mercredi 22 avril 2020

COLOMBIE, MEDELLIN, POBLADO, SANTO DOMINGO ET LE CENTRE

A 7h moins 10, nous sommes tous dans le patio pour le petit déjeuner, le réceptionniste de la Artilleria me dit que notre taxi attend alors qu'il est programmé à 7h30. Je réponds qu'il attendra jusqu'à l'heure prévue mais à 7h, le mec s'en va en disant qu'on aura qu'à commander un taxi: je dis au gars de la réception de rappeler notre chauffeur pour lui dire qu'il doit respecter le contrat et je laisse un message à Franck pour lui signaler l'incident. Nous déjeunons tranquillement et à 7h30, un autre minibus arrive, ponctuel qui nous laisse à l'aéroport. Vol pour Medellin à 9h50 avec Avianca, arrivée à Medellin à 11h04 puis le taxi nous conduit jusqu'à l'hôtel du Parc situé dans Poblado. En chemin, on passe 2 tunnels très longs puis on débouche au sommet d'une très longue descente qui mène à Medellin. Dès la sortie du tunnel, la vue sur la ville est impressionnante c'est une sorte d'énorme méduse qui émet de multiples polypodes qui s'étendent presque jusqu'au sommet des collines.


Poblado est le quartier idéal pour choisir son hôtel. C'est le quartier où on dort, où on boit, où on mange et où on fait la fête, c'est un quartier sur. Nous descendons à l'hôtel du Parc Royal. C'est un hôtel magnifique, très palace, les chambres sont immenses, tout y est parfait, la décoration n'est pas toujours d'un gout exquis mais c'est un palace où il est très agréable de séjourner. Le patron est français, 70 ans, un bourlingueur qui a réussi, il sirote un verre de blanc dans le hall de l'hôtel et salut les clients. Nous discuterons avec lui et il nous confiera, avoir eu ,il y a longtemps une faiblesse pour l'Auvergne avec une fiancée de Langeac.
41-36 Calle 9, Medellín, Antioquia, Colombie
6C5J+R6 Medellín, Antioquia, Colombie
hotelduparc.com.co
+57 4 4484505
Le Routard indique 2 restaurants pas très loin de l'hôtel où nous avons décidé de déjeuner. Le street Art est très présent.Les 2 restaurants, que conseille le routard sont fermés donc ne cherchez ni le Bahia Mar, ni le Señor Itto, ils n'existent plus...Nous trouvons un restaurant italien, chic, une cour ombragé, une clientèle élégante et d'excellente pates à un prix raisonnable. Il nous faut faire vite car nous avons rendez-vous à l'hôtel à 14h avec notre guide locale. C'est Andrea Faciolince. Elle est mignonne, très mince, très pâle et parle très bien français car elle a vécu 1 an à Draguignan avant que son mariage avec un plongeur franco-colombien ne se termine mal; Elle habite dans un des quartiers sympas de Medellin sur une colline, un quartier classe 4. Elle nous explique que la classe 4 est la classe idéale, on vit bien, pas trop d'impôts, pas trop d'aides, le bon équilibre. Elle apprécie le retour de la paix. Nous allons prendre le métro à la station Poblado et pour cela , nous allons traverser le quartier, on prend la calle 9 jusqu'au parc Poblado avec en face l'église San José. Il y a là un marché artisanal mais c'est le samedi qu'il y a le plus d'exposants: on y vend   sacs Wayuu,  Mochila, carriels paisa, panchos sarapes, chapeau traditionnel colombien ou paisa, hamacs, tasses et assiettes peintes à la main, petites peintures représentants la région ou la ville, bagues, bracelets colliers, boucles d’oreilles. L'église San José est une belle église de style roman qui fait face au parc Poblado. Nous traversons ensuite le parc Isabel Cristina Restrepo.

C'est un parc très ombragé , très agréable dédié à Isabel Cristina Restrepo, une jeune ballerine colombienne victime des violences faites aux femmes et assassinée dans ce parc à l’âge de 19 ans. Il n'y a pas encore de sculpture d'Isabel dans le parc:
"La sculpture est dans les limbes, il est très important d'en faire l'axe du parc, comme exercice de mémoire, dans un pays si amnésique qu'avec la nouvelle rumba elle oublie le massacre de la veille."


Nous prenons le métro à Poblado. Andrea nous conseille de porter les sacs devant nous, de bien tenir nos appareils photos. Le wagon est bondé, impossible de tenir fermement le Nikon, de garder la main sur le portefeuille et de s'accrocher aux barres ou aux poignées. Les Pick poquets sévissent souvent dans le métro et les bus et, justement, 2 mecs près de moi , souriants, semblent bizarres    Medellin est la seule ville au monde à avoir eu son métro avant la capitale. Nous descendons à la station Acevedo où nous continuons en prenant une autre curiosité de Medellin, le métro câble.
Le 30 juillet 2004, la ligne K du Metro câble est inaugurée. C'est un système de transport différent constitué de télécabines reliant la station Acevedo à la partie la plus haute du quartier Santo Domingo Savio, un quartier habité par des familles pauvres. Elle est construite par la société grenobloise Poma.  C’est un système de télécabine monocâble à cabines détachables dont la vitesse est de 18 km/h. Le débit maximal est de 3 000 passagers par direction et par heure. C’est un système comparable aux télécabines des stations de skis, aménagé pour en accroître la capacité. Chaque cabine est équipée d’un éclairage à énergie solaire et d’un système de communication. Il y a 4 lignes métro câbles à Medellin plus 2 en construction.















Il y a 2 stations intermédiaires. Nous arrivons à San Domingo. Jusqu'en 2002, il était dangereux de se promener dans le quartier qui était la proie des milices urbaines du cartel de Medellin dirigé par Pablo Escobar. Medellin était alors la ville la plus dangereuse du monde. La construction du métro a donné le coup d'envoi de la revitalisation de Medellín. Ses concepteurs ont eu la brillante idée d'utiliser un téléphérique pour relier les quartiers qui se sont développés de manière anarchique sur les flancs escarpés autour du centre-ville. Oui, avec le même genre de gondoles que l'on retrouve dans les stations de ski ou certains sites touristiques et qui coûte souvent assez cher. Ici, le prix est inclus avec un billet de métro (environ 2$). Une aubaine pour les touristes qui veulent profiter d'une vue magnifique sur la ville. Une fierté pour les résidants.

Le quartier est en pente avec de petites rues étroites qui devaient être propice à la guérilla urbaine. Les maisons sont construites anarchiquement avec des murs en brique, non crépis. Nous marchons jusqu'à un belvédère. Santo Domingo était réputé pour sa   sa marginalité et sa violence avec l’un des taux d’homicide les plus élevés en Colombie. C'est ici que de nombreux « sicarios » (tueurs à gages) étaient recrutés .
"Pablo Escobar prend le contrôle du trafic de drogue dans les années 1970. Travaillant avec impunité, il neutralise les représentants du pouvoir en les achetant ou en les éliminant. Il abat même ses lieutenants s'il considère qu'ils sont une menace pour lui. À la tête du cartel de Medellin, Escobar émerge au début des années 1980 comme le plus puissant trafiquant de drogue au monde. Au sommet de son pouvoir, il contrôle 80% du commerce de la cocaïne. Son réseau de production va de la Bolivie au Pérou alors que son réseau d'exportation déborde l'Amérique du Nord et s'étend en Europe et en Asie. Les revenus de son cartel sont estimés à 30 milliards de dollars par année et, en 1989, le magazine Forbes le classe au 7e rang des plus grandes fortunes du monde. Escobar est un héros à Medellin où il distribue régulièrement de l'argent aux pauvres, ce qui l'aide à recruter des supporteurs et à établir des refuges pour se protéger. Élu député libéral au Congrès colombien en 1982, il manifeste le désir de jouer un rôle politique plus important. Son offre rejetée, il réagit en lançant une campagne de terreur, s'attaquant aux policiers, journalistes et juges, et faisant même assassiner trois candidats à la présidence en 1989. Il fait également exploser un avion et un édifice sécuritaire de Bogota. En 1991, Escobar accepte de cesser sa campagne et de se livrer aux autorités contre la promesse de ne pas être extradé aux USA. Confiné dans une luxueuse résidence, il continue de diriger son cartel. Mais en 1992, il s'évade et recourt de nouveau à la violence. La police et la justice colombiennes, assistées des services américains, le cernent le 2 décembre 1993 et le tuent."
Aujourd'hui le cartel de Medellin n'existe plus. Sous Escobar , son organisation était verticale, dans la France de 2017 ,on dirait jupitérienne.
"La différence entre les nouveaux trafiquants et la génération antérieure est évidente. . A commencer par les origines sociales puisqu'ils sont issus des classes moyennes et professionnelles et plus de la petite délinquance comme Escobar qui avait commencé en volant des voitures. Certains se présentent comme des « disciples » des descendants des grands capos. D'autres, selon les critères de la police, ont le « don de l'invisibilité », que ce soit par leur discrétion ou modestie apparente ou bien parce qu'ils appartiennent à des secteur sociaux financiers où ils passent inaperçus. L'un des chefs arrêté au cours des dernières opérations militaires contre les narcos, vivait juste en face de la résidence du général Serrano, le Directeur Général de la Police. Lorsqu'il a été arrêté, il a éclaté en sanglots. Une autre différence avec les grands capos : il ne s'attendait pas à son arrestation." Pour que leur commerce se passe bien, ils font régner un certain ordre dans les quartiers ce qui permet aux touristes de s'y promener presque sans risque et ils ont appliqués des techniques scientifiques pour lutter contre la destruction des champs de coca: l'utilisation des OGM permet d'augmenter fortement la productivité de chaque plan et de proposer toujours autant de cocaïne sur le marché mondial.

Andrea nous mène au belvédère qui surplombe la vallée et donne une bonne idée de la ville. Du Street Art encore, et quelques individus qui trainent, qui guettent, un peu des sales gueules, les gosses jouent sur la place.Quand on arrive au belvédère, Pierre veut prendre des photos et se rend compte que son smartphone a disparu, volé dans le métro, les 2 mecs au manège louche. On en parlera à la police dans le métro, le smartphone n'est pas récent et la police a l'air de dire que ça ne vaut pas la peine de porter plainte. Peut-être qu'il ne faut pas alourdir les statistiques. 



  

  


Retour dans le centre par le télécabine , puis le métro, on descend à la station de Parque Berrio. On fait une courte visite à l'église Nuestra Señora de la Candelaria. La place en face est très animée, beaucoup de camelots, de vendeurs ambulants, les gens qui discutent, la circulation est intense. L'intérieur est très clair et lumineux et l'autel montre des colonnes dorées de style baroque





 







Tout près de là, une sculpture de Betencourt.

Rodrigo Arénas Betancourt ( 1919  -1995) est un des sculpteurs les plus importants en Colombie

Ses bronzes se caractérisent par leurs proportions énormes et l' expression dramatique.




Dans la station de métro, on découvre une immense fresque de Pedro Nel Gómez Agudelo (1899-1984). C' est un ingénieur,  philosophe, urbaniste sculpteur colombien et un des plus importants muralistes américains du XXe siècle, avec Diego Rivera et David Alfaro Siqueiros.
Il a rénové la plastique en Colombie et a été visionnaire en considérant l'expression artistique comme étant un moyen pour valoriser l'identité culturelle de la nation colombienne. Selon lui, l'art devait servir aux habitants de l'avenir, de telle manière qu'il peignait pour le futur ce qu'il voyait du passé et du présent de son peuple. Il a façonné son œuvre dans une grande variété de disciplines comme l'architecture, l'aquarelle, la peinture, en particulier la peinture murale, et est considéré comme le plus grand muraliste de la Colombie.
 Cette fresque raconte l'"Histoire économique et industrielle du Département de Antioquia".
 On découvre un étrange bâtiment néogothique à damier noir et blanc, le Palacio de la Cultura Raphael Uribe Uribe construit en 1925 par l’architecte belge Govaert. 

Sa construction fut très longue et inachevée. Goovaerts a commencé à travailler sur le projet peu de temps après son arrivée à Medellin , en 1920. C'était initialement le palais du Gouverneur. Seul le quart du projet a été mené à bien car la crise de 1929 est arrivée.
En 1987, l'administration départementale a été transférée , le bâtiment abrite depuis le Département de l'extension culturelle et a adopté son nom actuel en l'honneur de Raphael Uribe Uribe.Rafael Uribe Uribe fut un avocat, journaliste, diplomate et militaire colombien, né à Valparaíso le 12 avril 1859 et assassiné à Bogota, le 15 octobre 1914. Il participa à la guerre des Mille Jours qui ravagea la Colombie entre 1899 et 1902.
A noter , dans le coin, la petite église coloniale de la Veracruz, toute blanche. Tout autour, la foule des touristes et beaucoup de prostituées et de travestis de bas étage, des dealers aussi certainement et des souteneurs...

Le parque Botero fera l'objet de la chronique suivante. 












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