Nous suivons la route qui longe le lac au plus près de Come à Tremezzo. La distance de Côme à Tremezzo est de 30 kilomètres et passe par Sant'Andrea, Carate Lario, Germanello, Brienno, Colonno, Sala Comacina et Lenno.Tout près de la villa Carlotta, il y a le Grand Hotel Tremezzo, un hotel somptueux co-vedette du film Grand Hotel de 1932 avec Greta Garbo. La villa Carlotta construite à la fin du XVII e siècle par les marquis Clerici de Milan. En 1801, la propriété passa à Giovanni Battista Sommariva, à l’époque président du Comité de Gouvernement de la République Cisalpine (1797-1802) instituée par Napoléon Bonaparte en Italie du nord. L’énorme patrimoine accumulé par Sommariva au cours de sa fulgurante carrière politique lui permit de cultiver son immense passion pour les arts, et notamment pour la sculpture, à laquelle nous devons les acquisitions d’œuvres d’Antonio Canova et de Berthel Thorvaldsen que nous admirerons en visitant l'intérieur. De la maison, bâtie en hauteur, 3 terrasses descendent jusqu'à l'entrée, au niveau du lac.

Face à nous, Bellagio.
En 1843, la villa estt vendue par les héritiers Sommariva à la princesse Marianne de Nassau, fille de Guillaume Ier des Pays-Bas et de Frederika Louise Wilhelmine de Prusse, qui donne la demeure, en 1850, à sa fille Charlotte à l’occasion de son mariage avec le duc Georges II de Saxe-Meiningen. La princesse Charlotte (1831-1855) et son époux, le duc Georges II de Saxe-Meiningen (1826-1914) devinrent les nouveaux propriétaires de la villa. Le prince était passionné de botanique et donna naissance aux somptueux jardins que nous visitons d'abord. Dans les décennies qui suivirent, la villa est adaptée aux exigences familiales et à l’évolution du goût, en renouvelant le mobilier et les décorations.
Nous visitons d'abord les jardins.Je suis particulièrement impressionné par la vallée des fougères. Un sous bois très humide avec un petit ruisseau qui descend de la colline avec de chaque coté des fougères arborescentes (Dicksonia Antartica) que les horticulteurs du domaine plantent en pot pour les rentrer en hiver.


On flâne de massif en massif, les cactus, les plantes annuelles, les vivaces, un mur végétal, un bosquet de rhododendrons comme au Bhoutan, une bambouseraie, des hortensias, un torri japonais comme à l'entrée d'un temple shintoiste. Et partout, des vues sur le lac. Cette maison à l'architecture étrange peut être là où Pline avait sa villa ?

Nous entrons maintenant dans la villa. On y pénètre par le salon des marbres, orné par l’un des chefs d’œuvre de la sculpture européenne du XIX e siècle en orne les murs : la frise de marbre représentant l’entrée triomphale d’Alexandre le Grand dans Babylone (1818- 1828), de Bertel Thorvaldsen, commandée au sculpteur par Giovanni Battista Sommariva. Une version en plâtre de ce haut-relief, conçu comme une exaltation allégorique des conquêtes de Napoléon, fut exécutée en 1812 pour le Palais du Quirinal à Rome. Il est dit que Napoléon voulait que cette frise soit transférée ou copiée pour le Panthéon.Au centre du salon, à sa place originelle, se trouve le groupe de Venus et Mars, exécuté à Rome par Luigi Acquisti en 1805.
Antonio Canova est le sculpteur le plus connu de l’époque
néoclassique, cette période du 18ème siècle de redécouverte de l’art de
l’antiquité. Ses statues de marbre sont d’une incroyable finesse et
douceur, que ce soit pour les visages féminins, les doigts ou même les
torses des guerriers. C’est principalement un artiste de la retenue, la
délicatesse plutôt que de l’exaltation de la force physique. Ci-contre sa Marie-Madeleine repentante. L'œuvre,
considérée comme l'un des chefs-d'œuvre de la maturité précoce de
l'artiste, porte l'inscription Canova Roma 1790 au dos, mais a en fait
été réalisée entre 1794 et 1796, acquérant une grande renommée quelques
années seulement après son exécution, lorsqu'il réalisa la son
apparition fulgurante au Salon parisien de 1808. A cette occasion, la
statue est accueillie avec beaucoup d'enthousiasme par le public, tout
en déclenchant un débat critique sur les choix de l'artiste concernant
les frontières entre peinture et sculpture et les possibles
interférences entre les deux arts. En effet, dans la Madeleine
pénitente, Canova travaille le marbre en façonnant la matière à ses
extrêmes possibilités, passant de l'extrême douceur du corps patiné de
Madeleine au traitement brut et grossier du socle sur lequel il est posé
; l'insert en bronze doré de la croix, de plus, ainsi que le réalisme
des larmes véritablement sculptées et des cheveux flottants que
l'artiste a traités avec de la cire mélangée à du soufre, pour restaurer
leur couleur, apparaissent une méditation consciente sur les
possibilités d'atteindre le même dans effets sculpturaux de la peinture.
Ces caractères expérimentaux, alliés au charme sensuel indéniable de
l'œuvre, ont déterminé son extraordinaire fortune à l'époque romantique,
grâce aussi à son exaltation par Stendhal.
Un médaillon du général Bonaparte, omniprésent dans la villa et dans l'histoire de la Lombardie et de la république italienne.
Chef-d'œuvre d'Antonio Canova achevé en 1805, le Palamède représente le
plus sage des héros grecs ayant combattu à Troie. "Le 2 mai 1804, Antonio Canova écrit à Quatremère de Quincy:
"Je viens de terminer la statue de Palamède debout [...], dont le
modèle était déjà fait depuis plusieurs années. En effet, au moment où
je modelais Hercule, Lica et quelques autres figures de fort
caractère, j’ai voulu étudier celle d’un héros dans sa florissante
jeunesse, tel que Philostrate le décrit". Le souvenir immortel de Palamède,
le plus sage des héros grecs qui combattirent dans la plaine de Troie,
n’appartient pas à Homère. La grandeur de l’inventeur des lettres et des
échecs (“le rossignol des Muses qui ne faisait souffrir personne” selon
Euripide) est transmise par d’autres écrivains jusqu’à Philostrate qui,
au IIe siècle de notre ère, évoque avec nostalgie les ombres de ces
guerriers parmi lesquels il s’est distingué comme porteur de vérité et
de savoir, finalement victime des intrigues d’Ulysse qui l’a fait
condamner à mort."
La salle des plâtres abrite un chef d’œuvre d’Antonio Canova : le précieux modèle original en plâtre de la Muse Terpsichore. C’est une œuvre extraordinaire pour la sensibilité plastique exprimée dans le rendu de la pose et du drapé ; elle représente Terpsichore, Muse de la danse et du chant choral comme le suggère la lyre qu’elle tient dans la main gauche.
En dehors du modèle en plâtre de Villa Carlotta, il existe une version de la Terpsichore tirée en plâtre et conservée à la Gypsothèque canovienne de Possagno et deux versions en marbre : une conservée à la Fondation Magnani Rocca de Parme et l’autre, une réplique autographe plus tardive, achetée en 1968 par le Cleveland Museum of Art, exécutée en 1814-16 (signée et datée 1816) pour le collectionneur anglais Simon Houghton Clarke. Une exposition qui s'est tenu ici pour le bicentenaire de Canova, comparait l'art de Canova à celui de Phidias. Je me souviens qu'à Rome, il y a un endroit intéressant à visiter, l'atelier musée de Canova. Situé à l'angle de la Via del Babuino et de la Via dei Greci, dans un quartier de Rome à la vocation artistique bien établie, le local était auparavant occupé par Canova lui-même, qui y avait réalisé de nombreuses commandes. De 1818 à la fin des années soixante du XXe siècle, l'atelier est resté la propriété de la famille Tadolini et l'art de la sculpture a été transmis de père en fils. Adamo, Giulio, Scipione et Enrico ont produit un total de plus de 500 œuvres, tant pour l'Italie que pour des villes européennes, américaines et asiatiques.
Sur le palier du deuxième étage, dans l'antichambre, une très grande fresque d'Andreas Muller, la rencontre et une fresque dont je pense qu'elle montre une bataille d'Ulysse.

Le deuxième étage abrite les chambres privées, contenant toujours le mobilier et les objets de la princesse Carlotta.
La Chambre de Carlotta
abrite un mobilier antique, ses objets et une impression en couleur qui
reproduit un de ses portraits à l'âge de vingt ans. Le portrait a été
réalisé par le peintre Samuel Diez un an après son mariage avec George
II. cette chambre évoque la présence de la princesse Charlotte de Prusse, femme cultivée et raffinée, élevée à la cour de Berlin, à travers du mobilier d’époque et des bibelots. En particulier, une estampe en couleurs reproduit son portrait à vingt ans, réalisé par le peintre Samuel Diez, un an après son mariage avec Georges II. Certains meubles datent en revanche de l’époque successive à la mort de Charlotte (29-30/3/1855), et renvoient au goût des deux autres épouses du duc Georges II : Théodora de Hohenlohe-Langenbourg (1839–1872) et Hélène Franz (1839-1923).

Au niveau du faste, je suis un peu déçu de l'aménagement de l'étage peu en rapport avec les fabuleuses sculptures des salles du premier. Une Vierge à l'Enfant de l'école du Perugin retient mon attention comme cette vue charmante sur les jardins.


Avant de quitter la villa, un petit tour sur le balcon, le lac est tout proche que nous allons traverser sur le ferry qui nous laisse à Bellagio. L'attente est un peu longue avant le départ.
Un Bellini sur le port avant d'aller déguster une belle pasta dans un des restaurants de cette ruelle en pente raide, la Dolce Vita, service très agréable en français, le vin est intéressant, les pates sont excellentes, le dessert aussi mais les avis sur Tripadvisor sont assez divergents.











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