vendredi 24 mars 2023

LE CAP NORD, NORVÈGE, HONNINGSVAG


Un troll nous accueille en descendant au port d'Honningsvag. le village est sans beaucoup d’intérêt, des maisons qui datent de l'après-guerre , seule l'église a été épargnée par les destructions de la terre brûlée nazi. Nous embarquons dans le bus qui est prévu pour les passagers francophones. Le guide est un belge francophone, un moulin à paroles qui ne lâche jamais le micro.
Le car s'ébranle sur la route glacée. Le conducteur est très expérimenté pour la conduite sur glace: 3 ans d'apprentissage sont nécessaire pour obtenir le permis de conduire les transports en commun. Sur la route, peu ou plus de neige mais des plaques de glace qui brillent. Les véhicules sont équipés de pneus à clous mais les conducteurs ont une grande maîtrise car ils roulent entre 50 et 60. La route est vallonnée, on a l'impression de rouler au bord du fjord mais , en fait, nous longeons un lac: rien de distingue un lac d'un fjord sinon la salinité de l'eau.
Le guide nous raconte le rythme de vie à Honningsvag. Il y a la période du jour continu, du soleil de minuit. A ce moment, il n'est pas choquant de voir son voisin débarquer vers minuit pour prendre le café ou l'aquavit. Pendant les nuits polaires, ça ne sert pas à grand chose de regarder par la fenêtre, car il est impossible de déterminer l’heure qu’il est. C’est pourquoi il est recommandé de toujours avoir une montre sur soi. Le soleil ne se lève que quelques heures par jour, essayant très péniblement de briller à travers la brume. Le reste du temps, il fait nuit noire. Mais cette obscurité dans les rues n’est pas si effrayante, car il y a beaucoup de neige blanche sur laquelle se réfléchit la lumière des réverbères. C’est peut-être très romantique, mais en général, c’est quand-même mieux de regarder cette beauté depuis la maison, au chaud. En fait, l'hiver n'est pas sibérien à Honningsvag, Cette partie de la Norvège est réchauffée par le Gulf Stream, et les températures n'atteignent jamais les moins 50 comme dans la Sibérie, toute proche cependant. En février, il ya a une fête qui célèbre le retour du soleil.  En hiver , l’accès au Cap Nord est limité: il faut emprunter une portion de route de 13km qui   n’ouvre en hiver  qu’à trois moments précis de la journée (horaires 2019/2020) :
  • 11h pour les voitures privées et les bus.
  • 12h pour le bus du Hurtigruten et le bus public
  • 19h30 pour les voitures privées et les  bus

Pour le retour depuis le Cap Nord, 3 horaires : 13h, 13h45 et 21h45






Après le lac, la route devient vallonnée, pas la moindre silhouette d'arbre, une toundra désolée, pas beaucoup de neige, les vents violents du pole la souffle dans les creux, parfois un petit lac avec une "hut" pour taquiner les salmonidés, une petite route étroite part à droite jusqu'à un petit port de pêche où vivent quelques âmes. Une ambiance grandiose, magique féerique  mais aussi angoissante et poignante. Un lieu idéal pour un polar scandinave où on retrouve le corps à la fonte des neiges. "C'est aussi un des but de la migration des rennes. es sames sont  principalement regroupés autour des agglomérations de Kautokeino  et Karasjok dont l’économie repose sur l’élevage du renne. Aujourd’hui semi nomades, ils vivent pour beaucoup d’entre eux encore au rythme des grandes transhumances. La migration vers le nord a lieu fin avril, début mai avant le dégel qui transforme le plateau du Finnmark en un immense marécage infesté de moustiques. Pendant l’été, le bétail profite abondamment des riches pâturages qui bordent l’océan glacial arctique. Aux premiers signes de l’automne, toujours précoce sous ces latitudes, les troupeaux prennent enfin le chemin du retour encadrés par les bergers qui ont alors troqué leurs scooters de neiges pour des motos tout terrain.

Ce sont les femelles qui au  printemps donnent le signal du départ : Les nuées de moustiques  mettraient en péril leur progéniture. Depuis des temps immémoriaux, elles remontent instinctivement  vers le nord et la mer, où elles trouveront une meilleure nourriture et des conditions plus favorables pour mettre bas. Très affaibli par le long hiver, le troupeau avance en moyenne de 20 kms par jour. Les rennes doivent sans cesse gratter la neige pour trouver le lichen qui leur sert de nourriture. Leur progression est fréquemment ralentie par des pluies verglaçantes ou des tempêtes de neige qui forment une épaisse couche difficile à percer. Ils mettront près d’une semaine pour parcourir de 150 à 200  kms, traverser les hauts plateaux du Finnmark et les montagnes jusqu’à la mer, où les attend le bateau qui doit les conduire à leurs pâturages d’été."Autrefois, les rennes, qui sont d'excellents nageurs traversaient les fjords à la nage.

Nous arrivons en vue du Cap Nord  ainsi nommé en 1553 par l’explorateur britannique Chancellor,  La falaise de 307 m de haut plongeant à pic dans l’océan Glacial arctique a longtemps été considérée comme le point le plus septentrional d’Europe, avec 71°10’21’’ de latitude nord. On y observe le soleil de minuit du 14 mai au 30 juillet, soit une « journée » de 1 440 heures.

Pour exploiter le site, on a construit le North Cape Hall avec un restaurant, une chapelle et une salle de cinéma.

 


"Nous y voilà enfin. Il fait drôlement friquet. Là haut, le temps est de nouveau couvert, mais nous assure la guide, « vous avez de la chance, car malgré tout, vous avez de la vue aujourd’hui. Souvent, il y a, en plus, du brouillard ». Il faut marcher alors jusqu’au bout d’un plateau aride dont les falaises -307 mètres de haut- tombent à pic et dominent les océans atlantique et arctique  : le panorama est magnifique. Au bout du plateau,  sur une dalle en béton, a été installé depuis 1978 un globe terrestre fait de tiges de métal. Devant, un hall creusé dans le rocher qui propose de voir des films, des vidéos, une expo photo sur l’histoire du Cap nord, mais aussi d’acheter des souvenirs dans la boutique et d’envoyer des cartes postales timbrées de sa poste. Pour les croyants, il y a aussi une petite chapelle œcuménique. Des mariages s’y célèbrent régulièrement."Paula Boyer 


 

Pour nous aussi, la chance sourit. En hiver, souvent la route est impraticable et l'excursion annulée et, lorsqu'elle a lieu, souvent le brouillard est de sortie et les superbes vues du cap sont cachées à la vue des visiteurs.


Au pied de la falaise, un frêle bateau de pêche vient de poser ses filets.
Nous visitons la partie musée du Cap Nord Hall. Elle rappelle les visiteurs célèbres qui nous ont précédés.

"Le cap Nord, c’est une longue histoire et son lot de légendes. Sa découverte reste contestée. Si les Sagas islandaises relatent des expéditions dès le XIe siècle, c’est l’explorateur anglais Richard Chancellor qui le premier baptisa ce cap en 1553. Parti de Londres avec trois bateaux, son expédition se lançait à la conquête du passage du Nord-Est. Pensant croiser l’extrémité nord du continent et non une île, il lui donna le nom qu’il porte encore aujourd’hui. Il sera suivi par de nombreux explorateurs qui escaladeront même la falaise..

Parmi les explorateurs inédits, citons la visite « touristique » en 1795 du prince Louis-Philippe alors en exil. Sous un nom d’emprunt, Müller, prétendument suisse et accompagné du comte de Montjoye, le duc d’Orléans satisfait sa curiosité scientifique pour les régions polaires en se rendant dans des conditions particulièrement difficiles jusqu’au cap Nord. Les dames qui font partie du voyage escaladent la falaise en robe à crinoline et petites chaussures, dans les bras des beaux marins de l'équipage Partout il rencontre une hospitalité qu’il remerciera une fois devenu roi des Français, en envoyant à l’un de ses hôtes un buste en bronze à son effigie en 1839. Après la Seconde Guerre mondiale, en remplacement du buste détruit en 1944 par les Nazis, le général de Gaulle offre un nouveau buste de Louis-Philippe à la Norvège, qui trône aujourd’hui dans le hall du centre touristique du cap Nord.

Autre visiteur célèbre, le roi du Siam Chulalongkorn  en 1907 dont on perpétue le souvenir avec le musée thaï. Très beau film sur le Cap Nord.

Outre le Globe Terrestre, d'autres monuments sont aussi présents: il y a la représentation des Enfants du Monde,
sept médaillons en pierres comprenant sept dessins d’enfants de sept nations différentes. Et le troisième monument est une sculpture représentant une mère qui tient son enfant près d’elle, dont la main gauche montre le monument Enfants du Monde devant lui.

Nous quittons la salle de cinéma car le bus n'attend pas. Retour au Nordnorge qui appareille à 14h30. Le guide nous parle des samis. chez nous , les corses s'inventent parfois d'imaginaire cheptel pour encaisser les subventions, les samis ne disent jamais combien ils possèdent de rennes. Le renne est un bien précieux qui produit tout ce dont ce peuple a besoin. Il est même une médecine douce qui donne aux hommes de ces contrées la vigueur que le viagra apporte au reste du monde. 

En chemin, nous croisons le chasse-neige qui inlassablement dégage la route.



Nous passons devant un grand hôtel de luxe en pleine nature. C'était un des hôtels construits à Lillehammer pour les JO d'hiver. Il a été démonté et remonté au Cap Nord qui accueille 200000visiteurs par an.


Nous retournons au port, ici les jours sont beaucoup plus courts et le soleil disparaît bientôt à l'horizon






Autre site à ne pas manquer à Magerøya en été: la réserve naturelle de Gjesværstappan, un archipel où niche une colonie de centaines de milliers d’oiseaux (macareux moines, fous de Bassan, cormorans, kittiwakes…). Un spectacle somptueux, observable uniquement en bateau au départ du coquet village de Gjesvær.

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