mardi 22 octobre 2024

VERCORS, LES HAUTS LIEUX DE LA RÈSISTANCE, COL DE LA BATAILLE, ABBAYE DE LEONCEL

Ce matin, nous quittons l’hôtel vers 9h pour une première visite au Mémorial de la Résistance à Vassieux, puis au cimetière de Vassieux. Premier arret au dessus du village de Valchevrière. Sur les plateaux calcaires et escarpés du Vercors, les résistants combattent, protégés par cette forteresse naturelle. En juillet 1944, ils espèrent un appui aérien, mais le renfort des Alliés n'arrivera jamais. L'armée allemande répond avec une extrême violence. Le petit hameau de Valchevrière, situé à Villard-de-Lans (Isère), en porte encore les traces, là où la nature a repris ses droits. Incendié après le passage de la Wehrmacht, il n'a jamais été reconstruit et a été laissé en ruines. Seule la chapelle a été épargnée par les flammes. Nous avions visité le village lors d'un week-end end à Villars de Lans, nous ne refaisons pas le sentier glissant ce matin car il pleut et nous nous contentons d'apercevoir le clocher, noyé dans la foret d'épiceas.

L'incendie n'a pas fait de victimes, car le hameau n'était qu'un camp de repli pour les résistants. Ils étaient au combat, un peu plus haut, sur une route stratégique et son belvédère. Sept résistants sont morts piégés, après deux jours de combat intenses, encerclés par une armée mieux équipée et bien plus nombreuse. Une plaque rappelle la mémoire de ces héros. Le lieutenant Chabal et ses hommes  se sacrifient, pour retarder l'avancée des Nazis, qui finiront par brûler le village. Nous traversons, ensuite, une vaste foret de conifères, surtout, de petits villages, Saint Martin en Vercors, les Barraques en Vercors puis La Chapelle où nous reviendrons déjeuner à midi. Dans la foret  cohabitent une faune sauvage très diversifiée comme les ongulés (chevreuil, biche, cerf, chamois, mouflon, bouquetin, sanglier ...), le lièvre, le renard... ainsi que de nombreuses espèces d’oiseaux. Vassieux est situé sur un vaste plateau où la Résistance, à proximité du village a construit une piste de 1 km, le terrain « Taille Crayon » pour accueillir les 1ers avions alliés et surtout les troupes de renfort pour lancer les actions qui viendraient en aide aux armées qui allaient débarquer en Provence. Le terrain va servir en fait aux planeurs allemands. Une première vague arrive qui en fait subi de fortes pertes mais, 2 jours plus tard, le beau temps est de retour. Vingt planeurs identiques aux premiers et aussi 1 planeur lourd, un GOTHA 242 remorqués par les mêmes avions que précédemment, décollent de CHABEUIL (10 km de Valence dans la Drôme). Ils emportent 200 hommes, du matériel comme des canons de 20 mm. Ils possèdent aussi des mitrailleuses Mg 42 à tir rapide, fusil Mauser à lunette de visée et fusil d’assaut Stg 44. Trois planeurs ratent leur cible, les remorqueurs eux sont déportés à plus de 20 Km de leur objectif. Malgré  quelques pertes les parachutistes allemands, qui vont brûler leurs planeurs, vont venir à bout des maquisards surtout qu’ils sont renforcés par des troupes terrestres.180 maisons sur 150 sont détruites. Des familles sont enfermées puis brûlées dans leur maison, des maquisards seront pendus ou fusillés. Le chef de ces parachutistes s’appelle Fritz Schaffer.

Le Mémorial se trouve sur les collines qui dominent Vassieux. La visite est impressionnante et le musée est très bien fait avec une multitudes de témoignages enregistrés de tous les survivants des combats. Nous nous arrêtons ensuite à la nécropole nationale de Vassieux-en-Vercors regroupe les tombes de 187 maquisards et civils morts pour la France lors des combats qui se déroulèrent sur le plateau du Vercors en juillet 1944. Créée en 1948 à l'initiative de l'Amicale nationale des Pionniers et Combattants volontaires du Vercors, cette nécropole rassemble les dépouilles des victimes des combats de 1944 dont les corps avaient été inhumés dans un cimetière provisoire situé aux Pouyettes, au nord du village de Vassieux. Plusieurs tombes m'ont particulièrement frappées : celles de la famille Blanc dont 11 membres de 18 mois à 80 ans sont inhumés ici. "M. André Blanc, inspecteur des Postes, dont le domicile est à Grenoble, 24, rue Bouchayer, a envoyé sa famille à Vassieux pour la mettre en sécurité. Hélas, la belle journée du 4 juin aura été pour elle le dernier reflet du calme et tranquille bonheur familial. Elle va très vite plonger dans l'enfer du Vercors. Ma petite amie Arlette est restée coincée sous les décombres de sa maison du Château, pêle-mêle avec des cadavres en pleine décomposition, une jambe brisée dont la plaie ouverte ne tarde pas à s'infecter. Autour d'elle, sous ses yeux, tous les siens sont morts : sa sœur Dany (4 ans) la première, presque sans souffrance, son petit frère de 18 mois a pleuré toute une journée avant de se taire à jamais ; sa sœur Jacky a hurlé de douleur sous l'effet des langues de feu qui lui brûlaient les pieds ; sa mère, enfin, les deux jambes brisées, la voyant vivre encore, l'a suppliée d'aller lui chercher de l'eau. Comment l'aurait-elle pu ? Sa jambe était coincée comme dans un étau ; elle ne peut elle aussi que gémir et que supplier, et réclamer ce verre d'eau que nul ne refuse aux mourants. Les barbares passent, à deux pas d'elle, des soudards festoient : " À boire ! À boire, par pitié ! " les supplie-t-elle. Ils ricanent et s'en vont. Maintenant elle appelle en vain, tout est mort autour d'elle. Il semble que nul jamais ne l'entendra plus. Et cela dure toute une épouvantable semaine. La gangrène maintenant, et les vers attaquent la plaie. Oui, en effet, pour elle c'en est trop, elle vient de perdre le dernier proche parent qui lui restait après le massacre de Vassieux, où elle perdit tous les siens, onze membres de sa famille : ses parents, Firmin et Joséphine Blanc, sa jeune sœur Suzy, ses tantes Adèle Emery et Martine Blanc, sa belle-sœur Andrée Blanc, ses neveux, Arlette, Jacky, Dany et Maurice." Quelques mois plus tard, André Blanc meurt accidentellement en Allemagne. "Nous sommes tous impuissants devant ce nouveau deuil et incapables de consoler notre malheureuse tante. La liste des morts de cette famille martyre n'était-elle pas assez longue ? Faut-il encore y ajouter le nom de ce père qui, voulant éviter à sa femme et à ses quatre enfants les dangers de l'occupation, les avait conduits à Vassieux où les attendait la mort, pour les uns rapide et brutale, pour les autres après une longue agonie dans des souffrances intolérables ?"Outre les habitants du village, les tombes nous montrent que la résistance en Vercors était un vaste mouvement, civil et militaire et qui regroupait des hommes et des femmes de nombreuses nationalités. Sur les plaques, on voit des noms de soldats et de maquisards russes, polonais, algériens, anglais ou américains. Deux carcasses des planeurs avec lesquels les soldats allemands ont débarqué sont exposées en dehors de l’enceinte. On remarque le nombre de polonais qui sont venir mourir ici. Nous déjeunons au restaurant Coté Terrasse à la Chapelle en Vercors. Un accueil très agréable,  de très bons plats avec des produits du terroir. 

"Le village a aussi subi la barbarie des nazis. Le 25 juillet 1944, officiers et soldats allemands occupent La Chapelle-en-Vercors. En fin d'après-midi, les nazis procèdent à l'arrestation des habitants qui sont rassemblés en trois groupes par sexe et par âge : les femmes et enfants, les hommes âgés de plus de 40 ans et les hommes de 17 à 40 ans. Le groupe des femmes et enfants et celui des hommes âgés sont rassemblés dans les écoles. Vers 2 h du matin, retentissent des explosions, puis on voit monter des flammes. Tout à coup, on entend des rafales de mitraillettes et des coups de revolver, puis quelques explosions venant du côté de la ferme Albert toute proche où les jeunes ont été conduits. Au petit jour, le silence laisse deviner que les Allemands ont disparu. Les gens découvrent dans la cour de la ferme dont les bâtiments finissent de brûler, les corps des seize jeunes, enchevêtrés, criblés de balles et achevés par quelques grenades. Les restes des seize jeunes sont enveloppés dans des draps et ensevelis dans l'après-midi." Nous faisons un arrêt à un belvédère qui se trouve sur le plateau d'Ambel au Saut de la Truite au dessus du village de Bouvante le Bas. Le belvédère du Pas de l’Aubasse, en forme de demi-cercle (250 m²) a permis de re végétaliser une surface utilisée auparavant comme zone de stationnement sauvage. Il donne un point de vue sur la combe de l’Aubasse et la vallée de Bouvante.

Il semblerait qu'on se trouve dans un site privilégié pour observer ou, au moins, entendre le brame du cerf. Les hautes falaises sont aussi un site de nidation de l'Aigle Royal. Nous roulons ensuite jusqu'au sommet du col de la Bataille. Le Col de la Bataille – 1313 m est un des rares points de passage routier, avec le col de Rousset, permettant d’accéder au Sud du Massif du Vercors. Nous sommes passés dans le département de la Drome. En descendant de voiture, on entend siffler une marmotte.


Le col de la Bataille est situé à 1313 m d’altitude dans le massif du Vercors. Son orientation Nord-Sud est particulièrement favorable pour le passage des oiseaux, au nord on y trouve la vallée de l’Isère et les Alpes alors qu’au sud on débouche sur la vallée de la Gervanne et la Drôme provençale. Son panorama reste exceptionnel, avec une vue sur les plus beaux sommets de la drôme (Hauts plateaux du Vercors, forêt de Saou..) mais aussi sur les Alpes (Mont-Blanc, Chartreuse..) ainsi que sur le Mont Ventoux. Proche du site, la forêt d’Ambel ainsi que le plateau sont des lieux gérés par le Conseil Général de la Drôme, ou on y retrouve une grande richesse faunistique : cerfs, mouflons, chamois mais aussi pic noir, traquet motteux, et souvent survolé par les Vautours fauve et percnoptère, l’Aigle royal, le Faucon pèlerin.

Nous redescendons vers la vallée avec un arrêt dans la belle abbaye cistercienne de Léoncel. Fondée en 1137 par douze moines venus de l’abbaye cistercienne de Bonnevaux, l’abbaye de Léoncel s’imposa vite comme le monastère le plus important du Vercors par son rayonnement et par l’étendue de son domaine. Construction, entre 1137 et 1210, d’une belle abbatiale romane qui demeure au cours des temps, proche du monument primitif. A l'intérieur, on remarque  les armoiries des abbés commendataires de Léoncel et de superbes chapiteaux.



Nous admirons le clocher
de type alpin, à deux étages et pyramide à huit pans. Il a été repris et renferme des chapiteaux de réemploi, non cisterciens. J'ai été séduit par cette superbe icône qu'on ne s'attend pas à trouver ici. Route vers la Combe Laval.




 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire