nombreuses forges en Silésie. Après le transfert de propriété, il parvient au cours des décennies suivantes, à augmenter la production annuelle de charbon, de 21 000 tonnes à 2,5 millions de tonnes, et devient ainsi un des hommes les plus riches d'Allemagne.Ilvit avec la Paiva avant de l'épouser en 1871. Le fait de vivre hors mariage avec une ancienne courtisane interdit au couple d'etre invité aux réceptions de l'impératrice Eugénie. "L'une des grandes frustrations de la marquise fut de n'avoir jamais été invitée aux réceptions de l'impératrice Eugénie, puisque cette dernière se refusait à inviter les courtisanes et demi-mondaines. Sa petite revanche fut de pouvoir acquérir l'un des diadèmes de l'impératrice lorsque celle-ci a dû vendre aux enchères certains de ses bijoux alors qu'elle était en exil en Angleterre." 

Pour la Paiva, Guido acquiert aussi le domaine de Ponchartrain qui constituera leur"maison de campagne".

Le jeune et riche noble prussien cousin de Bismarck fait restaurer la demeure par l'architecte Pierre Manguin, sa maîtresse le fait redécorer et remanie le parc où elle crée des percées et implante des essences rares ; les paysans se scandalisent de la voir galoper dans le parc habillée en homme. La Paiva épouse en 1871 le comte, revint à Pontchartrain, où elle remplaçe ses serviteurs par du personnel allemand, mais, peut-être soupçonnée d'espionnage, quitte en 1877 la France pour Neudeck (Silésie), où elle se fait bâtir par Lefuel le palais où elle mourra en 1884. L'occupation prussienne de 1870 laisse intact Pontchartrain, propriété du comte, gouverneur d'Alsace-Lorraine, mais celui-ci, veuf en 1884 et devenu indésirable en France, le vend avec sa forêt de 1 200 hectares en 1888 au financier, industriel et collectionneur Auguste Dreyfus, appelé dans son temps l'homme le plus riche du monde, et à son épouse depuis 1873, dona Luisa González de Andia y Orbegoso. Pontchartrain était un lieu de rencontre pour les grands de ce monde et un rendez-vous manqué entre Bismark et Gambetta empêcha peut être l'Alsace de redevenir française et provoqua, indirectement, les 2 guerres mondiales du siècle suivant. C'est dire l'importance de cette "cocotte" dont notre guide dit qu'elle était reconnue par les vraies cocottes pour ne pas être des leurs et d'etre, en fait, une vraie intellectuelle.

En 1877, à la fin de la guerre franco-prussienne, le comte Donnersmarck, nommé gouverneur de Lorraine par Bismarck, doit notamment calculer le montant des indemnités que la France doit à l'Allemagne ; la marquise, considérée comme une traîtresse, fuit Paris pour la Silésie. Elle y décède en 1884 et son époux la place dans un cercueil de verre dans la chapelle du château.

 La seconde épouse du comte Donnersmarck, n'approuvant pas le goût de la marquise, fait vendre l'hôtel parisien à un banquier allemand. Le mobilier est partiellement vendu aux enchères.

Les chateaux de Neudeck, l'ancien et le nouveau  ont été incendiés par les soudards de Staline qui ressemblaient à ceux de Poutine, en 1945, puis détruits en 1961. Aujourd'hui, il reste du domaine le parc du château, "le Palais des cavaliers", la chapelle seigneuriale et funéraire des Donnersmarck, ainsi que quelques bâtiments annexes et monuments

Cette visite et son guide nous ont passionné, nous ingurgitons un sandwich en vitesse sur les Champs et nous marchons jusqu'au parc Montceau pour une deuxième visite avec Philippe Brinas-Caudie consacrée aux cocottes, les vraies...  

Autres visites avec Philippe Brinas-Caudie : Le Temple, les templiers, les rois maudits. 
https://www.lemounard.com/2025/03/paris-les-templiers-et-les-rois-maudits.html
 L'hotel Particulier de la Paiva :  
https://www.lemounard.com/2022/11/paris-visite-de-lhotel-particulier-de.html
L'abbaye du Val de Grace.
https://www.lemounard.com/2025/03/paris-l-abbaye-du-val-de-grace-anne-d.html




 

 

 

 

 

 

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