A 12h45, le Nordnorge lève les amarres, longe l’île de Monkholmen et sort du fjord. En fait, je pense que nous avons croisé le phare de Kjeungskjaer vers 15h30 et non pas avant d'attendre Trondheim ce matin, comme je l'ai dit dans l'article sur la navigation entre Alesund et Trondheim. A l'arrière du bateau, sous le pont du sixième, un passager admire le paysage depuis le jacuzzi.
Nous traversons maintenant en pleine mer, gare au roulis et au tangage mais après 72h, il semble que nous sommes amarinés. Nous sommes en direction de l'archipel de Vikna et de ses 6000 îles. Peu avant 22h, nous arrivons dans le petit port de Rorvik. Emmanuel nous indique que ce soir, la chance de voir des aurores boréales n'est pas négligeable. Demain, peu de temps après l'escale de Nesna, nous franchirons le Cercle Polaire Arctique 66°33 Nord et ce passage marque l'entrée dans le Grand Nord au niveau de la petite ile de Vikingen. Emmanuel nous parle des vikings, l'exposé est pointu, très documenté sur le plan historique mais moins accessibles que le très brillant exposé sur la société norvégienne, la veille. Plusieurs choses intéressantes à retenir. L'ère viking, est le nom de la période s'étend de 793 à 1066. Cette période est marquée par l'expansion rapide de leur territoire. Ce sont de vaillants guerriers qui lancent d'abord des raids côtiers en direction des monastères chrétiens, mal défendus et riches avant de remonter grâce aux fleuves vers l'intérieur des terres.(on a vu ça en Dordogne où ils remontaient la rivière jusqu'à Périgueux). Nous savons aujourd’hui que ce ne sont pas des hordes sauvages et barbares qui ont
déferlé depuis la Scandinavie sur l’Europe et beaucoup plus loin, mais des navigateurs capables d’explorer toutes les routes maritimes, qui souhaitaient
d’abord s’enrichir par le commerce. Les rapports commerciaux Orient - Occident qui se sont effectués pendant des siècles grâce à la Méditerranée, sont modifiés par l'expansion arabe (au VIIIe siècle) et se décalent au nord, vers l'Atlantique, la mer du Nord et la Baltique. Contrairement aux peuples germaniques de l'Europe plus méridionale, ils sont restés païens jusqu'à la première moitié du Xe siècle. C'est l'une des raisons pour lesquelles il se dégage des textes européens du Moyen Âge (principalement du IXe au XIe siècle),
une image négative de leur action, réduite à des actes de piraterie et
de pillage, caractérisés par la violence de leurs raids et leur barbarie
« païenne. La documentation plus contemporaine, principalement issue de récentes
fouilles archéologiques, a permis de nuancer leur image négative et elle
insiste plutôt sur l'aspect positif de leur action dans de nombreux
cas, car ils furent aussi de grands marins, explorateurs, marchands et
guerriers qui atteignirent les côtes atlantiques de l'Europe, la
Méditerranée, l’Afrique du Nord, l'Orient et même l'Amérique (Vinland),
tout en établissant parfois au passage des comptoirs commerciaux et des
colonies comme sur les îles Féroé, les Orcades, l'Islande, le Groenland,
etc. Ils fondèrent des États nouveaux et originaux en Normandie et en
Russie. On considère qu'ils furent les artisans de la deuxième
mondialisation, la première ayant été romaine. Leur assimilation rapide
dans les pays colonisés procède d'un choix politique délibéré qui a
conduit à leur acculturation en quelques décennies. Guillaume 1er, duc de Normandie, descend de Rollon, un rude chef viking
qui s’est établi au siècle précédent à l’embouchure de la Seine. Rollon dont nous avons croisé la statue à Alesund. Quand son oncle, le roi d’Angleterre Édouard le Confesseur, meurt sans
héritier direct le 5 janvier 1066, Guillaume revendique pour lui-même la
couronne. Celle-ci lui est contestée par un seigneur anglais, Harold.
Guillaume débarque en Angleterre avec ses troupes. Près de la plage, à
Hastings, il écrase les troupes de son rival, qui est tué dans la
bataille (1066). À Bayeux, en Normandie, la célèbre «tapisserie de la reine Mathilde»,
du nom de l'épouse de Guillaume, raconte l'histoire de la Conquête sur
70 mètres de long. C'est la première bande dessinée connue.
Devenu
roi d’Angleterre, Guillaume modernise l’administration du pays et offre
les seigneuries à ses compagnons d’armes, des Normands parlant
français. Pour cette raison, les langues anglaise et française modernes
comportent beaucoup de mots communs. Comme tous les rois anglais,
l’actuelle reine Elizabeth II descend de Guillaume de Normandie, le
Bâtard, aussi surnommé Guillaume le Conquérant.
Le royaume de Sicile , également appelé royaume normand de Sicile, est un état crée en 1130 par Roger II.Il est constitué de la Sicile, de la Calabre, des Pouilles et de la région de Naples plus quelques territoires africains.
Au moment du repas, alerte aurore boréale. Le phénomène est un peu décevant, à l’œil nu, du fait de la pollution visuelle des éclairages du bateau, on distingue de vague lueurs car il faut que l’œil accommode. C'est un voile grisâtre qui est très mobile et fluctuant mais pas cette lueur d'un vert intense qu'on voit sur les photos. Pour les photos, malgré les conseils mon résultat est nul et je dois quelques clichés à Dominique et à Olivier. Marie va réussir les siennes , plus tard dans le voyage avec des échecs cuisants au début puis, grâce à sa persévérance, des réussites enfin.
Il faut s'éloigner de la lumière, consulter la météo et un site comme Aurora qui prévoit et donne des probabilités de rencontrer le phénomène là où on se trouve. Le ciel doit être dégagé et étoilé. Le mieux est de disposer d'un trépied et sinon de poser l'appareil sur un support stable et de disposer d'un déclencheur pour éviter les flous artistiques. Il faut se couvrir chaudement, surtout sur le bateau pour résister et attendre longtemps. Les réglages adaptés aux aurores boréales varient selon le moment et le lieu, et selon l’appareil. Quoi qu’il en soit, les réglages manuels sont toujours la meilleure option. Ils vous permettent d’ajuster la mise au point, la vitesse d’obturation, la sensibilité ISO et l’ouverture d’objectif. Pour les aurores boréales, mieux vaut utiliser les paramètres les plus bas possible, par exemple f/1.4–f/4. Une sensibilité ISO supérieure apportera plus de lumière à votre photo. L’idéal se situe entre 800 et 3200 ISO, en fonction des sources lumineuses, comme la lune. On peut commencer sa séance photo sur les bases suivantes : ouverture à f/2.8, ISO à 1600 (augmenter selon l’obscurité) et 15 secondes pour la vitesse d’obturation. Gardez à l’esprit que si une aurore est très active (mouvements rapides), il faudra réduire la vitesse d’obturation. Je donne des conseils que j'ai été incapable d'appliquer.
Demain, franchissement de cette frontière invisible, le Cercle Polaire Arctique.
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